Doctrines Truman et Jdanov
Doctrine Truman
La doctrine Truman est née le 12 mars 1947, elle est la base de la politique des États-Unis contre le Bloc communiste durant la guerre froide.
« Je crois que les États-Unis doivent soutenir les peuples libres qui résistent à des tentatives d’asservissement (…). Je crois que nous devons aider les peuples libres à forger leur destin (…). Je crois que notre aide doit consister essentiellement en un soutien économique et financier. (…) de maintenir la liberté des États du monde et à les protéger de l’avancée communiste. »
— Harry Truman au Congrès des États-Unis le 12 mars 1947
Concrètement, la doctrine Truman, ou politique de containment (d’endiguement), repose sur une offre d’assistance militaire et financière de la part des États-Unis, s’adressant aux pays décidés à s’opposer aux pressions communistes. Dans l’immédiat après-guerre, elle concernait des pays comme la Grèce en guerre civile, la Turquie soumise à d’intenses pressions de Moscou concernant les Dardanelles ou encore l’Iran en pleine crise irano-soviétique, et si elle a porté ses fruits en Europe (avec en particulier le « plan Marshall » qui en découle directement), la doctrine Truman n’a pas eu le même succès en Asie (en particulier en Chine). Cependant, elle est à l’origine (en partie du moins), grâce au plan Marshall, de l’ascension économique du Japon.[réf. nécessaire]
L’historien Howard Zinn relève toutefois, concernant la Grèce notamment : « En fait, la plus importante [des] pressions extérieures venait des États-Unis eux-mêmes. [...] L’Union soviétique, comme les États-Unis, ne semblait pas désireuse de favoriser des révolutions qu’elle n’était pas capable de contrôler1. »
Cette doctrine de politique étrangère marque le début véritable du bras de fer de la guerre froide. Elle sera suivie de la proclamation soviétique antagoniste de la doctrine Jdanov.
Doctrine Jdanov
Le 30 septembre 1947, la doctrine Jdanov, du nom du 3e secrétaire du Parti communiste de l’Union soviétique, reconnaît la disposition du monde en deux camps : les forces impérialistes, dirigées par les États-Unis, et les pacifistes, menées par l’URSS.
C’est lors de la conférence de Szklarska-Poreba (Pologne), fondatrice du Kominform, qu’Andreï Jdanov présente son rapport le 22 septembre 1947. Celui-ci a été ensuite publié le 7 octobre 1947, dans le journal Le Monde. Il s’agit d’y définir la nouvelle orientation politique soviétique face au camp occidental, en réaction à la doctrine Truman.
« Le but des États-Unis est la consolidation de la domination mondiale de l’impérialisme américain [...]. »
« Plus nous nous éloignons de la fin de la guerre et plus nettement apparaissent les deux principales directions de la politique internationale de l’après-guerre, correspondant à la disposition en deux camps principaux des forces politiques qui opèrent sur l’arène mondiale : le camp impérialiste et antidémocratique, le camp anti-impérialiste et démocratique. »
« Les États-Unis sont la principale force dirigeante du camp impérialiste. L’Angleterre et la France sont unies aux États-Unis et marchent comme des satellites en ce qui concerne les questions principales, dans l’ornière de la politique impérialiste des États-Unis. Le camp impérialiste est soutenu aussi par des États possesseurs de colonies, tels que la Belgique et la Hollande, et par des pays au régime réactionnaire antidémocratique, tels que la Turquie et la Grèce, ainsi que par des pays dépendant politiquement et économiquement des États-Unis, tels que le Proche‑Orient, l’Amérique du Sud, la Chine. »
« Les forces anti‑impérialistes et antifascistes forment l’autre camp. L’URSS et les pays de la démocratie nouvelle en sont le fondement. Les pays qui ont rompu avec l’impérialisme et qui se sont engagés résolument dans la voie du progrès démocratique, tels que la Roumanie, la Hongrie, la Finlande, en font partie. Au camp anti-impérialiste adhèrent l’Indonésie, le Viêt-Nam, l’Inde. L’Égypte et la Syrie y apportent leurs sympathies. Le camp anti-impérialiste s’appuie dans tous les pays sur le mouvement ouvrier et démocratique, sur les partis communistes frères, sur les combattants des mouvements de libération nationale dans les pays coloniaux et dépendants, sur toutes les forces progressistes et démocratiques qui existent dans chaque pays… Une tâche particulière incombe aux partis communistes frères de France, d’Italie, d’Angleterre et des autres pays. Ils doivent prendre en main le drapeau de la défense nationale et de la souveraineté de leurs propres pays. »
« Le but que se donnent les États-Unis est l’établissement de la domination mondiale de l’impérialisme américain. C’est aux partis communistes qu’incombe le rôle historique de se mettre à la tête de la résistance au plan américain d’asservissement de l’Europe. S’ils restent fermes sur leurs positions, s’ils ne se laissent pas influencer par l’intimidation et le chantage, s’ils se comportent résolument en sentinelles de la paix durable et de la démocratie populaire, de la souveraineté nationale, de la liberté et de l’indépendance de leur pays, s’ils savent, dans leur lutte contre les tentatives d’asservissement économique et politique de leur pays, se mettre à la tête de toutes les forces disposées à défendre la cause de l’honneur et de l’indépendance nationale, aucun des plans d’asservissement de l’Europe ne pourra être réalisé. »
Conséquences
Jdanov propose une analyse manichéenne qui allait devenir caractéristique de la problématique de la Guerre froide qui s’annonce alors. Contre la guerre et l’impérialisme américain, il fallait, selon lui, mobiliser toutes les forces. Il n’était plus question de collaborer avec les bourgeois et les sociaux-démocrates, considérés dorénavant comme les « alliés objectifs » de l’impérialisme. À cette occasion, les partis communistes occidentaux (en particulier le Parti communiste français) furent vivement critiqués pour leur participation gouvernementale et se virent contraints de durcir leur ligne politique.
source : WIKIPEDIA