Le massacre de Wola
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Chronologie de la Seconde Guerre mondiale
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Le massacre de Wola
Le massacre de Wola désigne le meurtre de plusieurs milliers de Polonais du 5 au 8 août 1944, dans le district de Wola, àVarsovie, par la Wehrmacht, lors de l’insurrection de Varsovie.
Il est considéré comme le plus grand massacre de l’histoire de la Pologne, et on estime entre 40 0001 et 100 0002 le nombre de victimes, principalement des civils et des prisonniers de guerre. Les Nazis voulaient étouffer dès le départ toute tentative d’insurrection en terrorisant les habitants de Varsovie ; ils espéraient ainsi briser la volonté de se battre des Polonais et en finir sans être obligés de s’engager dans un difficile combat urbain, mais ils se rendirent compte bientôt qu’ils n’avaient fait qu’exaspérer leurs adversaires3.
Les forces allemandes, notamment les sous-unités de la Sicherheitspolizei et les forces à la réputation sinistre de laSturmbrigade SS Dirlewanger, composées de criminels amnistiés, se rassemblèrent et se mirent à exécuter sans distinction une foule de gens dans le quartier de Wola, vieillards, femmes et enfants, aussi bien que les insurgés faits prisonniers. Ces exécutions massives s’étendirent à des malades et à des membres du personnel soignant des hôpitaux du quartier dont quelques-uns furent brûlés vifs.
Le 5 août, les trois groupes commencèrent leur progression vers l’ouest le long des rues Wolska et Górczewska vers la ligne principale de communication Ouest-Est d’Aleje Jerozolimskie. Leur avance fut arrêtée, mais les régiments de Heinz Reinefarth et d’Oskar Dirlewanger commencèrent à mettre à exécution les ordres d’Heinrich Himmler : derrière les lignes, des groupes spéciaux de SS et les forces de police allaient de maison en maison, rassemblant tous les habitants et tirant sur eux. Des soldats allemands réguliers de la Wehrmacht prirent part aux massacres eux aussi.
Dans son livre The Second World War: A Complete History, à la page 565, Martin Gilbert décrit ainsi l’événement :
- Le 5 août, plus de quinze mille civils polonais avaient été assassinés par les troupes allemandes à Varsovie. À 17 heures 30, le général von dem Bach Zelewski donna l’ordre d’arrêter l’exécution des femmes et des enfants. Mais on continua à massacrer tous les hommes polonais que l’on capturait, sans que personne se souciât de savoir s’il s’agissait d’insurgés ou non. Les cosaques et les criminels des brigades Kaminsky et Dirlewanger ne firent même pas attention à l’ordre de von dem Bach Zelewski : violant, massacrant, torturant et incendiant, ils avancèrent dans les quartiers deWola et d’Ochota, tuant encore trente mille civils dans cette boucherie de trois jours, y compris des centaines de malades dans chacun des hôpitaux qui se trouvaient sur leur chemin.
Dans le même temps, les bataillons d’insurgés Zośka et Wacek réussissaient à se rendre maîtres des ruines de l’ancienGhetto et du camp de concentration de Varsovie. La zone devint un des liens de communication principaux entre les insurgés qui luttaient à Wola et ceux qui défendaient la vieille ville de Varsovie. Le 7 août 1944, les forces nazies furent renforcées par des chars, tandis qu’on utilisait des femmes civiles comme boucliers humains4. Après deux jours de combats acharnés, elles réussirent à couper Wola en deux et atteindre la place Bankowy.
Le massacre s’arrêta après qu’Adolf Hitler eut ordonné que les civils capturés fussent envoyés dans des camps de concentration ou employés à des travaux forcés. UnVerbrennungskommando, composé de Polonais qu’on avait choisis, ramassa la plupart des corps de victimes avant de les brûler en plusieurs endroits.
Conséquences
Jusqu’à la mi-septembre, les Nazis abattaient sur-le-champ tous les insurgés capturés. Après l’arrivée à Varsovie du SS-Obergruppenführer Erich von dem Bach (7 août 1944), il devint évident que les atrocités ne faisaient que renforcer la résistance et qu’il fallait trouver une solution politique, du fait que le commandement allemand n’avait à sa disposition que des forces limitées. L’objectif était de remporter une victoire importante pour montrer à l’Armia Krajowa qu’il ne servait à rien de continuer à se battre et la faire capituler.
Le succès ne fut pas immédiat, mais à partir de la fin septembre, certains des combattants polonais capturés furent traités en prisonniers de guerre et on épargna les civils ; finalement les derniers quartiers de Varsovie encore tenus par les insurgés capitulèrent le 2 octobre 1944.
Les principaux responsables étaient Heinz Reinefarth et Oskar Dirlewanger, organisateurs des pires des atrocités. Dirlewanger fut torturé à mort par des gardes militaires polonais après la guerre, mais Reinefarth ne fut jamais inquiété. Une liste de plusieurs anciens soldats de Dirlewanger encore vivants et jamais poursuivis a été établie en mai 2008 par le musée de l’Insurrection de Varsovie5.
Notes et références
- ↑ (en) Muzeum Powstania otwarte [archive], BBC Polish edition, 2 cctobre 2004, accédé pour la dernière fois le 13 avril 2007
- ↑ (pl) O Powstaniu Warszawskim opowiada prof. Jerzy Kłoczowski [archive], Gazeta Wyborcza - édition locale de Varsovie, 1998-08-01. Accédé pour la dernière fois le 13 avril 2007
- ↑ (pl) Site dédié au [archive] musée de l’Insurrection de Varsovie (page en français illisible, page en anglais ou en allemand des plus sommaires, mieux vaut être polonophone)
- ↑ (en) 1944: Uprising to free Warsaw begins [archive], BBC News, 1er août
- ↑ [(pl) http://www.rp.pl/artykul/135379.html [archive] Odkryta kartoteka zbrodniarzy], Rzeczpospolita, 17-05-2008

Par Élisabeth G. Sledziewski, maître de conférences à l’Institut d’études politiques de Strasbourg (université Robert-Schuman).Pendant toute une semaine, du samedi 28 juillet au dimanche 5 août, la capitale polonaise a célébré le 63e anniversaire du déclenchement de l’insurrection de Varsovie contre l’occupant nazi, le 1er août 1944. Commémoration solennelle, comme tous les ans depuis la fin du régime communiste qui l’avait si longtemps prohibé, puis toléré sur le tard : en honorant la mémoire des héros et des victimes de leur capitale insurgée, les citoyens de la Pologne démocratique ont dit non seulement leur piété envers les générations sacrifiées, mais aussi leur conscience d’avoir refermé l’abîme du malheur polonais et de s’être enfin réconciliés avec l’histoire.
Commémoration fervente, à laquelle la présence des derniers anciens combattants, désormais octogénaires ou nonagénaires et chaque année moins nombreux, donnait une exceptionnelle gravité. Difficile, toutefois, de ne pas noter le contraste entre ces belles cérémonies et l’atmosphère politique délétère d’une Pologne en proie à des dissensions et à des scandales ubuesques… tout simplement indignes de ceux qui ont versé leur sang pour sa liberté. Contraste pénible, aussi, entre la mobilisation des Varsoviens, la multiplicité, l’intensité émotionnelle des manifestations organisées pendant huit jours dans la capitale, et l’amnésie persistante dont fait l’objet l’insurrection de l’été 1944 dans le reste du monde, en France notamment.
Ayant souvent l’occasion de présenter au public cette page d’histoire, je remarque que nombre de nos concitoyens, quoique bien informés sur la Seconde Guerre mondiale, continuent de confondre l’insurrection de la capitale polonaise (du 1er août au 2 octobre 1944), contemporaine de la libération de Paris, Lyon et Marseille, avec le soulèvement des derniers habitants du ghetto, seize mois plus tôt, (du 19 avril au 16 mai 1943). Cette confusion s’inscrit à vrai dire dans une méconnaissance plus générale de ce que fut la guerre en Pologne, beaucoup de Français n’en retenant aujourd’hui qu’une seule dimension, l’extermination du peuple juif. Ignorance qui confine au déni de la réalité historique : l’écrasement des insurgés de 1944 par les nazis après presque cinq ans d’occupation barbare, la trahison cynique de l’ex-occupant puis « allié » stalinien. Comme si les horreurs de la Shoah dans la Pologne occupée et/ou annexée par le IIIe Reich annulaient le calvaire de l’ensemble de la nation polonaise, que Hitler avait entrepris de réduire en esclavage dès le 1er septembre 1939. Les Polonais ne comprennent pas ce déni et en souffrent. À l’heure où les relations franco-polonaises se dégèlent, dans le sillage de la visite de Nicolas Sarkozy à Varsovie et des gestes de bonne volonté échangés au sommet, il est urgent de réactiver la confiance entre nos deux peuples en dissipant ce grave malentendu.
Rappelons donc que l’insurrection déclenchée le mardi 1er août 1944 à 17 heures (« l’heure W » = l’heure du combat) le fut à l’initiative des chefs de la résistance polonaise, l’AK (Armée de l’intérieur, sous les ordres du gouvernement en exil à Londres). L’objectif était la libération de la capitale par les forces nationales avant l’arrivée, imminente, de l’Armée rouge. De son côté, radio Moscou encourageait le soulèvement, enjoignant au « peuple frère » de commencer le travail et lui promettant un prompt renfort. L’AK comptait plus de 50 000 hommes dans la région de Varsovie, les autres formations de la résistance, dont une petite armée communiste (AL), un millier. Leurs moyens étaient dérisoires : surtout des grenades et des cocktails Molotov, un fusil pour 25 hommes, un pistolet pour 50 hommes, quelques dizaines d’armes automatiques. On ne distribua même pas la moitié de ce pauvre arsenal, avec trois jours de munitions.
Après quelques succès remportés par surprise et avec le soutien massif des civils, les insurgés se sentirent trahis. L’artillerie soviétique, toute proche, s’était tue. Staline avait stoppé net le mouvement de ses troupes vers le centre-ville. Il les maintint l’arme au pied aux portes de Varsovie, fermant ses aérodromes pour empêcher tout secours des Alliés. Les nazis, eux, renforçaient leur potentiel terrestre et aérien. Dans la capitale prise au piège, le massacre dura soixante-trois jours. Les troupes SS se déchaînèrent contre les combattants et leurs blessés, mais aussi contre les civils, pratiquant des exécutions de masse comme dans le faubourg de Wola où, du 5 au 8 août, environ 60 000 personnes furent mitraillées ou brûlées dans les caves des immeubles. Sans ressources, abandonnée de tous, à l’exception de quelques héroïques pilotes de la RAF, l’insurrection capitula le 2 octobre. Ses survivants furent emmenés dans le Reich comme prisonniers de guerre. Les civils furent évacués de force puis parqués ou déportés. Sous les ruines de Varsovie détruite à 85 % et réduite, selon le voeu du Führer et au grand bénéfice de Staline, « à un point géographique », on dénombra entre 200 000 et 250 000 morts.
sources
wikipedia
http://www.lefigaro.fr/debats/20070809.FIG000000005_n_oublions_pas_que_varsovie_comme_le_ghetto_s_est_insurgee_aussi_contre_les_nazis.html