Mission américaine Tizard
retour à la Seconde Guerre Mondiale
Chronologie de la Seconde Guerre mondiale
19 septembre 1940 :Alors que le Royaume-Uni est sérieusement menacé par l’armée allemande durant la bataille d’Angleterre, le scientifique Henry Tizard et une délégation se rendent aux États-Unis, alors neutre dans le conflit mondial, pour développer plusieurs technologies militaires. Après une période de méfiance mutuelle, la révélation anglaise du potentiel du magnéton à cavité pour radar scelle un accord de développement. Les questions décisives du moteur à réaction et de l’arme atomique sont également abordées au cours de cette mission.
Mission américaine Tizard
En septembre 1940, pendant la Bataille d’Angleterre de la seconde Guerre mondiale, une délégation de Grande-Bretagne arrive aux États-Unis en mission, sur l’instigation d’Henry Tizard, mission connue plus tard sous le nom de Mission Tizard. L’objectif de la mission est d’établir une coopération en science et technologie avec les États-Unis, qui sont neutres et, dans bien des milieux, rétifs à l’idée d’une implication dans la guerre. Les États-Unis ont de plus grandes ressources pour le développement et la production, et la Grande-Bretagne souhaite désespérément les utiliser. Les informations fournies par la délégation britannique, soumises à des procédures de sécurité soignement pesées, portent sur certaines des plus grandes avancées de la guerre :radar (en particulier le magnétron à cavité, très amélioré),les détails du moteur à réaction de Frank Whittle, Cependant, bien d’autres documents sont apportés, tels que les projets de fusées, de compresseur mécanique de suralimentation des moteurs, de viseur gyroscopique, de dispositifs de détection sous-marine, et de réservoirs de carburant auto-colmatants. Déroulement Traversée À la fin d’août, Tizard va aux États-Unis par avion pour faire des arrangements préliminaires. Le reste de la mission suit par bateau, arrive à Halifax le 6 septembre, puis à Washington quelques jours après. L’équipe de six se rassemble à Washington le 12 septembre 1940. Ce sont: Bowen a eu la permission d’apporter avec lui le « magnétron N° 12 ». Après une nuit passée sous le lit de Bowen, il est amarré sur le toit d’un taxi vers la gare. Le porteur qui en est chargé à la Gare d’Euston, faisant du zèle, quitte Bowen pour le mettre sur le train de Liverpool, et Bowen manque de perdre de vue la mallette de sûreté métallique recouverte de cuir verni. (Par opposition, à Liverpool, le magnétron bénéficie d’une véritable escorte militaire). Selon James Phinney Baxter III, l’historien officiel de l’Office of Scientific Research and Development (OSRD)2 : « Quand les membres de la mission Tizard en apportent un en Amérique en 1940, ils transportent la cargaison la plus précieuse jamais apportée sur nos côtes. » Le magnétron britannique est mille fois plus puissant que le meilleur émetteur américain de l’époque et produit des impulsions précises3. Le magnétron permet non seulement de construire des radars assez petits pour être placés à bord de chasseurs de nuit, mais il permet aux avions de repérer les sous-marins, et fournit une grande aide à la navigation des bombardiers. On le considère comme le facteur le plus significatif de la victoire alliée dans la seconde Guerre mondiale. Démonstration du magnétron Le 31 août 1940, Tizard a rencontré Vannevar Bush président de la commission nationale pour la recherche de défense (NDRC)4, et mis sur pied une suite de rencontres avec chaque division de la NDRC. Quand les Américains et les Britanniques se rencontrent, il y a au début un sondage prudent de part et d’autre, pour éviter de trop en donner sans recevoir quoi que ce soit en échange. Pendant une rencontre à l’instigation du Dr Alfred Loomis le 19 septembre 1940 à l’hôtel Wardman Park, les Britanniques donnent en détail la technique des stations d’alerte précoce Chain Home. Les Britanniques pensent que les Américains n’ont rien de tel, mais ils s’aperçoivent que c’est virtuellement identique au en:CXAM radar. Les Américains décrivent alors leurs recherches sur les micro-ondes faites par Loomis et Karl Compton au début de 1940. Les Britanniques réalisent que les Laboratoires Bell et General Electric peuvent tous deux contribuer considérablement à la technologie des récepteurs. Les Américains ont montré un radar décimétrique expérimental, mais admettent qu’il n’a pas assez de puissance d’émission, et qu’ils sont dans une impasse. Bowen et Cockroft révèlent alors le magnétron à cavité. Cette révélation dissipe toute tension entre les délégations, et les négociations commencent à se dérouler sans accroc. Échanges sur la question nucléaire La délégation Tizard rend aussi visite à Enrico Fermi à l’université Columbia, et lui parle du mémorandum de Frisch et Peierls sur la bombe atomique. Fermi est hautement sceptique, surtout parce que sa propre recherche est orientée vers l’usage de l’énergie nucléaire pour produire de la vapeur, non des bombes. À Ottawa, la délégation rencontre aussi un Canadien, George Laurence, qui a secrètement construit sa propre expérience sur les neutrons lents (Laurence a devancé Fermi de plusieurs mois). Moteur à réaction Tizard a rencontré Vannevar Bush et George W. Lewis et leur a parlé de la propulsion par réacteur, mais il n’a révélé que très peu, à part le sérieux des efforts britanniques. Bush se rappelle plus tard : « Les parties intéressantes du sujet, en particulier la façon explicite de mener la recherche, n’étaient apparemment pas familières à Tizard, ou au moins il ne m’a pas donné la moindre indication qu’il connaissait ces détails. » Plus tard, Bush réalise que le développement du moteur Whittle est bien en avance sur le projet de la NACA5. En juillet, il écrit au général Henry H. Arnold : « Il devient évident que le moteur Whittle est un développement satisfaisant, et qu’il s’approche de la production, bien que nous ne sachions pas exactement à quel point il donne satisfaction. Certainement, s’il est maintenant à un tel niveau que les plans britanniques prévoient la production à grande échelle dans cinq mois, il est extraordinairement avancé, et nous ne devrions pas perdre de temps pour ce problème. » Bush recommande que l’on s’arrange pour produire le moteur britannique aux États-Unis par le biais d’une compagnie convenable. Retombées La mission est considérée comme l’un des événements cruciaux pour consolider l’alliance anglo-américaine. Mais la Grande-Bretagne est en situation désespérée, et a dû brader par l’accord de Québec signé en 1943 une technologie qui prendra une valeur commerciale immense après la guerre. Le succès principal de la mission a été le radar, mais la mission a ouvert des voies pour la communication sur le développement du moteur à réaction et sur la bombe atomique. Notes et références sources |