Le procès de Riom
retour à la Seconde Guerre Mondiale
Le procès de Riom se tient le 19 Février 1942 dans la petite ville de Riom (Massif central).
Le procès devait « juger les ministres, les anciens ministres ou leurs subordonnés immédiats (…) accusés d’avoir trahi les devoirs de leur charge dans les actes qui ont concouru au passage de l’état de paix à l’état de guerre avant le 4 septembre 1939 et dans ceux qui ont ultérieurement aggravé les conséquences de la situation ainsi créée ». La période des faits jugés par la cour allait de 1936 (qui correspond à l’arrivée du Front Populaire au pouvoir) à 1940 (qui correspond à la chute de la République). L’accusation voulait montrer que les politiques avaient commis de graves fautes, on leur reprochait notamment de ne pas avoir assez bien équipé l’Armée. Plusieurs de ces erreurs, mises bout à bout, auraient été la cause de la défaite française face à l’armée allemande.
Le procès devait surtout asseoir une certaine légitimité au Régime de Vichy, en démontrant que la IIIeRépublique était un mauvais système politique , qui avait mené la France à la défaite.
Plus de 400 témoins sont appelés à comparaître, nombreux sont des militaires devant prouver que l’Armée n’était pas assez équipée et que seuls les responsables sont en cause dans la reddition française. La loi des 40 heures de travail par semaine fut présentée comme une des fautes des gouvernements de l’ancien régime de la IIIe République (alors qu’elle n’avait jamais été appliquée dans toute sa rigueur). Les congés payés et les nationalisations furent en outre pointés du doigt. La faiblesse dans les répressions des « éléments subversifs et révolutionnaires » fut également présentée comme une faute : autant de raisons de condamner les accusés selon Vichy.

Daladier et Blum, par leur défense acharnée, furent les véritables vedettes de ce procès. Tous les deux tentèrent de démontrer les incohérences et le manque de précision flagrant des preuves à charges (un témoin passa de 7 000 à 6 000 chars allemands en cinq minutes) et le non-respect des règles de bases d’un procès équitable et juste. Il mêlèrent même le Maréchal Pétain aux débats . Blum défendit la politique menée durant sa présidence du conseil (plus gros effort de guerre depuis 1918, alors que les gouvernements auxquels participaient Laval et Pétain avaient réduit le budget de l’armée)
Malgré le fait que la question des opérations militaires de septembre 1939 à juin 1940 ne devait pas être abordée durant le procès, l’évolution de ce dernier mit de plus en plus en lumière la vérité; à savoir que la responsabilité de la défaite incombait principalement à la déficience et aux carences manifestes du haut commandement militaire (chars mal employés et canons restés dans les dépôts d’armements en seront quelques exemples) ; et qu’il en allait de même en ce qui concernait le choix de l’Armistice et de la reddition qui s’ensuivit (alors que la France disposait encore d’une force considérable en métropole).
Présents durant tout le procès, les journaux étrangers relatèrent avec justesse les mots et les faits. La presse française, quant à elle, en parla de moins en moins : les accusateurs se retrouvant accusés, il ne fallait surtout pas mettre dans l’embarras le nouveau régime de Vichy!
Adolf Hitler lui même fut exaspéré par la tournure des événements. Le 14 avril, après 24 audiences, le procès est suspendu pour un « supplément d’information ».
L’affaire est définitivement clôturée le 21 mai 1943 !!!
La plaidoirie de Léon Blum, relatée par la presse étrangère, lui vaut une grande sympathie auprès des Américains. Néanmoins, En 1943, il est déporté à Buchenwald, puis plus tard à Dachau.
Emission sur CANALACADEMIE
Le procès de Riom tenu en 1942 a fait l’objet de plusieurs études historiques, le livre de Me Bredin n’est donc pas le premier ni le seul, d’où l’intérêt de lui demander les raisons personnelles qui l’ont incité à écrire sur ce sujet : lorsqu’il se préparait à être étudiant -il avait tout juste 16 ans-, il a assisté au procès du Maréchal Pétain (en 1945) et les références au procès de Riom y étaient incessantes. De plus, son beauère, Me Jean Lemaire, était l’un des avocats du Maréchal, de même que Me Isorni chez lequel Me Bredin commença à exercer son métier. C’est donc tout naturellement que le début du dialogue entre nos deux invités, deux avocats de renom qui sont aussi amis de longue date, porte sur le Maréchal [Pétain. Bien que, -et dans son livre, Me Bredin ne manque pas de le rappeler- notre histoire de France offre bien d’autres exemples de procès qui, au fil des siècles, furent aussi des parodies de justice.
Me Charrière Bournazel dresse d’abord un résumé du procès de Riom de façon à ce que, d’emblée, nos auditeurs sachent de quoi il est question.
Puis le dialogue s’articule en deux parties : dans la première, sont évoqués le contexte, les prémices, l’instruction et le réquisitoire, jusqu’à l’arrêt rendu ; puis dans la seconde partie, le déroulement des audiences du procès lui-même et le final. Rappelons que le texte ci-dessous n’est qu’un résumé des propos de nos invités et qu’il convient d’écouter cette émission pour profiter des détails, des informations, des nuances qui y sont exprimés.
1ère partie : l’instruction du procès
Me Bredin explique comment et pourquoi le Maréchal avait créé une « Cour suprême de justice »: « le gouvernement avait mission, pour constituer la « Cour suprême de justice » de nommer les juges. Il les choisit « avec soin ».
Petit retour en arrière : les premières arrestations avaient eu lieu en septembre(…)
évoquant l’émission sur CANALACADEMIE :
Jean-Denis Bredin : « L’infamie, le procès de Riom » (1942)
L’avocat, de l’Académie française, dialogue autour de ce procès mémorable avec Me Christian Charrière-Bournazel
Février-avril 1942 : un moment de notre histoire où le mot « infamie » ne semble malheureusement pas excessif… A Riom, non loin de Vichy, se déroule en effet un procès mémorable avec comme accusés : Daladier, Blum, Gamelin… De quoi seraient-ils coupables et quel est le but inavoué de cette parodie de justice où le pouvoir politique s’immisce dans le pouvoir judiciaire ? Me Jean-Denis Bredin, de l’Académie française, auteur du livre L’Infamie, le procès de Riom, dialogue ici avec Me Christian Charrière-Bournazel, ancien bâtonnier de l’Ordre des avocats.
Riom, 1942: Blum et Daladier triomphent de leurs juges
Source : Gallica : Le Franc-tireur : mensuel dans la mesure du possible et par la grâce du Maréchal numéro : 1942/03 (N2).
Le procès de RIOM
La comédie est terminée !
Source : Gallica : « Le franc tireur numéro du 1942/04. Note : Rééd. faisant partie de la rééd. du n° 28 de la publication « Les Documents » recueillis par le Service des Publications de la France Combattante ».
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