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27 mars 2013

La régence de Tunis a-t-elle souffert de la gestion des Mamelouks ?

milguerres @ 18 h 09 min

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La Tunisie au gré des conflits

La régence de Tunis a-t-elle souffert de la gestion des Mamelouks ?

Hatem El Karoui, écrivain

Le maintien de l’équilibre entre l’influence de la Sublime porte et celle des puissances occidentales avant le Protectorat français sur la régence de Tunis était un exercice difficile et les conseillers mamelouks des beys de l’époque étaient toujours deux feux. Cette idée trouve une illustration palpable sous l’autorité de Hammouda Pacha, qui était l’un des beys les plus avisés de la monarchie husseinite.

La tolérance de Hammouda Pacha vis-à-vis des puissances chrétiennes était à cet égard connue. En 1798, après que l’armée napoléonienne eut pris l’Egypte aux Mamelouks, l’empire ottoman avait exigé des puissances musulmanes du Maghreb auxquelles il était étroitement lié, d’interrompre l’amnistie avec la France par crainte de la condamnation de l’accès des lieux saints pour le pèlerinage, mais Hammouda Pacha avait pensé que la position de la régence de Tunis était d’assurer la sécurité des biens français en Méditerranée compte tenu de l’imbrication des intérêts commerciaux entre la Tunisie et la France…Une position intermédiaire avait été prise et même si l’amnistie avait été interrompue comme l’avait demandé Istanbul, il avait été convenu que le consul français qui n’aurait plus de position officielle pouvait résider en Tunisie autant que tous les autres résidents français à titre humanitaire…Et les ministres ottomans avaient été gênés par une telle attitude. Après le départ de Napoléon d’Egypte et l’alliance anglo-turque pour y arriver, l’amnistie avait été renouvelée… 
La campagne d’égypte s’était terminée en 1801 avec la capitulation du corps expéditionnaire français après la défaite contre les Turcs appuyés par les Anglais mais en 1802, Napoléon 1er avait publiquement loué Hammouda Pacha en disant que c’était l’un des souverains les plus éclairés que les Musulmans aient jamais eus… 

D’ailleurs en signe de rapprochement avec la France, la même année Hammouda Pacha avait accueilli l’amiral Lassègue à son arrivée à Tunis au Palais de la Rose à Manouba (qui est devenu plus tard le somptueux musée de l’armée). 

Certaines sources indiquent cependant que les visiteurs et les consuls européens n’accordaient pas beaucoup de crédit aux dignitaires Mamelouks à cette époque, dont à Youssef Saheb Ettabaâ, le garde des Sceaux de Hammouda Pacha. En 1795, ce dernier aurait été jugé « incapable » par les autorités consulaires françaises du fait de sa « stupidité » (1). En fait on attribuait au vizir alors la tentative de marginaliser les négociants français et de consolider les relations avec le centre stambouliote. 

Le Grand Visir de Hammouda Pacha, Mustapha Khouja était en effet décédé le 10 octobre 1800, mais même avant cette date Youssef Saheb Ettabaâ avait de l’influence auprès du bey. Il avait pour secrétaire le père de l’historiographe connu auteur d’ »Al Athaf » Ahmed Ben Dhiaf. Par ailleurs autant le bey lui-même que Mustapha Khoja et Youssef Saheb Ettabaâ possédaient individuellement des galions corsaires qui dépendaient d’eux en Méditerranée dont les butins leurs revenaient à chacun après déduction des frais. Ce qui expliquerait aussi peut-être l’animosité attribuée aux consuls européens vis-à-vis de Youssef Saheb Ettabaâ. Mais il était aussi connu que Youssef Saheb Ettabaâ était un fervent défenseur du rapprochement de la régence avec la Sublime Porte (2). 
Deux décennies plus tard, le consul de France aurait attesté que le vizir Shākīr Sāhib al-Tābi‘ manquait « absolument d’instruction », son homologue sarde Filippi certifiait lui aussi que ce favori ne savait « point lire ni écrire » (Filippi 1929 : 214). Là encore, le vizir heurtait des intérêts européens par ses brusques réformes financières. Le lieu commun eut la vie longue. Il fut repris, dans les années 1950, par Jean Ganiage (1959 : 369), auteur d’une thèse sur les origines du protectorat français en Tunisie : « Illettrés, presque tous les mamelouks l’étaient au Bardo, et l’on ne pouvait attendre de l’incompétence et de la paresse des fonctionnaires beylicaux qu’ils puissent prendre la moindre part à des discussions aussi arides et aussi techniques que celles des affaires financières. » 
Mais ces critiques virulentes sont sans doute exagérées et la compétence de Kheireddine, du général Rostom, du général Hassine en sont de parfaits exemples. 
Quoi qu’il en soit, Ahmed Bey avait créé l’école militaire du Bardo en 1840 en particulier pour pallier à cette carence attribuée à la formation de certains des Mamelouks de son entourage. 
Appelée au départ école polytechnique et installée dans les dépendances du Bardo elle avait reçu ensuite l’appellation d’école militaire à partir de 1855 et bénéficié du concours de professeurs compétents comme le Cheikh Qabadou, auquel Kheireddine avait fait appel (3) jusqu’à sa fermeture pour compression budgétaire en 1869…Mais c’est une autre histoire. 

HK 

(1) Plantet 1899 : 252 
(2) Cet incident est rapporté dans mon dernier ouvrage « L’émissaire barbaresque au Nouveau Monde qui paraitra au second semestre 2013. 
(3) Il faut rappeler que Kheireddine avant de fonder Sadiki avait eu des liens étroits avec l’école militaire du Bardo sans pour autant y avoir poursuivi des études. D’abord il avait été mené de manière fortuite dans le beylik de Tunis, et dans les années 1839/40. Ahmed Bey venait de s’engager dans une série de réformes militaires ambitieuses prenant pour modèles, des programmes turcs et égyptiens. La pièce centrale en fut l’école militaire du Bardo (Al Mekteb el Harbi) qui succédait à la tradition de l’éducation des Mamelouks tout en la concurrençant et en anticipant le collège Sadiki  

 source : http://www.alterinfo.net/La-regence-de-Tunis-a-t-elle-souffert-de-la-gestion-des-Mamelouks_a88018.html

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