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25 janvier 2013

La Bataile de la Horgne et la 3e Brigade de Spahis (3e BS)

milguerres @ 13 h 21 min

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 Chronologie de la Seconde Guerre mondiale

La 3e BS (Brigade de Spahis) dans les Ardennes pendant la drôle de guerre.

La Bataile de la Horgne et la 3e Brigade de Spahis (3e BS)

Colonel (er) Thierry Moné

copyright mai 2009

http://secretdefense.blogs.liberation.fr/files/toug-3.pdf

Au cours de la bataille de Sedan de mai 1940, la 3e Brigade de Spahis (3e BS) s’illustra au village de La Horgne où les Spahis du 2e Algériens de Tlemcen et du 2e Marocains de Marrakech affrontèrent des unités blindées allemandes chargées de la percée. Bien que relativement proches de nous, ces événe- ments ont souvent fait l’objet d’un traitement particulier de la part de certains « historiens » qui ont refusé toute analyse et se sont contentés de véhiculer une Chanson de geste à la manière des griots. En l’absence de démenti formel, l’inconscient collec- tif se limite à un hologramme virtuel : les héroïques Spahis de La Horgne chargent les blindés allemands, à cheval, sabre au clair, burnous au vent, et subissent d’effroyables pertes…

 

Or, la réalité fut beaucoup plus sobre mais non moins glo- rieuse : après une mise en place effectuée à cheval, la 3e Brigade de Spahis fut engagée dans un combat de défense ferme, afin de gagner les délais nécessaires à la préparation d’une contre- attaque qui n’aura jamais lieu. Dix ans après les faits, le colonel Olivier Marc, ancien chef de la 3e BS, expliquait in situ ce que fut la réalité du combat de ses Spahis : « Reportons-nous aux jours graves du mois de mai 1940 : le 13 mai, c’est la percée du front de Sedan. En premier échelon des forces allemandes qui ont passé la Meuse, le Corps blindé Guderian fonce maintenant en direction de l’ouest […]. Le 14, à la suite de scombats livrés dans cette région, nos troupes étaient rejetées à l’ouest sur la Vence, et au sud sur la route du Chesne. Dans l’inter­valle s’ouvrait ainsi, entre la 9e et la 2e Armées, une brèche large de 8 km où se rétablissait la 3e BS, coupée en plusieurs tronçons par les combats de la journée. Des renforcements étaient attendus : on espérait que leurs premiers éléments pourraient s’engager ici le 15 mai au soir… Mais il fallait tenir jusque-là. C’est ainsi que dans la nuit, la 3e BS recevait l’ordre de constituer La Horgne en Centre de résistance, au milieu de la trouée entre Poix-Terron et Baâlons.

Les deux régiments de la brigade […] sont regroupés ici le 15 juin matin. Après cinq jours de combats en Belgique et sur la Meuse et compte tenu des éléments détachés à Mézières, les effec­tifs sont déjà fortement entamés1 […]. La position, telle qu’elle se présente dans ce pays vallonné et couvert, se réduit à un village qui commande plusieurs routes, sur l’un des axes de marche de l’ennemi. Ici, le carrefour des routes de Singly et de Vendresse ; en retrait et à une altitude un peu supérieure, quelques maisons et le cimetière marquent le carrefour de Terron. Cette partie-ci du village sera tenue par le 2e RSA du colonel Burnol, la partie haute de La Horgne par des unités du 2e RSM du colonel Geoffroy. Enfin, sur une croupe boisée à 800 m en arrière, une Ligne d’arrêt est constituée avec le restant du 2e RSM. […]

Dès le matin, nous sommes survolés à basse altitude par des avions ennemis. Vers 8 h, des éléments légers venant de Singly prennent un contact rapide de la position. L’attaque commence à 9 h, venant de la même direction. Elle sera menée par des unités

portées de la 1. Panzer Division, appuyées par leurs chars et bien­tôt soutenues par des effectifs importants. [Nos 3 canons agiront] efficacement : 12 chars [ou véhicules blindés] seront mis hors de combat au cours de la journée, mais la faiblesse des moyens et les pertes rendront vite la lutte inégale : partout, ce sont les chars qui auront le dernier mot.

« Le cercle se referme sur la 3e Brigade qui n’a plus de liaisons vers l’extérieur »

Entre 9 h et midi, le 2e RSA arrête à ce carrefour deux for­tes attaques appuyées par l’artillerie [et] des chars. Après diverses alternatives, l’ennemi reste accroché à 200 m des lisières du village, sans pouvoir mordre sur la position qui, à midi, est partout main­tenue. […] Au commencement de l’après-midi, la bataille – dont La Horgne n’est qu’un épisode – a pris toute son extension : au nord, Poix-Terron est déjà dépassé. Sur notre droite, Baâlons est attaqué depuis le matin. On se bat sur nos arrières, dans les bois de La Bascule. Le cercle se referme sur la 3e Brigade qui n’a plus de liaisons vers l’extérieur. Sur la position, investie et battue à courte distance, commence un bombardement qui met le feu au village

Une contre-attaque, menée par un escadron de la Ligne d’arrêt [3/2e RSM], en vue de dégager la ferme, se heurte à de forts éléments ennemis qui progressent sur le cimetière, de part et d’autre de la route de Terron. […] A 15 h, tout le village est en feu. A l’avant, les Algériens se maintiennent sous le bombardement, au contact d’un ennemi toujours offensif et qui se renforce. Dans la partie haute de La Horgne, le cimetière est serré de près. A droite, une nouvelle attaque est en cours. Tous nos éléments sont maintenant engagés. Après six heures de combat rapproché, les pertes sont élevées et les munitions s’épuisent. Nos trois canons sont démolis. […]

 

« le colonel Burnol, com­mandant le 2e RSA, tente de s’ouvrir un passage, les armes à la main… Ainsi que beau­coup d’autres, il est tombé en combattant, mais non sans avoir réussi à dégager une partie de ses éléments »

 

Après chaque nouvelle tentative qui est encore repoussée, les chars ennemis pénètrent vers 1 h 30 dans ce quartier où la défense est bientôt réduite à quelques groupes encerclés dans des îlots en feu. C’est alors qu’à la tête de quelques officiers et d’une cinquan­taine d’hommes, le colonel Burnol, commandant le 2e RSA, tente de s’ouvrir un passage, les armes à la main… Ainsi que beaucoup d’autres, il est tombé en combattant, mais non sans avoir réussi à dégager une partie de ses éléments. Cependant, la pénétration ennemie se fait toujours plus forte et ce qui restait du régiment algérien est peu à peu réduit sur ses positions, après une valeu­reuse résistance à laquelle un colonel de la 1. Panzer Division ren­dra un hommage hautement mérité. Tandis que tombe le quar­tier de l’église, le cercle se referme sur l’autre partie du village : à gauche, l’attaque ennemie déborde maintenant le cimetière – qui tient toujours, et vient, avec des chars, entre La Horgne et la Ligne d’arrêt, sur les arrières de la position. Là est le colonel Geoffroy, commandant le 2e RSM, qui se dépense au premier rang pour parer cette nouvelle menace, quand il est lui aussi mortellement frappé, en organisant un dernier barrage. […]

Ainsi, à 17 h, tandis que la bataille se développe toujours plus loin sur nos arrières, l’ennemi était maître de La Horgne. Il payait chèrement sa conquête et Radio-Stuttgart pouvait clamer le lendemain : « nous avons été arrêtés pendant 10 heures par une Brigade de Spahis et nous n’avons pu passer qu’après l’avoir anéantie ». […] Mais pour faire mentir Stuttgart, la 3e Brigade allait bientôt montrer qu’elle vivait encore : quinze jours plus tard,réduite à quelques escadrons hâtivement réformés, elle rentrait dans la lutte avec la même ardeur et le même esprit de sacrifice, pour frapper les derniers coups à Voncq et à Terron-sur-Aisne, avant que l’armistice ne la force à déposer ses armes. »

1 Le 15 mai, la 3e BS met le village de La Horgne en « état de défense » avec seulement 2 canons antichars de 25 mm, 1 canon de 37 mm, 4 ou 5 mor- tiers de 60 mm, 11 mitrailleuses Hotchkiss de 8 mm et 37 fusils-mitrailleurs, le tout servi par environ 700 Spahis. 2 La récupération politicienne n’épargne pas les Spahis de La Horgne : chaque année, certains discours d’autorités mêlent allègrement pacifi sme bon teint et anti-colonialisme primaire. 3 Le carré militaire de La Horgne comprend 41 tombes, dont 31 appartiennent à des Spahis identifi és (colonel Geoff roy du 2e RSM, colonel Burnol et chef d’escadrons Vuillemot du 2e RSA, 3 maréchaux des logis, 2 brigadiers et 22 spahis). Dix sépultures appartiennent à des inconnus (dont 1 caporal de Tirailleurs et 1 maréchal des logis non identifi é). Parmi les 5 offi ciers tués le 15 mai, seuls le lieutenant Grisot et le sous-lieutenant Storo ne sont pas (plus ?) au carré militaire de La Horgne. 4 Le taux des pertes en tués (environ 6%) et en blessés (environ 14%) est élevé pour ces combats du 15 mai.

 

1er semestre 2009 | À l’ombre du Toug | 27 |

Colonel (er) Thierry Moné

copyright mai 2009

http://secretdefense.blogs.liberation.fr/files/toug-3.pdf

 

 

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