Opération « Adler »
retour à la Seconde Guerre Mondiale
Chronologie de la Seconde Guerre mondiale
Opération « Adler »
Le 10 août, les 3 Luftflotten étaient prêtes pour l’assaut décisif, l’opération «Aigle (Adler, en allemand) dont l’objectif était d’éliminer la RAF du ciel du sud de l’Angleterre. Selon les prévisions de l’état-major de la Luftwaffe, il faudrait quatre jours pour écraser la défense aérienne britannique au sud de la ligne Londres-Gloucester et quatre semaines pour anéantir la RAF en tant que force de combat.
Avec un créneau de dix jours de plus pour permettre à la Kriegsmarine d’achever ses opérations de mouillage de mines et autres préparatifs, le Jour J de l’invasion put être fixé à la mi-septembre.
Le 11 août, le temps fut très nuageux et l’activité aérienne allemande se limita à un bombardement sur Portland et à quelques attaques sur le trafic maritime à l’est de l’archipel. Le lendemain, les Britanniques purent avoir le sentiment qu’il se passait quelque chose d’important.
Squadron Leader . Sailor„ Malan, un ancien de la marine marchande, se classa en troisième position au palmarès des as de la RAF, avec 35 Victoires. Le n » 1 s’appelait M.T. St. John Pattle,
avec 41 et le n » 2 ,lohnny Johnson. avec 38 avions ennemis abattus
II y eut cinq ou six raids massifs et de nombreux autres plus modestes, auxquels participèrent plusieurs centaines d’avions, dont des Ju-87 sous escorte, pour frapper les aérodromes et les radars de la côté sud, ainsi que le trafic maritime dans l’estuaire de la Tamise. Sur les six stations radar attaquées, 5 furent endommagées mais une seule détruite, celle de Ventnor dans l’île de Wight, qui ne put être réactivée que le 23 août. C’était un coup dur.
Parmi les aérodromes touchés il y avait Lympne, qui n’était qu’un simple terrain avancé, mais aussi les importantes bases de chasse de Manston et de Hawkinge, dans le Kent.
Pourtant tous ces terrains étaient de nouveau opérationnels 24 heures plus tard. Les chasseurs du Group 11 firent face à la plupart des raids et réussirent à en faire éclater un qui se dirigeait vers Manston. Les combats avaient coûté 31 avions aux Allemands, contre 22 à la RAF.
Selon les archives allemandes, le véritable « Jour de l’Aigle » était fixé au lendemain, le 13 août, qui devait marquer le début de la grande offensive. Les premiers raids décollèrent au petit matin, alors qu’un message les reportant à plus tard dans la journée ne parvenait qu’à une partie des escadrons destinataires.
Dans l’après-midi se déclenchait une action en tenaille, la Luftflotte II attaquant le Kent et l’estuaire de la Tamise, tandis que la Luftflotte III, à laquelle s’opposait le Group 10, attaquait le Hampshire, le Dorset et le Wiltshire.
Les raids infligèrent des dégâts sévères à trois aérodromes, Eastchurch, Detling et Andover, dont aucun n’appartenait au Fighter Command, et l’attaque des bases de chasse comme Rochford se solda par un échec.
Les Allemands effectuèrent dans la journée 1 485 missions suivies d’un raid nocturne très efficace sur l’une des fabriques de Spitfire, à Castle Bromwich près de Birmingham.

Squadron leader Stanford Tuck. De mai 1940 à janvier 1942
il abattit 29 avions allemands, prenant la 8è place au palmarès des as de la RAF.
Il fut abattu au-dessus de la France en 1942 et fait prisonnier.
Leurs pertes furent de 45 appareils contre 13 du Fighter Command (6 pilotes récupérés sains et saufs). Ce «Jour de l’Aigle » ne fut donc pas un grand jour pour la Luftwaffe, qui n’en afficha pas moins une grande satisfaction. Selon ses estimations, elle avait, du 8 au 14 août, attaqué avec succès quelque 30 aérodromes et usines d’aviation; et détruit en combat plus de 300 chasseurs britanniques. En réalité, elle en avait abattu moins de 100 pendant cette période.
Après une activité relativement réduite le 14 août, environ 500 sorties dirigées principalement contre le réseau ferroviaire côtier et les bases de la RAF, la Luftwaffe tenta le 15 août d’asséner le grand coup initialement prévu quelques jours plus tôt et qui devait donner le signal de l’offensive. Par ciel clair, les Allemands lancèrent au moins 7 raids majeurs, en coordonnant la série des actions offensives des 3 Luftflotten sur des zones d’objectifs très étendues.
Le premier choc se produisit vers 11 h 30 lorsque 40 Ju-87 de la Luftflotte II avec leur escorte attaquèrent les aérodromes de Lympne et de Hawkinge dans le Kent. Puis, vers 12 h 30, ce furent quelque Me-111 accompagnés de 35 Me-110 de la Luftflotte V, opérant à partir de Stavanger en Norvège, qui se dirigèrent vers la côte du Northumberland pour tenter de bombarder les aérodromes du nord-est.
A peine ces formations avaient-elles pris le cap du retour vers 13 h 15 qu’une nouvelle formation de la Luftflotte V, 50 Ju-88 sans escorte venus de Aalborg au Danemark, approchaît des côtes du Yorkshire. Un peu plus d’une heure après, vers 14 h 30 et à nouveau à 15 h, la Luftflotte II frappait à nouveau au nord de l’estuaire de la Tamise d’abord, l’aérodrome de Martlesham, puis ceux d’Eastchurch et de Hawkinge, et les usines d’aviation de Rochester.
Ce fut ensuite le tour de la Luftflotte 111. A 17 h 20 quelque 80 bombardiers fortement escortés franchirent la côte sud vers Portland, en bombardant le port, puis attaquèrent les aérodromes de Middle Wallop et de Worthy Down. A 18 h 30 de nouveau 60 à 70 appareils de la Luftflotte II survolèrent le Kent, pour frapper les aérodromes de WestMalling et l’aérodrome et l’usine d’aviation de Croydon. Pour parachever le travail de la journée des attaques sporadiques furent effectuées par quelque 60 à 70 bombardiers pendant la nuit.
Toutes ces entreprises de la Luftwaffe furent énergiquement contre-attaquées. Certains raids obtinrent des résultats valables, comme à Middle Wallop, à Martlesham, l’attaque de l’aérodrome de Driffield (Yorkshire) et le raid sur Croydon. Mais aucun ne passa sans être pris à partie par la chasse britannique et dans bien des cas les objectifs principaux purent être épargnés.
Mention particulière doit être faite des combats aériens dans le secteur nord-est, où le Group 13 voyait le feu pour la première fois. Il réussit l’interception des formations ennemies ayant décollé de Norvège très loin au large des côtes. De concert avec les pièces de DCA de la Tyne et des Tees, il détruisit 8 He-111 et 7 Me-110 sans une seule perte du côté anglais. Un peu plus au sud, le Group 12 et l’artillerie antiaérienne intervenant contre les formations venues du Danemark abattirent 8 avions sans éprouver de pertes.
L’idée de manoeuvre allemande avait ainsi été mise en échec par Dowding, car malgré son Bouc de protéger contre une menace effrayante le secteur sud-est de l’Angleterre d’une im. portance vitale, il n’avait pas dégarni le norc de toutes ses défenses. Bien au contraire, li Luftwaffe découvrit à ses dépens que les attaques à travers la mer du Nord étaienl interceptées bien avant les côtes, et que dans son rôle d’escorte des bombardiers, le Me110 se révélait très décevant face aux Spitfire et aux Hurricane. La leçon fut assez coûteuse pour dissuader les Allemands de lancer de nouveaux raids de jour à partir de cette zone.
Les combats de ce 15 août furent les plus importants de toute la Bataille d’Angleterre. L’offensive allemande atteignit son point culminant avec 520 missions de bombardement et 1 270 sorties de chasseurs, sur des objectifs s’étendant du Northumberland au Dorset. Mais les pertes furent élevées en proportion: 75 allemands contre 34 britanniques.
Ceci n’empêcha pas un effort presqu’aussi grand le lendemain, avec 1 700 missions du côté allemand, et l’attaque de nombreux terrains d’aviation (dont un raid spectaculaire sur Tangmere). La Luftwaffe perdit 45 appareils et le Fighter Command 21 : la balance demeurait favorable aux Britanniques.