Immobilisme conduisant à l’effondrement (1980-1989)
Immobilisme conduisant à l’effondrement (1980-1989)
L’effondrement du communisme procède d’un ensemble de causes dont le dosage a été très différent d’un pays à l’autre. Le plus remarquable demeure que ces évènements se sont déroulés pratiquement sans effusion de sang et sur une période très courte centrée sur l’année 1989. Les facteurs externes ont joué, le plus évident étant la rupture dans la politique soviétique provoquée par l’arrivée de Gorbatchev au pouvoir en 1985. mais les facteurs internes ont été prépondérants, combinant prise de conscience par un certain nombre de dirigeants communistes de l’échec économique et social du système mis en place 40 ans plus tôt, dissidence des intellectuels encouragée par la CSCE ou révolte de la société civile ouvrière ou paysanne.
L’immobilisme dominant des années 1980
En tant que premier secrétaire du Parti, Gorbatchev organise des réformes (Glasnost et Perestroïka), ces dernières entraînent l’accélération de l’effondrement du Bloc de l’Est et se terminent avec la chute du mur de Berlin en 1989 occasionnant la fin de la Guerre froide. Les anciens pays d’Europe de l’Est se tournent rapidement vers l’économie de marché et la démocratie parlementaire.
Mikhaïl Gorbatchev indique le 6 juillet que l’Union soviétique n’interviendra pas pour réprimer les mouvements qui agitent la RDA.
Grèves massives en Pologne (printemps – été 1988)
En l’espace d’un an, par un effet de domino spectaculaire, les régimes communistes vont partout tomber. Le premier pays à entrer dans le processus de désagrégation du pouvoir en place est la Pologne où des manifestations étudiantes se déclenchent en mars 1988. À partir du 25 avril, de très importantes grèves ouvrières prennent le relai. À l’été 1988, une nouvelle vague de grèves, plus importante, parcourt les mines du pays. Le gouvernement est contrait de faire appel à Lech Wałęsa comme négociateur pour calmer les grèves. Le 18 décembre, Wałęsa forme les Comités citoyens Solidarité (Komitet Obywatelski Solidarność) : Solidarność sort de l’illégalité.
Désagrégation des pouvoirs communistes
Pologne : la situation politique en Pologne donne le coup d’envoi à la chute des régimes communistes en Europe. Du 6 février au 4 avril 1989, le gouvernement mène avec l’opposition les pourparlers dits de la « Table Ronde polonaise ». Un accord est finalement trouvé, prévoyant des élections législatives semi-libres. Le 4 juin, les élections voient le triomphe de Solidarność, dont les candidats remportent 99 % des sièges au Sénat et 35 % des sièges à la Diète. Solidarność refuse tout accord de coalition avec le Parti ouvrier unifié polonais. Jaruzelski est contraint de nommer Premier ministre Tadeusz Mazowiecki, qui est investi le 19 août par la Diète à une écrasante majorité. En décembre, le Parlement polonais élimine de la constitution toute référence au rôle dirigeant du parti, le pays reprenant le nom officiel de République de Pologne (Rzeczpospolita Polska). Le 30 janvier 1990, le Parti ouvrier unifié polonais s’auto-dissout. Wojciech Jaruzelski, privé de tout pouvoir, démissionne : le 23 décembre 1990, Lech Wałęsa est élu président de la République, dans un scrutin tenu cette fois au suffrage universel.
Hongrie : Emboitant le pas à la Pologne, la Hongrie sera le second pays à s’engager sur la voie de la démocratisation. Contrairement à la Pologne où cette dynamique résulte d’un affrontement entre la société civile et le pouvoir en place, c’est au sein même du parti communiste qu’émergera le changement. En mai 1988, János Kádár, âgé de 76 ans et malade, cède sa place. Les cadres réformateurs prennent progressivement le contrôle du Parti socialiste ouvrier hongrois qui accepte le principe du multipartisme dès février 1989. Le 2 mai 1989, les barbelés à la frontière austro-hongroise commencent à être démantelés. Les protagonistes de l’insurrection de Budapest de 1956 sont réhabilités : en juin 1989, Imre Nagy reçoit des funérailles officielles. Le 16 octobre, le parlement hongrois ouvre une session historique, au terme de laquelle le principe des élections libres est adopté et la constitution radicalement révisée. Les premières élections législatives libres se tiennent le 24 mars 1990 ; elles sont remportées par le forum démocrate hongrois, parti de tendance conservatrice et nationaliste. L’ancien parti communiste, le parti socialiste hongrois n’obtient que 10 % des suffrages.
Allemagne de l’Est (RDA) : entre septembre 1989 et mars 1990 ont lieu les « manifestations du lundi » (Montagsdemonstrationen), particulièrement à Leipzig, au cours desquelles les Allemands de l’Est réclament des réformes et notamment la liberté de circulation vers l’Ouest. Le conseil des ministres de la RDA démissionne le 8 novembre 1989, suivi par le Politbüro le 9 novembre. Dans la soirée du 9 novembre 1989, Günter Schabowski, membre du comité central du SED, annonce la levée de toutes les restrictions de voyage et l’ouverture des frontières, provoquant un afflux de personnes aux postes de passage le long du mur de Berlin, puis l’ouverture du mur. Le 13 novembre, le parlement de la RDA (Volkskammer) élit Hans Modrow au poste de Ministre-président. Gorbatchev déclare que la réunification est une question que les Allemands doivent régler entre eux. La mention du rôle particulier du SED (Sozialistische Einheitspartei Deutschlands, « Parti socialiste unifié d’Allemagne »), est retirée de la constitution. À partir du 7 décembre, le nouveau gouvernement dirigé par Modrow accepte de discuter avec les nouveaux groupes d’oppositions et les Églises lors d’une « table ronde centrale ». Les principales revendications des opposants portent sur la démocratisation du régime, la tenue d’élections libres et la dissolution du Ministère de la Sécurité d’État (Ministerium für Staatssicherheit, plus connu sous l’acronyme de « Stasi »). Des élections libres tenues le 18 mars 1990 conduisent à ce que le Parti socialiste unifié d’Allemagne perde le contrôle majoritaire de la Chambre du peuple (le Parlement est-allemand). Le 23 août, la nouvelle assemblée vote l’extension de la Loi fondamentale de la République fédérale d’Allemagne aux territoires de la RDA à effet du 3 octobre 1990 et par conséquent la disparition de la République démocratique allemande.
Tchécoslovaquie : Au moment de la Perestroïka, la direction du parti ne fait aucune concession en matière de libertés politiques, ne proposant que des réformes économiques. À partir de 1988, vingtième anniversaire du printemps de Prague, le pays connaît une importante effervescence politique. Les pétitions réclamant la liberté politique et religieuse se multiplient. En janvier 1989, le vingtième anniversaire de la mort de Jan Palach entraîne d’importantes manifestations. En novembre, l’opposition se regroupe au sein d’un Forum civique sous l’impulsion de Václav Havel; les syndicats se joignent au mouvement. Le régime apparaît dépassé et, le 24 novembre, la direction du Parti communiste tchécoslovaque démissionne collectivement. Le 28 novembre, l’assemblée fédérale abolit l’article de la constitution stipulant la prédominance du Parti. Le 28 décembre, Alexander Dubček est élu à la tête du parlement et le 29 décembre, Václav Havel est élu Président de la République. Les élections du 8 juin 1990 assurent la victoire du Forum civique et des anciens partis d’opposition.
la situation écologique désastreuse du pays. Des groupes dissidents comme le club pour le soutien de la perestroïka et de la glasnost puis, en 1989, Podkrepa et Ekoglasnost, se forment progressivement. Jivkov, âgé de 79 ans, apparaît dépassé : au sein du Parti communiste bulgare, les réformateurs prennent le contrôle. Le 10 novembre 1989, au lendemain de la chute du mur de Berlin, Jivkov est démis de toutes ses fonctions par le parti. En février 1990, le Parti communiste décrète la fin du régime avant de s’auto-dissoudre le 3 avril 1990 et de devenir le Parti socialiste bulgare ; il remportera les premières élections libres, le 10 juin 1990. Le 15 novembre 1990, le parlement invalide la constitution de 1974 et supprime l’adjectif populaire du nom officiel du pays, qui devient la République de Bulgarie.
Roumanie : alors que les régimes les plus proches de l’Union soviétique tombent tous les uns après les autres, la relative indépendance de la Roumanie rend sa situation différente. Le ressentiment envers le couple Ceaușescu et le désir de changement face à la situation désastreuse du pays amènent une partie des cadres du Parti à souhaiter la chute du dictateur. Le 17 décembre 1989, les forces de l’ordre tirent contre des manifestants à Timișoara. Le 21 décembre, un rassemblement de soutien au régime est organisé à Bucarest mais la foule se met d’un coup à huer Ceaușescu. La capitale est bientôt en proie à l’insurrection : des affrontements ont lieu, mais l’essentiel des forces armées fraternise avec les insurgés. Le 22 décembre, Ion Iliescu, ancien dirigeant communiste marginalisé au sein du parti, décrète la formation d’un gouvernement provisoire au nom du Front de salut national. Nicolae et Elena Ceaușescu prennent la fuite en hélicoptère et sont capturés quelques heures plus tard. Le Parti communiste roumain est dissout et la fin du système de parti unique est décrétée. Le 25 décembre 1989, les époux Ceaușescu sont fusillés dans une caserne proche de Bucarest après un simili-procès. Le 20 mai 1990, le Front de Salut national remporte les élections législatives et présidentielles, Ion Iliescu devenant président de la République.
Albanie : l’Albanie est le dernier bastion communiste à ignorer les réformes, mais le mécontentement s’accroît dans la population : en décembre 1990, cinq mille Albanais fuient le pays à travers la Grèce. Ramiz Alia, conscient de la nécessité d’un changement pacifique, autorise le multipartisme le 11 décembre. Le Parti démocrate d’Albanie est formé le lendemain. Le 20 février 1991, alors que la situation dans tout le pays est instable avec notamment des affrontements armées sanglante éclatent dans certaines villes, des dizaines de milliers de manifestants envahissent Tirana : la statue monumentale d’Enver Hoxha est abattue. Le 31 mars 1991, l’Albanie tient ses premières élections libres, où le Parti du travail d’Albanie remporte la majorité.