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15 novembre 2014

L’heure de vérité entre France et Prusse

milguerres @ 22 h 45 min

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Celles de l’Histoire, retour vers les grandes épopées

L’heure de vérité entre France et Prusse

La guerre de 1870 voit s’affronter deux armées inégalement structurées. Au cours des années 1860, la Prusse a constitué une force militaire très opérationnelle. En 1866, année de son triomphe contre l’Autriche à Sadowa, elle a ainsi été à même de mettre sur pied très rapidement une force redoutable de 750 000 hommes, s’appuyant en amont sur un service militaire universel de trois ans assorti de longues périodes de réserve. Ces troupes bien entraînées et rigoureusement encadrées ont à leur disposition des armes efficaces et modernes (canons Krupp en acier, fusils Dreysen). Dans le même temps, le second Empire peine à réformer son organisation militaire. Suite aux succès de Bismarck en 1866, une commission dite La Valette est chargée par l’empereur de rédiger un projet de refonte du service militaire. Mais l’impopularité de tout allongement de l’appel sous les drapeaux, ainsi que de la remise en cause du tirage au sort, œuvre à vider la loi Niel (1868) de la plupart des nouveaux départs envisagés. L’artillerie est en outre vétuste, et les conceptions stratégiques déficientes ne permettent pas une utilisation optimale de nouvelles armes comme les mitrailleuses. L’état-major, plus souvent désigné par faveur qu’au nom de compétences effectives, montre au feu l’étendue de sa médiocrité et de ses carences. À Sedan, quelques heures suffisent à révéler l’ampleur du décalage militaire entre les deux nations.

L’heure de vérité entre France et Prusse captur44
La mêlée furieuse, puis les ruines

Dans les dix jours qui précèdent l’affrontement, le commandement français multiplie les atermoiements. Depuis Châlons, au gré des ordres, contre-ordres, marches et contre-marches, les soldats de Napoléon III s’épuisent à marcher sur Metz, où Bazaine est encerclé, pour finalement être déviés vers Sedan. Ayant opéré leur jonction pendant ce temps, les armées prussiennes se sont tapies dans les hauteurs des environs de la ville, ainsi que le montre la gravure, et sont parées pour une attaque d’envergure de l’ennemi par le flanc. Les combats débutent le 1er septembre tôt le matin. L’artillerie allemande utilise si parfaitement ses armes que vers 6 heures, Mac Mahon, dirigeant les armées françaises, doit céder son commandement à Ducrot après avoir été atteint d’un éclat d’obus. Au cours de la journée, face au déluge de feu qui se traduit sur l’image par d’épais nuages de fumée surmontant le champ de bataille, la déroute française devient inéluctable. Les charges aussi héroïques que désespérées de la cavalerie ne peuvent inverser le cours des choses. Le document montre aussi le roi de Prusse Guillaume, juché sur une hauteur près de Frénois, au sud-est de Sedan, pour assister aux opérations : « Ah, les braves gens ! », se serait-il exclamé en observant les manœuvres offensives françaises sans espoir.

Cette image, qui donne le point de vue allemand, rend une forte impression de sérénité : l’infanterie avance en rangs serrés, passant près du roi et des officiers supérieurs, pour aller, toujours en bon ordre, rejoindre le champ de bataille où la victoire est promise. La photographie des ruines de Bazeilles, village situé au sud-ouest de Sedan, offre un tout autre point de vue. Ce lieu est en effet celui de durs affrontements, le 30 août et le 1er septembre, entre des unités bavaroises et des troupes d’infanterie de marine qui se battent jusqu’au dernier homme. L’enfilade de maisons détruites reflète l’intensité des combats. Leurs toits sont écroulés, leurs murs éventrés, et seules quelques fenêtres ont résisté au déluge de feu. L’effet produit est d’autant plus vif que les planches bien disposées et les gravats empilés montrent que les premiers travaux de déblayage ont déjà été réalisés au moment où est pris ce cliché. Placé en vis-à-vis d’une gravure héroïsante destinée à orner les salons des patriotes allemands, ce document contribue à équilibrer le regard porté sur la bataille et ses conséquences.

La guerre moderne, sa conduite et ses conséquences 

« Nous nous exposions donc à une défaite et, qui pis est, à une défaite qui ne pouvait être qu’une calamité publique, puisqu’elle allait nous priver de la seule armée organisée que nous ayons encore en rase campagne » : la phrase est du général Boulanger (in L’Invasion allemande, p. 1253) et dit bien le fond de ce qui s’est joué à Sedan ce jour-là. À partir de cette défaite, la victoire prussienne est inexorable, ce que la reddition et la captivité de Napoléon III en personne ne tardent d’ailleurs pas à révéler de façon éclatante. Sedan a ainsi partie liée avec le retour de la république en France, proclamée le 4 septembre à Paris après l’avoir été à Lyon et à Marseille. Néanmoins, le nouveau régime ne rompt pas avec tous les travers de son prédécesseur, puisque l’impréparation de la guerre de 1914 répond à celle de 1870, malgré la réforme du service militaire.

Plus largement, les ruines de Bazeilles reflètent l’intensité du pilonnage allemand, à tel point que cette photographie apparaît comme prémonitoire des guerres européennes à venir. De fait, si la victoire allemande de septembre 1870 est lourde de conséquences, ce n’est certes pas dans le sens d’un apaisement des relations internationales. Sedan, c’est aussi une redistribution des cartes de la géopolitique européenne. Le rival français terrassé, le roi de Prusse va pouvoir prétendre à la restauration de l’Empire allemand, aboli par Napoléon Ier, et prendre toute sa place dans les empoignades impérialistes des décennies suivantes, jusqu’à la Première Guerre mondiale. Un géant militaire et économique aux ambitions mondiales s’installe ainsi au cœur de l’Europe. Les répercussions de 1870 s’étendent des guerres mondiales à la construction européenne en passant par la guerre froide, jusqu’à nos jours.

Auteur : François BOULOC
http://www.histoire-image.org/pleincadre/index.php?v=1870&w=1870&d=21&i=892&id_sel=undefined

 

 

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