Les Mitrailleurs
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Maschinengewehre! Maschinengewehre!… (Mitrailleuses! Mitrailleuses!)
Les Mitrailleurs
par François De Tessan
Le 29 février, au moment des grands chocs contre Verdun, on nous amena un prisonnier qui semblait à moitié fou. Sur un ton trahissant la hantise des épouvantables épreuves qu’il avait traversées, il répétait sans cesse: Maschinengewehre! Maschinengewehre!… (Mitrailleuses! Mitrailleuses!)
L’officier interprète qui l’interrogeait n’en put tout d’abord tirer que ce refrain. Il constata seulement que le prisonnier était un soldat du 105e régiment d’infanterie, appartenant à la 30e division. Un peu plus tard, quand la frayeur de l’Allemand se fut dissipée, on obtint des renseignements plus intéressants que le cri de « Maschinengewehre! », à quoi s’étaient jusque là bornés ses discours. Et voici en quels termes il le commenta après avoir remis de l’ordre dans ses idées:
« Le 26, dit-il, trois de nos bataillons furent lancés à l’assaut du bois de Chauffour. Nos chefs nous avaient promis que nous avancerions sans peine puisque – prétendaient-ils – l’artillerie avait tout détruit sur notre chemin… Notre progression commença bien sans la moindre alerte. Nous supposions que les Français avaient abandonné le bois ou qu’ils avaient été anéantis. Soudain, une compagnie de mitrailleuses, peut-être même deux compagnies – je ne sais pas au juste! – ouvrirent le feu sur nous… Terrible chose! Des rangs entiers s’écroulèrent. Tout autour de moi des cris atroces, des plaintes, des gémissements… Maschinengewehre! Nous étions pris de flanc. Plus de chefs! La plupart avaient été fauchés dès les premières rafales. Les sections hésitèrent. Des remous se produisirent parmi les groupes désemparés. A chaque mouvement de nouvelles victimes tombaient… Alors la panique chavira le cœur des plus braves. Ce fut le sauve-qui-peut… Le régiment se mit à tourbillonner sur lui-même comme pris de vertige, il fondit sous les balles françaises et disparut… Bien peu de mes camarades sans doute ont échappé au désastre!
» Moi, je m’étais aplati sur le sol et je faisais le mort, attendant d’être frappé à mon tour. Par miracle, je ne fus pas atteint. A la nuit, je me glissai dans le bois; mais, complètement désorienté, je me perdis. C’est seulement deux jours plus tard que, découvert par une patrouille française, je dus me rendre. J’ai cru à certaines heures que je perdais la raison. Il me semblait sans trêve entendre le sifflement des Maschinengewehre! »
Cet hommage à nos mitrailleuses et à ceux qui les servent avec tant d’efficacité ne peut que nous encourager. Nous avons l’outil bien en main. Les Allemands le reconnaissent volontiers. Un récit publié récemment par les Dernières Nouvelles de Leipzig n’est pas moins significatif. Lors de l’attaque du bois des Caures, deux bataillons s’avancèrent dans la partie occidentale du bois. La première ligne française avait été méthodiquement bouleversée et les défenses accessoires détruites. Les organisations de la ligne de soutien avaient été aussi presque anéanties. Cependant, il restait un blockhaus à peu près intact abritant une mitrailleuse. Un officier, qui était demeuré à son poste et qui était tout seul pour la servir, déclancha le tir contre les assaillants. Ceux-ci furent obligés de s’arrêter sur place. L’officier mitrailleur brûla un nombre considérable de cartouches, abattant tous ceux qui cherchaient à se lever pour lui donner l’assaut. Grâce à son sang-froid, les troupes, qui se croyaient déjà en possession de la position, furent immobilisées pendant un long temps.
Pour déloger le Français de son réduit, les Allemands tentèrent une attaque à la grenade qui n’eut pas davantage de succès. Finalement, ils eurent recours à un puissant flammenwerfer qui rendit la situation intenable au tenace officier. Il fut obligé de cesser le feu après avoir accompli son devoir jusqu’à la dernière minute et infligé des pertes nombreuses à l’adversaire.
Veut-on un autre exemple de la manière dont se comportent nos mitrailleurs sur le champ de bataille et de la science dont ils font preuve dans le combat? Il n’y a qu’à parcourir ces quelques notes d’un officier mitrailleur du …e régiment d’infanterie. Il va nous conter comment furent enrayées quelques attaques allemandes dans le secteur Doûaumont-Vaux au début de mars:
« Le 7, à midi, explique-t-il, commença un arrosage systématique d’obus de gros calibre sur les tranchées de première ligne, les ravins où s’abritaient les réserves, les cheminements intermédiaires. La violence de ce bombardement était supérieure à tout ce que nous avions subi en Artois dans les moments les plus pénibles. Mais, en dépit des accidents matériels et des pertes, en hommes, tout le monde conserva son flegme et exécuta la besogne ordinaire.
» Le 8, au petit matin, l’artillerie allemande nous prit derechef sous son feu. Cet écrasement de nos positions était prévu. Aussi, avions-nous d’avance choisi d’autres emplacements pour nos pièces. Dès qu’une mitrailleuse était bousculée et enterrée, nos hommes travaillaient à la dégager, la nettoyaient, la réparaient et bientôt elle était de nouveau en place prête à recevoir les Boches. Tous nos mitrailleurs souhaitaient l’attaque…
» Elle se déclancha sur le coup de 11 heures. A droite, l’ennemi déboucha en forces de la lisière Sud du bois d’Hardaumont et exerça sa pression à la jonction d’un de nos bataillons et du bataillon accolé du régiment voisin. Huit de nos pièces placées en i’ianquement saluèrent l’entrée en scène des tirailleurs allemands tandis que deux autres sections les mitraillaient de face. Quel spectacle! et quelle moisson! Instantanément, te sol fut jonché de cadavres. Les vagues ennemies, après avoir tournoyé, refluèrent désordonnées et mourantes vers le bois.
» A midi et quart, nouvelle attaque allemande d’environ trois compagnies sur un saillant où nous nous maintenions dans une position assez scabreuse. Les partis ennemis arrivèrent en utilisant le ravin Vaux-fort de Douaumont. Tandis que les fantassins passaient par les parties du terrain à angle mort, les mitrailleuses allemandes exécutaient des feux nourris sur nos parapets pour forcer les nôtres à se terrer. Les mitrailleurs français ne furent pas intimidés pour cela. Ils montèrent leurs pièces sur le parapet et ripostèrent avec entrain. La fusillade de nos tirailleurs s’alluma aussi. Les grenadiers se mirent de la partie. Ce fut une belle séance! Une fois de plus, la tentative allemande échoua et les sections ennemies furent refoulées après avoir été sérieusement amoindries. » Le lendemain 9, une section de mitrailleuses intervint heureusement dans le flanc droit des assaillants du fort de Vaux. Puis, au cours de la nuit, à 23 heures, nous eûmes une autre alerte. Trois ou quatre compagnies en formations denses et sur deux lignes marchèrent résolument sur nos tranchées et, malgré nos tirs, parvinrent jusqu’aux fils de fer. Là, elles furent incapables de progresser davantage. Nos mitrailleuses travaillèrent. Et, le lendemain, nous comptions 135 cadavres immédiatement en bordure de notre réseau! »
Il serait aisé de multiplier les extraits de ce genre où sont consignés les faits et gestes de nos mitrailleurs. Dans la bataille, les mêmes situations se répètent souvent et les lignes précédentes donnent une idée exacte et suffisante de la coutumière besogne des spécialistes de la « mitraille ». Aussi bien la mitrailleuse est devenue, au cours de cette guerre, l’arme la plus terrible du combat rapproché. L’expérience que nous avons acquise depuis 1914 nous a permis d’en tirer des effets de plus en plus meurtriers. Déjà, lors des offensives d’Artois et de Champagne, nos progrès étaient nettement apparus dans l’emploi tactique de la mitrailleuse. Les combats autour de Verdun n’ont fait qu’accentuer la valeur de nos compagnies de mitrailleurs. Si, au début de la campagne, les Allemands pouvaient se vanter de mettre en ligne un plus grand nombre de pièces que nous par régiment, il n’en est plus de même aujourd’hui. Nous avons rattrapé l’avance allemande et nous l’avons dépassée. L’excellence de notre matériel et son abondance nous ont procuré de sérieux avantages pendant la défense de Verdun. A maintes reprises, l’intervention des mitrailleuses a permis d’intimider l’ennemi, de retarder sa marche, de lui causer des pertes tellement cruelles qu’il devait attendre des renforts pour reprendre la progression. Et le temps ainsi gagné par nos mitrailleurs était exploité comme il convient par le commandement.
Il faut avoir été soumis au feu des mitrailleuses pour comprendre combien il est redoutable. On s’habitue – relativement, bien entendu – mais, enfin, on s’habitue aux marmitages les plus formidables. On regarde d’un œil familier les torpilles aériennes décrire leur courbe dans le ciel. Dans le corps à corps, une fois les premiers frissons passés, on réagit furieusement et la peur s’oublie. Après une certaine éducation, le froufrou des balles ne cause plus d’émotion. Mais la mitrailleuse, c’est autre chose… Le son mat qu’elle produit, ce son sans écho, d’une régularité obsédante, exerce sur les nerfs l’action la plus désagréable, – surtout la nuit. De très loin, on dirait le bruit étouffé d’une motocyclette et, quand les balles passent au-dessus de votre tête, vous croyez entendre mille petites faux coupant l’air. Un geste! et c’est votre existence qui est coupée-La mitrailleuse se révèle presque toujours par surprise. Plus son intervention est rapide, plus il y a de chances pour que son emplacement ne soit pas découvert. Elle envoie des rafales foudroyantes avant qu’on ait le temps de se retourner et d’apercevoir de quelle direction partent les coups. Quand on se trouve sous le feu de la mitrailleuse, il n’y a rien à faire qu’à s’aplatir en se faisant aussi mince que possible jusqu’à ce que le feu cesse. Et, pendant ces heures-là, car cela peut durer des heures, on médite intensément sur la fragilité de la vie humaine…
Si, avant une attaque en règle, les mitrailleuses ennemies qu’on a repérées n’ont pas été détruites par l’artillerie, par les canons de tranchées ou les torpilles, c’est folie que de charger contre elles. Une seule mitrailleuse, capable de tirer des centaines de projectiles à la minute, a sans peine raison d’un bataillon quand, devant elle, s’étend un beau champ de tir. Et il est si facile de dissimuler cet engin léger ou de le changer de place au dernier moment dans la bataille que les observations les plus tenaces, les photographies d’avions les plus détaillées sont impuissantes à prévenir ces fauchages meurtriers. C’est l’inconnu, le plus terrible inconnu du combat!
Quand il s’agit de prendre des maisons fortifiées, comme ce fut le cas à Carency, à Neuville-Saint-Vaast, à Loos où par les soupiraux des caves les mitrailleuses crachaient la mort, il faut savoir manœuvrer, user des canons à courte portée, écraser les pièces et les servants ennemis avant d’aborder l’obstacle… On devine tout ce qu’une mitrailleuse peut donner sur une position défensive. Une seule de nos pièces dans le secteur de Douaumont a tiré, du 25 février au 4 mars, 75.000 cartouches!
En même temps que nos fabriques d’armes ont développé la production des mitrailleuses, nous avons multiplié les écoles de mitrailleurs et les centres d’instruction. Le personnel de la « mitraille », officiers, servants, armuriers, est un personnel d’élite. On a dit avec raison que les Français avaient le « tempérament mitrailleur ».
C’est que l’à-propos, l’ingéniosité, l’initiative, qui sont les qualités de notre race, animent au plus haut degré nos compagnies de mitrailleurs. Elles ont un esprit de corps déjà très marqué. Quand on fait appel à l’amour-propre des soldats, on les mène là où l’on veut. A peine sont-ils spécialisés qu’ils ont la coquetterie de leur emploi. Il faut voir avec quelle fierté nos mitrailleurs parlent de leurs pièces! Ils les aiment, non seulement pour le beau travail qu’ils exécutent grâce à elles, mais pour elles-mêmes. Ils les aiment comme un horloger aime les rouages délicats et compliqués d’un chronomètre. Ils les aiment parce que ce sont des engins jolis et féroces, souples et robustes qu’on a plaisir à manier. Une mitrailleuse est une compagne vivante qu’on fait bavarder opportunément, une compagne vigilante dont on prend soin et à laquelle on s’attache, une compagne dont on ne se sépare que parce que la mort vous l’arrache des mains.
Une grande solidarité règne dans nos compagnies de mitrailleurs, groupés comme une famille autour de leurs pièces et prêts à les défendre jusqu’à la dernière extrémité. J’entends toujours ce cri du cœur d’un mitrailleur qui, ayant le bras emporté par un éclat d’obus, s’inquiétait: « La pièce! la pièce! Elle n’a rien au moins! »
Et, sur l’assurance que le dégât était insignifiant, il partit au poste de secours, le cœur plus tranquille, sans songer à son propre malheur.
Un de nos plus brillants techniciens, le capitaine Degua, m’a tracé dans une lettre un tableau réaliste de son existence au moment où il commandait une compagnie en Belgique. Il me contait entre autres cet épisode, qui aide à comprendre la psychologie des mitrailleurs:
« Je venais, disait-il, de subir un bombardement effroyable pendant huit heures auprès des hommes de ma première section. Sur douze mitrailleurs, il ne m’en restait que cinq. Les autres avaient été tués ou blessés. La fumée des obus et des gaz nous avait fortement éprouvés. Tous nous nous sentions la tête lourde, l’estomac serré, la gorge sèche… Transis de froid, nous nous efforcions cependant de maîtriser nos nerfs et de conserver tout notre calme pour le cas où les Boches paraîtraient.
» Soudain l’un des guetteurs s’écria: « Les v’là qui venant. » … Tous savez que nos gars du Berry ne poussent pas l’appel réglementaire « Aux armes! » Ils disent simplement dans leur langage paysan pour signaler les Boches: « Les » v’ià qui venant »… En effet, les Allemands étaient à 200 mètres de nous courant et bondissant dans notre direction. En une seconde notre torpeur fut dissipée. Je commandai: Première pièce, – feu!
» Clac! clac!… Deux cartouches. Et tout s’arrête… La deuxième pièce refuse de démarrer. Elle était gelée. Rien ne tournait. Les Boches avançaient toujours… Fatalité! Je sentis à ce moment où tous les camarades du régiment comptaient sur moi que, si je ne tirais pas, mon honneur de mitrailleur était absolument compromis. Je devais tirer, je devais arrêter les Boches, je devais empêcher un abordage dont les conséquences eussent été graves. Déjà les ennemis nous lançaient des grenades…
» Le sergent qui était près de moi alluma du papier sous la pièce froide. Mais ayant été aperçu, il fut tué net. De mon côté je m’empressai de démonter l’autre pièce, aidé de l’armurier… Ah! nous faisions vite! Les grenades pleu-vaient dru tout autour de nous et nous n’étions plus que trois hommes valides… En un clin d’oeil la culasse fut remontée… Une bande; j’arme… Les Boches sont à 10 mètres! Ça part. Sauvés! Je fauche, je fauche… les Boches s’écroulent… L’autre pièce se ranime et, elle aussi, entame la conversation avec ces messieurs, clac, clac, clac… Le chargeur enfourne toujours ses bandes et le fauchage se poursuit sans merci… Plus personne debout devant nous! Notre mission est remplie, Dieu merci! Mais quelles transes!… Nous pleurons de joie. Je saute d’allégresse dans ce qui fut une tranchée. Et pourtant quel paysage funèbre autour de nous, que de cadavres!
» Le soir vient. A la faveur de l’obscurité nos muletiers arrivent. Braves muletiers! Deux fois par nuit, ils nous apportent ainsi de quoi ravitailler les pièces et les servants.
» Et elles sont gourmandes, nos mitrailleuses. Les caisses de cartouches pèsent lourd… Les muletiers qui ont parfois 2 ou 3 kilomètres à parcourir à travers les boyaux ou par des cheminements pénibles soufflent et triment. Ils finissent toujours par nous rejoindre. Ils ont l’esprit de corps autant que ceux qui servent directement les pièces. Ils s’intéressent à notre action et sont aussi fiers que nous-mêmes de l’heureuse issue de la lutte. En voyant nos camarades tués, les muletiers pleurent; mais en apprenant la manière dont ils ont été Vengés, ils sèchent leurs larmes et manifestent leur orgueil d’appartenir à la première section… »
Rapporter tous les bons mots ou les traits de courage de nos mitrailleurs serait trop long. Leur héroïsme se répète sans cesse. Il s’exerce avec la même simplicité sereine chaque fois que ça chauffe. Regardons au hasard des combats. Voici le soldat Mariet, dont le chef de pièce et trois camarades sont tués ou blessés au cours d’un bombardement. La mitrailleuse a été ensevelie. Mariet la dégage et la nettoie tranquillement sous les marmites. Il remet le mécanisme en état. Le tir s’allonge et les Allemands surgissent. Notre tirailleur, bien qu’isolé dans son poste, ne s’émeut pas. Il place ses bandes et fait face à l’attaque, tout seul!
Le caporal Laurent, du …e bataillon de chasseurs, en manœuvrant sa pièce casse le levier d’armement. L’ennemi approche… Il continue à tirer en armant la mitrailleuse avec la pointe de sa baïonnette.
Et quelle belle attitude que celle du zouave Paldacei, du 3e régiment de marche! Au cours d’un mouvement de repli, Paldacei, en compagnie d’un autre zouave, emportait sa mitrailleuse qu’il ne voulait pas laisser tomber aux mains de l’ennemi. Les Allemands le serrant de près, il résolut de leur résister jusqu’au bout. Il sauta dans un trou d’obus et jeta un coup d’œil sur le champ de tir qui s’offrait à lui. Comme il n’avait pas de trépied, il demanda à son compagnon de lui prêter son épaule pour hausser la mitrailleuse à la hauteur désirable et, dans cette position, il commença à démolir les Allemands. A un moment donné, les deux compères, pour sauver la pièce, en vinrent au corps à corps avec les ennemis. Et Paldacei manœuvra tant et si bien qu’il ramena sa mitrailleuse intacte dans nos lignes.
Le sergent Martin, du …e d’infanterie, eut, le 26 février, une aventure à peu près pareille. Les Allemands ayant tourné la position qu’il occupait avec sa mitrailleuse, il s’évertua à la dégager à coups de grenades. Puis, quand les assaillants eurent reculé, il revint à sa pièce et continua à les massacrer proprement.
Ces gestes-là sont dans la vigoureuse tradition de nos mitrailleurs.
Et l’on peut dire: « Tels hommes, tels chefs. » L’histoire de l’officier mitrailleur du bois des Caures que nous ont fait connaître les Dernières Nouvelles de Leipzig n’est pas isolée. Nous en savons d’aussi émouvantes, comme celle du sous-lieutenant Pinault, du 2 tirailleurs de marche. Le 24 février, il se trouvait à la tête de deux sections qui avaient pris part à une rude contre-attaque menée contre des forces ennemies considérablement supérieures. Tout son personnel fut mis hors de combat, sauf un sergent auquel il ordonna de se retirer avec une de ses pièces. Resté seul et désireux de venger ses camarades, il continua le feu à bout portant avec la dernière pièce jusqu’au moment où il fut blessé…
Quel plus bel exemple offrirait-on de l’esprit de sacrifice et de la fraternité qui unit nos mitrailleurs quand sonnent les heures décisives!
François De Tessan
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