L’animal au cœur de l’expérience combattante
Par Anne-Sophie Lambert
SOURCE BNF
Des documents visuels montrent l’importance et la diversité des animaux participant directement ou indirectement à l’effort de guerre.Voici une sélection de photographies de presse, témoins du sacrifice involontaire des animaux et du lien qui les unit avec les soldats.

Chevaux morts
Cliché Melin, Paris, 1918.
Photographie de presse (négatif sur verre ; 13 x 18 cm)
BnF, département Estampes et photographie, EI-13 (616)
© Bibliothèque nationale de France
L’historiographie française récente porte une attention renouvelée à la place des animaux dans les armées, notamment au cours de la Première Guerre mondiale. Dans une société encore très largement rurale, l’impact psychologique, sur ces paysans devenus soldats, de la disparition en masse des animaux de trait qui étaient les compagnons de leur horizon familier, fut très certainement beaucoup plus important que ne le laisse supposer l’étude classique des sources.
Hôpital pour chevaux
Rol, agence photographique, Paris, 1916.
Négatif sur verre, 13 x 18 cm
BnF, département Estampes et photographie, EST EI-13 (494)
© Bibliothèque nationale de France
Les chevaux font l’objet d’une attention comparable à celle apportée aux soldats. Des hôpitaux pour chevaux sont mis en place pour soigner les animaux malades, signe de l’importance de ces animaux dans le dispositif militaire pour l’ensemble des belligérants. Durant le mois d’août 1914, les armées françaises réquisitionnent plusieurs centaines de milliers de chevaux, environ un cinquième du cheptel français. Au total, la France mobilise plus 1,8 millions de chevaux au cours du conflit mondial, 80% y trouvent la mort, dans les combats, de maladie ou de privation. Les chevaux, d’abord utilisés au combat par la cavalerie sont progressivement employés dans le support logistique, en particulier pour faire avancer les canons. Ce changement témoigne de la modernisation, de la motorisation de l’armée pendant les quatre années de la guerre et donc de la fin de la cavalerie, dont la représentation héroïque tend alors à disparaître.
Départ de chiens sanitaires à Asnières
Devant le « Chenil de chiens de guerre » de la « Réunion des amateurs du chien de défense et de police de France »
Rol, agence photographique, Paris.
Négatif sur verre, 13 x 18 cm
BnF, département Estampes et photographie, EST EI-13 (384)
© Bibliothèque nationale de France
Les chiens (plusieurs dizaines de milliers sont mobilisés côté français au cours de la guerre) sont utilisés à des fins sanitaires (chercher un blessé), à des fins logistiques (transport de chariot avec la « soupe » ou des munitions, transmission de message) et aussi comme mascotte d’unité militaire pour le moral des troupes. Leur rôle est toujours plus nécessaire avec l’enterrement des soldats dans les tranchées. Après avoir sauvé plusieurs poilus, certains chiens sont décorés de la croix de guerre.
Appareil photographique miniature s’adaptant sous le ventre des pigeons voyageurs
Rol, agence photographique, Paris, 1914.
Négatif sur verre, 13 x 18 cm
BnF, département Estampes et photographie, EI-13 (472)
© Bibliothèque nationale de France
L’armée française dispose en 1918 de 30 000 pigeons pendant la Première guerre mondiale, pour transmettre des messages. En effet ils deviennent un élément essentiel de la communication entre combattants, surtout quand la guerre se fixe dans les tranchées, puisque la téléphonie ne fonctionne pas toujours et la fumée des combats isole les troupes. Les pigeons furent aussi employés pour rapporter des clichés du front grâce à des appareils légers à déclenchement automatique, et pour l’espionnage. A partir de 1916, la France se dote de pigeonniers sur remorque permettant d’installer les oiseaux au plus près des combattants. Certains pigeons furent décorés (de bagues aux couleurs de la légion d’honneur) car ils avaient sauvé des vies humaines en transmettant des messages dans des conditions extrêmes.
La recherche des « totos » sur le front de la Somme
Meurisse, agence photographique, Paris, 1915.
Négatif sur verre, 13 x 18 cm
BnF, département Estampes et photographie, EI-13(2565)
© Bibliothèque nationale de France
Si le soldat chasse les rats, il est un parasite qui le menace véritablement au quotidien et qu’il doit sans cesse combattre : les poux à qui les Poilus ont attribué un surnom affectueux, les « totos ». Les totos permettent cependant l’ironie et l’humour et on les retrouve souvent dans les journaux de tranchées. Comme dans ce numéro du Front, du 1er juillet 1916, où l’on peut lire que « les Russes l’ont en admiration et viennent de lui consacrer leur capitale : Pétrogratte », que « le poilu craint, en effet que, surpris en train de lui faire la chasse, on l’accuse de voler l’Eta t… mais oui … de faire de la gratte » mais surtout que « il n’y a pas que les poux de collants. Dans de nombreux cas, l’épouse l’est aussi et, hélas ! à un degré supérieur. »
source BNF GALLICA
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