7 août Les marines débarquent à Guadalcanal
retour à la Seconde Guerre Mondiale
Chronologie de la Seconde Guerre mondiale
GUADALCANAL BATAILLE DE août 1942 à févr. 1943
(nom de code Cactus)
VOIR AUSSI : Tokyo Express et La mort du grand amiral japonais Yamamoto
Série d’affrontements sur terre et sur mer, d’août 1942 à février 1943, opposant les Alliés aux forces japonaises dans le Pacifique Sud aux alentours et sur l’île même de Guadalcanal, située au sud de l’archipel des îles Salomon. Les troupes japonaises débarquent sur Guadalcanal le 6 juillet 1942, et commencent à y construire un terrain d’aviation.
Le 7 août, au cours de la première offensive majeure des Alliés dans le Pacifique, 6 000 marines américains débarquent sur Guadalcanal, à la surprise complète des 2 000 soldats japonais stationnés sur l’île, et s’emparent du terrain d’aviation.
Les deux commandements commencent alors à envoyer des renforts par mer, et de violents combats s’ensuivent dans les jungles de l’île.
Les effectifs des forces japonaises sur l’île atteignent leur maximum en octobre, avec 36 000 hommes, mais elles ne sont pas en mesure d’anéantir le périmètre défensif des Américains et de reprendre le terrain d’aviation. Six batailles navales distinctes se livrent également dans ce secteur au moment où les deux flottes adverses cherchent à envoyer des renforts. À partir de novembre, la marine américaine parvient à envoyer des renforts plus rapidement que les Japonais, et, en janvier, l’effectif américain engagé sur l’île atteint 44 000 hommes.
En février 1943, les Japonais, très inférieurs en nombre, sont contraints d’évacuer les 12 000 hommes qui leur restent. Ils ont perdu au total 24 000 hommes dans les combats, alors que les Américains déplorent 1 600 tués, 4 200 blessés, mais aussi plusieurs milliers de morts victimes de la malaria et d’autres maladies tropicales. Les batailles navales successives ont coûté 24 bâtiments de guerre à chaque adversaire : les Japonais perdent 2 cuirassés, 4 croiseurs, 1 porte-avions léger, 11 contre-torpilleurs et 6 sous-marins, tandis que les Américains perdent 8 croiseurs, 2 porte-avions lourds et 14 contre-torpilleurs.
1942 : GUADALCANAL, L’ÎLE ROUGE SANG
Par Eric Garnier, 29.11.2012
Qui se souvient en Europe de l’Enfer du Pacifique ? Une bataille menée il y a 70 ans à partir d’aout 1942 jusqu’à la fin janvier 1943. Tout avait commencé par la construction d’un aéroport japonais dans un coin isolé de l’océan pacifique, point qui menaçait les communications entre les USA nouvellement en guerre et l’Australie et la Nouvelle-Zélande. Cet aérodrome militaire se construisait sur l’une des îles de l’archipel des Salomons. Cette île, nommée Guadalcanal, inconnue du monde entier, était longue de 145 kilomètres pour 40 de large. Très inhospitalière, couverte de montagnes, forêts et marais, située dans la partie sud de l’archipel, sa prise par les force japonaise menaçait les voies de communication entre les Etats-Unis, d’une part et leurs alliés du sud de l’océan d’autre part… Ce n’était pas un affront, c’était une prise de guerre stratégique. La bataille fut terrible et son bilan effroyable : 50 000 morts, 1 200 avions abattus, 44 navires envoyés par le fond… Pendant six mois par terre, par air et par mer se déroula un des affrontements les plus sanglants de l’Histoire de la Seconde Guerre mondiale.
Après être passée de main en main depuis qu’elle fut découverte en 1568 par un marin de Philippe II, Pedro Ortega Valencia, Guadalcanal était depuis l’entrée en guerre du Japon, sous le contrôle des troupes de l’empereur Hiro-Hito. Les japonais commencent des travaux de construction de l’aérodrome militaire en juillet 1942. Les américains réagissent alors très vite. Ils décident un débarquement à Guadalcanal pour le 1er août sous le commandement du vice-amiral Ghormley. Une seule division formée est compétente et disponible : la première division de Marines du général Vandegrift. Elle est forte de 19.000 hommes. La date de l’opération est fixée au 7 août.
Depuis le printemps les américains étaient surtout concentrés sur l’Opération Torch (le débarquement en Algérie et au Maroc). Elle mobilisait une grande partie de l’Etat-major et beaucoup d’hommes. L’objectif était alors de reprendre des terres françaises, de se rapprocher des territoires européens et donc des forces de l’axe, de faire baisser la pression nazi sur l’URSS, de tenter d’activer un retournement français… Cela nécessitait de former 5 millions de combattants. Cette opération « européenne » était alors contestée par le général Marshall, chef d’Etat-major de l’armée et par l’amiral Ernest J King commandant en chef de l’US Navy. Ils écrivirent, en vain à Roosevelt : « nous sommes convaincus de ce que nous devrions nous concentrer sur le Pacifique et attaquer le Japon. » Mais la priorité est ailleurs ; même si le Pacifique n’est pas oublié. Le Pacifique est confié à deux militaires de haut vol : le général Macarthur qui a une large juridiction (l’Australie, la Nouvelle Zélande, les Hébrides, les îles Salomons, les Philippines et la Nouvelle Guinée) et l’amiral Chester Nimitz qui se voit confier le reste de l’océan. Tous les deux sont persuadés qu’ils ne peuvent en aucune façon laisser les japonais prendre pieds dans cette zone. Il faut les éliminer de tous les endroits où ils peuvent menacer les USA et la stratégie militaire du pays. Mais comment y arriver ? Macarthur et Nimitz sont en désaccord ; l’un est favorable à un assaut massif et par surprise ; l’autre souhaite un soutien des porte-avions et des phases de bombardements. Washington, pour les raisons évoqués plus haut, soutien Nimitz. On planifie l’Opération Wathcover qui devait reprendre les Hébrides, les Fiji, les iles Salomons où la présence japonaise semblent plus faibles… Jusqu’à ce mois de juillet 1942 où les forces d’Hiro-Hito construisent un aéroport sur Guadalcanal. Les données changent il faut intervenir.
Le 7 août 1942, après trois heures de bombardement naval de soutien, le débarquement sur l’île de Guadalcanal (nom de code Cactus) se fait en deux phases : 13.000 Marines débarquent sur la côte Nord de Guadalcanal, à l’embouchure de la rivière Lunga et 6.000 marines débarquent sur des îles voisines afin d’encercler l’ennemi. Tout se fait en 2 jours, même si Vandergrift avertit que le dispositif fonctionne mal, les marines manquant d’entrainement, les barges n’étant pas adéquates, les tracteurs pour sortir les canons étant en nombre insuffisant… et l’aviation ennemi attaquant les hommes au sol et résistant au chasseur US allant jusqu’à en abattre 21… Le contre-amiral Turner se met en colère contre Fletcher : « Ils nous abandonnent tous le cul à l’air. Fletcher n’a pas été capable de prendre leurs porte-avions. S’ils nous attaquent, ils ne feront qu’une bouchée de nous. » Toutefois, les Marines progressent vers le Sud et s’emparent de l’aérodrome (en 36 heures) le 8 août. Le contre-amiral Fletcher décide alors de retirer ses navires des opérations, abandonnant les soldats et les laissant sans soutien pendant que les japonais réagissent avec vigueur. 8 navires japonais commandés par le vice-amiral Mikawa, interviennent sur la côte nord de l’île. Sans coup férir ils coulent un croiseur australien et trois croiseurs US. La marine US, privé des porte-avions de Franck Fletcher (le Saratoga, l’Enterprise, et le Wasp) est obligée de faire se replier les navires de transport où se trouvent encore 3.000 Marines qui n’avaient pas débarqués, et surtout la moitié des vivres, la plupart des munitions et toute l’artillerie lourde.
C’est ici que commence la bataille de Guadalcanal !
Les assaillants sont abandonnés et doivent s’alimenter comme ils le peuvent, avec le peu de nourritures débarqués, avec des racines et des baies comestibles. Ils renforcent leur armement en s’équipant d’armes et de munitions prises à l’ennemi. Le danger est par ailleurs plus proche que ce croit Turner. Le vice-amiral Gunichi Mikawa, avec sept croiseurs et un destroyer, s’approche à toute vapeur. Il a entendu l’appel au secours lancé par les défenseurs de Tulagi : « Nous prions pour pouvoir supporter ce que nous promet la fortune de guerre, Nous résisterons jusqu’au dernier homme. Attaqués par les forces ennemis nous défendrons les positions jusqu’à la mort » Il réunit des troupes et envoi des renforts sur l’île dont une troupe d’élite qui avait participé à la prise de Singapour celle du colonel Ichiki : un corps délite qui ne craint rien.
A l’aube du 20 août, Ichiki attaque le flanc gauche américain sur les bords de la rivière Illu. L’assaut nippon est brutale, sauvage, frontale. Après de lourdes pertes dues à la vive et intelligente résistance des Américains, les Japonais arrivent jusqu’au corps-à-corps. Les américains les repoussent avec difficultés. Les japonais chargent une seconde fois, puis une troisième. Les marines résistent. Les combats durent toute la nuit. A l’aube, ayant perdu un millier d’hommes, le colonel Ichiki brûle son drapeau et se tire une balle dans la tête après avoir écrit dans son journal : « Je regrette d’avoir envoyé à la mort tant de soldats et de manière si inutile pour le résultat obtenus. Nous ne devons pas sous-estimer la force de feu de l’ennemi : leurs troupes sont vaillantes… » On compte 777 japonais tués dans cette attaque, 15 prisonniers, et environs 200 soldats échappés dans la jungle dans le plus grand désordre. Pour l’apaisement des Marines, 31 avions atterrirent sur la piste d’aviation conquise rebaptisée Henderson Field, apportant réconfort et sécurité.
Les Japonais estiment alors qu’il va s’agir d’un dur combat et sans doute d’un long siège. Ils décident de mettre en place ce que l’on nommera le « Tokyo Express ». Il s’agit de rapides convois de contre-torpilleurs, dirigés par le contre-amiral Tanaka. Chaque nuit, ils déposent de nouvelles troupes fraîches à la limite du périmètre défensif américain essayant – et parfois y arrivant – d´éliminer les marines de garde. Cependant Vandergrift profite de son avantage. Il termine les travaux de l’aéroport, les ingénieurs arrivant, avec une rapidité stupéfiante, à réparer les dégâts des bombardements. Il reçoit des avions de meilleurs qualités et plus nombreux.
Sur mer il en va autrement. Si entre le 23 et le 24 août, les Américains interceptèrent des convois de renforts japonais et coulent de nombreux navires dont un porte-avions et un destroyer, le porte-avion Saratoga est durement touché et a toutes les peines du monde à rejoindre un port sécurisé pour être réparé alors que le 15 septembre 1942, le porte-avions US Wasp est torpillé et coulé par un sous-marin japonais.
Le 31 août le général Kawaguchi donne l’ordre de prendre l’aéroport. Il fait débarquer des troupes. Celles-ci s’enfoncent dans l’intérieur montagneux de Guadalcanal. L’objectif est d’attaquer les américains par le Sud, endroit jugé le plus faible du dispositif US.
L’assaut est lancé dans la nuit du 12 au 13 septembre. 3.000 hommes, attaquent une butte longue d’un kilomètre et demi et qui le séparait encore de la piste d’aviation. Mais les japonais ont une détestable surprise. Les américains défendent bien cette position avec une troupe remarquable celle des parachutistes du colonel Edson, 700 hommes bien préparés. Les japonais sont soutenus par un puisant bombardement naval. Ils attaquent la colline. Les américains les reçoivent d’un tir nourri. Les combats durent deux jours. Les assauts se répètent baïonnettes au canon au cri de « Banzaï, banzaï pour l’empereur ! » Plusieurs fois les américains reculent, mais ils ne cèdent pas. 600 Japonais tombent sur cette colline durant pas moins de dix assauts fanatiques. A la fin de la seconde nuit, les Américains se retrouvent sur le mamelon central. Ils sont à à peine un kilomètre et demi de la piste d’aviation ; l’artillerie et un fort soutien aérien permet aux marines de résister. Les soldats japonais sont interloqués, des officiers couverts de sang les enjoignent de repartir au combat. Battus, les Japonais sont contraints d’évacuer le secteur. Cette bataille et ce lieu ont connu un tel bain de sang que ce lieu est passé à la postérité sous le nom de Bloody Ridge, « la Crête Sanglante ». Les Japonais laissèrent 1.500 morts et 600 blessés dans ce combat les Américains perdent 40 soldats et ont 103 blessés.
Les Japonais attaquent alors le flanc droit des Américains, le long de la rivière Matanikau, De violents accrochages se déroulèrent durant tout le mois de septembre. En vain ! Les marines résistent. Le Tokyo express continue son travail et des troupes fraiches continuent cependant d’arriver. Le 9 octobre 1942, le général Haruckichi Hyakutake, commandant de l’ensemble de la région, et ses troupes débarquent à Guadalcanal. Ce ne sont pas moins de 20.000 hommes, qui arrivent en renfort. Hyakutake met au point un plan d’attaque pour liquider la poche américaine défendant l’aéroport…
Il reprend une partie du plan (qui a échoué jusqu’alors) de Kawaguchi visant à s’emparer de Bloody Ridge. Son idée consiste à envoyer 6.000 soldat au sud s’emparer de la Crête Sanglante puis d’Henderson Field pendant que, en parfaite synchronisation 3.000 Japonais attaqueront le long du Matanikau, le flanc droit des Américains. Son artillerie de campagne, ses tanks, ses soldats au sol et ses quatre généraux lui donnent une supériorité numérique indubitable. Les bombardements de l’aéroport d’Henderson reprennent de plus belle. 90 avions sont touchés.
Le 18 octobre 1942, le commandant en chef US, Ghormley, est jugé trop passif et défaitiste. Il est remplacé par le vice-amiral Bill Halsey, « Le taureau », comme commandant en chef du Pacifique Sud
La date de l’attaque japonaise est prévue le 24 octobre (initialement le 19) ; mais une erreur de transmission fait que le groupe Matanikau, attaque le flanc droit US, le 23 octobre. Il est détruit par les américains. La Butte Sanglante devient alors l’objectif majeur et la clef de la bataille. Deux assauts nocturnes, les 24 et 25 octobre se succèdent. Les marines et les parachutistes US repoussent les japonais sous une pluie diluvienne. Les japonais sont fatigués, pris de dysenterie et ont faim (ils ne sont nourris que de tasses de ris). Les pertes sont très lourdes. Hyakutake perd 4000 hommes dans la bataille et le reste de sa troupe est totalement sonné. Ils survécurent dans des conditions inhumaines, insalubres, dans la jungle et les herbes ce qui causa la mort de 9 000 d’entre eux. Un journaliste japonais Gen Nishino, envoyé spécial du Mainichi voulu témoigner il fut renvoyé à Tokyo avec interdiction de publier.
Hasley ordonne au commodore Kinraid d’intercepter Yamamoto et sa flotte pour qu’elle ne change pas le cours de la bataille. Le 26 octobre les avions de Kinraid découvrent une flotte japonaise qui s’en vient. L’Entreprise, le Hornet, sept croiseurs et quinze destroyers sont engagés dans une bataille connue sous le nom de « Bataille des îles Santa Cruz ». Kinraid perd ses deux porte-avions le Hornet est envoyé par le fonds alors que l’Enterprise est avarié ; mais les japonais sont défaits leurs trois porte-avions mis hors de combat. Ils se replient.
Le 9 décembre la 1ère division de Marines est relevée. Les effectifs US sur l’île de Guadalcanal sont de 50.000 hommes dirigés, sur terre, par le général Patch le remplaçant de Vandergrift. Hyakutake ne dispose plus que de 25.000 combattants, malades pour la plupart. Le 4 janvier la décision d’abandonner Guadalcanal est prise par le Conseil suprême de Guerre présidé par l’Empereur . L’amiral Tanaka, responsable du Tokyo express est chargé de rapatrier les hommes. Patch lance une offensive générale vers le Matanikau et l’Ouest. Il faut en finir ! L’ennemi résiste, mais doit se replier. Le 23 janvier 1943, le quartier général de Hyakutake, est pris.
Le Tokyo Express s’inverse et essaie de récupérer les survivants japonais comme il en a été décidé. On considère qu’il y eut 10 600 survivants. L’évacuation nippone fut menée à bien durant la nuit du 8 au 9 février 1943.
La bataille, a coûté aux Américains 1.500 tués et 4.100 blessés. Les Japonais ont perdu 24.000 tués dans des contre-attaques, brutales, frontales, arrogantes, sanglantes et inefficaces. Jamais les japonais n’ont accepté de communiquer leur nombre de leurs blessés. Les USA perdirent 2 porte-avions, 7 croiseurs, 14 destroyers. Le Japon perdit 1 porte-avions, 2 cuirassés, 4 croiseurs et 11 destroyers. Les USA qui disposaient de plus de réserves que le Japon – affaibli et démuni par les batailles de la Mer de Corail et de Midway – purent, eux, remplacer les unités perdues. Là se fit une part de la victoire. Mais la bataille navale fut si terrible (on ne pense souvent qu¡à la bataille au sol ou dans les airs) que es eaux situées au nord de Guadalcanal furent nommées le Ironbottom Sound, la « Baie au Fond de Feraille ».
La victoire de Guadalcanal permit à l’Australie de respirer et constitua un premier pas vers Tokyo et vers la victoire. De fait, le vice-amiral Tanaka, responsable du Tokyo Express estima que « le Japon avait scellé son destin lorsqu’il avait renoncé à lutter pour Guadalcanal ». Tanaka fut destitué pour sa lucidité. Bill Hasley eut cette phrase : « Avant Guadalcanal l’ennemie avançait selon ses propres désires après Guadalcanal il recula et se replia selon nos envies »
Journal des débats politiques et littéraires
1942/08/28 (Numéro 806).
When the U.S. Navy orders it ships to run from the Japanese, they abandon American troops on a bloody island battled round in the South Pacific. This is the powerful story of the long, vicious battle for Guadalcanal.
Auteur : Wayne Vansant
sources
http://www.universalis.fr/encyclopedie/bataille-de-guadalcanal/
http://www.actualite-histoire.com/les-dossiers/1942-guadalcanal-l-%C3%AEle-rouge-sang/
Gallica