La Tunisie et la Grande Guerre
retour page d’Accueil retour à la Grande Guerre
La Tunisie et la Grande Guerre
La Tunisie au gré des conflits
Première Guerre Mondiale en Tunisie (1914 – 1918)
http://www.toutelatunisie.com/doc.php?docid=198
80 339 Tunisiens ont pris part à la Première Guerre mondiale, souvent enrôlés de force. 35 900 ne sont jamais revenus. Le service militaire a été rendu obligatoire depuis 1857 pour les jeunes musulmans non titulaires d’un certificat d’étudiant délivré par la Mosquée Zitouna. Mais, à l’avènement du protectorat, l’armée est simplement réduite à une garde beylicale de 500 hommes, répartis entre les sections infanterie, cavalerie et artillerie, sous le commandement d’officiers français (1883). Cependant, un an auparavant, douze compagnies mixtes franco-tunisiennes avaient été créées au sein du corps français d’occupation.
La Première Guerre mondiale a opposé la France et ses alliés, la Grande Bretagne, la Russie et l’Italie, à l’Allemagne qui, exclue de l’Afrique du Nord où se nouaient des coalitions pour maintenir la dominance de l’Europe de l’Ouest sur le bassin méditerranéen, s’est rapprochée du Califat ottoman, en prenant à son propre compte la politique islamique. En Tunisie, les notables religieux, les intellectuels et la bourgeoisie moyenne tunisienne, par affinités religieuse, linguistique et culturelle sont restés fidèles de cœur à l’Empire ottoman et la Cour beylicale était pro-française par nécessité. Une dichotomie qu’entendait utiliser l’Allemagne qui cherchait à s’implanter en Afrique du Nord : elle était présente dans l’industrie hôtelière tunisienne où ses ressortissants avaient constitué des cellules d’espionnage, dans le commerce et lorgnait depuis le début du siècle sur les exploitations minières.
Le déclenchement de la guerre suscite des mesures dans la Régence qui vit, en 1914, une situation économique difficile, en particulier la population rurale. L’état de siège est rapidement déclaré, l’autorité militaire se substitue à l’autorité civile, les réservistes indigènes sont rappelés sous les drapeaux, les relations diplomatiques avec la Turquie sont rompues… Dans toute la région, de l’Atlantique aux confins de la Russie, les protagonistes se livrent une guerre armée et une guerre d’influence. Allemands et Turcs font campagne dans le monde musulman pour l’inviter à mener une guerre sainte et la France et la Grande Bretagne y jouent de leur influence, accordant des aides aux nations, appelant au rétablissement du Califat de la Mecque… Qu’en est-il en Tunisie ? En réponse à cette exhortation à la guerre sainte, le Bey adresse une proclamation à tous ses sujets, il y vante les bienfaits du Protectorat, il oppose le respect des autorités occupantes pour la religion musulmane aux basses intrigues de l’Allemagne pour entraîner la Turquie dans le conflit. La France, poursuit-il, n’a aucune haine contre le Sultan puisque récemment, elle lui a accordé un prêt de 100 millions pour réparer les destructions causées par la guerre balkanique, il ne faut pas confondre le peuple turc avec la poignée de militaires égarés auprès de l’Allemagne. Il terminait en assurant les Tunisiens qu’ils n’iraient point combattre dans le Hedjaz où se trouvent les lieux saints vénérés et qu’il avait parfaite confiance dans la victoire de la France. Les confréries religieuses, les cheikhs des trois grandes communautés musulmanes en Tunisie, les Kadria, les Rahmanias et les Aïssaouis, les membres du Charaa épousent sa position et affirment haut et fort leur dévouement à la France. Une fatwa, le 22 septembre 1915, considère même que ni le Coran, ni l’Islam n’empêchent de porter un casque de fer pour se protéger.
Les Tunisiens sont de plus en plus nombreux à partir sur le front, se battent à armes inégales avec l’ennemi dans les tranchés et sont hébergés à leur arrivée en France, à Aix, Arles, ou près d’Alès, à Tarascon et à Beaucaire, dans des conditions à la limite de la décence. Même si la Métropole se dit à leur écoute, leur prodigue soin, cours d’agriculture et de langue française, elle reste longtemps sourde à leurs principales revendications : les soldes insuffisantes, la situation des familles restées au pays. Même la proposition d’un civil, Charles Gide, président de l’Alliance franco-indigène, de leur offrir la naturalisation, ce qui pourrait augmenter leur loyalisme est restée sans suite. Nombreux combattants indigènes reprochent au Bey et sa Cour d’avoir cédé à la France et de les avoir laissés partir se battre pour une cause qui n’est pas la leur.
Malgré les campagnes d’incitation à la désertion que les Allemands ont menées auprès des soldats musulmans, les tirailleurs tunisiens sont restés loyaux à la France. Leurs faits d’armes leur ont valu la Croix de guerre, la Légion d’honneur et la participation au défilé du 14 juillet 1919. Ceux restés en Tunisie, le bataillon du 1er régiment de tirailleurs et les goumiers, ont réussi à faire échouer une rébellion senoussie, qui a éclaté en Tripolitaine, sous le commandement d’officiers turcs et qui entendaient semer le désordre dans la Régence, avec le soutien de tribus comme les Merazigues ou les Oudernas.
Comment s’est comportée la population tunisienne face à cette guerre ? Il n’y a pas eu de révolte ouverte ni de poussée nationaliste. Dans les villes, ce sont surtout de jeunes intellectuels formés à la française ou à la Mosquée Zitouna qui se sont opposés à l’enrôlement des Tunisiens, par déception ou par attachement à un passé lointain ou au pays d’origine. Dans la campagne, le malaise est plutôt dû à la situation précaire de la population suite à la crise économique et au départ des hommes dans l’armée. En 1917, les Tunisiens s’inquiétaient plus des Israélites, qui exemptés, accaparaient le commerce intérieur et extérieur et monopolisaient le secteur financier, que de l’issue de la guerre.
Qu’est-il ressorti de la participation des Tunisiens à une guerre qui somme toute ne les concernait ? Certes des pensions militaires ont été versées aux familles, des avantages en nature ont été concédés, mais le peuple tunisien s’est senti lésé. Cette déception profita plus tard aux mouvements nationalistes. Dès 1920, naît le parti du Destour qui réclame l’établissement d’une constitution.
Le 126e Régiment d’Infanterie Territoriale – 126e R.I.T.
http://www.histoiredemosset.fr/126e_rit.html
19 août 1914, le 126e R.I.T. embarque à Port-Vendres pour la Tunisie. Mais dès le 3 octobre 1914, un tiers du 126e (environ 1200 hommes) est renvoyé en France en renfort. À partir de là, ses effectifs ne vont pas cesser de s’amenuiser au fil du temps. Ils seront 800 au retour en France en 1919.
Le drame sud-tunisien
Le 126e R.I.T. assure le maintien de l’ordre en Tunisie jusqu’à la fin de la guerre, d’abord à Bizerte, puis au centre tunisien et enfin à Tunis. C’est surtout au Sud tunisien, pendant trois ou quatre mois (septembre 1915 au début 1916) que le 126e va être à l’épreuve du feu où il combattra avec honneur. Les Allemands avec l’aide de leurs alliés turcs veulent soulever la population musulmane d’Afrique du Nord. Ils espèrent ainsi obliger la France à se renforcer sur le sol africain et donc à dégarnir son front occidental. La Turquie profite d’un mouvement de rébellion mené par des religieux musulmans, les Senousis, pour déstabiliser les Italiens « occupants » en Lybie. Les troupes italiennes, mal préparées aux combats dans le désert, poursuivies par les tribus frontalières incitées au jihad par les Senousis, se replient défaites à l’intérieur des frontières sud-tunisiennes. Pour éviter la contagion dans le Sud algérien, il n’y a que nos « Pépères catalans » du 126e R.I.T. ainsi que des reliquats peu brillants de bataillons d’Afrique « disciplinaires, » les Joyeux, et quelques escadrons de Spahis pour s’opposer à la rébellion naissante. Bien que ces troupes soient inadaptées au terrain aride et à la chaleur écrasante et peu entraînée, elles maîtriseront suffisamment longtemps les attaques tribales, jusqu’à l’arrivée de troupes aguerries pour les relever, au moins en ce qui concerne nos « Pépères. » D’après Henri Frigoul
retour page d’Accueil retour à la Grande Guerre