Les Tunisiens et la première guerre mondiale (1914 – 1918) François Arnoulet
François Arnoulet
Revue de l’Occident musulman et de la Méditerranée
Année 1984 lien Volume 38
Numéro 38
pp. 47-61
source PERSEE
R.O.M.M., 38, 1984-2
La première guerre mondiale fut le premier conflit où les Tunisiens furent incorporés dans l’armée française face à l’Allemagne et à ses alliés, dont la Turquie. En effet, lors de la guerre de Crimée en 1 854, la Régence y participa en tant que province inféodée au Sultan de Constantinople conjointement avec la France et l’Angleterre contre la Russie.
La loi organique de 1 857, révisée le 7 février 1 860, constituait le premier document établissant un service militaire obligatoire en Tunisie. Il instaurait une période active de 3 ans et une période de 7 ans dans la réserve pour tous les Tunisiens de confession musulmane à l’exception des jeunes gens titulaires du certificat de taleb délivré par la Djamaa Zitouna (1). Après l’établissement du Protectorat, l’armée fut réduite à une garde beylicale en décembre 1 883 comprenant 500 hommes répartis en une section d’infanterie, un peloton de cavalerie et une section d’artillerie sous le commandement de trois officiers français : un chef de bataillon, un capitaine et un officier d’administration. Par contre, la loi du 31 décembre 1 882 avait créé au sein du corps français d’occupation douze compagnies mixtes composées de Français et de Tunisiens et réparties dans les trois armes : infanterie, cavalerie et artillerie. Chaque compagnie comprenait 10 officiers, 68 fantassins français, 144 fantassins tunisiens, 10 cavaliers français, 33 cavaliers tunisiens et 44 artilleurs français. Les militaires indigènes étaient soumis au code de justice de l’armée. Le contingent tunisien était incorporé soit dans la garde beylicale, soit dans les compagnies mixtes pour une durée de 3 ans. Les bureaux de renseignements assuraient le recrutement par tirage au sort, une commission de révision, composée de civils et de militaires, vérifiait les opérations. Les membres de certaines tribus des territoires militaires du sud formaient les cavaliers des goums et se trouvaient exemptés du service normal ; les habitants des grandes villes (Tunis, Sousse, Sfax) ainsi que les Israélites étaient exemptés en bloc ainsi que les diplômés du taleb, enfin, le remplacement administratif était admis. La gendarmerie comportait également une minorité de Tunisiens: 16 pour 72 gendarmes français. L’ensemble de ces dispositions donnait bon an mal an un contingent annuel de 4 1 1 2 hommes, soit à peu près la moitié des hommes bons pour le service. Des engagements volontaires étaient prévus par la loi, ils étaient relativement peu nombreux et devaient en principe compenser le remplacement administratif (2).
La loi du 1 0 septembre 1 883 confirma l’ensemble de cette procédure ainsi que celle du 12 janvier 1892. Dès le début de la guerre, une série de décrets précisa les détails de l’incorporation pour la durée des hostilités :
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