La bataille de Dakar
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Chronologie de la Seconde Guerre mondiale
La Bataille de Dakar ou Opération Menace
la bataille de dakar est le second drame de la marine française, après celui de Mers El Kébir en Juillet 1940.
La bataille de Dakar est un affrontement naval franco-anglo-français de la Seconde Guerre mondiale – également connu sous le nom de Opération Menace, qui opposa au large de Dakar et sur la presqu’île du Cap-Vert, près de Rufisque, du 23au 25 septembre 1940, les Forces françaises libres du général de Gaulle et les forces Britanniques, d’une part, et les forces françaises, obéissant au Gouvernement de l’État Français dit de Vichy, dirigées par le gouverneur général Boisson, gouverneur général de l’Afrique occidentale française depuis le 26 juin 1940, de l’autre.
Elle se solda par un échec pour les Britanniques et les Français libres.
En septembre 1940, trois mois après l’Appel du 18 Juin, deux mois après la bataille de Mers el-Kébir et l’attaque du Richelieu, par les Fairey Swordfish du porte-avions HMS Hermes, et un mois après le ralliement de l’essentiel de l’Afrique équatoriale française (AEF), le général de Gaulle et les Britanniques pensent pouvoir prendre le contrôle politique et militaire de l’Afrique occidentale française (AOF) qui obéit au Gouvernement de Vichy. Pour de Gaulle, ce serait un second espace de légitimité ; pour les Britanniques, la garantie d’une Afrique dégagée de la menace allemande tout en débarquant des troupes en Afrique. De son côté, le gouvernement de Vichy s’efforçait de rester neutre tout en cherchant à maintenir ses droits sur l’intégrité de l’Empire français.
Ce qui suit est l’ordre de bataille des forces navales en présence lors de la Bataille de Dakar, pendant l’Opération Menace, qui opposa du 23 au 25 septembre 1940, les Forces Françaises Libres commandées personnellement par le général de Gaulle et les forces navales britanniques commandées par le vice amiral John Cunningham d’une part, et les forces navales françaises sous le commandement du vice amiral Lacroix, sous l’autorité du Gouverneur Général Boisson, d’autre part.
Ordre de bataille lors de la Bataille de Dakar
Royaume-Uni
- Porte-avions :
- HMS Ark Royal (91)
- Cuirassés:
- HMS Barham (04)
- HMS Resolution (09)
- Croiseurs Lourds :
- HMAS Australia (1927)
- HMS Cumberland (57)
- HMS Devonshire (39)
- Croiseurs Légers :
- HMS Dragon (D46)
- HMS Delhi (D47)
- Destroyers :
- HMS Echo (H23)
- HMS Eclipse (H08)
- HMS Escapade (H17)
- HMS Faulknor (H62)
- Foresight
- Forester
- Fortune
- HMS Fury (H76)
- HMS Greyhound (H05)
- HMS Inglefield (D02)
- Dragueurs de mines :
- HMS Bridgewater
- HMS Milford (L51)
- Cargo:
- 1 cargo Britannique
- Transports :
- 3 paquebots
- 101st brigade des Royal Marines
Forces Françaises Libres
- Aviso :
- Commandant Dominé
- Commandant Duboc
- Aviso colonial
- Savorgnan de Brazza
- Patrouilleurs
- Président-Houduce
- Cargos:
- 4 Cargos Français
- Infanterie :
- 13e demi-brigade de Légion étrangère
Pologne
- Transport :
- MS Sobieski (Paquebot Polonais)
Pays-Bas
- Transports :
- SS Westernland (Paquebot Hollandais),
- SS Pennland (Paquebot Hollandais),
Marine Nationale française

Croiseur Georges Leygues
Toutes les forces navales et terrestres présentes en AOF, fin novembre 1942, reprendront le combat avec les Alliés
- Cuirassé :
- Richelieu
- Croiseurs légers :
- Georges Leygues
- Montcalm

Le Fantasque
- Contre torpilleur :
- Le Fantasque
- L’Audacieux (avarié à Dakar, bombardé et coulé à Bizerte en 1943)
- Le Malin
- Le Hardi (sabordé à Toulon)
- Aviso :
- Calais
- Commandant Rivière
- D’Entrecasteaux (coulé à Diego Suarez)
- D’Iberville
- Gazelle
- La Surprise
- Croiseurs auxiliaires:
- El Djezair
- El Kantara
- El Mansour
- Victor Schoelcher (coulé à Diego Suarez)
- Ville d’Oran
- Cargos :
- SS Porthos
- SS Tacoma (coulé entre Dakar et l’île de Gorée)
- SS Sally Maersk (
Danemark)
- Sous-marins:
- Ajax (Q148) (coulé à Dakar)
- Bévéziers (Q179) (coulé à Diego Suarez)
- Persée (Q154) (coulé à Dakar)
Déroulement
Le 23 septembre 1940, à l’aube, trois bâtiments de guerre des Forces françaises libres, accompagnés par des navires britanniques (deux cuirassés, le porte-avions Ark Royal, plusieurs croiseurs et destroyers) constituant la Force M commandée par l’Amiral Cunningham1, se présentent devant Dakar, la capitale de l’Afrique-Occidentale française, pour en demander le ralliement. La visibilité de l’armada alliée est gênée par le brouillard.Pierre Boisson, gouverneur général de l’A.O.F., résolument rangé derrière Pétain, refuse catégoriquement de se rallier, affirmant sa volonté de défendre Dakar « jusqu’au bout »2.
Les 23-25 septembre 1940 au large du Sénégal, pour la première fois de la guerre, des Français se battent contre des Français. La présence du général de Gaulle, en mer, ne provoque pas les ralliements escomptés et aucune des trois opérations simultanées ne réussit. Le traumatisme de Mers El-Kébir est bien trop récent. Un commando débarqué est arrêté, une tentative de persuasion politique échoue et Georges Thierry d’Argenlieu, arrivé par mer pour parlementer avec un drapeau blanc, est accueilli par un tir de mitrailleuse : lui-même est sérieusement blessé, mais son embarcation parvient à s’échapper.
Dans la nuit du 23 au 24, un ultimatum anglais est alors adressé aux autorités françaises de Dakar leur enjoignant de livrer la place au général de Gaulle. Le texte, fort maladroit, accuse les forces de Dakar de vouloir livrer leurs moyens aux Allemands. Il provoque l’indignation des défenseurs. Le gouverneur général Boisson, commandant la place, répond: « La France m’a confié Dakar. Je défendrai Dakar jusqu’au bout ! » Les Britanniques entament alors une opération militaire mais cette fois, celle-ci échoue grâce à la présence de l’aviation française et aussi de celle de plusieurs croiseurs et contre-torpilleurs, ignorée des Anglais. En effet, le gouvernement de Vichy avait eu vent de ce projet d’attaque surprise et craignant un nouveau Mers-El-Kébir, avait envoyé quelques unités supplémentaires depuis Toulon3,4.
Conséquences
L’opération a constitué un tournant idéologique pour les gouvernements, bien plus qu’un affrontement important du point de vue des forces en présence, du nombre des victimes ou des unités militaires détruites ou endommagées. De cette action, Charles de Gaulle sort un temps isolé. Il est d’ailleurs politiquement menacé par l’amiral Muselier accusé à tort d’être à l’origine des fuites qui ont empêché la réussite du débarquement. Le jugement de Roosevelt en est durablement affecté5. Mais « l’affaire de Dakar » le pose pour Winston Churchill comme alternative crédible à la France de Vichy dans les colonies, après la réussite de l’opération de Leclerc sur l’AEF en août, et à la veille de l’affirmation des Forces françaises libres lors des événements du Liban et de la Syrie face aux Vichystes.
Un mois après le débarquement anglo-américain en Afrique du Nord (8 novembre 1942), les autorités vichystes d’Afrique-Occidentale française, sous l’impulsion (plus ou moins de circonstance) de l’amiral Darlan, finissent par signer le 7 décembre 1942 un accord avec les Alliés, qui remet ce territoire dans la guerre. Après l’assassinat de Darlan, lors de la constitution du CFLN, Boisson démissionne ; il est remplacé le 1er juillet 1943 par le gaulliste Pierre Cournarie. Les haut-fonctionnaires vichystes sont progressivement écartés6.
Notes et références
- ↑ Max Gallo, une histoire de la 2de guerre mondiale 1940, Pocket p 357
- ↑ Pierre Montagnon, La France coloniale, tome 2, Pygmalion-Gérard Watelet, 1990, pages 28-29
- ↑ Étienne Schlumberger, L’Honneur et les rebelles de la marine française.
- ↑ Pierre Montagnon, La France coloniale, tome 2, Pygmalion-Gérard Watelet, 1990, page 29
- ↑ De Gaulle et Roosevelt [archive]
- ↑ Christian Roche, Le Sénégal à la conquête de son indépendance: 1939-1960 : chronique de la vie politique et syndicale, de l’Empire français à l’indépendance, Karthala Éditions, 2001, 286 pages, p. 44(ISBN 2845861133).