Soviétisation et élimination des oppositions (1948-1953)
Soviétisation et élimination des oppositions (1948-1953)
Même s’il n’est pas question de transformer la zone d’occupation en Allemagne attribuée aux soviétiques en un état indépendant, Moscou entame immédiatement l’implantation des communistes. Le 30 avril 1945, un groupe de 10 communistes dirigés par Ulbricht entreprend de mettre en place les structures politiques et les premiers éléments de politique, notamment en matière de réforme agraire, décidés par Moscou 14. En zone d’occupation soviétique, dès le 10 juin 1945, les partis communiste (KPD), social-démocrate (SPD), chrétien-démocrate (CDU) et libéral (LDPD) sont autorisés par l’occupant. Dans la perspective des élections municipales prévues le 20 octobre 1946, en avril 1946, les Soviétiques obligent les membres du Parti social-démocrate (SPD) et du Parti communiste (KPD) en activité dans leur zone d’occupation à fusionner au sein d’un seul et unique parti marxiste-léniniste (dans les zones occidentales d’occupation, les instances de ces mêmes partis en activité n’étaient donc pas concernées par cette fusion) : le SED est alors fondé, dont l’organisation est calquée sur celui du Parti communiste de l’Union soviétique15,16. Le communiste Wilhelm Pieck et le social-démocrate Otto Grotewohl en furent conjointement les premiers leaders. Lors de ces élections, malgré ses 1,3 millions d’adhérents et le soutien actif des organisations de masse (syndicats, organisations de jeunesse), le SED communiste n’obtient nulle part la majorité absolue mais devient le parti dominant dans la zone soviétique avec 48 % des suffrages. À Berlin, il obtient moins de 20 % des voix, essentiellement dans la zone soviétique.
Usant de leur pouvoir absolu dans leur zone d’occupation les soviétiques conduisent une politique économique identique à celle qui se met en œuvre dans les démocraties populaires naissantes, dont les traits dominants sont la réforme agraire et les nationalisations.
En 1947 et 1948, les Occidentaux prennent une série d’initiatives pour assurer le développement économique de leurz zones d’occupation et se protéger de la menace qu’ils perçoivent de l’expansion du communisme. Le plan Marshall se met en place, les Anglais et les Américains ont fusionné leurs zones d’occupation en Allemagne et préparent avec les Français de nouvelles initiatives économiques et monétaires. Staline décide le 9 mars 1948 de reprendre l’initiative en utilisant Berlin pour forcer les Occidentaux à rallier les vues de l’URSS sur le futur de l’Allemagne. Un blocus de Berlin est progressivement instauré par les Soviétiques, mais les Occidentaux ne cèdent pas et mettent en place un pont aérien qui obligera finalement Staline à lever le blocus le 12 mai 1949 et à se résigner à la création de deux États allemands : la République Fédérale d’Allemagne (RFA) le 23 mai 1949 à l’Ouest et la République Démocratique Allemande (RDA) le 7 octobre 1949 à l’Est 17 18.
En mars 1952, Staline fera une dernière tentative de désarrimage de l’Allemagne de l’Ouest du monde occidental en proposant la réunification de l’Allemagne et sa neutralisation. Cette proposition, connue sous le nom de « note de Staline » 19, fut rejetée par les Occidentaux qui y virent une manœuvre destinée à permettre une communisation rampante de toute l’Allemagne.
La rupture Tito-Staline
Le 29 janvier 1948, la Pravda condamne le projet de fédération balkanique de Tito20. Le 27 mars 1948, le Parti communiste de l’Union soviétique adresse au Parti communiste de Yougoslavie une lettre lui reprochant de dénigrer le « socialisme » soviétique, et de manquer de démocratie interne. Le 28 juin, Tito n’assiste pas au congrès du Kominform. Les autres partis communistes émettent une condamnation collective du Parti communiste de Yougoslavie, qui est exclu du Kominform et accusé de dérive « nationaliste ». L’organisation communiste appelle « les forces saines du PCY à imposer une nouvelle ligne politique à la direction ». Le traité d’alliance soviéto-yougoslave est dénoncé par l’URSS.
Les purges et procès staliniens au sein des partis communistes
Les trois principales causes de la chasse aux sorcières qui sera entreprise essentiellement dans les années 1949 à 1952 dans les partis communistes au pouvoir dans les pays du bloc de l’est sont l’intensification de la guerre froide, la rupture entre Staline et Tito qui en servira de principal prétexte et la paranoïa croissante de Staline qui approche de la fin de sa vie.
Le premier procès du genre est celui de Koci Xoxe, Ministre de l’Intérieur en Albanie, qui s’ouvrit le 12 mai 1949. Le motif en était clairement la proximité qui existait entre Xoxe et Tito. Ce procès fut conduit sur le modèle des purges et procès menés avant-guerre par Staline dans son propre pays.
En Bulgarie, Traïcho Kostov est arrêté le 20 juin 1949, torturé, jugé et finalement condamné à mort le 14 décembre 1949. Le 16 septembre 1949 s’ouvre en Hongrie le procès de László Rajk, autre exemple de purge stalinienne anti-titiste. Des purges sanglantes et des procès fabriqués de toutes pièces seront conduits dans tous les pays d’Europe de l’Est jusqu’à la mort de Staline.
D’autres dirigeants échapperont à la mort et joueront plus tard à nouveau un rôle clef. Gomulka en Pologne, poussé hors du POUP sera arrété et emprisonné en août 1951. Il opposera à ses accusateurs une farouche résistance et ne sera finalement pas jugé. Sa libération interviendra en décembre 1954 parmi d’autres initiatives prises par le pouvoir dans le vent de déstalinisation qui commence à souffler partout en Europe de l’Est. En Hongrie, où les arrestations et exécutions furent très nombreuses, János Kádár sera emprisonné et Imre Nagy écarté du pouvoir, sans pour autant subir le sort de Rajk.
source wikipedia