Œuvre de Gorbatchev : de la « nouvelle détente » à la fin du bloc soviétique (1985-1991)
Œuvre de Gorbatchev : de la « nouvelle détente » à la fin du bloc soviétique (1985-1991)
Recherche du désarmement
Gorbatchev veut sortir son pays de la guerre froide ruineuse pour l’Union soviétique qui y consacre environ 16 % de son PNB contre 6,5 % pour les États-Unis (M. Vaïsse, 2004). La première rencontre officielle entre Gorbatchev et Ronald Reagan a lieu lors du sommet de Genève en octobre 1985. Les deux dirigeants conviennent de se rencontrer à l’avenir pour discuter du désarmement ; le sommet se caractérise par le début d’une nouvelle détente manifeste entre les deux supergrands. Un accord écrit est signé à Genève en prévision d’une future réduction bilatérale de 50 % des arsenaux nucléaires, et certains évoquent dès à présent une nouvelle phase de Détente. Les 11 et 12 octobre 1986, Ronald Reagan et Gorbatchev se rencontrent à Reykjavik, ce qui inaugure une nouvelle « détente » marquée par la reprise du dialogue, interrompu en 1979 : les États-Unis refusent d’abandonner l’IDS, mais un accord est presque conclu sur la diminution des armes stratégiques, tandis que Gorbatchev évoque la « maison commune européenne », dénucléarisée et neutralisée. Ainsi, le 8 décembre 1987, à Washington, Reagan et Gorbatchev décident d’éliminer tous les missiles présents en Europe dans un délai de trois ans : c’est l’« option zéro », premier réel traité de désarmement :
L’Europe est vidée des missiles nucléaires des deux Grands ;
C’est la fin de la « crise des euromissiles » ;
C’est la fin de la course aux armements (même si 4 % des têtes nucléaires seulement ont disparu).
Chute des régimes communistes en Europe
Le 7 décembre 1988, à la tribune de l’ONU, Gorbatchev annonce la réduction des forces armées soviétiques en RDA, Hongrie et Tchécoslovaquie, ce qui signifie la fin de la « doctrine de souveraineté limitée » : l’Union soviétique se désengage de l’Europe de l’Est. Ce discours inaugure la « Révolution de velours », c’est-à-dire la transition douce des pays de l’Europe de l’Est entre un régime de type soviétique et un régime démocratique multipartiste par de nouvelles lois constitutionnelles de 1988 à 1990, avec des manifestations populaires, mais sans guère de combats ni de sang versé. Dès 1990, les républiques baltes (Estonie, Lettonie, Lituanie) proclament leur souveraineté. Moscou réagit en envoyant des troupes, mais choisit de les retirer devant les protestations internationales ; en juin 1991, Le Conseil d’assistance économique mutuelle (Comecon), une des deux principales organisations du bloc de l’Est, se dissout officiellement. En RDA, les habitants commencent à migrer vers la RFA par la Hongrie libre (été 1989). Puis, sous la pression de la population, le Mur de Berlin chute le 9 novembre 1989 et l’Allemagne sera réunifiée l’année suivante (3 octobre 1990). En République socialiste de Roumanie, le régime autocratique de Nicolae Ceaușescu est le dernier à tomber, le 26 décembre 1989 et le dictateur est exécuté ainsi que sa femme. En 1990, Gorbatchev obtient le prix Nobel de la paix.
Règlement des conflits périphériques
Peu à peu, du fait du désengagement de l’Union soviétique et de la fin de la menace communiste, un vent de liberté souffle sur le monde et plusieurs conflits périphériques se règlent. Par exemple, les troupes du Viêt Nam quittent le Cambodge (29 septembre 1989) et les troupes cubaines quittent l’Angola et le Nicaragua. Beaucoup de dictatures d’Amérique latine, soutenues par les États-Unis comme rempart contre la tentation communiste, tombent : Argentine (1983), Brésil (1985), Paraguay (1989), Chili (1990). En Afrique du Sud, Nelson Mandela est libéré (12 février 1990), ce qui va mettre fin à l’apartheid (1991). En Afghanistan, l’Armée rouge quitte le pays (1988-1989) mais la guerre civile se poursuit entre les islamistes modérés du commandant Massoud et les islamistes durs soutenus par le Pakistan. Dans la guerre Iran/Irak (1980-1988), l’Occident arme officiellement l’Irak, et fournit l’Iran en cachette. L’Union soviétique soutient les deux camps. Le 20 août 1988, l’ONU parvient à un cessez-le-feu sans qu’il n’y ait un réel vainqueur. Cependant, au Liban, les accord de Taëf soumettent le pays à la Syrie. Dans le conflit israélo-palestinien, alors que la première Intifada bat son plein, des négociations secrètes sont menées.
Implosion de l’Union soviétique
Dans le contexte de la glasnost (« transparence ») et de la perestroïka (« restructuration ») et d’une tentative de démocratisation de l’Union soviétique, son implosion se fait en cinq grandes étapes :
Le 12 juin 1991, la République socialiste fédérative soviétique de Russie qui a élu Boris Eltsine à sa présidence, bien que Gorbatchev ait tout fait pour éviter cette élection, proclame à son tour sa souveraineté (8 juin 1991) ;
Le 1er juillet 1991, l’autre principale organisation, le pacte de Varsovie est officiellement dissous suite au retrait des démocraties populaires est-européennes.
Le 18 août 1991, des tenants de la ligne dure tentent le putsch de Moscou contre Gorbatchev qui est séquestré quelques jours dans sa datcha en Crimée. Des manifestations s’opposent à ce putsch, et Eltsine réussit à rétablir la situation. Les autres républiques quittent l’Union soviétique d’août à décembre 1991 ;
Le 8 décembre 1991, par les accords de Minsk en Biélorussie, constatant que « l’URSS n’existe plus », 11 ex-républiques socialistes soviétiques fondent la Communauté des États indépendants (CEI), qui est confirmé à Alma-Ata (Kazakhstan) quelques jours plus tard (21 décembre 1991) ;
Le 25 décembre 1991, président d’un État qui n’existe plus, Gorbatchev est contraint de démissionner.
Fin de la guerre froide[modifier]
En décembre 1989, après avoir rencontré Gorbatchev à Malte George Herbert Walker Bush, nouveau président des États-Unis, annonce la fin de l’affrontement Est/Ouest, c’est-à-dire de la guerre froide et de la bipolarisation du monde54. L’OTAN et le Pacte de Varsovie entament le démantèlement aussi bien de leur arsenal nucléaire que de leurs forces de frappe conventionnelles. Dès novembre 1991, le Conseil de coopération nord-atlantique est mis sur pied, un organe de concertation entre l’OTAN et les anciens pays membres du Pacte de Varsovie fraîchement dissous. Six ans plus tard, l’OTAN et la Russie signent un traité de coopération et de sécurité. Néanmoins, l’affrontement, parfois appelé « guerre tiède », se poursuit au niveau de la guerre économique (notamment le contrôle de zones économiques stratégiques, en particulier les sources et circuits énergétiques) ou de la lutte d’influence via le soft ou le hard power entre les Américains et les Russes en Europe orientale, comme le montre la deuxième guerre d’Ossétie du Sud en 2008, cet affrontement s’étant renforcé depuis la guerre contre le terrorisme55.
notes :
Chalmers Johnson, The Largest Covert Operation in CIA History [archive], History News Network, 6 septembre 2003
↑ discours de Reagan « Tear down this Wall! » sur Youtube [archive], 12 juin 1987.
↑ Dans son discours sur l’état de l’Union du 28 janvier 1992, il déclare : « Grâce à Dieu, les États-Unis ont gagné la guerre froide ; un monde jadis divisé en deux camps armés reconnaît aujourd’hui la supériorité d’une seule puissance : les États-Unis ; cette constatation n’inspire aucune peur car le monde a confiance en notre nation et il a raison. »
↑ Russie-USA : la guerre tiède [archive] sur L’Alsace, 9 juillet 2010
source Wikipedia