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26 décembre 2012

Les Canadiennes et la Première Guerre mondiale

milguerres @ 23 h 06 min

 

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Denyse Baillargeon
Professeure agrégée, Département d’histoire, Université de Montréal

Les hauts faits d’armes des quelque 600 000 Canadiens qui se sont enrôlés pendant la Première Guerre mondiale sont relativement bien connus. L’impact de cette guerre sur la vie quotidienne au Canada et sur le rôle et la place des femmes laissées derrière l’est beaucoup moins. Ce conflit a pourtant apporté son lot de problèmes pour les familles privées d’un père, d’un mari ou d’un fils, comme pour l’ensemble des femmes qui se sont mobilisées de multiples façons. Ainsi, dès l’annonce des hostilités, en août 1914, des membres de l’élite montréalaise se sont inquiétés du sort des familles des soldats à qui les autorités militaires ne versaient qu’une maigre indemnité de séparation. Pour encourager le recrutement et apaiser les craintes des hommes et des familles, ces citoyens ont lancé l’idée de bonifier cette indemnité à partir d’un fonds spécial constitué par des donations. Bientôt imitée dans plusieurs grandes villes canadiennes, dont Toronto, Halifax et Vancouver, cette initiative a mené, le 18 août 1914, à l’instauration, par le gouvernement fédéral, du Fonds patriotique canadien (FPC). À l’échelle du pays, le FPC a amassé plus de 43 millions de dollars entre 1914 et 1918, lors de diverses campagnes de levée de fonds menées auprès de la population et des grandes entreprises, ce qui lui a permis de remettre près de 900 000 dollars chaque mois à environ 60 000 familles. Dans plusieurs villes, cet argent a été distribué par l’entremise d’associations féminines qui existaient déjà avant la guerre et qui ont mis leurs réseaux et leur expérience de l’action philanthropique et bénévole au service de cette cause. À Montréal, Helen Reid, l’une des premières diplômées de l’Université McGill et responsable du service social du Victorian Order of Nurses dans la métropole avant le conflit, a été nommée directrice des opérations de distribution des secours. À la tête d’une petite armée de femmes bénévoles, elle deviendra, dit-on, la femme la plus influente du FPC en instaurant un système de visites à domicile et de supervision des familles de soldats qui fera école partout au pays. Outre leur contribution au fonctionnement du FPC, plusieurs groupes de femmes ont apporté leur concours pour soutenir l’effort de guerre. Ainsi, le Imperial Order Daughters of the Empire (IODE), une association fondée en 1900 pour faire connaître l’histoire de l’Empire britannique, a été à l’origine de la création de plusieurs sections canadiennes de la Croix-Rouge. Réunies au sein d’associations locales affiliées au IODE, au National Council of Women of Canada, à la Young Women’s Christian Association ou à la Fédération nationale Saint-Jean-Baptiste, des milliers de femmes de toutes les provinces ont occupé leurs loisirs à coudre, tricoter, recueillir des vêtements, des cigarettes et autres gâteries et à confectionner des paquets prêts à partir outre-mer. Elles ont ainsi rassemblé et envoyé près de quatre millions de colis aux soldats postés sur le front ou en Angleterre. D’autres ont fabriqué des pansements pour la Croix-Rouge ou ont recueilli des fonds pour soutenir le fonctionnement des hôpitaux militaires et acheter des ambulances, tandis que d’autres encore ont activement participé au recrutement des soldats en incitant les hommes à s’enrôler et en exhortant leurs épouses et leurs mères à les laisser partir. Les femmes ont aussi activement encouragé l’achat des Obligations de la Victoire, dans lesquelles les Canadiens ont investi 100 millions de dollars pour la seule année 1915. Plus de 75 000 femmes ont travaillé bénévolement à la constitution du registre national, c’est-à-dire à l’opération d’enregistrement obligatoire de tous les Canadiens et Canadiennes âgés de plus de 16 ans, qui s’est déroulée en juin 1918. Toutes ces activités ont représenté une aide indispensable à la coordination et au fonctionnement des opérations civiles et militaires. Cette contribution féminine a d’ailleurs fait l’objet d’une reconnaissance officielle qui s’est plus particulièrement traduite par l’obtention du suffrage féminin vers la fin du conflit.

Alors que les femmes des classes moyennes et supérieures se sont résolument engagées dans de nombreuses activités pour soutenir l’effort de guerre, les femmes des régions rurales ont été appelées à remplacer les hommes partis au front en prenant en charge le travail qu’ils accomplissaient sur la ferme. Contrairement à ce qui s’est produit durant la Deuxième Guerre mondiale, cependant, les femmes mariées n’ont pas été encouragées à rejoindre le marché du travail. Dans les villes, l’absence des hommes a néanmoins engendré un redéploiement de la main-d’œuvre et encouragé l’embauche de plus en plus fréquent de jeunes filles dans les bureaux, les magasins et les usines. La hausse de l’activité industrielle qui s’est fait sentir surtout à partir de 1915 a entraîné une présence accrue des femmes dans les usines, notamment dans les industries de guerre, situées principalement à Montréal. En 1917, plus de 35 000 femmes travaillaient à fabriquer des munitions dans des conditions plutôt difficiles : semaine de plus de 72 heures, travail de nuit et rythme accéléré à l’origine de nombreux accidents. Dans les secteurs des chemins, de l’acier et du ciment, notamment, plus de 2000 femmes ont été embauchées à des postes auparavant réservés aux hommes.

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Fabrication de détonateurs à la British Munitions Limited, Verdun, Québec, vers 1915-1917
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La Grande guerre a aussi accéléré une tendance qui avait commencé avant le début du conflit, soit le remplacement des hommes par des femmes dans les administrations publiques et privées. La « révolution administrative », en cours depuis le tournant du siècle, avait en effet commencé à morceler le travail de bureau en tâches plus routinières et répétitives, demandant moins de qualifications. Ajoutées à l’enrôlement des hommes, ces transformations dans l’organisation du travail clérical ont incité de nombreuses institutions à recourir à une main-d’œuvre féminine. Ainsi, la Banque Royale du Canada employait 700 femmes en 1916, contre 250 avant la guerre, alors qu’à la Banque de la Nouvelle-Écosse la proportion de commis féminins est passée de 8,5% à 40% entre 1911 et 1916 pour la seule région de l’Ontario. En outre, les banques ont commencé à accepter d’embaucher des femmes comme caissières, ce qui était inconcevable avant le conflit, et certaines ont accédé à des postes de direction. Plus de 1000 femmes ont également été embauchées dans la Royal Air Force du Canada pour accomplir du travail de bureau et effectuer des opérations de transport du matériel, tandis que le Service civil canadien a recruté entre 5000 et 6000 femmes, la plupart affectées à des tâches créées par la guerre. Pendant et après le conflit, les femmes ont continué de recevoir des salaires moins élevés que les hommes, même quand elles effectuaient la même tâche, mais, à la fin des hostilités, le travail des jeunes filles dans les usines, les bureaux et les commerces, qui faisait autrefois l’objet de vifs débats sociaux, était devenu un phénomène désormais acceptable aux yeux de la majorité des Canadiens.
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Femmes fabriquant des obus
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L’impact de la guerre s’est finalement fait cruellement sentir sur le budget des familles ouvrières. La rareté de certaines denrées, produites en priorité pour les armées et les pays alliés, s’est en effet traduite par une inflation qui a atteint 32% dans le seul domaine de l’alimentation en 1917. Pour protester contre ces hausses spectaculaires et faire baisser les prix à la consommation, des ménagères de plusieurs grandes villes canadiennes se sont regroupées en associations. Des ligues de ménagères ont ainsi vu le jour à Halifax, Moncton, Victoria, Québec, Toronto et dans quelques villes du Nord de l’Ontario. À Québec seulement, la Ligue des ménagères réunissait plus de 6000 membres en 1918. Persuadées que les hausses de prix étaient surtout attribuables à l’avidité des fermiers et des marchands et à l’action de spéculateurs, ces femmes ont organisé le boycott de certains produits ou de certains commerçants, mis en place des opérations d’achat en gros, encouragé l’utilisation de produits de substitution comme la margarine et réclamé des contrôles gouvernementaux sur le prix des denrées essentielles, notamment les aliments et le combustible. Si leurs actions et leurs demandes n’ont pas toujours été couronnées de succès, elles témoignent néanmoins d’une capacité de mobilisation assez étonnante des femmes de la classe ouvrière et démontrent que la guerre a marqué la vie des femmes dans ses moindres aspects.
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Manufacture de la compagnie Northern Electric Co. Ltd., Montreal, (Québec), vers 1916
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Représentantes des groupes clés de femmes, 1918

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