Le déploiement des troupes américaines
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Le déploiement et instruction des troupes américaines
source Wikipedia

Affiche de recrutement pour rejoindre le United States Army Air Service durant la grande guerre.
Le 10 août 1918, la 1re armée américaine est créée. Deux autres armées sont créées par la suite. En octobre 1918, les forces américaines sont composées de 42 divisions réparties en 3 armées, soit 1 894 000 hommes. Pershing installe le G.Q.G de sa 1re armée à Chaumont en Haute-Marne. L’engagement des unités américaines dans des opérations indépendantes est désormais scellé, les États-Unis acquièrent le rang de grande puissance22.
Un certain nombre d’hommes devenus célèbres par la suite firent partie de l’AEF, on peut citer : George Patton, commandant des chars de l’AEF et futur général de la Seconde Guerre mondiale, George Marshall, l’un des principaux planificateurs de l’état-major de l’AEF et futur chef de l’état-major de l’armée pendant la Seconde Guerre mondiale ou Harry S. Truman futur président américain.
Les camps d’entraînement
En juin 1917 arrivent dans le sud de la Meuse les premiers éléments de l’AEF pour s’y entraîner. Dans le cadres des accords Baker – Joffre, la 1re DIUS arrive à Gondrecourt-le-Château où des unités combattantes françaises assurent l’instruction des unités américaines dans la zone des armées.
Tout au long de cette préparation de l’armée américaine en France, L’état-major américain va tenter de se libérer de la tutelle que les militaires français entendent imposer en matière d’instruction. Le système de jumelage des unités sera ainsi remplacé progressivement par un système d’écoles dans lesquelles la présence française sera canalisée par les Américains29
La 1re DIUS a été instruite par la 47e DI composée de Chasseurs alpins puis 18e DI à partir du 20 juillet 1917. La formation des militaires américains d’un minimum de 5 mois aux conditions de combats extrêmement intense en Europe est assuré par des unités françaises30.
Une impressionnante infrastructure logistique est mise en place dans tout le sud-meusien, parfois avec l’armée française : baraquements préfabriqués, voies ferrées, dépôts de ravitaillement, parcs d’artillerie, garages, terrains d’aviation, hôpitaux, poussent comme des champignons.
On compte une vingtaine de camps d’entraînement qui s’étendent dans une zone allant au sud de la Meuse, au nord des Vosges et de la Haute-Marne, dont ceux de Gondrecourt-le-Château (Meuse), Vaucouleurs (Meuse), Neufchâteau (Vosges) et Bourmont (Haute-Marne).
Le 22 juin 1918, une étude de la Mission Militaire Française indique 546 officiers instructeurs Français au sein du corps expéditionnaires. Ce total englobe les officiers en formation, les blessés, les officiers de liaison et ceux qui n’instruisent plus. Une fois ceux-ci déduits, le total des instructeurs français est de 32031.
notes :
- ↑ SHD/DAT, 15 N 79, Ragueneau au ministre de la Guerre, 19 novembre 1917
- ↑ SHD/DAT, 15 N 79, note de la MMF, 22 juin 1918.
Title: AIR MAIL. INAUGURATION OF SERVICE, POLO FIELD. MECHANICS – Creator(s): Harris & Ewing, photographer
Date Created/Published: 1918 May.
Repository: Library of Congress Prints and Photographs Division Washington, D.C. 20540 USA http://hdl.loc.gov/loc.pnp/pp.print
Title from unverified caption data received with the Harris & Ewing Collection. Gift; Harris & Ewing, Inc. 1955.
General information about the Harris & Ewing Collection is available at http://hdl.loc.gov/loc.pnp/pp.hec
La volonté d’émancipation américaine
La volonté d’émancipation américaine
Tout au long de l’instruction, les Américains vont tenter de se libérer de leur tuteur.
refus de l’amalgame.
volonté de diminuer l’influence française auprès des troupes américaines.
Dès le 27 août, Harbord, le chef d’état-major américain propose une étude ayant pour objet un projet d’écoles pour le CEA . Pershing signe immédiatement.
L’instruction se fera à différentes échelles :
- dans des centres d’instruction divisionnaires, où la troupe sera entraînée sous l’autorité directe du commandant de chaque division ;
- dans des écoles de corps d’armée qui viseront à perfectionner l’instruction des officiers et à former des spécialistes. Les cours seront complétés par des stages sur le front français ou sur le front britannique. L’optique des Français est bien entendu de multiplier au maximum ces stages ;
- dans des écoles d’armée, directement sous l’autorité du QG de Chaumont. Ces dernières incluront une formation réservée aux officiers d’état-major et des écoles de spécialistes qui pourront former des instructeurs pour les écoles de corps d’armée.
L’état-major américain demande à les placer, autant que possible, groupées à l’intérieur d’une zone de stationnement délimitée par Blois, Montargis, Chaumont, Dijon, Châlons-sur-Saône et Bourges à proximité d’une troupe de manœuvre, mais le projet exigerait selon les officiers français une période de cinq mois et serait onéreux .
Les français s’inclinent.
En octobre 1917, on estime que l’effectif des élèves pourra y être porté à 5 000 (formation d’état-major, de ligne d’armée, d’aspirants d’armée, de spécialistes d’infanterie, de chars, de défense aérienne, de mortiers de tranchée, de génie, des gaz, de transmissions, de service de santé, d’artillerie lourde sur tracteur, de perfectionnement de chefs de section, d’armes automatiques, etc.)
Au 30 janvier 1918, certaines écoles d’armée ont cessé de fonctionner pour être transférées à Langres : La Valbonne, Valréas, Fontainebleau, Bourges, Arnouville-les-Gonesses, Versailles, etc. L’école de Langres est tout à fait symptomatique de la politique américaine en matière d’instruction malgré l’avis de Ragueneau, en février 1918, qui jugeait les écoles trop théoriques, le nombre d’élèves trop élevé. Le jumelage des deux armées aurait pu réhausser le moral de ces unités françaises.
Rappelons que par une lettre du 8 septembre 1917, Pershing remettait en cause l’organisation française initiale. Désormais, les divisions américaines ne seront plus formées au contact des unités françaises. Elles se contenteront de quelques instructeurs seulement. « J’exprimerais le regret que l’information des troupes soit limitée, à l’avenir, à l’emploi d’officiers instructeurs, car la coopération d’unités françaises à cette information permet de joindre l’exemple au précepte, et rend possible des démonstrations pratiques, beaucoup plus vivantes et plus rapidement fécondes que la seule théorie » explique le général de Castelnau
Les divisions américaines, à partir de septembre 1919, ne seront plus formées au contact des unités françaises, mais instruites par des français.
Pétain affirme que l’expérience française est primordiale pour un gain de temps. Il demandera le retour au système d’instruction initialement mis en place, au contact de grandes unités françaises. En vain.
Joffre avait pourtant obtenu, en octobre 1917, l’instruction des 2e et 26e DIUS avec les 69e et 18e DIF.
des officiers français au nombre de quinze par DIUS, à savoir treize officiers d’infanterie, un officier du génie et un officier de liaison.
Pour les divisions suivantes, pour chaque DIUS, notamment pour la 42e DIUS l’équipe des quinze officiers, deux bataillons d’infanterie : la compagnie hors-rang (CHR) du régiment fournissant ces bataillons.
Il y aura toujours, chez les Américains, la volonté de passer au stade de la relève quasi totale des officiers français auprès des troupes américaines C’est une collaboration étroite et permanente que la France réclame, principalement pour les états-majors, Il est primordial pour les Français que leur influence s’y maintienne.
Au final, la présence française auprès des troupes américaines (qu’il serait intéressant de comparer à la présence britannique), demeure relativement faible
En quelque sorte, les Français doivent se contenter de la place que les Américains veulent bien leur laisser. Tout se joue maintenant dans la finesse des officiers qui doivent traiter avec les états-majors américains. C’est précisément en se reconnaissant tributaires de l’appréciation américaine que les Français maintiendront leur influence.
Conclusion
Il est donc inexact de dire que « la doctrine établie [en juillet 1917] ne subit aucune modification pendant toute la durée des hostilités »
L’influence des Français fut décroissante dans l’instruction des troupes américaines. Pershing mit tout en œuvre pour faire mentir la phrase de Ragueneau, laquelle s’avéra fort juste à bien des égards : « Sans la force militaire de la France, la puissance militaire des États-Unis, encore en voie de formation, d’organisation et de transport, sera dans l’impossibilité de se déployer. » Le commandant du CEA demeura sur ses gardes, la menace de l’amalgame étant toujours présente. Adopter les instructeurs et donc les méthodes françaises, revenait à s’exposer davantage à une telle menace. La méfiance fut donc de mise. Il y eut véritablement une notion de conflit stratégique au sein de l’instruction des troupes américaines. À différents stades, les instructeurs américains pratiquèrent une opposition latente, sinon vive, entravant l’action des officiers informateurs français. Les méthodes d’instruction françaises ne purent donc s’exercer dans une dimension aussi large que l’espéraient au départ les dirigeants français. La MMF pouvait bien se féliciter du rôle qu’elle avait joué, mais les Français ne purent rester maîtres de la définition du concours qu’ils avaient prêté.
Au final, c’est un système mixte qui se mit en place : le jumelage et la formation en trois stades furent abandonnés progressivement et les écoles américaines n’eurent pas toutes le temps de s’organiser avant l’armistice.
La place de la France dans l’instruction des troupes américaines n’est pas à appréhender seulement en termes conflictuels, même si c’est principalement l’axe que nous avons voulu aborder ici. La coopération a été la base d’échanges culturels qui ont fait naître une fraternité d’armes dont la solidité ne se démentira pas. Six mois avant l’armistice, une note française qui se risquait encore à projeter pour l’instruction l’accolement des divisions américaines aux unités françaises concluait à propos des soldats d’outre-Atlantique : « Qu’ils soient persuadés par avance, qu’au jour de la victoire commune, nous tiendrons à proclamer que la Victoire est leur œuvre, et la France leur vouera pour toujours son impérissable reconnaissance. »
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