Bizerte: Les épopées des « sous-marins » parés pour une fin…
retour page d’Accueil retour à la Grande Guerre
Une histoire : Bizerte et la France
La Tunisie et la Grande Guerre
La Tunisie au gré des conflits
Bizerte: Les épopées des « sous-marins » parés pour une fin…
—
LA CATASTROPHE DU SOUS-MARIN LE LUTIN
16 Octobre 1906
Comme son sister-ship le » Farfadet « , les » Lutin » et » Gnome « , construits à l’arsenal de Rochefort, arrivent à Bizerte à la remorque et constituent avec le quatrième du type le » Korrignan « , la deuxième Flottille de sous-marins.
On décide de construire pour la flottille de sous-marins quais et installations à terre dans la baie de Setié Merieur, sur la rive Nord du goulet.
Quinze mois après le » Farfadet « , la tragédie se renouvelle : 16 octobre 1906, à 10 heure : » Le Lutin » vient de couler à un mille (1852 mètres) de la passe Est.
L’alerte a été donnée par le remorqueur » Ichkeul » qui sert alors d’accompagnateur pour les exercices en rade extérieure.
Cette fois, aucun doute sur le sort des sous-mariniers, le fond à cet endroit-là est à plus de 30 mètres, En plus le sous-marin a du se déplacer depuis le moment où le remorqueur l’a vu pour la dernière fois. Il faut donc situer l’épave et, comme les moyens ne se sont pas améliorés depuis la dernière fois, on sait à quoi s’en tenir.
Une nouvelle fois, le télégramme de Bizerte jette la consternation rue Royale (Ministère de la Marine) et dans le monde.
Les grands remorqueurs » Polyphène » et » Dromadaire » partent de Toulon avec scaphandriers, aussières, chaînes, etc.
La Marine britannique, basée à Malte, dépêche le cuirassé » HMS Implacable « , le croiseur-cuirassé » HSM Carnarvon » et le destroyer » HSM Albatros « .
Le 16, le dragage est géné par une forte houle. Le 17, des renforts arrivent, des chaloupes britanniques et le navire de sauvetage danois » Switzer » disposant de bons scaphandriers.
Une drague touche un objet par trente-six mètres de fond.
Et c’est le scaphandrier français Sigonio qui découvre le » Lutin « .
Le Ministre de la Marine, Monsieur Gaston THOMSON, décide à nouveau de se rendre sur les lieux de la catastrophe et partant le 18 au soir à bord du croiseur-cuirassé » Jeanne d’Arc « , il arrive le lendemain. Il a emmené avec lui une commission d’enquête, dont l’Ingénieur en Chef du Génie Maritime MAUGAS » père » de ces sous-marins.
A bord du navire danois, il apprend par le scaphandrier de ce navire qu’il a vu le capot entr’ouvert et il a pu apercevoir à l’intérieur deux cadavres.
A cette époque, un scaphandrier lourd ne pouvait pas travailler pendant plus de dix à quinze minutes à cette profondeur. Or, il fallait passeer une aussière sous l’arrière ensablé.
De nouveau, le Ministre plonge avec le » Korrignan » et les membres de la commission d’enquête et, le soir même, il repart pour Paris à bord de la » Jeanne « . Le 23 octobre, le dock enfoncé au-dessus de l’épave et la manœuvre que l’on avait déjà réussi avec le » Farfadet » se renouvelle sept fois jusqu’à ce qu’enfin la quille du sous-marin, collée sous le dock, ne dépasse pas la profondeur de huit mètres cinquante, profondeur maximale du goulet.
Le 26 octobre, on refait le voyage de vingt kilomètres du canal au bassin de Sidi-Abdallah, remorqueur tirant dock et sous-marin.
Le 27, la macabre extraction des cadavres est entreprise et les obsèques solennelles ont lieu le 30 octobre présidées par Monseigneur COMBES, Évèque de Carthage.
(Je ne saurais trop vous recommander de lire l’excellent
livre » Bizerte » de l’amiral LEPOTIER.
La commission d’enquête déclare que la perte du » Lutin » est due à une vanne incomplètement fermée par suite de la présence accidentelle d’un caillou et à la résistance insuffisante de la pression de la cloison intérieure d’un ballast.
Le Ministre crée une commission chargée d’étudier de nouvelles mesures de sécurité concernant l’ensemble de la construction Des sous-marins et des moyens de sauvetage.
Le sous-marin Lutin, en rade de Bizerte, un des premiers sous-marins français : [photographie de presse] / Agence Mondial
source gallica
NAVIGAZETTE SOURCE BNF DU 1906/11/01 (A5,N914).
-
-
-
LA CATASTROPHE DU « FARFADET »
06 Juillet 1905
Photo des victimes du Farfadet
Jamais catastrophe n’apparut plus poignante que celle-ci. Le pays tout entier a suivi avec une émotion profonde toutes les phases de l’événement tragique, et les angoisses des malheureux qui sont morts, enfermés dans leur prison d’acier, ont eu, par toute la France, un douloureux écho.
Certes, l’activité et le dévouement des sauveteurs ont été au-dessus des tout éloge. Mais on manquait, à Bizerte, de l’outillage nécessaire. Les chaînes passées sous le Farfadet – et au prix de quelles peines ! – se brisèrent.
Pourtant, on crut un instant qu’on retirerait le navire assez tôt pour sauver les malheureux qui agonisaient dans ses flancs.
Lorsqu’on tenta de soulever le sous-marin, on put les entendre, et l’on sait qu’ils ne se laissaient pas aller à l’affolement et qu’ils gardaient leur confiance dans le secours attendu.
Hélas ! ce secours devait être vain. Alors qu’on touchait au but un bras de grue se rompit sous le poids et le Farfadet retomba, plus profondément enlizé.
Il faut rendre justice cependant à tous ceux qui coopérèrent aux tentatives de sauvetage. L’amiral Aubert, l’ingénieur Faure et leurs subordonnés ont fait tout ce que permettaient les forces humaines. Les scaphandriers, une fois fois de plus, ont montré leur endurance et leur mépris du danger.
Le métier qu’ils font est fatigant et périlleux entre tous. Le poids des appareils dont ils sont revêtus, les terribles pressions qu’il leur faut supporter au fond de l’eau, mettent leurs forces et leur énergie à une rude épreuve. Pourtant, chaque fois qu’il s’agit de secourir des naufragés, on retrouve chez les scaphandriers le même dévouement.
Sans relâche ils ont travaillé dans la vase épaisse où s’enfonçait la quille du Farfadet et ce sont eux qui ont senti palpiter les derniers souffles de vie derrière les cloisons du bâtiment.
Depuis le ministre de la marine jusqu’au plus modeste des sauveteurs, le courage n’a manqué à personne en cette tragique occurrence.
Seuls, les moyens de sauvetage ont fait défaut. L’obligation où s’est trouvé l’amiral Aubert de se servir des appareils appartenant à des compagnies privées montre, de la façon la plus nette, et la plus triste aussi, combien est défectueux l’outillage de l’arsenal de Bizerte.
C’est la première fois, en France, que la navigation sous-marine subit un grave accident et cet accident devient une véritable catastrophe par suite d’une imprévoyance dont les résultats n’étaient que trop faciles à prévoir.
On a rappelé à ce propos la visite faite à l’arsenal de Bizerte en 1902, par M. Pelletan, alors ministre de la marine, et l’arrêt survenu dans les travaux à la suite de cette visite. Le ministre avait trouvé, en effet, que tous les projets préparés par l’amiral Ponty, le créateur de Bizerte, étaient exagérés… Il en résulta que l’arsenal de Bizerte, qui aurait dû être armé et outillé comme celui de Toulon, demeura dépourvu du matériel même le plus rudimentaire.
La conséquence de cette pénurie dans les moyens de sauvetage apparaît, aujourd’hui, tragique, lamentable et singulièrement accusatrice pour l’administration de notre avant-dernier ministre de la marine.
Après la perte de la Vienne, qui coûta la vie à tant de braves marins; après l’échouement du Sully, qui coûta tant de millions à l’État, voici le drame poignant du Farfadet.
Et, cependant, le coeur léger et la parole fleurie, M. Pelletan, rendu à ses chères études, préside des cours d’amour, dans le parc de Sceaux, au pied du buste de Florian !
Le Petit Journal illustré du 23 Juillet 1905…. EN PARLE !!!!
L’attaque par méprise du « »Watt
Le Watt est un sous-marin français, de la classe Pluviôse, construit sur le chantier naval de Rochefort au début de XXe siècle.
1914 : opérations, patrouilles en Manche
De septembre 1914 à juin 1915 : il effectue des séjours à Portsmouth dans le cadre des accords de défense franco-anglais.
Septembre 1915 : de Brest à La Pallice, opérations dans le golfe de Gascogne
17 janvier 1917 : escadrille de chasse de Bizerte ; patrouilles dans le canal de Sicile et sur les côtes d’Algérie
26 mars 1918 : il est attaqué au nord de La Galite par méprise par le navire anglais Jeannette II. Celui-ci lance des charges de profondeur qui endommagent le sous-marin et l’obligent à faire surface. Après avoir fait surface les escorteurs anglais SS Frank Parish et américain USS Wenonah (SP-165) (en) lui tirent dessus.
Le commandant (Lieutenant de vaisseau Paul Bourély) est tué. Cinq blessés sont transférés sur le bâtiment anglais Jeannette II. L’un d’eux, le quartier-maître canonnier Lambert succombe à ses blessures.
16 octobre 1919 : condamné à Bizerte
1er décembre 1919 : rayé
11 juin 1921 : coque vendue à Bizerte pour démolition.
–
sources :
http://ferryville-menzel-bourguiba.com/lieumonum/monumcomemo/farfadet/SMLutin.html
http://cent.ans.free.fr/pj1905/pj76623071905.htm
GALLICA BNF
WIKIPEDIA
retour page d’Accueil retour à la Grande Guerre
Une histoire : Bizerte et la France