Premières crises en Europe et au Moyen-Orient
Premières crises en Europe et au Moyen-Orient
Guerre civile en Grèce (1946-1949)
Crise irano-soviétique (1946)
La crise irano-soviétique fut la toute première épreuve de force de ce qui allait devenir la guerre froide, et a pour objet l’Iran. À l’été 1941, l’URSS et le Royaume-Uni, à la recherche d’une voie d’acheminement des armes et du ravitaillement à destination du front russe, s’étaient entendus pour en occuper chacune une moitié et déposer le chah Reza Pahlavi, coupable de trop de sympathie avec l’Axe.
Son fils, Mohammed Reza, qui lui a succédé, a conclu avec ces puissances un traité prévoyant le retrait de leurs troupes au plus tard le 2 mars 1946.
Très vite cependant, l’URSS soutient deux mouvements indépendantistes dans le Nord du pays afin de constituer un glacis protecteur au sud comme elle l’a fait en Europe. Ceci conduit à des négociations iraniennes et des pressions occidentales, qui conduisirent finalement l’Armée rouge à se retirer.
Première crise de Berlin (1948-1949)
En juillet 1945, à la conférence de Potsdam, les trois dirigeants des principales puissances alliées, Churchill (puis son successeur, le travailliste Attlee), Staline et Truman s’accordent sur le partage de l’Allemagne et de l’Autriche en quatre zones d’occupation : américaine, britannique, française et soviétique. De même, Berlin, l’ancienne capitale du Reich, est divisée en quatre secteurs d’occupation. Enclavée dans la zone soviétique, des voies d’accès aériennes, autoroutières et ferroviaires permettent de la raccorder aux zones occidentales. L’Allemagne est au cœur des conférences de paix en Europe qui vont se dérouler entre les quatre puissances occupantes en 1946 et 1947.
Après le coup de Prague, en février 1948, les Occidentaux décident de transformer à brève échéance leur trizone en un État souverain ouest-allemand (conférence de Londres, en avril-juin 1948). La première phase du processus est la création du Deutsche Mark, qui devient le 20 juin la monnaie commune aux trois zones occidentales. Staline proteste contre cette division de fait de l’Allemagne et, le 23 juin 1948, il profite de l’isolement géographique de Berlin pour bloquer tous les accès terrestres et fluviaux des secteurs occidentaux. Plus de deux millions d’habitants et 30 000 soldats alliés se retrouvent pris en otage derrière le rideau de fer24.
Dans un premier temps, les Alliés envisagent de forcer le blocus, selon la proposition du général Clay. Mais ils ne veulent pas prendre le risque de provoquer un conflit armé dont ils auraient pris l’initiative. Ils ne peuvent pas non plus ne pas réagir, puisque cela aurait impliqué l’échec de la politique du containment.
Pour sauver la ville de l’asphyxie, Britanniques et Américains décident finalement de mettre en place un pont aérien, c’est-à-dire d’assurer le ravitaillement (vivres, carburant, charbon) par avion. Durant les onze mois que dure le blocus, un transporteur atterrit en moyenne toutes les trente secondes à Berlin-Ouest, sur les aéroports de Tempelhof, Gatow et Tegel. Au total, deux millions et demi de tonnes de fret (dont le charbon constitue les deux tiers) sont acheminés par 275 000 vols. On estime que moins de 5 % des Berlinois de l’Ouest ont préféré se ravitailler auprès des autorités soviétiques.
Pendant la crise, les États-Unis déploient trois escadrilles de bombardiers stratégiques B-29 de l’United States Air Force (USAF) au Royaume-Uni pour signifier qu’ils sont prêts à riposter à une éventuelle invasion de l’Europe de l’Ouest. Cependant, ils n’envisagent à aucun moment de recourir à la menace d’un ultimatum atomique (ils disposent alors du monopole nucléaire) pour faire cesser le blocus de Berlin et contraindre l’Union soviétique à se retirer également de tous les pays où elle avait refusé de « former des gouvernements intérimaires largement représentatifs de tous les éléments démocratiques de la population, qui s’engageraient à faire établir aussitôt que possible, par des élections libres, des gouvernements répondant à la volonté du peuple. ». En effet, l’Europe de l’Ouest est en pleine reconstruction et la puissance militaire conventionnelle du bloc de l’Est est de loin supérieure à celle des Occidentaux. Par là, les États-Unis entérinent de facto le partage de l’Europe que Staline avait voulu voir dans les accords de Yalta.
Le 12 mai 1949, conscient de son échec, Staline décide de lever le blocus. Le 23 mai 1949, la division de l’Allemagne devient officielle, par la promulgation de la loi fondamentale (Grundgesetz), acte de naissance de la République fédérale d’Allemagne (RFA, Bundesrepublik Deutschland), dont la capitale fédérale est Bonn25. Le 7 octobre 1949, la zone soviétique à son tour se constitue en un État souverain26, la République démocratique allemande (RDA, Deutsche Demokratische Republik), dont la capitale est Berlin-Est. Les deux entités refusent de se reconnaître juridiquement. En 1955, la doctrine Hallstein, élaborée par la RFA, énonce que quiconque reconnaîtrait la RDA couperait, de fait, ses relations diplomatiques avec Bonn, qui s’affirme comme seule représentante légitime de l’Allemagne.
Cette crise diminuera le prestige de l’URSS dans le monde, d’une part à cause de ces images de Berlinois affamés résistant à sa politique de force et d’autre part l’humiliation militaire, et augmentera parallèlement celui des États-Unis aux yeux des Allemands de l’Ouest, leur statut passant de celui d’occupant à celui de protecteur.
Expansion communiste en Asie
À la différence de l’Europe, l’extension de la guerre froide à l’Asie n’a pas résulté de politiques volontaristes des deux Grands mais d’évènements initiés par des pays d’Asie eux-mêmes : la Chine, le Vietnam et le Corée27. À la sortie de la Seconde Guerre mondiale, les États-Unis ont clairement établi leur suprématie sur le Japon, dont la reddition brutalement accélérée par les bombes atomiques d’Hiroshima et de Nagasaki a interdit aux soviétiques de jouer un rôle suffisamment important dans l’effondrement de l’empire japonais pour prétendre jouer un rôle dans la suite. L’avancée des troupes soviétiques dans la petite péninsule de Corée avait toutefois permis de créer les conditions de l’établissement d’un État communiste, la Corée du Nord. En Chine en revanche, Staline a trouvé plus avantageux de s’accommoder du régime nationaliste de Tchang Kaï-chek plutôt que de soutenir fortement la révolution communiste dirigée par Mao Zedong.
En parallèle, se développeront des insurrections communistes en Malaisie et en Indonésie qui n’aboutiront pas.
Victoire des communistes en Chine (1945-1949)
La guerre civile entre nationalistes et communistes reprend dès la capitulation japonaise. Le premier théâtre d’opérations est la Mandchourie, que l’Union soviétique a envahi en 1945. Le 15 août, le gouvernement chinois signe un traité d’alliance avec l’Union soviétique, prévoyant le retour de la Mandchourie à la Chine et reconnaissant la souveraineté soviétique à Port-Arthur : les communistes chinois apparaissent isolés politiquement par cette victoire stratégique des nationalistes. Pendant ce temps les États-Unis se posent en médiateurs. Le général Marshall est nommé en novembre 1945 ambassadeur des États-Unis en Chine. Une mission américaine est installée à Yan’an et espère aboutir à la formation d’un gouvernement de coalition communiste-nationaliste. Face à l’échec de plus en plus évident de cette politique, il sera mis fin à cette mission en janvier 1947 et Marshall retournera à Washington pour y prendre la fonction de Secrétaire d’État.
Pendant les pourparlers, un conflit armé éclate dès septembre 1945 : les troupes nationalistes avancent sur la place-forte communiste du Shanxi, afin d’en prendre le contrôle, les troupes communistes ripostent et affrontent les nationalistes jusqu’en octobre, mettant finalement hors de combat treize divisions de l’armée du Kuomintang. S’ensuivent une série de défaites militaires des nationalistes qui aboutiront à la proclamation de la République populaire de Chine le 1er octobre 1949.
Guerre d’Indochine (1946-1954)
Après la défaite du Japon, la France va réussir à rétablir fin 1945 son autorité sur la majeure partie de l’Indochine. Simultanément, le 2 septembre 1945, Hô Chi Minh proclame l’indépendance de la République démocratique du Viêt Nam28. Après une période de négociations, le conflit éclate avec le bombardement du port d’Haïphong le 23 novembre 1946 par la Marine française. Dès lors, Hô Chi Minh ne jouera plus l’option de la Fédération indochinoise voulue par la France. Le 19 décembre 1946, l’insurrection de Hanoï marque le début de la guerre : le gouvernement de la République démocratique du Viêt Nam déclenche des hostilités dans tout le nord du Viêt Nam, et entre dans la clandestinité.
La guerre durera jusqu’en juillet 1954 avec la chute du camp retranché français de Diên Biên Phu et la signature des accords de Genève qui marqueront la fin de l’Indochine française avec sa partition en deux États, le Viet-Nam du Nord communiste et le Viêt Nam du Sud soutenu par les États-Unis qui vont alors prendre le relai de la France et s’engager progressivement dans ce qui deviendra la guerre du Viêt Nam.
Guerre de Corée (1950-1953)
La guerre de Corée29,30 a pour contexte la victoire de Mao Zedong sur le nationaliste Tchang Kaï-chek en Chine : la République populaire de Chine est proclamée par Mao le 1er octobre 1949. Les nord-coréens bientôt soutenus par les chinois vont faire pression sur Staline pour qu’il accepte que soit lancée une offensive militaire contre la Corée du Sud. En réaction, les États-Unis vont appliquer leur doctrine d’endiguement, qui s’oppose à l’expansion du communisme par la force, d’autant plus justifiée à leurs yeux dans le cas présent que laisser la Corée du Nord accomplir impunément son agression contre un allié américain augmenterait le risque d’un basculement d’allégeance du Japon qui se retrouverait trop isolé face aux puissances communistes.
Après la défaite japonaise en août 1945, la Corée est coupée en deux au niveau du 38e parallèle : au Sud, la République de Corée, proaméricaine, dirigée par Syngman Rhee, au Nord, la République populaire de Corée, pro soviétique, dirigée par Kim Il-sung.
En 1948 et en 1949, les armées soviétiques et américaines quittent leurs zones d’occupation respectives, de part et d’autre du 38e parallèle.
Le 12 janvier 1950, le secrétaire d’État américain Dean Acheson déclare devant des journalistes que le périmètre de défense des États-Unis comprend les îles Aléoutiennes, les îles Ryūkyū, le Japon et les Philippines. En d’autres termes, la Corée n’en fait apparemment pas partie.
Le 25 juin 1950, l’armée nord-coréenne franchit le 38e parallèle, avec l’accord de Staline, encouragé par les déclarations américaines.
Le 27 juin, les Nations unies condamnent l’agression nord-coréenne et décident de venir en aide à la Corée du Sud. Depuis février 1950, afin de protester contre la présence de Taïwan et non de la Chine populaire, l’URSS boycotte les séances du Conseil de sécurité et n’a donc pas pu mettre son veto à cette résolution. Le général Mac Arthur, le vainqueur du Pacifique, est nommé commandant en chef des forces de l’ONU, formées en majeure partie de contingents américains, mais aussi de troupes britanniques, françaises, australiennes, canadiennes entre autres.
Fin septembre 1950, MacArthur atteint la frontière chinoise.
En octobre, devant l’intervention de 850 000 « volontaires du peuple chinois », en fait des troupes régulières, il doit se replier sur le 38e parallèle, où le front finit par se stabiliser en mars 1951.
Pour remporter la victoire, MacArthur propose alors un plan d’escalade du conflit à Truman : bombardement de la Mandchourie, blocus naval des côtes chinoises, débarquement des forces du général Tchang Kaï-chek en Chine du Sud et, le cas échéant, emploi de l’arme atomique. Truman, qui est convaincu qu’une telle initiative provoquera une intervention soviétique, limoge Mac Arthur et le remplaça par le général Matthew Ridgway.
Le 27 juillet 1953, après la mort de Staline, au bout de deux ans de pourparlers l’armistice est signé à Panmunjeom, mais il ne sera suivi d’aucun traité de paix. Après trois années d’une guerre qui a fait plus d’un million de morts, le conflit s’achève avec une frontière nord-sud-coréenne revenue quasiment au stade initial d’avant-guerre : c’est le statu quo ante bellum.
Consolidation forcée des deux blocs sous contrainte idéologique et politique
Les États-Unis comme l’Union soviétique veillent en permanence à ce qu’aucune brèche ne s’ouvre dans leur propre camp, que ce soit par un changement de régime politique résultant de mécontentements populaires ou par des actions politiques ou subversives soutenues de l’extérieur.
Soviétisation de l’Europe de l’Est
L’objectif de maintien de la totalité des pays de l’Europe de l’Est sous son contrôle total constitue une préoccupation majeure de Staline, qui va se traduire en quelques années par la soviétisation complète31 de tous ces pays à l’exception de la Yougoslavie du Maréchal Tito qui en restera à l’écart.
À cet effet, les leaders des partis non-communistes qui refusent de se rallier au régime sont écartés, soit par discréditation ou intimidation, soit par des procès politiques suivis d’emprisonnement voire d’exécution. Le bloc de l’Est est le théâtre de nombreux procès politiques contre des personnes accusés d’être « titistes » (terme qui vient de Tito, dirigeant de la Yougoslavie), accusés de dévier de la politique de Moscou, (donc d’être « déviationnistes »), de « cosmopolitisme » ou de « sionisme », ou de travailler pour l’Occident. De très nombreuses personnes sont emprisonnées ou exécutées, l’immense majorité tout simplement car ils gênent les régimes alors en place alors que plusieurs d’entre eux sont d’authentiques communistes comme László Rajk qui en République populaire de Hongrie est l’une des premières victimes avec 19 autres hommes de ces Grandes Purges en 1949.
Dans la même logique, les insurrections de juin 1953 contre le régime communiste pro-soviétique qui éclatent en République démocratique allemande seront sévèrement réprimées.
Maccarthysme aux États-Unis
Pour les États-Unis, ce même objectif se traduit différemment de par un contexte géopolitique différent. En Europe en effet, depuis que les partis communistes ont été écartés du gouvernement en 1947 en France et en Italie, tous les pays d’Europe de l’Ouest s’inscrivent clairement dans la logique du capitalisme avec le plus souvent une dimension sociale importante. C’est sur le sol américain et en premier lieu chez eux que les États-Unis vont mener une lutte contre les sympathisants communistes ou supposés comme tels : ce sera le maccarthisme.
À partir de 1947 les artistes suspectés de sympathies communistes sont placés sur la « liste noire », et empêchés de travailler. Les « dix d’Hollywood », refusant de répondre aux questions en invoquant le premier amendement, sont emprisonnés. La Commission d’enquête de la Chambre des représentants sur les activités antiaméricaines (House Un-American Activities Committee ou HUAC) enquête sur la propagande communiste et fait boycotter 300 artistes par les studios. Des artistes comme Bertolt Brecht, Charlie Chaplin, Jules Dassin et Orson Welles doivent quitter les États-Unis.
Entre 1950 et 1954, le sénateur républicain du Wisconsin, Joseph McCarthy, mène une véritable chasse aux « Rouges ». Il fait mettre en accusation pêle-mêle tous ceux qu’il soupçonne d’être des membres du Parti communiste, des « compagnons de route » ou de simples sympathisants : des fonctionnaires, des artistes, des intellectuels, des savants et des hommes politiques. Le secrétaire d’État Dean Acheson est suspecté d’être « mou dans la lutte contre le communisme » (soft on communism) et George Marshall, l’ancien secrétaire d’État, accusé d’avoir lâché Tchang Kaï-chek en 1946. Ethel et Julius Rosenberg, un couple de juifs communistes américains, sont arrêtés, condamnés à mort et exécutés pour espionnage au profit des Soviétiques. Cette affaire suscite une vive émotion en Europe, et tout particulièrement en France, où l’on dénonce le climat d’hystérie collective qui a entouré le procès. Il est établi aujourd’hui, selon différentes archives et témoignages, que les Rosenberg, en particulier l’époux, sont bien des espions qui ont transféré aux Soviétiques des documents relatifs au radar et à des armements. Ce sont les seuls espions exécutés, suite à une procédure judiciaire, durant la guerre froide, aux États-Unis32. Finalement, en 1954, McCarthy dépasse les bornes et met en doute la loyauté de l’armée. Il est alors l’objet d’un blâme de la part de ses collègues du Sénat : c’est la fin du maccarthysme. La liste noire restera cependant en activité pendant plusieurs années.
Contrôle étroit de l’Amérique Latine par les États-Unis
En Amérique Latine, que les États-Unis considèrent comme leur zone d’influence exclusive, les régimes en place, souvent de nature dictatoriale, sont soutenus et des actions entreprises contre les régimes se tournant vers le communisme : en 1954, les États-Unis participent au coup d’État au Guatemala qui remplace un gouvernement démocratiquement élu par une dictature (opération PBSUCCESS). Cette politique va cependant connaître un échec majeur à Cuba avec le succès de la la révolution cubaine qui aboutit en 1959 au renversement du régime du dictateur pro-américain Fulgencio Batista par une guérilla amorcée par Fidel Castro et le Mouvement du 26 juillet.
Coexistence pacifique et nouvelles crises sur fond d’équilibre de la terreur (1956-1962)
Le 5 mars 1953, Staline meurt. Il est remplacé par une direction collégiale au sein de laquelle les rivalités feront rage jusqu’en 1955, avec pour conséquence l’absence d’une ligne de politique extérieure stable durant cette période de transition. En 1956, le nouveau numéro un soviétique Nikita Khrouchtchev, dit « Mr K », condamne les crimes de Staline, commence le processus de déstalinisation et énonce la coexistence pacifique (1956). La doctrine Sokolovski, énoncée par Khrouchtchev en 1960, réaffirme l’usage soviétique de l’arme nucléaire en cas d’attaque.
Du côté américain, en 1957, Eisenhower énonce la doctrine Eisenhower, qui promet des aides économiques et militaires aux États du Moyen-Orient pour faire front à l’influence soviétique. La doctrine est appliquée lors de la crise de 1958 au Liban, durant laquelle 14 000 militaires américains débarquent au Liban (opération Blue Bat).
Dès 1950, un PB4Y Privateer est abattu par la chasse soviétique. À partir de 1956, les Américains utilisent des U2 volant à plus de 20 000 mètres d’altitude. Mais, lors de l’incident de l’U-2 de mai 1960, l’un d’eux est abattu et son pilote, Francis Gary Powers, est emprisonné à la suite d’un procès très médiatisé. Les Américains créent alors des avions espions de plus en plus perfectionnés, avant de développer un programme de satellites de surveillance (Corona et KH-6).
Durant cette période, les sommets entre les dirigeants américains et soviétiques reprennent après 10 ans d’interruption. Khrouchtchev rencontre Eisenhower en 1955 à Genève, en 1959 aux États-Unis, en 1960 en France et Kennedy en 1961 à Vienne33. En effet, le jeune démocrate John F. Kennedy a gagné les élections de 1960.
Il préfère une coexistence pacifique avec l’URSS, mais veut en même temps empêcher le communisme de se répandre dans le tiers monde. Dans le cadre de la doctrine Kennedy, il appelle ainsi à ce que la « force et l’unité militaire requise dans la lutte contre le communisme soient contrebalancées par des espoirs de désarmements et de coopération globale ». Dans ce cadre, il crée « l’Alliance pour le Progrès » (1961), un programme d’aide économique pour aider l’Amérique latine et contrer l’influence de Cuba. Celle-ci se révèle néanmoins plutôt décevante.
De plus, il accroît l’aide américaine au Congo-Kinshasa et envoie des « conseillers militaires » au Laos et au Viêt Nam. Dans le même temps, la doctrine MacNamara de riposte graduée remplace, en 1962, la doctrine Dulles de représailles massives.
Insurrection de Budapest (1956)
Le bloc soviétique vit une importante crise cristallisée par la révolte hongroise à Budapest, laquelle mène à une répression soviétique au moment des Jeux olympiques d’été de 1956.
Le mouvement hongrois d’octobre 1956 fut une insurrection, voire une révolution. Ce fut un soulèvement spontané, sans dirigeant, authentique mouvement de masse uni par la haine du régime stalinien et par une volonté d’améliorer la situation sociale. L’enquête menée par le Comité spécial de l’ONU sur la Hongrie en 1957 conclut son rapport en disant que le « soulèvement hongrois a eu un caractère non seulement national, mais aussi spontané ». L’agitation des écrivains, des étudiants et des journalistes prouve une émancipation progressive vis-à-vis du Parti des travailleurs hongrois (le parti unique), ainsi qu’une désagrégation du système totalitaire. Mais l’insurrection hongroise est rapidement écrasée par les chars soviétiques, ceci sans réelle réaction du bloc de l’Ouest34.
Crise de Suez (1956)
Cette crise35 fait partie de la guerre froide car c’est le propre de ce conflit que de n’assister à aucune bataille directe entre les deux Grands, puisqu’elle est un conflit opposant de manière indirecte les États-Unis et l’URSS.
En 1956, le monde assiste à une guerre entre l’Égypte d’une part, la France, le Royaume-Uni et Israël d’autre part. La France et le Royaume-Uni subissent les pressions des deux superpuissances, lesquelles n’apprécient pas de ne pas avoir été mises au courant de l’opération autour du canal de Suez. L’URSS menace d’utiliser l’arme atomique, car elle y voit une guerre coloniale. Dans ce dossier, les deux grandes puissances adoptent la même position
NOTES
↑ a, b et c L’affrontement des grandes puissances et la dissolution des blocs, Georges COUMES [archive]
↑ (en) The Basic Law of the FRG (23 May 1949) [archive] sur CVCE – Centre Virtuel de la Connaissance sur l’Europe Site de référence [archive]
↑ (en) Announcement of the Impending Establishment of the German Democratic Republic (October 7, 1949) [archive] sur German History in Documents and Images Site de référence [archive]
↑ (en) John Lewis Gaddis, We know now: Rethinking Cold War History (A Council on Foreign Relations Book), Oxford University Press, 1997, 425 p. (ISBN 978-0-19-878071-7), p. pages 54 à 84 Cold war empires: Asia (chapitre 3)
↑ (fr) Déclaration d’indépendance de la République démocratique du Vietnam [archive] sur CVCE – Centre virtuel de la connaissance sur l’Europe Site de référence [archive]
↑ La Guerre froide, Les points de tension [archive]
↑ La guerre froide a créé en Corée, comme en Allemagne, deux États. Le 38e parallèle de latitude N sépare la Corée du Nord, dictature pro-soviétique, de la Corée du Sud démocratie pro-occidentale. La guerre qui s’y déroule entre 1950 et 1953 fait suite à la victoire, en Chine, de Mao, qui soutient le gouvernement nord-coréen. La Corée [archive]
↑ (en) Melvyn P. Leffler et Orne Arne Westad, The Cambridge History of the Cold War : Volume 1 Origins, Cambridge University Press, 2010, 643 p. (ISBN 978-110760229-8), p. Volume 1 – Chapitre 9 The Sovietization of Eastern Europe
↑ cf. S. Courtois, La Vérité sur l’affaire Rosenberg, L’Histoire, septembre 2004
↑ 1) Des éléments nouveaux dans les rapports est-ouest Un dialogue plus ouvert [archive]
↑ Johanna Granville, (Le Premier Domino)The First Domino: International Decision Making During the Hungarian Crisis of 1956 [archive], Texas A & M University Press, 2004. ISBN: 1585442984.
source wikipedia