Beys de Tunis
La Tunisie au gré des conflits
Tunisie Beylicale
Beys de Tunis
Le bey de Tunis est à l’origine un simple préfet représentant l’Empire ottoman à Tunis (Tunisie).
Armoiries beylicales
À partir du xviiie siècle, les beys issus de la dynastie des Husseinites acquièrent une autonomie de fait, c’est-à-dire une quasi-indépendance, vis-à-vis de leur suzerain : le sultan ottoman. Le premier représentant de cette dynastie est Hussein Ben Ali qui fonde l’État husseinite en 17051.
Le régime beylical, qui met fin à l’épisode d’Ibrahim Cherif qui suit la dynastie des Mouradites, se transforme rapidement enmonarchie dont le bey est le souverain.
Bien que son pouvoir effectif ait été affaibli par le protectorat français à partir de 1881, c’est après l’indépendance de la Tunisie, proclamée en 1956, que les beys perdent définitivement leur pouvoir qui est déjà passé de fait dans les mains du parti du Néo-Destour d’Habib Bourguiba. Un éphémère Royaume de Tunisie est proclamé en 1956, bientôt chassé par la république, proclamée à son tour le 25 juillet 1957 qui abolit ainsi tout pouvoir monarchique2.
Visite d’Habib Bey à Paris
En 1574, avant de quitter Tunis, Sinan Pacha commandant le corps expéditionnaire qui avait pris possession de la ville au nom du sultan ottoman, procède à la mise en place du gouvernement de la nouvelle province. Celui-ci est dirigé par un pachanommé pour trois ans assisté du diwan ou conseil de la régence qui comprend les officiers supérieurs ou deys qui sont au nombre de quarante. La prière du vendredi se fait au nom du sultan ottoman, commandeur des croyants, et une nouvellemonnaie frappée en son nom remplace la monnaie hafside.
Une assemblée générale de la milice turque désigne quarante nouveaux deys dont l’un est choisi comme chef de gouvernement et des troupes et un autre, bey du camp, est chargé de lever les impôts et de juger les tribus de l’intérieur lors de tournées semestrielles. Le pacha ne prend plus part aux affaires et le diwan doit être constitué uniquement dans les cas graves. Quelques années plus tard, Alger connaît la même évolution et porte au pouvoir un dey qui garde ses prérogatives jusqu’en 1830.
Les premiers deys de Tunis savent se concilier avec la population tunisienne. Parmi les premiers deys se détache nettement la personnalité de Youssef Dey qui succède à Othman Dey à la mort de celui-ci en 16103. Tunis doit beaucoup à Youssef Dey qui est secondé par son ministre et ami Ali Thabet.
Le dey est alors assisté du bey du camp, ainsi appelé parce qu’il commande la mhalla ou colonie volante chargée de lever les impôts en nature ou en espèce parmi les tribus. Du fait de ses attributions, il prend peu à peu une grande autorité auprès des tribus et habitants de l’intérieur qui connaissent plus que ce personnage comme représentant de l’autorité. Ce déplacement de pouvoir s’accentue lorsque la charge de bey du camp échoit en 1613 à un renégat nommé Mourad Bey qui fonde la première dynastie beylicale héréditaire4.
Lamine Bey
LISTE :
Dynastie mouradite
Les Mouradites (دولة مرادية) sont une dynastie beylicale qui règne sur la Régence de Tunis de 1613 à 1702 ( Andreas Tunger-Zanetti, La communication entre Tunis et Istanbul, 1860-1913 : province et métropole, éd. L’Harmattan, Paris, 1996, p. 219)
Elle est fondée par Mourad Bey, renégat d’origine corse, nommé bey par Youssef Dey en 1613 et qui commande la colonne armée (mhalla) chargée de la levée des impôts et de la pacification de l’intérieur du pays ( Hédi Slim, Ammar Mahjoubi, Khaled Belkhodja et Abdelmajid Ennabli, Histoire générale de la Tunisie, tome III « Les temps modernes », éd. Sud Éditions, Tunis, 2007, p. 62)
Il obtient par la suite le titre depacha de Tunis de la part du sultan ottoman ( Paul Sebag, Tunis. Histoire d’une ville, éd. L’Harmattan, Paris, 1998, p. 154)
À sa mort lui succèdent Hammouda Pacha Bey, Mourad II Bey, Mohamed Bey El Mouradi, Romdhane Bey et enfin Mourad III Bey. Ces beys partagent le pouvoir avec la puissante milice turque des janissaires dirigée par le dey élu par celle-ci, bien qu’il arrive souvent que les Mouradites influencent fortement le vote dudiwan.
Dynastie husseinite
Husseinites
Les Husseinites (حسينيون) sont une dynastie tunisienne qui est la dernière à régner sur son pays avant l’instauration du régime républicain.
Instaurée le 15 juillet 1705 par Hussein Ben Ali1, qui prend le titre de bey et possesseur de la Régence de Tunis, elle gouverne le pays jusqu’à la proclamation du régime républicain le 25 juillet 1957, ce qui la place au deuxième rang dans la liste des dynasties, derrière celle des Hafsides, quant à la durée de maintien au pouvoir.
L’héritier du bey de Tunis porte le titre de bey du camp (bey al-mahalla) jusqu’à l’indépendance, où il prend le titre de prince héritier. Après la déchéance de la monarchie, il devient le chef de la maison royale.
Les Husseinites (حسينيون) sont une dynastie tunisienne qui est la dernière à régner sur son pays avant l’instauration du régime républicain.
Instaurée le 15 juillet 1705 par Hussein Ben Ali1, qui prend le titre de bey et possesseur de la Régence de Tunis, elle gouverne le pays jusqu’à la proclamation du régime républicain le 25 juillet 1957, ce qui la place au deuxième rang dans la liste des dynasties, derrière celle des Hafsides, quant à la durée de maintien au pouvoir.
L’héritier du bey de Tunis porte le titre de bey du camp (bey al-mahalla) jusqu’à l’indépendance, où il prend le titre de prince héritier. Après la déchéance de la monarchie, il devient le chef de la maison royale.
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En 1574, avant de quitter Tunis, Sinan Pacha commandant le corps expéditionnaire qui avait pris possession de la ville au nom du sultan ottoman, procède à la mise en place du gouvernement de la nouvelle province. Celui-ci est dirigé par un pachanommé pour trois ans assisté du diwan ou conseil de la régence qui comprend les officiers supérieurs ou deys qui sont au nombre de quarante. La prière du vendredi se fait au nom du sultan ottoman, commandeur des croyants, et une nouvellemonnaie frappée en son nom remplace la monnaie hafside.
Une assemblée générale de la milice turque désigne quarante nouveaux deys dont l’un est choisi comme chef de gouvernement et des troupes et un autre, bey du camp, est chargé de lever les impôts et de juger les tribus de l’intérieur lors de tournées semestrielles. Le pacha ne prend plus part aux affaires et le diwan doit être constitué uniquement dans les cas graves. Quelques années plus tard, Alger connaît la même évolution et porte au pouvoir un dey qui garde ses prérogatives jusqu’en 1830.
Les premiers deys de Tunis savent se concilier avec la population tunisienne. Parmi les premiers deys se détache nettement la personnalité de Youssef Dey qui succède à Othman Dey à la mort de celui-ci en 16103. Tunis doit beaucoup à Youssef Dey qui est secondé par son ministre et ami Ali Thabet.
Le dey est alors assisté du bey du camp, ainsi appelé parce qu’il commande la mhalla ou colonie volante chargée de lever les impôts en nature ou en espèce parmi les tribus. Du fait de ses attributions, il prend peu à peu une grande autorité auprès des tribus et habitants de l’intérieur qui connaissent plus que ce personnage comme représentant de l’autorité. Ce déplacement de pouvoir s’accentue lorsque la charge de bey du camp échoit en 1613 à un renégat nommé Mourad Bey qui fonde la première dynastie beylicale héréditaire4.
Les résidences
Chaque bey possède son palais car, selon la tradition, il ne peut vivre dans le palais de son prédécesseur par respect pour ses veuves. Parmi les plus importants figurent ceux du Bardo, de Ksar Saïd, de Carthage, d’Hammam Lif, de Mornag ou encore de La Goulette. À propos du palais du Bardo, le botaniste français René Desfontaines qui visite la Régence de Tunis à la fin du XVIIIe siècle, laisse la description suivante :
« Le bey réside dans un joli château qu’on appelle le Bardo, situé au milieu d’une grande plaine, à trois quarts de lieue nord de la ville. Ce château est fort ancien : Léon l’Africain nous apprend que, de son temps, les rois y faisaient déjà leur séjour. Le mur qui l’entoure est bien bâti, et défendu par quelques pièces de canon placées du côté de la porte d’entrée. La cour du bey est nombreuse ; les officiers qui la composent sont, en général, très honnêtes et très polis envers les étrangers5. »
Beaucoup ont été reconvertis après l’abolition de la monarchie : le palais du Bardo accueille le Musée national du Bardo et la Chambre des députés alors que celui de Carthage est devenu le siège de l’Académie tunisienne des sciences, des lettres et des arts.
Notes
- ↑ (fr) Nadia Sebaï, Mustafa Saheb Ettabaâ. Un haut dignitaire beylical dans la Tunisie du XIXe siècle, éd. Cartaginoiseries, Carthage, 2007, p. 11 [archive]
- ↑ (fr) Driss Abbassi, Entre Bourguiba et Hannibal : identité tunisienne et histoire depuis l’indépendance, éd. Karthala, Paris, 2005, p. 31 [archive]
- ↑ (en) Nabil I. Matar, Europe through Arab eyes. 1578-1727, éd. Columbia University Press, New York, 2009, p. 219 [archive]
- ↑ (fr) Denise Brahimi, Voyageurs dans la régence de Tunis : XVIe-XIXe siècles, éd. Cartaginoiseries, Carthage, 2008, p. 205 [archive]
- ↑ (fr) Denise Brahimi, op. cit., p. 171 [archive]
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