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19 mars 2013

La bataille de Midway (juin 1942)

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 Chronologie de la Seconde Guerre mondiale

La bataille de Midway (juin 1942)

Par : Nghia NGUYEN (ENS-WEB)
http://www.educationdefense.ac-creteil.fr/spip.php?article400

« First hit at Midway » de Paul RENDEL

Midway est un atoll américain qui se trouve dans le prolongement Nord-Ouest de l’archipel des Hawaii, non loin de la ligne de changement de date (180e méridien). Stratégiquement, l’île et son aérodrome militaire tiennent le rôle d’avant-poste américain dans le Pacifique central. Pour les Japonais, s’emparer de Midway en y débarquant 5000 hommes était un moyen de renforcer leur ligne de défense orientale, tout en rendant très rapidement possible une offensive sur l’ensemble des Hawaii. Si ces dernières tombaient, c’était le territoire américain – plus particulièrement la côte Ouest – qui aurait été directement menacé. Par ailleurs, ce renforcement oriental était aussi dicté par l’humiliation récente qu’avait fait naître l’audacieux bombardement de Tokyo lors du raid DOOLITTLE, le 18 mai 1942.

Une victoire à Midway et dans les îles Hawaii aurait eu d’importantes conséquences sur le cours de la guerre. En 1942, les États-Unis n’étaient pas encore remis du choc de Pearl Harbor, et l’US Navy n’était pas encore la puissance navale qu’elle devait être deux ans plus tard. Pour les Américains, il fallait gagner du temps dans le Pacifique, alors qu’au même moment ils concentraient la majeure partie de leurs moyens dans une autre direction océanique et continentale : l’Atlantique, l’Afrique et l’Europe. Au lendemain de l’agression de Pearl Harbor, Winston S. CHURCHILL avait réussi à faire valoir, auprès de Franklin D. ROOSEVELT, l’idée que le théâtre européen devait être le théâtre des opérations prioritaire (conférence d’Arcadia en décembre 1941 et janvier 1942). La libération de l’Europe prenait donc le pas sur la victoire contre le Japon, ce qui n’était pas chose facile à faire admettre aux Américains après ce qu’ils considéraient comme « the Day of infamy ».

1942 devait donc être une année de temporisation pour l’US Navy qui manquait de bâtiments dans le Pacifique. Une victoire japonaise à Midway, en juin, aurait sensiblement contrarié la stratégie anglo-américaine, obligeant à un redéploiement des moyens navals de l’Atlantique dans le Pacifique, ce avec des conséquences sur le cours du conflit en Afrique et en Europe… Une année de temporisation d’autant plus nécessaire que début mai avait eu lieu une autre grande bataille aéronavale aux portes même de l’Australie : la bataille de la Mer de Corail. Au cours de cet engagement, qui ressembla à première vue à une victoire tactique japonaise, les Américains perdirent le porte-avions lourd USS Lexington CV-2, et le USS Yorktown CV-5 fut gravement endommagé, à un point tel que la Marine impériale japonaise crut l’avoir coulé.

En fait, le tonnage des navires coulés (en défaveur des Américains) comptait moins que la redistribution stratégique imposée aux deux adversaires par cet affrontement. Les Japonais venaient de subir une défaite stratégique : leur offensive sur l’Australie subissait un coup d’arrêt, et si un seul porte-avions léger japonais avait été coulé (le Shoho), deux autres furent mis hors de combat qui ne pourront pas participer à l’offensive sur Midway prévue le mois suivant. Le Shokaku avait été suffisamment endommagé pour ne pas pouvoir être réparé à temps, et le Zuikaku perdit tellement d’avions et de pilotes que son groupe aéronaval n’était plus opérationnel. De nombreux pilotes japonais avaient été perdus en Mer de Corail, et le potentiel offensif nippon était désormais sérieusement érodé. L’insuffisance du renseignement vint aggraver le tableau quant à l’évaluation exacte du potentiel aéronaval américain. Ainsi, le porte-avions USS Yorktown – l’un des quatre porte-avions américains alors disponibles dans le Pacifique – avait été donné pour coulé. En fait, début mai, il fut rapidement retiré du champ de bataille pour être dérouté sur les îles Tonga afin d’y subir les premières réparations. Peu de temps avant la confrontation en Mer de Corail, les Américains, aidés par les Britanniques et les Néerlandais, avaient réussi à percer le JN25 à savoir le code de cryptage de la Marine impériale. Alerté au dernier moment, mais de sources sûres, sur le prochain objectif des Japonais, l’Amiral Chester W. NIMITZ pu anticiper son redéploiement en faisant appareiller le Yorktown, toujours avarié, pour Pearl Harbor. Le bâtiment parvint à la grande base des îles Hawaii le 27 mai, où il fut réparé en 3 jours et 3 nuits. Un véritable record ! De nouveau opérationnel, il appareilla le 30 en direction des îles Midway.

Le fait était d’importance, car les Japonais pensaient avoir de bonnes chances d’en finir avec les porte-avions américains à Midway. Tablant sur le secret de l’opération et une aéronavale américaine affaiblie, ils ne se doutaient pas alors que la situation ne leur était plus aussi favorable. Non seulement la défense de Midway fut considérablement renforcé, mais la spectaculaire réparation du Yorktown changeait la donne. Alors que la Marine japonaise s’attendait à affronter deux porte-avions regroupés au sein d’une même task force, c’étaient deux task forces qui se dirigeaient vers elle : la Task force 16 autour de l’USS Enterprise et l’USS Hornet (commandée par le Contre-amiral Raymond A. SPRUANCE), et la Task force 17 autour de l’USS Yorktown (commandée par le Contre-amiral Frank J. FLETCHER).

Facteur aggravant, le plan japonais dispersa d’emblée ses forces sur un espace considérable. Pas moins de quatre flottes de combat opérèrent de manière indépendante lors de la bataille pour Midway. Tout d’abord une force de diversion chargée d’aller frapper l’Alaska et les îles Aléoutiennes, afin de distraire les forces américaines et de dégarnir la défense de Midway. Cette première opération fut un échec du fait de la connaissance exacte des intentions japonaises par le commandement américain. Elle n’en mobilisa pas moins – et inutilement – 2 porte-avions et 4 cuirassés côté japonais. La force principale était celle de l’Amiral Chuichi NAGUMO. Forte de 4 porte-avions – le Soryu, le Hiryu, l’Akagi et le Kaga -, elle constituait le fer de lance de l’offensive japonaise contre Midway. C’est elle qui soutint l’essentiel de l’affrontement, cherchant à détruire les défenses américaines autour et dans l’atoll. L’isolement de celui-ci devant permettre le débarquement d’une force d’invasion aux ordres du Contre-amiral Nobutake KONDO. Plus en arrière, une quatrième flotte, commandée par l’Amiral Isoroku YAMAMOTO, devait aider à la destruction de la flotte américaine en cas de confrontation navale générale, notamment avec ses 3 cuirassés dont le plus grand du monde : le Yamato.

La première rencontre eut lieu le 3 juin, lorsque les Américains, ayant repéré la force de débarquement japonaise, l’attaquèrent. Ce fut un échec, qui montra cependant aux Japonais que l’effet de surprise était désormais nul. La véritable bataille ne commença que le lendemain lorsque de part et d’autre les porte-avions lâchèrent leurs groupes aériens contre leurs objectifs. Pour les Japonais, il fallait repérer les porte-avions américains et les couler tout en détruisant les défenses de Midway. Pour les Américains, il fallait trouver les porte-avions japonais et les couler afin de desserrer l’étau autour de l’atoll. Dans la matinée du 4 juin, une première vague d’assaut japonaise dévaste l’atoll, mais les appareils américains ont eu le temps de décoller, les uns pour défendre l’île, d’autres pour attaquer la flotte japonaise. Durant ce premier assaut – qui sera l’unique assaut sur Midway -, les appareils de reconnaissance japonais et américains cherchent à localiser les porte-avions adverses. Si les Américains marquent le premier point en repérant rapidement le groupe aéronaval japonais, leurs premières attaques sont catastrophiques. Plusieurs escadrilles sont anéanties avant même de pouvoir approcher les porte-avions japonais. Inexpérimentés pour beaucoup – notamment ceux des groupes aériens de l’USS Hornet -, équipés d’appareils lents et obsolètes face aux terribles Mitsubishi Zero, les pilotes américains vont d’emblée essuyer des pertes terribles, n’ayant que leur courage à opposer.

Mais leur sacrifice n’est pas inutile. Il épuise et fait perdre un temps précieux à la chasse japonaise, dont les appareils à court de carburant doivent apponter pour se ravitailler au moment où ceux de la première vague, de retour de leur raid de bombardement contre Midway, doivent eux aussi apponter et se ravitailler. C’est l’instant crucial de la bataille, où le système tactique japonais est à son point de tension maximum : les 4 porte-avions ayant lancé simultanément l’assaut contre Midway – tout en parant les premières contre-attaques aériennes américaines -, leurs groupes aériens doivent ravitailler au même moment laissant la flotte sans protection pendant de longues minutes. C’est précisément à ce moment qu’une nouvelle escadrille américaine de bombardiers en piqué surgit et attaque les porte-avions japonais dont les ponts sont encombrés d’avions prêts à redécoller. Le 4 juin 1942 à 10.25 du matin, l’Akagi, le Kaga et le Soryu sont touchés à mort. En moins de 5 minutes, les pilotes américains ont renversé le cours de la bataille, détruisant 3 des 4 porte-avions de l’Amiral NAGUMO. Le choc est terrible pour les marins japonais. Les incendies qui ravagent les 3 bâtiments sont visibles à des kilomètres à la ronde par toute la flotte. Le quatrième et dernier porte-avions japonais, le Hiryu, tente alors désespérément de faire la différence en lançant deux vagues de bombardiers et de torpilleurs contre le USS Yorktown repéré peu de temps auparavant. Le porte-avions américain est de nouveau atteint par 3 bombes aux alentours de midi, et 2 nouvelles torpilles le frappent encore vers 15.00, mais il flotte toujours, et commence à se replier.

À 17.00, alors que le Hiryu s’apprête à lancer une troisième vague pour achever le Yorktown, il est à son tour repéré et attaqué par des bombardiers américains qui ne lui laissent aucune chance. En flamme et désemparé, le dernier porte-avions de l’Amiral NAGUMO devait couler le lendemain. En une journée, le groupe aéronaval japonais a été anéanti. Après ces terribles pertes pour la Marine impériale, la bataille se prolongea encore durant quelques heures. Le sous-marin japonais I-168 repéra le USS Yorktown gravement endommagé, et le coula ainsi qu’un destroyer d’escorte, le USS Hammann. Ce fut la fin pour ce vétéran de la bataille de la Mer de Corail. Côté japonais, deux croiseurs lourds du Contre-amiral KONDO, naviguant à faible vitesse suite à une collision, furent également attaqués par les Américains. Le Mikuma fut coulé et le Mogami encore plus gravement endommagé.

Dès lors, ce qui entra dorénavant dans l’Histoire comme la bataille de Midway prenait fin. Les Américains se retirèrent rapidement du champ de bataille, refusant à l’Amiral YAMAMOTO l’occasion de poursuivre la lutte avec ses cuirassés et leurs terribles canons. Le score était, cependant, sans appel contrairement à la précédente bataille qui s’était déroulée aux portes de l’Australie en Mer de Corail. Pour 1 porte-avions perdu, l’US Navy en avait cette fois coulé 4. Mais le pire pour les Japonais résidait dorénavant dans l’immense difficulté de leur industrie à les remplacer au moment même où le Victory program commençait à produire ses premiers effets et que le temps jouait désormais en faveur des Américains.

En souvenir de cette grande bataille qui marque la fin de l’expansion japonaise dans le Pacifique, l’US Navy donna le nom de « Midway » à l’un de ses porte-avions. Le USS Midway CV 41, retiré du service actif en 1992, mouille actuellement dans la grande rade militaire de San Diego, face à la presqu’île de Coronado, où il a été transformé en musée flottant. Dans le pont inférieur sont exposés quelques uns des appareils de l’aéronavale américaine de la Deuxième Guerre mondiale. Sur le quai où se trouve amarré le bâtiment, un buste du vainqueur de la bataille de Midway, l’Amiral Raymond A. SPRUANCE, a été érigé ainsi que deux autres monuments, l’un à la gloire des porte-avions de l’US Navy et l’autre dédié aux hommes et femmes de l’US Navy ayant servi dans le Pacifique de 1941 à 1945.

 

Journal des débats politiques et littéraires 

1942/06/11 (Numéro 740). SOURCE GALLICA 
La bataille de Midway (juin 1942) export-35

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 Chronologie de la Seconde Guerre mondiale

13 mars 2013

Mr Charles NICOLLE

Classé sous — milguerres @ 19 h 22 min

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La Tunisie au gré des conflits

Il n’est pas militaire, mais grand homme, un savant, un grand médecin français, mort en Tunisie, où à Tunis, un hôpital porte encore son nom. 
Ecrivain, inventeur, rechercheur, Prix Nobel de physiologie ou médecine (1928), Membre de l’Académie des sciences (1929)
Commandeur de la Légion d’honneur (1931), il a consacré sa vie à des maladies assez graves, mortelles, notamment le typhus provoqué par les poux, d’où recherches concluantes, d’après l’article ci-dessous.

Un grand homme pour lequel je poste cet article publié par Marc Ricord, en 1943, en sa gloire, sa mémoire perpétuelle, 
et une biographie.

en l’honneur de Mr Charles NICOLLE
Ci-dessous mon post !
bonne lecture ! 

Mr Charles NICOLLE  charle10
Naissance 21 septembre 1866 Rouen (France)
Décès 28 février 1936 Tunis (Tunisie)
Nationalité française
Champs Médecine, microbiologie Institut Pasteur de Tunis
Diplômé de Institut Pasteur
Renommé pour Travaux sur le typhus
171209 
Prix Nobel de physiologie ou médecine (1928)
Membre de l’Académie des sciences (1929)
Commandeur de la Légion d’honneur (1931)

Charles Nicolle

Charles Jules Henri Nicolle (21 septembre 1866 à Rouen, France – 28 février 1936 à Tunis) est un médecin et microbiologiste français. Il est lauréat du prix Nobel de physiologie ou médecine de 19281.

Charles Nicolle est né à Rouen et y a passé son enfance. Il est le fils de Eugène Nicolle (1832-1884), médecin rouennais, et d’Aline Louvrier (1839-1925). Il est le frère du microbiologiste Maurice Nicolle (1862-1932) et du critique d’art Marcel Nicolle (1871-1934).
Après une formation à l’Institut Pasteur de Paris, il retourne à Rouen. Là, il travaille à l’Hôpital et à l’École de Médecine, où il se consacre surtout à la dermatologie et à la syphiligraphie ; il ouvre également un cours de microbiologie.
Bientôt, son ouïe commence à baisser, et sa surdité l’empêche de pratiquer la moindre auscultation, ce qui l’oblige à se consacrer à des manipulations en laboratoire.
En 1903, il prend la direction de l’Institut Pasteur de Tunis, qu’il dirige jusqu’à sa mort ; son départ a été motivé par des tensions avec l’administration de l’hôpital de Rouen. Il y arrive à un moment propice : la médecine commence à bien comprendre le rôle des agents infectieux dans les maladies et leur transmission, et Nicolle trouve à Tunis beaucoup de maladies africaines peu connues en Europe. Il effectue des recherches sur diverses maladies infectieuses, dont le typhus et la brucellose, et sur le rôle des animaux dans leur propagation. Il travaille avec Ernest Conseil et Charles Comte sur une épidémie de typhus exanthématique qui sévit dans Tunis. L’équipe démontre en 1909 que l’agent vecteur de la maladie est le pou. En effet, les médecins notent qu’à l’hôpital Sadiki, le personnel ne contracte jamais le typhus, à part celui qui reçoit les malades et change leurs vêtements (le règlement de cette institution imposait aux malades de ne porter que les habits de l’hôpital). L’hôpital Sadiki, ancienne caserne, avait un bain maure. Le malade y était rasé et débarrassé de ses poux ; il n’était plus contagieux. À partir de cette constatation, l’équipe conclut que des actes simples d’hygiène et la suppression du parasite suffisent à assurer la prophylaxie du fléau et sauver des vies. Nicolle reçoit le prix Nobel de physiologie ou médecine en 1928 « pour ses travaux sur le typhus1 », et est élu membre de l’Académie des sciences en 1929.

Il a cette phrase prophétique concernant l’apparition de nouvelles maladies :
« Il y aura donc des maladies nouvelles. C’est un fait fatal. Un autre fait, aussi fatal, est que nous ne saurons jamais les dépister dès leur origine. Lorsque nous aurons notion de ces maladies, elles seront déjà toutes formées, adultes pourrait-on dire. Elles apparaîtront comme Athéna parut, sortant toute armée du cerveau de Zeus. Comment les reconnaîtrons-nous, ces maladies nouvelles, comment soupçonnerions-nous leur existence avant qu’elles n’aient revêtu leurs costumes de symptômes ? Il faut bien se résigner à l’ignorance des premiers cas évidents. Ils seront méconnus, confondus avec des maladies déjà existantes et ce n’est qu’après une longue période de tâtonnements que l’on dégagera le nouveau type pathologique du tableau des affections déjà classées. »
Charles Nicolle est resté très attaché à sa Normandie natale, mais il a aussi beaucoup aimé la Tunisie, qui l’a adopté.
Il est enterré à l’Institut Pasteur de Tunis. Sur sa tombe, on peut voir deux rameaux entrelacés, pommier et olivier, symboles de la Normandie et de la Tunisie. L’ancien hôpital civil français de Tunis porte son nom depuis 1946. En 1953, l’Hôpital général de Rouen décide également, en reconnaissance de ses travaux, de prendre son nom.

Distinctions

Prix Nobel de physiologie ou médecine (1928)
Membre de l’Académie des sciences (1929)
171209 Commandeur de la Légion d’honneur (1931)2

Œuvres

En plus de nombreux articles scientifiques, Charles Nicolle a écrit tout au long de sa vie des ouvrages de fiction et de philosophie.
Œuvre littéraire
La Chronique de Maitre Guillaume Heurtebise (signé C.A***) Imprimerie Lecerf Fils, Rouen, 1903.
Le Pâtissier de Bellone, Calmann-Lévy, Paris 1913
Les Feuilles de la sagittaire, Calmann-Lévy, Paris 1920.
La Narquoise, Calmann-Lévy, Paris, 1922.
Les Menus Plaisirs de l’ennui, Rieder, Paris 1924.
Marmouse et ses hôtes, Rieder, Paris, 1927.
Les Deux Larrons, Calmann-Lévy, 1929.
Œuvre de philosophie biologique et médicale
Naissance, vie et mort des maladies infectieuses, Félix Alcan, Paris, 1930.
Biologie de l’invention, Félix Alcan, Paris, 1932.
La Nature, Félix Alcan, Paris, 1934.
Leçons au Collège de France
Introduction à la carrière de la médecine expérimentales, Félix Alcan, Paris, 1932.
Destin des maladies infectieuses, Félix Alcan, Paris, 1933.
L’Expérimentation en médecine, Félix Alcan, Paris, 1934.
Responsabilités de la médecine (1 et 2), Félix Alcan, Paris 1935 et 1936.

Rues portant son nom

Béziers : rue Charles Nicolle (ZI du Capiscol).
Savigny-le-Temple : Allée Charles Nicolle (Quartier des Sciences et Techniques)

Notes et références

↑ a et b (en) « for his work on typhus » in Personnel de rédaction, « The Nobel Prize in Physiology or Medicine 1928 [archive] », Fondation Nobel, 2010. Consulté le 25 novembre 2010

30 ans de loyaux services en Tunisie
article de Maurice Ricord, tiré du « Journal des débats politiques et littéraires
du 1943/05/17 (Numéro 1028) 

 

 

 

 

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Pour citer également un grand homme : Georges Duhamel 
qui termine sur ces paroles bien significatives : 

Il avait conclu dans cet article :
« La mort de Charles Nicolle est un deuil pour le monde entier
Elle est pour moi un immense chagrin de coeur.
Je me propose de travailler à la gloire de ce grand savant français.
Nous y avons travaillé aujourd’hui en parlant de lui »

tout à fait légitime que nous évoquions également ….

Biographie de Georges Duhamel (1884-1966)

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Georges Duhamel naît en juin 1884 à Paris dans une famille nombreuse et modeste. Son père, qui servira plus tard de modèle à « Ram » Pasquier, est un pharmacien fantasque et instable, qui entraîne sa femme et ses enfants dans des déménagements incessants. Georges n’en fait pas moins une brillante scolarité. Tiraillé entre deux vocations – scientifique et littéraire -, il choisit de n’en sacrifier aucune. Tout en poursuivant des études de médecine, il fonde avec son ami et beau-frère Charles Vildrac le groupe de l’Abbaye de Créteil, un phalanstère d’artistes (écrivains, musiciens, peintres.) vivant de travaux d’imprimerie.

Ses études achevées, Duhamel entre dans l’industrie pharmaceutique tout en publiant de la poésie et des pièces de théâtre et en débutant comme critique littéraire au Mercure de France. Durant la Première Guerre mondiale, il s’engage comme chirurgien militaire, une expérience traumatisante dont il fera la matière de deux recueils de nouvelles, Vie des martyrs et surtout Civilisation, qui lui vaut le prix Goncourt 1918 et une notoriété immédiate.

Il se consacre désormais entièrement à l’écriture et à une défense d’un humanisme moderne marqué par la dénonciation des impasses et des excès de la civilisation technique. De son oeuvre, protéiforme, qui mêle poésie, théâtre, essais, récits de voyages, etc., se détachent deux cycles romanesques, Vie et aventures de Salavin (5 volumes, 1920-32) et surtout Chronique des Pasquier* (10 volumes, 1933-45), à la fois fresque familiale et mémoires imaginaires, entreprise au moment où ses amis Roger Martin du Gard et Jules Romains écrivent respectivement Les Thibault et Les Hommes de bonne volonté. Époux de la comédienne Blanche Albane, Duhamel fréquente le théâtre de l’Odéon puis le Vieux-Colombier de Jacques Copeau, croise Picasso ou Gide, se lie au peintre Vlaminck. C’est désormais un intellectuel reconnu et écouté, qui a sa chronique dans le Figaro.

En 1935, il prend la direction du Mercure de France, en 1936, il est élu à l’Académie française, l’année suivante à l’Académie de médecine, avant d’être nommé président de l’Alliance française, tâche qui l’entraîne dans de nombreux voyages en France et à l’étranger. Ardent pacifiste, partisan du rapprochement franco-allemand, Duhamel ne tarde pas, face à la montée de l’hitlérisme, à revoir ses positions et à dénoncer les accords de Munich. Durant l’Occupation, son oeuvre est interdite par les nazis.

Nommé secrétaire perpétuel de l’Académie française (1942-46), il tient tête à la frange collaborationniste des « Immortels ». Cette position courageuse lui vaudra l’hommage public du Général de Gaulle. Après la guerre, Duhamel connaît « une vieillesse de grand prêtre de la langue française », comme l’écrivait Maurice Druon dans son hommage à son prédécesseur, lors de sa réception à l’Académie française. « Pour les générations cadettes, il s’était un peu confondu avec les apparences de ce glorieux sacerdoce. » Il s’efface peu à peu. Georges Duhamel meurt le 13 avril 1966.

À son fils Antoine, on doit les bandes originales de Pierrot le fou de Jean-Luc Godard, de Baisers volés de François Truffaut, ou plus récemment, de Ridicule de Patrice Lecomte.

sources 
article Gallica Bnf
textes et images : wikipedia et http://www.alalettre.com/duhamel-bio.php

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La Tunisie au gré des conflits

 

 

5 mars 2013

L’Opération Châtiment

Classé sous — milguerres @ 21 h 32 min

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 Chronologie de la Seconde Guerre mondiale

L’Opération Châtiment (Unternehmen Strafgericht)

voir également : Pierre II de Yousgoslavie renverse les nazis

 L'Opération Châtiment  chatim10

 

 

 

L’Opération Châtiment (en allemand, Unternehmen Strafgericht) désigne le bombardement de Belgrade par surprise et sans déclaration de guerre par les bombardiers de la Luftflotte (flotte aérienne) N°4 du général Alexander Lohr de la Luftwaffe le dimanche 6 avril 1941, pendant la Seconde Guerre mondiale. Ce fut le déclenchement de l’invasion de la Yougoslavie.
Le 27 mars 1941 éclatait à Belgrade une émeute anti-allemande qui aboutit à la déposition du régent, le prince Paul, dont le premier ministre venait de signer le pacte de Vienne faisant entrer le Royaume de Yougoslavie dans l’Axe Rome-Berlin-Tōkyō.

La réponse militaire allemande ne se fit pas attendre : le dimanche 6 avril1941 (dimanche des Rameaux), sans aucun préavis, les bombardiers de la Luftflotte N°4 déclenchent une attaque surprise sur Belgrade (opération « Strafgericht » ou « Châtiment ») combinée à l’invasion du pays.

Une première vague lâche ses bombes à partir de 7h du matin. Les canons antiaériens, ainsi que les quelques chasseurs yougoslaves qui parviennent à prendre l’air, sont rapidement réduits au silence. La clarté de l’atmosphère permet aux aviateurs allemands d’atteindre leurs objectifs de manière très précise (sièges des principales administrations, palais royal, etc.). De nombreuses bombes tombent en plein dans le centre-ville où se tient le marché hebdomadaire qui attire les populations paysannes des environs. Les populations civiles sont donc les premières victimes de cette attaque inopinée. En plein cœur de la ville, une bombe atteint l’église de l’Assomption ainsi qu’un abri situé dans le voisinage immédiat et où toute une noce s’était réfugiée avec la mariée, le marié, le prêtre…, en tout deux cent personnes qui trouvent toutes la mort. Des incendies se déclarent et sont attisés par le vent d’est qui se met à souffler. Le système d’adduction d’eau étant détruit, les pompiers ne parviennent pas à circonscrire les foyers d’incendie.

Jean Blairy dans son ouvrage « Crépuscule danubien » fait un tableau saisissant des destructions subies par la capitale yougoslave à la suite de la première vague de bombardements :
« Au bout d’un quart d’heure, la grande place Terazié, la Kralja Milana ulitza, la Knez Mihailova ulitza, artères principales de Belgrade, n’étaient que des champs de mort. Les abords de la gare étaient réduits en poudre. Dans le Milocha Velikog, tous les ministères flambaient. Un peu partout, des formes humaines gisaient sur la chaussée parsemée d’entonnoirs et où pendaient les fils des trolleys. Des blessés se traînaient contre les murs. D’autres cherchaient dans les portes un illusoire abri pour mourir. Les tramways, saisis en pleine course, n’étaient plus que des carcasses déchiquetées sur lesquelles l’éternelle réclame d’un dentifrice se lisait encore, comme le témoignage d’une époque qui mourait seconde par seconde »…
Ce premier bombardement s’arrête à 9 h 30. »

Aussitôt, les populations quittent les abris et refluent vers les faubourgs. Mais, pour comble de malheur, à 11 h 00, une seconde attaque, plus violente encore que la première, vise précisément ces faubourgs.
« L’anarchie de la ville fut à son comble, écrit Vladimir Dedijer, les romanichels des faubourgs refluèrent vers le centre pour piller les magasins. Ils ressortaient chargés de fourrures, de victuailles, même d’instruments médicaux. Une bombe atteignit le jardin zoologique, les fauves se dispersèrent dans la ville. Parmi les images d’horreur qu’offrit cette journée, les habitants de Belgrade se souviennent encore de cet ours polaire qui descendait vers la Save, grognant lamentablement. »
Les vagues se succèdent tout au long de l’après-midi du 7 avril puis les 8 et 9 avril.
Au cours de ces raids, des monuments importants sont irrémédiablement détruits. Une bombe incendiaire tombe sur le toit de la Bibliothèque Nationale et met le feu à tout le bâtiment. D’inestimables manuscrits médiévaux ainsi que des exemplaires uniques de publications rares, indispensables pour l’étude de la littérature serbe, disparaissent en fumée. « Le gouvernement de Simovic n’avait rien fait pour mettre ces trésors en lieu sûr » note à ce propos Vladimir Dedijer.
D’autres vagues de bombardiers sont dirigées sur les aérodromes et centres militaires importants. Les villes de Nis, Kragujevac et Sarajevo sont touchées. De leur côté, les Italiens s’attaquent à Cetinje, Kotor, Mostar, Split et Dubrovnik.
L’armée de l’air yougoslave, en grande partie détruite au sol, est incapable de s’opposer à ce déferlement d’avions ennemis. Dès la première attaque sur Belgrade, le général Simović et le gouvernement se replient sur Ujice puis sur Sarajevo et, après le bombardement de cette ville, sur le Monténégro où le cabinet s’installe au Palace Hôtel de Vzice. Les liaisons entre l’état-major général et les différentes composantes de l’armée sont complètement désorganisées.
La fuite du gouvernement et l’attitude des responsables militaires sont sévèrement jugées par Dedijer :
« A peine les premières bombes commençaient-elles à tomber (sur Belgrade), que les membres du cabinet, sautant dans leurs autos, fuyaient à toute allure la ville en flammes. Le gouvernement ne s’arrêta pas en route pour examiner la situation ou prendre une décision. Le haut commandement lui-même était paralysé : il n’y avait plus de centre d’où coordonner la défense. »

Bilan
Un peu comme en France au moment de l’offensive éclair des forces allemandes en mai-juin 1940, la Yougoslavie connaît un véritable vent de panique dont les forces d’invasion sauront profiter.
Le 17 avril, l’armée yougoslave est défaite et capitule. Le régent Paul trouve refuge à Londres.
Yougoslavie
Les bombardements font 17 000 morts environ, presque exclusivement des civils.
Allemagne
Les pertes sont insignifiantes.

source wikipedia

voir également : Pierre II de Yousgoslavie renverse les nazis

 

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 Chronologie de la Seconde Guerre mondiale

 

 

3 mars 2013

Les sections d’éclaireurs de montagne en Tunisie

Classé sous — milguerres @ 13 h 58 min

 

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La Tunisie au gré des conflits

Une histoire : Bizerte et la France

 

Les sections d’éclaireurs de montagne en Tunisie

par André SOUYRIS-ROLLAND ; extrait du Carnet n° 95

 

 

 

Parler de sections d’éclaireurs de montagne en Tunisie dans un dossier consacré aux troupes de montagne peut paraître incongru si l’on tient compte des caractéristiques des troupes alpines et pyrénéennes, et pourtant… quoi de plus normal si l’on se réfère à l’histoire militaire de notre pays.

Après la guerre de 1870… bien que nos yeux restent fixés sur la ligne bleue des Vosges… la France, en 1881, place la Tunisie sous son protectorat par le traité du Bardo (12 mai 1881). Les Italiens, qui ont près de dix mille colons dans ce pays et ont espéré en faire une colonie, en sont très irrités.

Aussi, un an après, dès le 20 mai 1882, Rome fait alliance avec l’Allemagne(notre ennemi héréditaire) et l’Autriche (son ennemi héréditaire) qui devient l’alliance connue sous le nom de la Triplice.
Cette alliance est d’autant plus inquiétante pour nous que depuis quinze années (1872) les Italiens se sont dotés d’une troupe d’élite spécialisée dans le combat en montagne : les Alpini.
D’où la création, en 1888, de nos premiers bataillons de chasseurs alpins bientôt suivie de celle de régiments d’artillerie de montagne et de régiments d’infanterie alpine.
Ainsi donc, l’organisation française des troupes de montagne peut être considérée comme une conséquence de l’établissement du protectorat tunisien.

Les circonstances
La création de ces unités de montagne, en 1947, revient au général Duval, commandant supérieur des troupes de Tunisie (C.S.T.T.) 
Le général a commandé récemment la division de Constantine et a eu à faire face au soulèvement insurrectionnel de Sétif, en 1945, dès la fin de la Deuxième Guerre mondiale.
Il a constaté que ce mouvement subversif a éclaté principalement dans les zones montagneuses et démunies de troupes.
Ce sont, d’ailleurs, les postes forestiers et les fermes isolées de colons qui en ont été les cibles et leurs habitants les principales victimes.
Avec son énergie coutumière, le général s’est rendu sur place, a rameuté ses quelques troupes et s’est livré à des manœuvres de déplacement permanent pour remplir le vide et, quelquefois même, à des opérations de représailles rapides et violentes.

Le calme est revenu.
Dès sa prise de fonction en Tunisie il constate qu’il se trouve dans des conditions identiques à celles du Constantinois :
o des troupes peu nombreuses,
o des zones montagneuses dont les plus élevées sont situées sur la frontière algéro-tunisienne, au nord et au centre,
o dans lesquelles se trouvent de nombreuses maisons forestières (une trentaine en Kroumirie et dans les monts de la Medjerdah) des postes douaniers et des fermes de colons très isolés,
o un parti nationaliste agressif : le Néo-Destour dont le chef : Bourguiba, bien que sous contrôle, réside en Tunisie.

Sa première idée directive devient, dès lors :
o faire sortir et circuler au maximum ses troupes de façon à les montrer le plus loin et le plus souvent possible (d’où des manœuvres dans toutes les subdivisions).
Mais la guerre est finie et les crédits militaires sont réduits ou réservés en priorité à l’Indochine, à Madagascar, etc..
D’où une deuxième idée :
o implanter dans les zones montagneuses isolées de petits détachements dont les frais de déplacements seront peu coûteux.

L’occasion (octobre 1946)
Le général, commandant supérieur des troupes de Tunisie dispose outre son poste de commandement et son logement de fonction au Dar Hussein, dans la vieille ville de Tunis, de deux résidences plus modestes.
L’une, est  » celle de la mer « , construite par le général de Lattre de Tassigny en 1941 à Salambo, en bordure des anciens ports de Carthage.
L’autre,  » celle de la forêt « , est construite sur un piton au-dessus du camp d’Aïn Draham qui sert de centre d’instruction aux recrues du bataillon de Tabarka.
En octobre 1946, lors du séjour à Aïn Draham, le général Duval questionne sur ses activités le lieutenant A. Souyris-Rolland, commandant provisoirement l’unité.
Celui-ci lui fait part des sorties effectuées dans le massif de Kroumirie tout en regrettant le style purement militaire de ces marches qui correspondent au programme d’instruction des contingents d’appelés.
ouhaite pouvoir disposer d’une unité d’anciens et d’engagés pour effectuer des reconnaissances dans ce massif montagneux peu perméable. En effet, les seules routes carrossables sont limitées aux pistes forestières liées à l’exploitation des zones de chêne-liège.
Or, le Caidat d’Aïn Draham regroupe une quinzaine de tribus relativement isolées qui vivent de petit élevage, d’une agriculture sommaire et d’une sorte de contrebande avec l’Algérie.
De retour à Tunis, le général prescrit au colonel du régiment de former à Aïn Draham une  » section de reconnaissance  » chargée de sillonner la région frontalière.
L’appellation de  » section kroumirienne d’éclaireur de montagne  » est rapidement adoptée, ce qui donne l’abréviation S.K.E.M. Et la S.K.E.M. devient rapidement une unité connue du fait de l’intérêt que lui porte le général Duval.

La S.K.E.M., unité expérimentale
Deux mois après, le 1er janvier 1947, la S.K.E.M. est dotée d’un tableau d’effectif et d’équipement de type unité de montagne.
Un échelon composé d’une douzaine de mulets et de deux chevaux de selle lui permet une autonomie d’action dans sa zone d’implantation.
En dehors de son groupe de commandement (doté en sus, d’un mortier de 60 et d’une mitrailleuse de 7,6) les trois groupes de combat sont structurés en deux patrouilles de six éclaireurs.
Chaque patrouille de six hommes, commandée par un caporal-chef, comprend donc cinq éclaireurs et dispose d’un mulet d’allégement.
Chaque éclaireur reçoit un entraînement aux appareils de liaison et transmission et des notions d’hippologie, d’alimentation de survie et, pour les plus doués, une formation d’orienteur et de topographe.
Ainsi la patrouille devient l’unité de base dotée de son poste radio et de son mulet. Le caporal-chef, qui est chef de patrouille, dispose d’une équipe de deux éclaireurs, signaleur, orienteur et topographe qui marche en reconnaissance et d’une deuxième équipe composée d’un conducteur muletier, d’un éclaireur chargé du matériel et cuisinier et d’un transmetteur, qui constitue son appui.
Bien entendu, les fonctions sont interchangeables dans chaque équipe.
Cette organisation, rodée au cours de plusieurs opérations d’une durée variant de cinq à quinze jours, est déclarée satisfaisante.

La S.K.E.M., unité d’instruction
Le général Duval décide, alors, de créer une  » section d’éclaireurs de montagne  » dans les trois unités d’infanterie de Tunisie :
o au 1er bataillon d’infanterie légère d’Afrique (1er B.I.L.A. de Médenine),
o au 1er bataillon du 1er régiment étranger d’infanterie (1/1er R.E.I. au Kef.),
o au 4e régiment de tirailleurs tunisiens (4e R.T.T. à Sousse).
Il prescrit, aussi, que ces sections seront mises sur pied après un stage d’entraînement et de formation auprès de la S.K.E.M. à Aïn Draham.
C’est ainsi qu’au cours de l’année 1947 quatre sections d’éclaireurs de montagne (type Tunisie) sont formées.
Cette année 1947 peut être considérée comme une période d’expérimentation tant au niveau des dotations en personnel, armement, équipements divers, que sur le plan instruction de base de l’éclaireur, de la patrouille, du groupe et de la section.
Les enseignements font apparaître qu’une S.E.M. peut :
o être autonome dans sa zone d’action grâce à son échelon muletier,
o se déplacer rapidement dans une autre zone, pour combiner son action avec d’autres S.E.M., si elle dispose d’un échelon autocomposé : d’une jeep, de 5 Dodge 6×6 avec remorques pour son personnel et son matériel, de 2 GMC de 2,5 t avec remorques pour son échelon muletier (une rampe d’accès démontable est prévue à cet effet).

La S.K.E.M. dans l’Aurès
En outre, le général veut vérifier les possibilités de déplacement et d’adaptation dans une zone nouvelle. Après entente avec son voisin de la division de Constantine, il met en état d’alerte la S.K.E.M. et lui prescrit d’aller se mettre à la disposition du commandant de la subdivision de Batna pour recevoir une mission dans la massif de l’Aurès.
En juin 1947, la S.K.E.M. motorisée quitte sa montagne de Kroumirie (1 000 m) pour se rendre dans le grand massif montagneux de l’Algérie méridionale au pied du Djebel Chélia culminant à 2328 mètres.
Durant six semaines, les six patrouilles de la S.K.E.M. arpentent les deux vallées de l’Oued Abid et l’Oued Abiob, tout en reconnaissant les pistes forestières et de montagne et en mettant à jour la carte d’état-major. Elles prennent contact avec les montagnards berbères qui n’ont pas vu de troupe depuis une dizaine d’années environ.
Cette opération se termine par le défilé du 14 Juillet à Batna avec le 3e régiment de chasseurs d’Afrique, son unité support du moment.

L’implantation des S.E.M. (fin 1947)
A la fin de 1947, les quatre S.E.M. de Tunisie sont réparties dans la zone occidentale la plus escarpée des massifs montagneux deTunisie.
Du nord au sud, on trouve :
o la S.K.E.M. des zouaves à Aïn Draham, dans le massif de Kroumirie ;
o la S.E.M. des légionnaires au Kef, dans le massif de la Medjerdah ;
o la S.E.M. des joyeux à proximité de Maktar (Ras et Mâ) dans la Grande Dorsale ;
o la S.E.M. des tirailleurs à Hadjeb El Aïoun à proximité du Djebel Chambi (1 500 m).

Un stage d’entraînement (juin 1948)
L’équipement et l’instruction étant mis au point dans chaque S.E.M., le commandement supérieur des troupes de Tunisie décide d’organiser une période d’instruction commune.
Ce stage d’entraînement est placé sous la direction du lieutenant-colonel Le Gouvello de la 21e brigade d’intervention. Il se déroule dans la Dorsale tunisienne dans la zone du Djebel Bargou durant un mois, du 18 mai au 19 juin 1948.
Le thème choisi, qui se développe tout au long des quatre semaines, passe en revue toutes les situations du combat en montagne.
Les S.E.M. agissent tantôt isolément, tantôt regroupées, soit par deux, soit les quatre ensemble, sous le commandement du chef de section le plus ancien. Et pour aider à la vraisemblance, des unités de la légion et des tirailleurs servent de plastron.
Certaines phases reproduisent même les combats qui ont eu lieu en 1943 aux mêmes endroits durant la campagne de Tunisie, cinq ans plus tôt. Car la prise, la perte et la reprise de certains cols ou observatoires sont inévitablement imposées par la disposition des compartiments du terrain.
Et le général Duval, qui tient à faire approuver l’existence de ses unités de montagne, obtient du 3e bureau de l’état-major de l’armée qu’un observateur, le colonel Craplet, spécialiste des troupes de montagne, suive le déroulement de ce stage d’entraînement.

L’emploi des S.E.M. de 1948 à 1950
Comme prévu les S.E.M. de Tunisie, durant les trois années de 1948 à 1950, s’emploient à :
o sillonner leurs zones d’affectation tout en combinant leur entraînement militaire et une politique de présence dans les tribus montagnardes du nord et du centre de la Tunisie.
Elles reçoivent aussi, chaque année, une mission originale qui est le contrôle de la transhumance des tribus du sud qui vont passer l’été dans les territoires du nord.
Ce mouvement annuel, appelé la Chaaba, provoque le déplacement de plusieurs centaines de milliers de personnes et d’animaux à l’intérieur de la Tunisie. Ces déplacements s’effectuent suivant des axes traditionnels que suivent les tribus et fractions de tribus. Leurs terrains de pâturage sont aussi les mêmes car il y a des accords ancestraux entre les tribus du sud et celles du nord (y compris avec les colons européens).
Le paiement s’effectue en têtes de moutons…
Les gens du sud peuvent ainsi sauvegarder leurs troupeaux durant la période de sécheresse intense et récolter du grain pour l’hiver car leurs femmes ont le droit de glanage sur les terres à blé moissonnées.
La traversée de la Grande Dorsale s’effectue par des itinéraires jalonnés par des points d’eau et quelques dépôts de fourrage que l’administration a aménagés pour porter assistance aux troupeaux et aux nomades en détresse.
La présence des patrouilles des S.E.M. sert à régulariser les caravanes des tribus, a leur apporter des secours médicaux (un médecin avec pharmacie est adjoint à chaque section) et à rassurer les sédentaires qui voient souvent avec appréhension l’arrivée de ces colonnes affamées.
Inutile d’ajouter qu’aux reconnaissances des pistes les patrouilles d’éclaireurs ajoutent la connaissance des tribus et fractions de tribus, qu’ils retrouvent, chaque année, lors de leur traversée de la Dorsale, à des points de passage obligés.

La dissolution des S.E.M. (1er mars 1951)
Cette connaissance des tribus et des hommes à laquelle s’ajoute celle des massifs montagneux frontaliers constitue un atout important pour les troupes de Tunisie.
Et l’on peut considérer que le général, commandant supérieur des troupes de Tunisie, dispose dans les S.E.M. d’un outil de reconnaissance et de combat dans les zones les plus difficiles du pays.
Mais, le général Duval est appelé, en 1950, au comman-dement supérieur des troupes du Maroc par le maréchal Juin alors résident général à Rabat.
Son successeur, le général Molle, se trouve en butte aux prélèvements que lui imposent les renforts pour le corps expéditionnaire d’Extrême-Orient. Un bataillon de marche est constitué au 4e régiment de tirailleurs tunisiens, tandis que les officiers et sous-officiers des autres corps suivent le plan de relève qui pertube la vie des unités.
Et le 30 octobre 1950 le général pose au nouveau colonel commandant l’infanterie la question : Y a-t-il lieu de maintenir les quatre S.E.M. ?
Le 25 novembre, le colonel de Widerspach-Thor répond que  » pour des raisons d’effectifs et surtout d’encadrement, les chefs de corps ont été amenés progressivement à réduire leurs S.E.M… certains l’ont même supprimée (4e R.T.T.) « .
En conséquence, le colonel émet un avis défavorable à la poursuite de l’expérience des S.E.M. :
o d’une part, parce que de telles unités ne peuvent se concevoir que si  » elles sont richement encadrées « … ce qu’il n’est pas possible de faire actuellement…
o d’autre part, l’utilité de telles unités ne paraît pas évidente car toute unité d’infanterie… doit être à même d’opérer dans les Djebels tunisiens sans pour cela avoir été spécialisée à cet effet…
Devant une telle prise de position, reposant d’ailleurs sur l’opinion des chefs de corps, le général Molle prend le 8 février 1951 la décision de dissoudre les sections d’éclaireurs de montagne, dès le mois suivant.
Créées en novembre 1947, organisées définitivement en mai 1948, ces quatre unités de montagne sont supprimées le 1er mars 1951, après trois années d’existence.

Si l’on se réfère aux arguments qui ont amené cette dissolution on peut constater que :
Le premier paraît étonnant car il ne s’agit que de deux cent vingt hommes encadrés par quatre lieutenants, et vingt sous-officiers.
Quand au second, il montre surtout que le commandement n’a plus la compréhension du rôle spécifique de telles unités : qui joignent à la mobilité, la connaissance profonde de deux secteurs d’action et apportent une présence quasi permanente dans des zones peu peuplées mais pouvant servir de lieux de refuge et de base à des groupes subversifs.
C’est d’ailleurs ce qui arrive quelques mois plus tard.
En effet, les fellagas tunisiens font leur apparition principalement dans le centre montagneux de la Tunisie.
Et leurs zones de recueil se situent dans les secteurs des anciennes sections d’éclaireurs de montagne (à l’exception de la frontière du nord que tient la légion) : principalement le Djebel Chambi, la région du Maktar et du Djebel Serdj.
Et, chaque, année, les transhumants servent au transport clandestin des armes et des explosifs du sud (Libye) vers le nord de la Tunisie.
Et c’est par les zones frontalières tunisiennes que l’insurrection algérienne est préparée et approvisionnée.
Mais, il n’y a plus d’outil de lutte adapté à des activités de reconnaissance et de contre-guérilla.

BIBLIOGRAPHIE
- Archives du S.H.A.T. – Sous série Tunisie : 2H168;
-  » Le Mouvement Fellaga en Tunisie  » par l’auteur (Revue Défense Nationale, oct. 1957);
-  » La Transhumance en Tunisie  » par l’auteur (Bulletin Réalités Tunisiennes, mai 1956);
- L’Histoire Traditionnelle des tribus de Kroumirie par l’auteur (Institut des Belles Lettres Arabes, Tunis, 1950) ;
- Archives personnelles.

INSIGNES

Dès la création des S.E.M., les éclaireurs de montagne se distinguèrent par un insigne en tissu cousu sur le haut du bras gauche et composé d’une étoile verte sur fond noir. La S.K.E.M. portait en surcharge un K brodé en fil jaune.

Par la suite, à la fin de 1948, un insigne métallique fut fabriqué par Drago. Cet insigne, qui n’est pas homologué, est constitué par une étoile émaillée de vert avec une bordure dorée. Celle-ci porte, au centre, l’arc de triomphe de Sbeitla, symbole des troupes de Tunisie avec, dans les cinq pointes de l’étoile, les lettres : S.E.M. CSTT. Cet insigne n’a eu qu’une durée limitée aux années 1949-1950 (l’effectif total des quatre S.E.M. était de deux cent quarante officiers et troupe).

 Les sections d'éclaireurs de montagne en Tunisie duval10
Général DUVAL
Naissance 19 septembre 1894
Montpellier, France
Décès 22 août 1955 (à 60 ans)
Kasba Tadla, Maroc
Origine France
Allégeance Armée française – FFL
Grade Général d’armée (1954)
Années de service 1914 – 1955
Conflits
Première Guerre mondiale
Guerre civile russe
Seconde Guerre mondiale
Commandement
159éme RIA (Octobre 1942),
infanterie divisionnaire de la 3éme DIA (Mai 1944),
division de Constantine (Mars 1945),
commandant supérieur des troupes de Tunisie (1945-1949),
commandant supérieur des troupes du Maroc (1949-1955)
Faits d’armes Bataille des frontières (Septembre 1914)
Bataille de la Marne (Septembre 1914)
Bataille de Champagne
Bataille de Verdun
Bataille de la Somme (Novembre 1916)
campagne du haut-Atlas
Bataille de France (1940)
Débarquement en Italie
Libération de Sienne (Juillet 1944)
Débarquement en Provence (Août 1944)
Bataille des Vosges (Décembre 1944)
Distinctions Général d’Armée
Grand Croix de la Légion d’honneur

sources :

http://lasabretache.pagesperso-orange.fr/skem.htm

wikipedia

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La Tunisie au gré des conflits

Une histoire : Bizerte et la France

25 février 2013

Entrevue d’Hendaye

Classé sous — milguerres @ 22 h 12 min

 

 

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 Chronologie de la Seconde Guerre mondiale

 

Entrevue d’Hendaye

La rencontre ou entrevue d’Hendaye a lieu le 23 octobre 1940 entre Francisco Franco et Adolf Hitler, en présence de leurs ministres des Affaires Étrangères, Ramón Serrano Súñer (Espagne) et Joachim von Ribbentrop (Allemagne), à la gare de la commune française d’Hendaye près de la frontière hispano-française.

La rencontre porte sur l’éventualité d’une entrée en guerre de l’Espagne aux côtés des forces de l’Axe, et de ses contreparties éventuelles. Elle ne débouche sur rien.

On trouve deux explications différentes à l’échec des négociations. Selon plusieurs sources, Franco ne voulait pas s’allier avec Hitler, parce que l’Espagne était exsangue ou parce que conservatisme catholique rejetait le néopaganisme nazi, il a donc demandé des contreparties qu’il savait devoir être refusées1,2. Pour d’autres sources, Franco était prêt à entrer en guerre mais ses demandes furent jugées excessives3.

Les négociations préalables

Durant l’été 1940 et à l’initiative espagnole[réf. nécessaire], avaient été exposées par l’intermédiaire de contacts diplomatiques de haut niveau, les conditions d’une éventuelle participation espagnole à la guerre. Les demandes territoriales respectives des deux dictatures pour aborder les négociations étaient[réf. souhaitée] :

  • De la part d’Hitler, la cession d’une des Îles Canaries, une base navale à Mogador ou Agadir et, semble-t-il, l’île de Fernando Póo.
  • De la part de Franco, en plus de la colonie britannique de Gibraltar, Oran, le Maroc et la Guinée, qui faisaient partie de l’empire colonial français. De plus a été avancée la possibilité de prendre également le Roussillon français.

Ces positions paraissaient irréconciliables, car Hitler trouvait maladroit stratégiquement de dresser contre lui Pétain par le démembrement de l’empire français, ainsi que Mussoliniqui aurait pu voir, dans une Espagne excessivement favorisée lors des négociations, un obstacle pour ses propres ambitions méditerranéennes. D’autre part, la stratégie de Franco était d’obtenir le maximum de concessions en échange du minimum d’engagement dans la guerre voire de demander des concessions trop élevées pour pouvoir être acceptées. C’est dans le but d’augmenter la pression sur Franco, qu’Hitler organisa la rencontre au plus haut niveau dans la ville d’Hendaye4.

Rencontres diplomatiques parallèles

Le 22 octobre, la veille de la rencontre d’Hendaye, Hitler avait rencontré Pierre Laval à Montoire-sur-le-Loir. Sur le chemin de retour, Hitler fit escale à nouveau dans cette commune le 24 octobre, cette fois pour discuter avec le maréchal Pétain et établir les bases de la politique de collaboration : c’est la fameuse entrevue de Montoire.

La rencontre de Hendaye peut se rapprocher de l’entrevue de Bordighera lors de laquelle Franco rencontra Benito Mussolini à Bordighera (Italie) le 12 février 1941, même si dans ce cas l’intérêt de Mussolini pour la participation espagnole à la Seconde Guerre mondiale était plus faible.

Exposé de la rencontre

Á 15 h 20, le 23 octobre, arriva le train officiel “Erika” d’Hitler depuis la France. Franco, de son côté, arriva avec huit minutes de retard et quand il descendit du wagon, Hitler et von Ribbentrop l’attendaient au pied des marches. Franco portait un uniforme militaire, alors qu’Hitler était revêtu de l’uniforme du Parti. Le baron von Stohrer fit les présentations et ensuite, les deux chefs d’État passèrent en revue les troupes.

L’entrevue s’est déroulée dans la voiture-salon. Au moment de monter, on indiqua à l’ambassadeur d’Espagne à Berlin, Eugenio Espinosa de los Monteros, que ni lui ni von Stohrer ne participeraient à la réunion. Ainsi donc, assistèrent à la réunion, qui devait durer neuf heures, uniquement Franco, Hitler, von Ribbentrop, Serrano Suñer et comme interprètes, du côté allemand Gross et du côté espagnol le baron de las Torres5.

Adolf Hitler dressa un large tableau du Nouvel Ordre européen dans lequel l’Espagne aurait sa place, de telle sorte qu’il était indispensable qu’elle participe de manière active à la victoire de l’Axe. De plus il avança même une date précise: ses parachutistes étaient préparés pour sauter le 10 janvier 1941 sur Gibraltar, selon les plans de l’Opération Félix.

Ensuite, le Caudillo fit lui-aussi un large exposé. Il parla du Maroc et des approvisionnements, demandant si l’Allemagne était en état de fournir à l’Espagne 100 000 tonnes de blé. Les exigences de Franco irritèrent Hitler6. Franco émit une longue liste de demandes qu’il savait ne pas pouvoir être acceptées. Les motifs de Franco étaient de plusieurs ordres. Entre autres, l’Espagne sortait de la guerre civile et il fallait éviter de réveiller le conflit. Par ailleurs, l’Espagne était approvisionnée par le Canada et un engagement aux côtés de l’Allemagne y aurait mis un terme7.

Il est important de souligner deux des arguments de Franco:

  • Le Royaume-Uni n’était pas vaincu et s’il résistait avec tant de détermination, c’est parce qu’il espérait une intervention des États-Unis.
  • L’Espagne ne pouvait concéder à personne le droit de s’emparer de Gibraltar.

D’après Richard Bassett, Franco s’appuyait sur les conseils de Wilhelm Canaris, responsable de l’Abwehr, qui lui avait affirmé, en cachette d’Hitler, que l’Allemagne ne pouvait gagner la guerre8. C’est pour cette raison qu’il a émis des exigences pratiquement impossibles à satisfaire. Parmi celles-ci, les revendications territoriales qui heurtaient directement les intérêts de la France de Vichy, avec qui Hitler ne désirait pas envenimer les relations, mais également la fourniture de matériel militaire, et tout particulièrement aérien, dont Hitler ne pouvait se passer.

Issue

La longue liste de demandes de Franco fit que Hitler dira plus tard à Mussolini que « plutôt que de refaire l’entrevue, il préfèrerait qu’on lui arrache trois ou quatre dents »1.

D’après Kershaw, Hitler aurait marmonné en s’éloignant : « Il n’y a rien à tirer de ce type » tandis que Franco disait à Serrano : « Ces gens-là sont insupportables. Ils veulent que nous entrions dans la guerre sans rien nous donner en échange ». On trouve plusieurs commentaires plus injurieux. Ribbentrop critique ce « couard ingrat de Franco ». Et Hitler de dénoncer un « salaud de jésuite » et cet « orgueil espagnol mal placé »9.

La réunion, cependant, ne fut pas un échec absolu, et Hitler partit d’Hendaye avec une promesse espagnole d’entrer en guerre10, promesse obtenue après des pressions et des menaces voilées. Hitler insista auprès de Franco sur le fait qu’il « devait prendre une décision et qu’il ne pouvait rester éloigné des évènements, d’autant que les troupes se trouvaient déjà à la frontière des Pyrénées ». Après le rejet dans un premier temps par Serrano et Franco du premier protocole, le second protocole constitue un engagement ferme aux côtés de l’Axe, ce qu’a reconnu Serrano Suñer, tout en étant rédigé en termes vagues; il laissait à l’Espagne le choix de la date de son entrée dans le conflit. Le protocole secret espagnol fut probablement détruit après la guerre, et on pensait que le protocole allemand avait subi le même sort jusqu’à sa réapparition en 1960 à l’initiative du Département d’État des USA. Les négociations qui ont suivi, principalement celles avec Mussolini, qui, tout en ayant plus de liens idéologiques et culturels avec le Régime Franquiste, le voyait comme un concurrent potentiel, ainsi que l’évolution du cours de la guerre ont empêché l’engagement espagnol de se concrétiser.

Conséquences 

En conclusion, les deux chefs d’État n’arrivèrent pas à un accord, ce qui fait que l’Espagne n’est pas entrée officiellement en guerre. L’action la plus engagée aux côtés de l’Axe est intervenue en juin 1941, quand Serrano Suñer, confronté à des pressions internes de la part de factions pro-nazis en Espagne, proposa l’envoi d’une division de volontaires espagnols venue appuyer l’Allemagne lors de l’invasion de l’Union soviétique11. La spontanéité de l’engagement de ces soldats a été mise en doute. Probablement que cette spontanéité était réelle pour une majorité d’entre eux[réf. souhaitée], enflammés par les idéaux fascistes et les idées anti-soviétiques; mais quelques soldats professionnels ont fait partie de cette division (quand se présentait un officier volontaire, il arrivait souvent que toute son unité le suivait). L’armement et les uniformes ont été fournis en totalité par l’Allemagne. La division est connue sous le nom de División Azul et opéra principalement sur le front central et celui de Léningrad.

De même, il a existé une large tolérance, voire collaboration, pour les actions des agents de l’Axe, surtout allemands, en Espagne. Cette collaboration a permis aux britanniques d’effectuer l’Opération Mincemeat, connue grâce au roman et au film L’Homme qui n’a jamais existé pour pouvoir effectuer ledébarquement de Sicile avec une faible résistance allemande.

Interprétations

Les conséquences et les protocoles adoptés lors de la dite entrevue ont été diversement interprétés:

  • Certaines versions affirment que le Führer exerça des pressions pour que l’Espagne entre dans la Seconde Guerre mondiale, en raison de l’aide reçue durant la Guerre civile, mais que Franco argumenta que l’Espagne n’était pas en état d’affronter une nouvelle guerre.
  • D’autres sources soutiennent que Franco désirait entrer en guerre, à condition d’occuper les possessions françaises au Maroc, mais que Hitler refusa de payer ce prix pour ne pas porter atteinte à ses relations avec le régime de Vichy.
  • Il existe une autre version qui est une combinaison des deux précédentes: il y avait dans l’entourage de Franco deux attitudes, celle des phalangistes, qui voulaient entrer en guerre au côté des puissances fascistes, et celle des catholiques et des militaires, qui souhaitaient la neutralité. Cette seconde attitude a été exposée par écrit dans un rapport de l’homme de confiance de Franco, Luis Carrero Blanco. Devant cela, Franco se serait rallié au rapport de Carrero.

Références WIKIPEDIA 

  1. ↑ a et b (en) Britannica : International relations, European responses to Nazism : « To be sure, the Germans raised the prospect of an occupation of Gibraltar numerous times with Franco, but the latter always found an excuse to remain neutral. In fact, Franco knew that the Spanish were exhausted after their civil war and that Spain’s Atlantic islands would be lost to the British if it joined the Axis. A Catholic authoritarian, he was also contemptuous of the neo-pagan Fascists. After their last meeting, Hitler confessed that he would rather have his teeth pulled than go through another bout with Franco. »
  2. ↑ (en) Book review : Hitler Stopped by Franco, by Jane and Burt Boyar [archive], Conservative Monitor, recension de W.J. Rayment, août 2001
  3. ↑ (es) Franco y Hitler en Hendaya, las claves [archive], la aventura de la historia : « La historia de que su habilidad nos libró de la guerra es simplemente hagiográfica. La inmensa suerte de Franco y la de España fue que Hitler, agobiado por asuntos más perentorios, cambió de planes. »
  4. ↑ Javier Tusell, Historia de España en el siglo XX, vol.III, pp. 63-64, Ed. Taurus, Madrid, 1999
  5. ↑ Diario “Arriba”, 24 de octubre de 1940
  6. ↑ http://revista.libertaddigital.com/articulo.php/1275767998 [archive] César Vidal ¿Qué sucedió en la entrevista de Hendaya? ENIGMAS DE LA HISTORIA
  7. ↑ 14 septembre 1940 : l’un des trois jours où Hitler a perdu la guerre [archive], résumé d’une intervention de Henri Amouroux, canal académie
  8. ↑ (en) Richard Bassett, Hitler’s Spy Chief: The Wilhelm Canaris Mystery, Londres, Cassell, 2005 (ISBN 978-0-304-36718-4) (LCCN 2007540819) [lire en ligne [archive]], p. 200 :« Franco’s position at Hendaye was totally influenced by Canaris »
  9. ↑ Ian Kershaw, Hitler II : Némésis, p. 498
  10. ↑ Javier Tusell, Historia de España en el siglo XX, vol.III, p. 64, Ed. Taurus, Madrid, 1999
  11. ↑ Ibáñez Hernández, Rafael « Españoles en las trincheras: la División Azul », Payne y Contreras

23 février 2013

Les Aigles en bleu

Classé sous — milguerres @ 23 h 26 min

 

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Les Aigles en bleu

Un an avant l’entrée en guerre des États-Unis, de jeunes volontaires américains combattent aux côtés des Britanniques dans les squadrons de chasse de la Royal Air Force
L’origine des trois « squadrons des Aigles » de la Royal Air Force doit être recherchée dans le combat désespéré que livra la Grande-Bretagne dans son propre ciel en 1940 et auquel on donna par la suite le nom de « bataille d’Angleterre ».

 

Les Aigles en bleu aigle110
le Pilot Officer Chesley Peterson, qui commanda le Squadron 71, puis le 4th Fighter Group, photographié avec son Hurricane

La marche conquérante des troupes allemandes à travers l’Europe, qui avait entraîné le brusque effondrement d’une demi-douzaine de nations, dont la Pologne et la France, avait sidéré et traumatisé une partie des jeunes du monde libre, y compris, évidemment, ceux de l’Empire britannique. 
C’est en GrandeBretagne également que se rendaient les nombreux Français, Tchèques ou Polonais qui, souvent en bravant les plus graves dangers,réussissaient à quitter leur pays tombé sous la férule allemande.
Au cours de l’été 1940, un certain nombre de jeunes Américains, pilotes privés ou amateurs, cherchaient à gagner la Grande-Bretagne. Certains franchissaient simplement la frontière canadienne afin de s’engager dans la Royal Canadian Air Force, espérant se faire transférer plus tard en Angleterre; d’autres s’embarquaient directement à destination de l’Europe à bord de navires marchands, et ce en dépit de la menace que faisaient peser sur la navigation les sous-marins allemands, alors au faîte de leur puissance.
Arrivés en Grande-Bretagne, ces garçons se rendaient directement à l’ambassade des États-Unis à Londres pour demander l’autorisation de s’engager, en tant que sujets étrangers, dans l’armée britannique afin d’y servir en opérations.
Cependant, les États-Unis se tenant alors à l’écart du conflit européen et maintenant – du moins en paroles – une neutralité souvent démentie par les actes, ce genre d’autorisation était rarement accordée d’office; aussi, tandis que les rouages de la bureaucratie se mettaient lentement en branle, les jeunes Américains s’aperçurent qu’il existait des moyens détournés pour prendre du service dans les rangs de la RAF en tant que volontaires. 
Leur présence attira rapidement l’attention de l’Air Ministry, et, dès le printemps, la plupart d’entre eux avaient réussi à revêtir l’uniforme bleu de l’Air Force et étaient répartis dans les différents centres d’entraînement de la RAF pour y commencer leur stage opérationnel.

Les premiers volontaires

Alors que la majorité des jeunes Américains étaient intégrés dans les squadrons de bombardement, cinq volontaires furent jugés aptes à voler dans la chasse. Le premier à réussir son entraînement complet fut le Pilot Officer William M.L. Fiske, qui, dès la mi juillet, fut affecté au Squadron de chasse 601 « County of London » basé à Tangmere, bientôt suivi par les Pilot Officers V.C. Keogh, P.H. Leckrone et A. Mamedoff, qui, le 8 août, rejoignirent le Squadron 609 à Middle Wallop. Peu après, le Pilot Officer A.G. Donahue prenait son poste au Squadron 64; quant au Lieutenant J.K. Haviland, il fut affecté au 151 au mois de septembre.
C’est au cours des durs combats aériens qui se déroulèrent au-dessus de Tangmere le 16 août que Fiske reçut les blessures auxquelles il devait succomber le lendemain. C’était le premier des volontaires américains à mourir pour la Grande-Bretagne.

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un groupe de pilotes du Squadron 71, le premier squadron des Aigles, qui devint opérationnel en novembre 1940 – au retour d’une sortie au-dessus de la France, au début de 1941.

Vers la fin de la bataille d’Angleterre, dix-neuf citoyens américains avaient rejoint les squadrons de chasse britanniques. Les quatre premiers volontaires survivants avaient été engagés contre l’adversaire, tous aux commandes de Spitfire à l’exception de Haviland. Quatre jours avant sa mort, Fiske avait détruit un Junkers 88. Le 15 août, Keogh avait participé à la destruction d’un Dornier; le 25 du même mois, Tobin avait abattu un Messerschmitt Bf-110.
Comme la bataille tournait à l’avantage de la RAF et que de nouveaux squadrons de chasse étaient en formation afin d’étoffer les unités du Fighter Command, on décida en haut lieu de créer un squadron spécial qui réunirait les Américains, de plus en plus nombreux, qui passaient par les Operational Training Units (unités d’entraînement opérationnel). 
Le premier squadron de ce type fut formé le 19 septembre 1940 à Church Fenton sous la dénomination de Squadron 71; il était alors équipé d’appareils d’entraînement avancé Miles « Master » et de trois Brewster « Buffalo ». Un Squadron 71, composé de volontaires australiens, avait vu le jour dans le Royal Flying Corps au cours de la Première Guerre mondiale, mais il avait été dissous à la fin du conflit. 
Encore composé de volontaires – américains cette fois – l’embryon de squadron fut rejoint par les vétérans de la bataille d’Angleterre, sous le commandement du Squadron Leader Walter Myers Churchill, qui venait de l’Auxiliary Air Force et qui, durant les combats de l’été, se trouvait à la tête du Squadron 605 « County of Warwick ».

Les Aigles au combat

Bien qu’il fût au complet, avec pilotes et personnels au sol, dès la fin du mois d’octobre 1940, le premier squadron des Aigles ne participa pas aux combats de la bataille d’Angleterre, et seuls les cinq premiers volontaires américains purent porter, parmi leurs décorations, l’insigne si prisé de ces combats. Hélas, tous, sauf Haviland, devaient perdre la vie au cours de la guerre.
En novembre 1940, alors qu’il faisait mouvement sur Kirton-in-Lindsey en vue de devenir opérationnel, le Squadron 71 fut complété par un contingent de Hurricane 1. Au début de l’année suivante, il était prêt au combat et participa, avec le 11th Group, à des patrouilles offensives au-dessus de la Manche. 
La première opération eut lieu le 5 février, mais c’est seulement le 17 avril que les pilotes du 71 entrèrent véritablement dans la guerre. Ce jour-là, le Pilot Officer Daymond attaqua un Dornier Do-17, mais ne put obtenir de résultat positif.
Au mois de juin, le squadron « toucha » un nouveau commandant, le Squadron Leader Henry de Clifford Anthony Woodhouse, et fut transféré à North Weald, continuant ses vols au-dessus de la Manche dans les secteurs opérationnels portant les noms de code

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pilotes du Squadron 336, du 4th Fighter Group, devant le tableau de leurs victoires

« Rhubarbs » et « Roadsteads », avec les nouveaux Hurricane II. Le 21 juillet, le squadron remporta une première victoire en combat, grâce au Pilot Officer Dunn, qui détruisit un Messerschmitt Bf-109 au-dessus de Lille. Au mois d’août 1941, le Squadron 71 put enfin échanger ses Hurricane, alors complètement surclassés, contre des Spitfire II A et, le mois suivant, reçut des Spitfire V, avant d’être transféré à Martlesham Heath au mois de décembre.

La tentative de débarquement à Dieppe

Après une période de mauvais temps, le palmarès du squadron stagna à quinze appareils adverses en huit semaines, mais au printemps de 1942 on assista à une reprise des opérations, auxquelles participèrent les pilotes américains engagés avec le 2nd Group. Ceuxci avaient une fois de plus déménagé et rejoint la base de Debden, où ils restèrent jusqu’au mois d’août 1942, date à laquelle ils furent transférés à Gravesend, afin de participer à la couverture aérienne de la tentative de débarquement effectuée à Dieppe le 19 de ce même mois.
Le 14 mai 1941, un deuxième squadron des Aigles avait été formé à Kirton-in-Lindsey, sous le commandement du Squadron Leader Robin P.R. Powell; il était composé de nouveaux volontaires américains, qui volaient sur Hurricane. A la fin du mois de juillet, le Squadron 121 fut déclaré opérationnel. 
Il comprenait des Hurricane II B armés de douze mitrailleuses et fut engagé dans des patrouilles sur les côtes sud-est de l’Angleterre. Durant l’une de ces opérations, exécutée le 8 août, le Pilot Officer Edner et le Sergeant Mooney attaquèrent et endommagèrent un Junkers 88. Vers la fin de l’été, le 121, engagé plus au sud, détruisit son premier appareil (15 novembre 1941), lequel n’était malheureusement pas un avion allemand, mais un Blenheim de la RAF.

« Rhubarbs » et « Roadsteads »

A cette époque, le squadron fut doté de Spitfire VB armés de canons et fut transféré au mois de décembre à North Weald, où il fut engagé dans les secteurs « Rhubarbs » et « Roadsteads » au-dessus de la Manche. Dans la nuit du 11 au 12 février 1942, les cuirassés allemands Scharnhorst, Gneisenau et Prinz Eugen effectuèrent leur spectaculaire sortie de Brest pour gagner leurs bases du nord de l’Allemagne. 
Prise de court, l’aviation anglaise fut constamment dominée par la chasse allemande, et pas une bombe, pas une torpille n’atteignirent les bâtiments allemands. Le 121 fut l’un de ceux qui furent opposés à la couverture de chasse adverse; il affronta ainsi pour la première fois les nouveaux Focke-Wulf Fw-190A, si rapides qu’ils devaient baisser leurs volets et leur train pour attaquer les avions torpilleurs Swordfish.

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les pilotes Peterson et Daymond du Squadron 77 posent dans un Spitfire Mk-VB après avoir été décorés, en octobre 1941

C’est seulement un mois plus tard, le 22 mars, qu’un pilote américain réussit à engager un Focke-Wulf et à l’abattre au-dessus des côtes françaises. 
Durant les mois qui suivirent, les pilotes du 121 détruisirent une douzaine de ces appareils.
Le 29 juillet 1941, un troisième squadron des Aigles – le Squadron 133 – fut formé à Coltishall-inNorfolk, sous le commandement du Squadron Leader G.A. Brown, qui servait auparavant avec le 253.
eux mois suffirent pour rendre cette unité opérationnelle. Au mois d’octobre, elle fut équipée de Spitfire IIA et rejoignit le Squadron 121, qui patrouillait au-dessus de la côte est à partir de Duxford. Le 5 février 1942, lors d’une escorte de routine, il rencontra deux Dornier Do-217 de la Kampfgeschwader 2 « Holzhammer » (2e escadre de bombardement) il en détruisit un et endommagea l’autre.

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Un Hawker « Hurricane H Mkdu Squadron 71. Moins rapides que le BF-109E allemand, mais mieux armé, le Hurricane constitua l’élément de base de la chasse britannique dans les premières années de la guerre

Au mois de mai, le Squadron 133 fit mouvement sur Biggin Hill avec un nouveau commandant, E.H. Thomas, et continua ses patrouilles sur « Roadsteads » et « Rodeos »; le 4 juin, il participa à la couverture du raid de commando contre Boulogne. 
Au cours de la massive opération aérienne engagée pour soutenir la tentative de débarquement à Dieppe, le 19 août, les squadrons des Aigles effectuèrent près de cent cinquante sorties et déclarèrent avoir abattu neuf avions allemands (la destruction de six appareils seulement fut confirmée par la suite).
Parmi les pilotes engagés dans cette opération, il en est deux qui, vers la fin de la guerre, devaient figurer parmi les as du 4th Fighter Group américain : le Squadron Leader Chesley C. Peterson, commandant le Squadron 71, et le Flight Lieutenant Don M. Blakeslee, du Squadron 133. Un autre pilote se distingua ces jours-là, le Pilot Officer Don S. Gentile, qui abattit au-dessus de Dieppe un Focke-Wulf 190A et un Junkers Ju-88.

Passage dans l’US Air Force

Au mois d’août 1942 se situe l’apogée de l’action des squadrons des Aigles dans le cadre de la Royal Air Force. L’arrivée d’unités régulières de l’US Air Force sur le territoire de la Grande-Bretagne mettait ces squadrons dans une situation fausse. A la suite de
certaines protestations, il fut décidé en haut lieu de doter la centaine de pilotes volontaires d’un « statut opérationnel plus régulièrement défini », selon les termes des documents officiels.
Déjà les trois premiers groupes de chasse américains (21, 31 et 52) étaient arrivés en Angleterre. Le 31 avait même participé à l’opération contre Dieppe le 19 août, volant sur Spitfire. Les deux autres groupes, également équipés de Spitfire, avaient été embarqués sur un porteavions afin de participer au débarquement allié en Afrique du Nord. Un quatrième groupe de chasse, le 4th Fighter Group de la 8th US Air Force, avait été formé en incorporant les squadrons des Aigles.

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pilotes du Squadron 71 en conversation avec le Squadron Leader W. Taylor

Les Squadrons 71 et 121 furent réunis avec le 133 de Great Sampford et devinrent, respectivement, les Squadrons 334, 335 et 336 du 4th Fighter Group, basé à Debden. Beaucoup de pilotes regrettèrent de quitter l’uniforme bleu de la Royal Air Force, conscients d’avoir été les pionniers d’une tradition enviable et d’avoir gagné une réputation de « durs à cuire » parmi les pilotes du Fighter Command.
Mais les changements d’uniforme (pour les hommes) et de marquage (pour les appareils) n’eurent qu’une importance minime, du moins durant les six premiers mois, car les Aigles – l’appellation avait été officiellement reprise par l’US Air Force – devaient encore jouer un rôle important. En effet, lors de l’arrivée en Grande-Bretagne du Republic P-47 « Thunderbolt », un nouvel avion d’escorte, c’est au 4th Group qu’il incomba de le mener au combat. Mais les Aigles durent faire face jusqu’au bout à l’extraordinaire capacité de résistance de la Luftwaffe. A la fin de la guerre, l’escadrille des Aigles était l’une des unités américaines qui avait détruit le plus d’avions ennemis.
Il n’en reste aujourd’hui que quelques survivants, témoins d’une époque qui vit une poignée d’hommes représenter les États-Unis dans les premiers combats contre l’hégémonie nazie.

http://fandavion.free.fr/aigles_en_feu.htm

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11 février 2013

Immobilisme conduisant à l’effondrement (1980-1989)

Classé sous — milguerres @ 20 h 58 min
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Guerre froide – Cold War – Halodnaïa vaïna

Bloc de l’Est   

Immobilisme conduisant à l’effondrement (1980-1989)

L’effondrement du communisme procède d’un ensemble de causes dont le dosage a été très différent d’un pays à l’autre. Le plus remarquable demeure que ces évènements se sont déroulés pratiquement sans effusion de sang et sur une période très courte centrée sur l’année 1989. Les facteurs externes ont joué, le plus évident étant la rupture dans la politique soviétique provoquée par l’arrivée de Gorbatchev au pouvoir en 1985. mais les facteurs internes ont été prépondérants, combinant prise de conscience par un certain nombre de dirigeants communistes de l’échec économique et social du système mis en place 40 ans plus tôt, dissidence des intellectuels encouragée par la CSCE ou révolte de la société civile ouvrière ou paysanne.
 L’immobilisme dominant des années 1980

En tant que premier secrétaire du Parti, Gorbatchev organise des réformes (Glasnost et Perestroïka), ces dernières entraînent l’accélération de l’effondrement du Bloc de l’Est et se terminent avec la chute du mur de Berlin en 1989 occasionnant la fin de la Guerre froide. Les anciens pays d’Europe de l’Est se tournent rapidement vers l’économie de marché et la démocratie parlementaire.

Mikhaïl Gorbatchev indique le 6 juillet que l’Union soviétique n’interviendra pas pour réprimer les mouvements qui agitent la RDA.
 Grèves massives en Pologne (printemps – été 1988)

En l’espace d’un an, par un effet de domino spectaculaire, les régimes communistes vont partout tomber. Le premier pays à entrer dans le processus de désagrégation du pouvoir en place est la Pologne où des manifestations étudiantes se déclenchent en mars 1988. À partir du 25 avril, de très importantes grèves ouvrières prennent le relai. À l’été 1988, une nouvelle vague de grèves, plus importante, parcourt les mines du pays. Le gouvernement est contrait de faire appel à Lech Wałęsa comme négociateur pour calmer les grèves. Le 18 décembre, Wałęsa forme les Comités citoyens Solidarité (Komitet Obywatelski Solidarność) : Solidarność sort de l’illégalité.
 Désagrégation des pouvoirs communistes

Pologne : la situation politique en Pologne donne le coup d’envoi à la chute des régimes communistes en Europe. Du 6 février au 4 avril 1989, le gouvernement mène avec l’opposition les pourparlers dits de la « Table Ronde polonaise ». Un accord est finalement trouvé, prévoyant des élections législatives semi-libres. Le 4 juin, les élections voient le triomphe de Solidarność, dont les candidats remportent 99 % des sièges au Sénat et 35 % des sièges à la Diète. Solidarność refuse tout accord de coalition avec le Parti ouvrier unifié polonais. Jaruzelski est contraint de nommer Premier ministre Tadeusz Mazowiecki, qui est investi le 19 août par la Diète à une écrasante majorité. En décembre, le Parlement polonais élimine de la constitution toute référence au rôle dirigeant du parti, le pays reprenant le nom officiel de République de Pologne (Rzeczpospolita Polska). Le 30 janvier 1990, le Parti ouvrier unifié polonais s’auto-dissout. Wojciech Jaruzelski, privé de tout pouvoir, démissionne : le 23 décembre 1990, Lech Wałęsa est élu président de la République, dans un scrutin tenu cette fois au suffrage universel.

Hongrie : Emboitant le pas à la Pologne, la Hongrie sera le second pays à s’engager sur la voie de la démocratisation. Contrairement à la Pologne où cette dynamique résulte d’un affrontement entre la société civile et le pouvoir en place, c’est au sein même du parti communiste qu’émergera le changement. En mai 1988, János Kádár, âgé de 76 ans et malade, cède sa place. Les cadres réformateurs prennent progressivement le contrôle du Parti socialiste ouvrier hongrois qui accepte le principe du multipartisme dès février 1989. Le 2 mai 1989, les barbelés à la frontière austro-hongroise commencent à être démantelés. Les protagonistes de l’insurrection de Budapest de 1956 sont réhabilités : en juin 1989, Imre Nagy reçoit des funérailles officielles. Le 16 octobre, le parlement hongrois ouvre une session historique, au terme de laquelle le principe des élections libres est adopté et la constitution radicalement révisée. Les premières élections législatives libres se tiennent le 24 mars 1990 ; elles sont remportées par le forum démocrate hongrois, parti de tendance conservatrice et nationaliste. L’ancien parti communiste, le parti socialiste hongrois n’obtient que 10 % des suffrages.

Allemagne de l’Est (RDA) : entre septembre 1989 et mars 1990 ont lieu les « manifestations du lundi » (Montagsdemonstrationen), particulièrement à Leipzig, au cours desquelles les Allemands de l’Est réclament des réformes et notamment la liberté de circulation vers l’Ouest. Le conseil des ministres de la RDA démissionne le 8 novembre 1989, suivi par le Politbüro le 9 novembre. Dans la soirée du 9 novembre 1989, Günter Schabowski, membre du comité central du SED, annonce la levée de toutes les restrictions de voyage et l’ouverture des frontières, provoquant un afflux de personnes aux postes de passage le long du mur de Berlin, puis l’ouverture du mur. Le 13 novembre, le parlement de la RDA (Volkskammer) élit Hans Modrow au poste de Ministre-président. Gorbatchev déclare que la réunification est une question que les Allemands doivent régler entre eux. La mention du rôle particulier du SED (Sozialistische Einheitspartei Deutschlands, « Parti socialiste unifié d’Allemagne »), est retirée de la constitution. À partir du 7 décembre, le nouveau gouvernement dirigé par Modrow accepte de discuter avec les nouveaux groupes d’oppositions et les Églises lors d’une « table ronde centrale ». Les principales revendications des opposants portent sur la démocratisation du régime, la tenue d’élections libres et la dissolution du Ministère de la Sécurité d’État (Ministerium für Staatssicherheit, plus connu sous l’acronyme de « Stasi »). Des élections libres tenues le 18 mars 1990 conduisent à ce que le Parti socialiste unifié d’Allemagne perde le contrôle majoritaire de la Chambre du peuple (le Parlement est-allemand). Le 23 août, la nouvelle assemblée vote l’extension de la Loi fondamentale de la République fédérale d’Allemagne aux territoires de la RDA à effet du 3 octobre 1990 et par conséquent la disparition de la République démocratique allemande.

Tchécoslovaquie : Au moment de la Perestroïka, la direction du parti ne fait aucune concession en matière de libertés politiques, ne proposant que des réformes économiques. À partir de 1988, vingtième anniversaire du printemps de Prague, le pays connaît une importante effervescence politique. Les pétitions réclamant la liberté politique et religieuse se multiplient. En janvier 1989, le vingtième anniversaire de la mort de Jan Palach entraîne d’importantes manifestations. En novembre, l’opposition se regroupe au sein d’un Forum civique sous l’impulsion de Václav Havel; les syndicats se joignent au mouvement. Le régime apparaît dépassé et, le 24 novembre, la direction du Parti communiste tchécoslovaque démissionne collectivement. Le 28 novembre, l’assemblée fédérale abolit l’article de la constitution stipulant la prédominance du Parti. Le 28 décembre, Alexander Dubček est élu à la tête du parlement et le 29 décembre, Václav Havel est élu Président de la République. Les élections du 8 juin 1990 assurent la victoire du Forum civique et des anciens partis d’opposition.

Immobilisme conduisant à l'effondrement (1980-1989) chute-pouvoirs-comunistes-tableau la situation écologique désastreuse du pays. Des groupes dissidents comme le club pour le soutien de la perestroïka et de la glasnost puis, en 1989, Podkrepa et Ekoglasnost, se forment progressivement. Jivkov, âgé de 79 ans, apparaît dépassé : au sein du Parti communiste bulgare, les réformateurs prennent le contrôle. Le 10 novembre 1989, au lendemain de la chute du mur de Berlin, Jivkov est démis de toutes ses fonctions par le parti. En février 1990, le Parti communiste décrète la fin du régime avant de s’auto-dissoudre le 3 avril 1990 et de devenir le Parti socialiste bulgare ; il remportera les premières élections libres, le 10 juin 1990. Le 15 novembre 1990, le parlement invalide la constitution de 1974 et supprime l’adjectif populaire du nom officiel du pays, qui devient la République de Bulgarie.

Roumanie : alors que les régimes les plus proches de l’Union soviétique tombent tous les uns après les autres, la relative indépendance de la Roumanie rend sa situation différente. Le ressentiment envers le couple Ceaușescu et le désir de changement face à la situation désastreuse du pays amènent une partie des cadres du Parti à souhaiter la chute du dictateur. Le 17 décembre 1989, les forces de l’ordre tirent contre des manifestants à Timișoara. Le 21 décembre, un rassemblement de soutien au régime est organisé à Bucarest mais la foule se met d’un coup à huer Ceaușescu. La capitale est bientôt en proie à l’insurrection : des affrontements ont lieu, mais l’essentiel des forces armées fraternise avec les insurgés. Le 22 décembre, Ion Iliescu, ancien dirigeant communiste marginalisé au sein du parti, décrète la formation d’un gouvernement provisoire au nom du Front de salut national. Nicolae et Elena Ceaușescu prennent la fuite en hélicoptère et sont capturés quelques heures plus tard. Le Parti communiste roumain est dissout et la fin du système de parti unique est décrétée. Le 25 décembre 1989, les époux Ceaușescu sont fusillés dans une caserne proche de Bucarest après un simili-procès. Le 20 mai 1990, le Front de Salut national remporte les élections législatives et présidentielles, Ion Iliescu devenant président de la République.

Albanie : l’Albanie est le dernier bastion communiste à ignorer les réformes, mais le mécontentement s’accroît dans la population : en décembre 1990, cinq mille Albanais fuient le pays à travers la Grèce. Ramiz Alia, conscient de la nécessité d’un changement pacifique, autorise le multipartisme le 11 décembre. Le Parti démocrate d’Albanie est formé le lendemain. Le 20 février 1991, alors que la situation dans tout le pays est instable avec notamment des affrontements armées sanglante éclatent dans certaines villes, des dizaines de milliers de manifestants envahissent Tirana : la statue monumentale d’Enver Hoxha est abattue. Le 31 mars 1991, l’Albanie tient ses premières élections libres, où le Parti du travail d’Albanie remporte la majorité.

 

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Guerre froide – Cold War – Halodnaïa vaïna

Bloc de l’Est 

 

10 février 2013

lycéens de la résistance

Classé sous — milguerres @ 0 h 41 min

 

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 Résistance … la lutte contre le mal

divers récits tirés du site : http://www.cndp.fr/
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1ère partie…/…

lycéens de la résistance

Avant la guerre, le Front populaire décide de prolonger la scolarité obligatoire jusqu’à 14 ans. Cette mesure n’a eu qu’une faible incidence sur le recrutement des lycées, car étudier dans un lycée reste un privilège auquel n’accède qu’une petite partie de la jeunesse scolarisée. Écoles et lycées sont encore deux mondes séparés. Les enfants que leurs parents destinent à des études secondaires commencent souvent leur cursus dans un « petit lycée » qui couvre tous les niveaux du primaire et du collège, avant de passer dans les « grandes classes » qui préparent au bac.
En 1941, le gouvernement de Vichy supprime le primaire supérieur et les écoles normales d’instituteurs, trop identifiés à la Troisième République. Les élèves-maitres sont, par conséquent, transférés dans les lycées dont ils étaient jusque-là absents.
Traditionnellement ces établissements sont fermés, protégés du monde extérieur par leur finalité éducative et par un règlement auquel externes et internes doivent se plier. La défaite et l’occupation perturbent les certitudes. La guerre passe les murs des établissements et s’invite parfois jusque dans les salles de classe.
Courbés sous le même joug que le reste du pays, les lycées, en apparence, ne s’en démarquent pas. On y trouve chez les professeurs comme chez les élèves des individus engagés, des attentistes et des indifférents. Une nuance cependant, elle tient à la jeunesse. Ceux qui expriment leur refus de l’occupation et de Vichy, le manifeste avec l’audace, voire l’imprudence de leur âge. On peut avec Raymond Aubrac « reconnaître que cette génération de jeunes qui avaient au moins 14 ans en 1940 fut en grande partie engagée tôt ou tard dans ce refus du prétendu ordre public, souvent en acceptant des risques, par une réaction de la conscience contre les injustices. Constater l’injustice, la refuser et la combattre, c’est tout simplement “résister” ».
Les documents et les pistes pédagogiques que nous présentons dans ce dossier n’ont pas la prétention de dresser un tableau complet des lycées dans la France des années de guerre. Ils invitent simplement à réfléchir sur le cheminement qui conduit des membres de la communauté scolaire du refus à l’engagement dans la Résistance, parfois au sacrifice de leur vie.

 

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[…] la première rentrée après l’armistice se fait sous le signe des réquisitions. Plusieurs établissements comme l’école Saint-Erembert ou l’ancienne école normale sont occupés par l’armée allemande.

« Saint-Erembert a été immédiatement réquisitionné […] Lorsque le directeur est revenu d’exode, il a découvert qu’il ne pouvait pas faire la rentrée scolaire. Il y a eu à ce moment-là l’attribution d’un orphelinat qui se trouvait rue de Lorraine et qui était libre, les orphelins n’ayant pu rejoindre la région parisienne, et c’est dans cet orphelinat que se sont déroulés les cours pendant l’Occupation, au 10 rue de Lorraine et au 2 ensuite quand il a fallu une extension […] Là où, à quelques pas de la Kommandantur, tous les matins, le rassemblement se faisait avec le lever des couleurs… »

[…] Le lycée de jeunes filles qui doit subir durant toute la guerre une présence allemande importante. Dès la rentrée 1940, l’établissement n’a plus la possibilité d’accueillir des pensionnaires.

« L’internat a été occupé tout de suite, mais les classes du lycée n’ont jamais été occupées. On ne voyait pas d’Allemands dans les couloirs […] À partir de 1943, les cours n’avaient lieu qu’à mi-temps, les grandes classes le matin, les petites l’après-midi. Le lycée n’avait plus toutes ses salles libres. Les Allemands les occupaient… »

Source : d’après une enquête réalisée par une classe du collège Roby et publiée sur Strabon
http://www.clg-roby-stgermain.ac-versailles.fr/eleve/histoire/roby3945/scolarite.html.

 

À Nevers

En 1940, un détachement allemand s’installe dans les locaux [du lycée] mais « […] le 20 octobre les occupants pliaient bagage ; deux jours plus tard les classes étaient ouvertes et le 27 octobre, réfectoire et dortoirs accueillaient les pensionnaires. Le lycée retrouvait ses locaux, le départ des réfugiés avait ramené son effectif à un chiffre normal et la démobilisation lui avait déjà restitué son personnel régulier, à l’exception de trois, prisonniers de guerre ».

1175019951Source : http://museduc.nevers.pagesperso-orange.fr/1939_1944(1).pdf

 

Au lycée Rollin (aujourd’hui Jacques-Decour) à Paris, un professeur décrit, après la guerre, l’atmosphère de la salle des professeurs en 1940

« Octobre 1940. D’incertaines vacances se sont terminées, de lents convois ont ramené des provinces de refuge maîtres et élèves. Nous nous retrouvons dans notre cercle, jadis animé et bruyant, aujourd’hui morne et triste, chacun apporte ses soucis. Certes nous nous connaissons bien. Mais après cette affreuse tempête qui a tout emporté, peut-on prévoir ce qui reste dans chaque esprit des idées, des sentiments, des croyances d’hier ? Que pense-t-il celui-là ? Il était naguère socialiste ou royaliste, communiste ou modéré. Comment a-t-il réagi aux évènements ? […]
À cette défense de la patrie qui était en même temps la défense de l’esprit, les uns ont consacré jusqu’à l’ultime sacrifice un noble courage, d’autres les ressources d’une passivité ingénieuse : tous, ou presque ont fait leur devoir. »

Source : Aristide Belais, Decour-Eclair, n° 5, octobre 1945, cité par Bertrand Matot in La Guerre des cancres, Ed. Perrin, 2010, p. 92.

 

Dans son journal de guerre Déposition, le critique littéraire Léon Werth tient la chronique de l’état de l’opinion des lycéens de Bourg-en-Bresse

« Claude à quinze ans et demi et, par un effet de la guerre, il est, hélas ! interne au lycée de Bourg […] Le lycée est partagé en deux groupes : un groupe Pétain et un groupe de Gaulle (on entend parfois fredonner dans les cours le God save the King) » – 24 novembre 1940.

« Au lycée de Bourg, un tract a été collé sur un placard où l’on appose d’ordinaire les notes et les circulaires de l’administration.
Si vous voulez la liberté : PÉTAIN.
Si vous voulez être esclave des Juifs et des Francs-Maçons : DE GAULLE. » – 21 janvier 1941.

« Sur les quarante élèves de la classe de première, Claude me donne cette statistique approximative : 20 anglophiles, soit pétinesques, soit gaullistes, 14 pétinesques vichyssois, dont 2 hitlériens, 3 Action française, 3 partisans de la collaboration, 6 indifférents. Est-ce là une image de la France non occupée ? » – 11 mars 1941.

SOURCE :
http://www.cndp.fr/lycees-dans-la-resistance/introduction.html
http://www.cndp.fr/lycees-dans-la-resistance/les-lycees-dans-la-france-occupee/1940-une-rentree-sous-le-signe-de-la-defaite.html

 

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28 janvier 2013

Les unités du génie de l’armée nationale vietnamienne (1951-1954)

Classé sous — milguerres @ 23 h 21 min
Les unités du génie de l’armée nationale vietnamienne (1951-1954)  effect10
Les unités du génie de l’armée nationale vietnamienne (1951-1954) :
renfort appréciable ou affaiblissement du génie du corps expéditionnaire ?
Engineering units of the Vietnamese National Army (1951-1954): significant reinforcement or weakening of engineering in the expeditionary corps?
Ivan Cadeau
http://rha.revues.org/index7348.html.
p. 56-68
RésuméEntre 1945 et 1954, le corps expéditionnaire français qui combat en Indochine est marquée par un mal endémique, celui de l’insuffisance de ses effectifs. Pour pallier ce problème, le commandement local fait très tôt appel aux soldats autochtones qui viennent renforcer les bataillons métropolitains, affectés par les pertes dues aux opérations, comme aux maladies. À partir de 1949, la création des trois États associés (Viêt-nam, Laos et Cambodge) donne naissance aux armées nationales. Si l’accent est mis en premier lieu sur le développement des bataillons d’infanterie, il est également créé des formations d’appui, de soutien, mais également des unités de service. L’apparition du génie militaire vietnamien, à la fin de l’année 1951, apparaît comme susceptible d’apporter une solution à la faiblesse du génie du corps expéditionnaire, et d’offrir au commandement un appréciable renfort en sapeurs. Toutefois, l’absence de cadres qualifiés au sein de la jeune armée vietnamienne oblige le génie d’Extrême-Orient à se défaire d’un nombre importants d’officiers et de sous-officiers pour encadrer et instruire les compagnies du génie vietnamien.

Plan
La mise en place des armées nationales
Création et développement des unités du génie des forces armées vietnamiennes
Origines des unités du génie vietnamien
Subordination, commandement et administration des unités du génie vietnamien et de leurs personnels français
Les unités du service
La politique des transferts : une diminution du potentiel des unités françaises
Valeur des unités du génie vietnamien

Texte intégral

• 1 Voir sur la question des effectifs du CEFEO les travaux de Michel Bodin, La France et ses soldats,(…)
• 2 « Selon l’article 60 de la Constitution de la IVe République,  » l’Union française est formée,(…)
• 3 En fait, celle-ci est encore à l’époque largement limitée et n’est réellement effective qu’en 1953(…)

Entre 1945 et 1954, le corps expéditionnaire français d’Extrême-Orient (CEFEO) qui combat en Indochine souffre d’un mal endémique, celui de la faiblesse des effectifs engagés 1.

En effet, au sortir de la Seconde Guerre mondiale, la France est un pays à l’économie exsangue et qui ne peut consacrer qu’une part restreinte de son budget à la lutte menée contre le Viêt-minh.
Aussi, afin de pallier cette crise, le commandement local a recours, dès le début des hostilités, au recrutement de soldats autochtones pour étoffer ses bataillons et lui permettre d’obtenir les combattants que la métropole ne peut lui fournir.

Concurremment, à partir de 1949, les États associés 2 mettent progressivement en place leurs propres armées nationales chargées de défendre leur « indépendance » 3 et de participer, aux côtés des Français, à la guerre contre les différents mouvements insurrectionnels d’obédience communiste. Des trois nouveaux États, c’est celui du Viêt-nam qui, par les effectifs de son armée et son implication dans les opérations, joue le rôle le plus important.

Le besoin aigu de combattants dans le domaine des armes de mêlée entraîne en priorité la création de bataillons d’infanterie. Dans un second temps, le Viêt-nam développe les unités de soutien et de service qui lui font défaut. Ainsi, les premières compagnies du génie vietnamien n’apparaissent-elles que tardivement, à la fin de l’année 1951. Pour le colonel Gazin 4, alors commandant du génie du corps expéditionnaire français, la naissance de cette arme au sein de l’armée nationale vietnamienne (ANV) pose toutefois un grave problème en terme d’encadrement. En effet, s’il semble que la disposition de nouvelles unités du génie sur le théâtre d’opérations indochinois puisse constituer un indéniable atout pour le commandement français 5, elle oblige ce dernier à détacher auprès des armées nationales un nombre important d’officiers et de sous-officiers français chargés d’encadrer et d’instruire les sapeurs autochtones. Le départ de ces cadres des bataillons du génie des forces terrestres d’Extrême-Orient (FTEO) se fait durement ressentir au sein d’unités où l’encadrement est déjà en sous-effectif, affaiblissant par là un peu plus les formations de l’arme et du service 6.

La mise en place des armées nationales

Jusqu’en 1948, il n’existe en Indochine aucune organisation centrale des forces armées des futurs États associés. Au Cambodge comme au Viêt-nam, des formations de type militaire sont bien mises sur pied, mais elles ne dépendent que d’autorités régionales et n’assurent que des missions de garde et de protection.

Toutefois, à partir du mois de juin 1948, la situation évolue et le gouvernement du Viêt-nam, notamment, prend sous son contrôle direct un certain nombre d’unités : le mouvement est désormais lancé.
Après des mois de discussions, les Vietnamiens obtiennent satisfaction et, le 1er janvier 1949, l’armée vietnamienne voit officiellement le jour.
Elle totalise à l’époque environ 25 000 hommes : 15 000 réguliers et 10 000 supplétifs.
Mais, si recruter des hommes de troupe s’avère chose relativement aisée, il n’en est pas de même en ce qui concerne les cadres.
Aussi, afin d’assurer l’encadrement des unités, l’état-major du CEFEO est obligé de détacher auprès de l’armée vietnamienne 1 000 officiers et sous-officiers.
De son côté, l’armée vietnamienne peut fournir près de 2 000 cadres, qui sont en majorité d’anciens combattants du corps expéditionnaire. Comme l’accroissement des formations nationales est amené à se poursuivre, il apparaît indispensable de créer un organisme chargé de développer et d’organiser la liaison entre ces jeunes armées et l’état-major interarmées et des forces terrestres (EMIFT) 7, c’est chose faite avec la création, le 8 mars 1949, de la mission militaire française près du gouvernement vietnamien (MMF/GVN).

La montée en puissance des forces armées vietnamiennes (FAVN) se poursuit en 1950. Cependant, l’incapacité de fournir aux combattants l’équipement et le matériel nécessaires provoque des ralentissements dans le processus de développement des bataillons vietnamiens. Au mois de novembre 1950, la conférence de Dalat, qui réunit Bao Dai et le ministre français des Relations avec les États associés, pose le principe de la mise sur pied de quatre divisions d’infanterie, auxquelles doivent s’ajouter des éléments de réserve générale ainsi que des unités de supplétifs 8 non endivisionnées 9. À cette date cependant, les forces existantes sont essentiellement des unités d’infanterie, même si quelques batteries d’artillerie et escadrons de cavalerie voient le jour. Aucune formation du génie n’est encore créée. Aussi, comme le rapporte un officier français en charge de l’organisation des armées des États associés, sans réelles unités d’appui et de soutien 10, l’ensemble n’a encore « nullement la physionomie d’une armée moderne articulée » 11.

Toutefois, si les efforts entrepris à la fin des années 1940 permettent au Viêt-nam de se doter d’un embryon d’armée, c’est véritablement la politique entreprise par le général de Lattre de Tassigny 12 et l’aide militaire que ce dernier obtient des Américains qui accélèrent la création d’unités vietnamiennes nouvelles et leur intégration dans une institution homogène et cohérente. Le 1er janvier 1951, peu de temps après sa prise de commandement, de Lattre manifeste sa volonté de créer un Secrétariat permanent à la défense nationale (SPDN) chargé, entre autre, « d’étudier l’organisation de l’Indochine en temps de guerre, la mobilisation des personnes et des ressources » 13. Ce dernier devient ainsi l’instrument de travail du commandant en chef pour les études d’ordre militaire considérées à l’échelon gouvernemental de l’État du Viêt-nam. L’action personnelle menée par de Lattre en faveur de la jeunesse vietnamienne 14, la promesse de l’arrivée rapide du matériel américain, ainsi que la plus grande implication de l’empereur Bao Dai dans le conflit, portent finalement leur fruit et, au 1er août 1951, les bataillons d’infanterie entrant dans la composition organique des quatre divisions vietnamiennes prévues par la conférence de Dalat sont devenus une réalité 15 ; l’armée nationale vietnamienne prend enfin corps. Toutefois, les unités de soutien et de service n’ont pas été la priorité et, à cette date encore, aucune compagnie vietnamienne du génie n’existe.
6Évolution des effectifs de l’armée nationale vietnamienne et de son encadrement entre 1949 et 1954

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Si le général de Lattre donne effectivement l’impulsion au développement des armées nationales dès le début 1951, les effets de son action conjuguée aux livraisons américaines ne se font pleinement sentir qu’à partir de 1952. Dans le cas de l’armée nationale vietnamienne, on assiste à l’émergence des états-majors (général et de régions militaires) et à l’apparition de certains services, organismes qui visent à accroître l’autonomie de la jeune armée. En 1953, l’ANV se renforce encore davantage avec la constitution des bataillons légers dits kinh quan 16, totalisant 40 000 combattants supplémentaires. L’objectif de ces TDKQ est de disposer d’unités plus légères, plus rustiques, adaptées au terrain, rompues aux procédés de combat rebelles, et animées d’une « foi » et d’un esprit patriotique plus élevés que la plupart des formations régulières. Au moment de la cessation des hostilités, en juillet 1954, les FAVN totalisent 272 000 hommes (229 000 réguliers et 45 000 supplétifs), auxquels il convient d’ajouter 5 000 marins et aviateurs.

Création et développement des unités du génie des forces armées vietnamiennes

Chacune des quatre grandes unités vietnamiennes créées par les accords de Dalat doit être dotée d’une compagnie de combat du génie organique. Pour le commandement du génie d’Extrême-Orient, dont le manque d’effectifs se fait particulièrement sentir au Nord Viêt-nam, la mise sur pied de ces formations vietnamiennes est une urgence.
Les deux premières compagnies à voir le jour apparaissent le 1er septembre 1951 ; il s’agit des 2e (Centre Viêt-nam) et 3e (Nord Viêt-nam) compagnies du génie vietnamien (2e et 3e CGVN). La 2e CGVN est composée d’anciens éléments de la garde nationale du Viêt-nam du Centre (GNVC) formés dans la spécialité génie 17. Hormis son commandant d’unité, un sous-lieutenant français, et quatre sous-officiers européens, l’encadrement est vietnamien ; les deux sections de combat sont ainsi commandées par des officiers vietnamiens 18. La 3e CGVN, elle, est constituée d’engagés instruits de la 3e compagnie d’instruction divisionnaire (3e CID) 19 sélectionnés d’après leurs professions civiles antérieures. Son encadrement est mixte, bien que majoritairement français. Une troisième compagnie (la 4e CGVN) est créée le 1er novembre 1951 à partir d’une compagnie du génie des FTEO ; elle est destinée à être employée sur les plateaux du Centre Viêt-nam.
Les recrues vietnamiennes de cette unité élémentaire reçoivent un stage de spécialisation à Nha Trang, sur la côte. Quant à la dernière compagnie, la 1re CGVN, qui doit être rattachée à la 1re division vietnamienne (Sud Viêt-nam), elle n’existe toujours pas au 31 décembre 1951. Le théâtre d’opérations sud n’étant alors pas considéré comme prioritaire, il est décidé de reporter sa création au mois de juin 1952 20. Si le génie militaire d’Extrême-Orient s’enrichit désormais de trois formations supplémentaires, il apparaît très rapidement que ces unités sont livrées à elles-mêmes au sein de leur division respective et, par là, sont très difficile à soutenir d’un point de vue administratif et logistique.

En effet, comme en témoigne le colonel Gazin au mois de mars 1952, « le génie, [notamment] au Tonkin, est actuellement accablé par les compagnies de combat isolées » 21. Il exprime donc le souhait de disposer d’unités de commandement vietnamiennes dans le courant de l’année 1952. Par ailleurs, outre les nécessités administratives et les impératifs de maintenance, la présence d’une seule compagnie par division représente un volume de forces trop faible pour une opération de quelque envergure dans le delta du Tonkin. Aussi, l’idée de développer des bataillons du génie, formés d’une compagnie de commandement et de deux ou trois compagnies de combat, voit le jour au début de l’année 1952.
Elle se concrétise à la fin de cette même année avec la création du 3e bataillon du génie vietnamien (3e BGVN) par « embataillonnement » des 3e et 5e CGVN (unité apparue au mois de juillet 1952). Une troisième compagnie de combat, la 7e CGVN, rejoint le bataillon en juillet 1953 à partir du transfert de la 73/2, une formation des FTEO. Quant à l’état-major et la compagnie de commandement, réunis au sein de la 21/3 22, ils proviennent du transfert d’une autre unité du génie français 23, la 74/2 24. La composition de ce 1er BGVN le montre, les unités du génie vietnamien sont issues de deux origines différentes.

Origines des unités du génie vietnamien

Dans le premier cas, il s’agit de formations à recrutement national : la troupe et une partie des cadres subalternes sont en effet directement recrutées par les FAVN puis instruits par le génie français ; c’est notamment le cas des 2e et 3e CGVN. Les sous-officiers vietnamiens, ainsi que les jeunes chefs de section (sous-lieutenants, lieutenants), ont déjà pour certains une expérience dans le génie du corps expéditionnaire, les autres sortent des écoles de cadres vietnamiennes puis des centres d’instruction du génie des FTEO de Kien An ou de Sontay 25, qui forment les spécialistes. À partir de 1953, une troisième catégorie apparaît : il s’agit d’une minorité d’officiers destinés à occuper ultérieurement des fonctions de commandement plus élevées (commandant d’unité, chef de bataillon). Son personnel est envoyé en métropole dans les écoles d’application : Angers pour les officiers de l’arme, Versailles, pour les officiers du service. L’autre partie de l’encadrement des compagnies de combat du génie de l’ANV, ainsi que le commandement de l’unité, sont assurés par des sapeurs français appartenant aux FTEO détachés, en théorie, pour une durée de neuf mois.

En ce qui concerne l’origine des sapeurs, le recrutement (ou la conscription à partir de 1953) privilégie les Vietnamiens ayant exercé un métier en rapport avec les missions du génie : métreurs, chefs de chantier, couvreurs, tôliers, maçons, etc. Le matériel, lui, est fourni par l’aide américaine. Ainsi, au moment de la création de la 3e CGVN, habillement et armement sont attribués par le 4e bureau de l’EMIFT, tandis que la dotation de véhicules et engins parvient au rythme des livraisons américaines 26. Comme nous l’avons déjà mentionné, pour le génie comme pour les autres armes, « l’arrivée des matériels fournis par l’aide US s’étant avérée assez lente, il [se révèle] impossible de suivre la cadence des créations prévues par le calendrier » 27.

Dans le second cas, les formations du génie FAVN sont issues d’unités du corps expéditionnaire transférées aux armées nationales. Le personnel des FTEO, français comme vietnamien, est alors versé d’une armée à l’autre ; seul change le nom de la compagnie. Le matériel organique de l’unité provient, en revanche, de l’aide américaine, l’ancien étant récupéré et versé dans la réserve générale du commandement du génie d’Extrême-Orient. L’opération de transfert, prévue à l’avance, nécessite une harmonisation de la composition des effectifs : légionnaires et Nord-Africains affectés dans les unités prêtes à être transférées sont mutés afin que celles-ci ne comprennent plus que des sapeurs autochtones et des cadres européens.

Le personnel français détaché aux FAVN est ensuite tout entier affecté à la MMF/GVN, ce qui représente un total, au mois de février 1953, d’environ 120 sapeurs (20 officiers, 87 sous-officiers et 10 hommes de troupes) auxquels il convient d’ajouter 30 officiers et 40 élèves-officiers vietnamiens appartenant aux FTEO 28. Ce total de 190 correspond sensiblement à l’effectif théorique de 197 militaires du génie d’Extrême-Orient prévus en 1953 pour l’encadrement des formations vietnamiennes.

Subordination, commandement et administration des unités du génie vietnamien et de leurs personnels français
Le colonel commandant le génie du CEFEO est inspecteur des unités du génie des forces armées des États associés. Commandement et administration des formations du génie vietnamiennes varient, eux, en fonction des territoires : alors qu’au début de l’année 1953, les sapeurs de la 4e division vietnamienne sont sous commandement des FAVN et rattachés au chef de la 4e région militaire 29, les formations adaptées aux 1re et 2e régions militaires sont quant à elles placées sous l’autorité d’un chef de bataillon des FTEO.

Enfin, celles de la 3e région militaire obéissent directement à un officier supérieur appartenant à la MMF/GVN. C’est ce dernier organisme qui administre les sapeurs français du génie d’Extrême-Orient détachés et qui gère le transfert des compagnies du génie. Créée, comme nous l’avons déjà mentionné, au mois de mars 1949, la MMF/GVN est réorganisée en 1950 et se compose d’un organe central et directeur et d’une antenne régionale par territoire.

Le personnel génie de la MMF est prélevé sur le personnel en service en Indochine en fonction des besoins adressés par le chef de la mission, via l’EMIFT, à la « section génie » jusqu’en 1952. Cette dernière est remplacée en 1953 par la « section du personnel génie FAVN » qui assure la liaison entre les unités du génie, l’état-major vietnamien et les quatre régions militaires vietnamiennes. Toutes propositions dans la gestion et mutation des cadres français devant, bien entendu, recevoir l’agrément du colonel commandant le génie d’Extrême-Orient. Les officiers assurent le commandement direct de nombreuses formations, tandis que les sous-officiers servent en tant qu’instructeurs spécialistes. En 1952 et 1953, l’effectif théorique du personnel français toutes armes de la mission est fixé à 5 581, mais le CEFEO rencontre des difficultés pour atteindre cet objectif puisque en 1952, la MMF/GVN ne rassemble que 4 514 officiers et sous-officiers français (soit un déficit de 19 %) contre 4 360 en 1953 (soit un déficit de 22 %), données ne prenant pas en compte la cinquantaine de militaires du rang assurant le soutien de l’organisme. Ainsi, la pénurie des effectifs qui prévaut au sein des troupes du CEFEO se répercute logiquement au niveau de l’encadrement des unités vietnamiennes : au mois d’août 1953, la 7e CGVN ne dispose que d’un seul officier français, le commandant d’unité 30.

À partir de 1951, la MMF/GVN administre donc l’ensemble des personnels français, dont le volume au sein d’une formation nationale est directement lié au processus de transfert ainsi fixé :
• dans une première phase, et afin de ne faire subir à aucun moment à la compagnie en cause une perte de potentiel opérationnel, tout le personnel transféré reste pendant trois mois à la disposition de la nouvelle unité ;
• trois mois après la date de transfert, le volume de cadres français est ramené à l’effectif prévu pour le détachement d’encadrement et d’instruction provisoire, qui est de trois officiers et de quinze sous-officiers ;
• enfin, neuf mois après la date de transfert, l’effectif français est ramené à celui du détachement de liaison composé d’un officier et de quatre sous-officiers.
• 31 SHD/GR, 10 H 2598, CCFTNAI/CG/no 6094. Encadrement des unités des armées des États associés en per(…)
Toutefois, comme le rappelle une fiche rédigée en mai 1953, « ces règles ne sont (…) pas impératives, et la réduction du personnel français s’opère d’elle-même au rythme du rapatriement » 31 ; pour cette raison, les effectifs français diffèrent quelque peu d’une unité à l’autre (voir tableau ci-dessous).
Situation des effectifs français et vietnamiens réalisés 32 dans les quatre compagnies de combat du génie vietnamien au 31 juillet 1952

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En fait, le faible nombre et le manque d’expérience militaire et technique des cadres des États associés obligent de maintenir plus longtemps les personnels européens dans ces unités et, jusqu’à la fin du conflit, des militaires français assurent la responsabilité et le fonctionnement des compagnies du génie vietnamien. Ainsi, quelle que soit l’origine des formations du génie vietnamien (FAVN ou FTEO), celles-ci apparaissent comme étroitement dépendantes du génie d’Extrême-Orient qui fournit les commandants d’unités, les officiers les plus expérimentés et les sous-officiers spécialistes, en attendant leur relève par des sapeurs vietnamiens. En fait, la relève des cadres français par des cadres vietnamiens n’intervient pas avant la fin des hostilités et le passage sous commandement national du premier bataillon du génie FAVN (en l’occurrence le 1er BGVN) n’a lieu qu’une fois la guerre terminée, au mois de novembre 1954 33.

Les unités du service

Si l’accroissement des unités de combat se poursuit en 1952 avec la mise sur pied de trois nouvelles compagnies (1er, 5e, 6e CGVN), le développement du service du génie vietnamien se révèle plus lent. La formation des spécialistes (ingénieurs, comptables, etc.) nécessite en effet des délais plus importants que ceux nécessaires à la maîtrise d’un conducteur de bulldozer ou d’un soudeur à arc. Par ailleurs, là encore le faible nombre de « candidats » instruits ralentit le processus de création : beaucoup de Vietnamiens préfèrent en effet exercer leur activité dans le privé, où le salaire versé est supérieur à la solde d’un sapeur des FAVN. De plus, à partir de 1953, l’échec de la conscription lancée par l’empereur Bao Dai prive les unités vietnamiennes d’appelés compétents dans les métiers du génie. Cela explique en grande partie pourquoi l’organisme qui voit le jour le 16 octobre 1952 ne se révèle être, en définitive, qu’un service du génie vietnamien provisoire, immédiatement intégré au sein du service du génie des FTEO.

Le service « officiel » n’est lui réellement institué que le 31 décembre 1952 34. Quant à la première unité qui lui est rattachée, celle-ci n’apparaît qu’au mois de mars 1953, au Centre Viêt-nam ; il s’agit d’une compagnie de sapeurs routiers (CSR), la 4e CSR, intégralement encadrée par du personnel français (trois officiers, douze sous-officiers). Quelques mois plus tard, en octobre 1953, deux compagnies de soutien voient le jour. En effet, les 33e et 31e compagnies d’entretien et d’entrepôt du génie vietnamien (33e CEEGVN et 31e CEEGVN) réceptionnent, stockent et distribuent les matériels du génie provenant de l’aide américaine, mais en assurent également la maintenance et les réparations 35.

Lorsqu’est signé le cessez-le-feu en juillet 1954, les FAVN forment un ensemble qui, du moins sur le papier, paraît impressionnant. Forte de 168 bataillons d’infanterie, dont cinq de parachutistes, de dix escadrons de cavalerie (de reconnaissance) et de huit groupes d’artillerie, l’armée de terre comprend également cinq bataillons du génie formant un total théorique de quinze compagnies de combat 36. Le service du génie qui s’est considérablement étoffé en deux années a désormais sous son autorité une dizaine de compagnies, dédiées au soutien ou aux missions de rétablissement d’itinéraires. Une unité spécialisée, la 3e compagnie du génie parachutiste vietnamien (3e CGPVN) rattachée au groupement aéroporté no 3 (GAP 3), est même créée au mois de mai 1954 (elle est cependant dissoute en décembre de la même année). Des trois États associés, les formations du génie vietnamien sont les plus nombreuses, même si les compagnies du génie de l’ANL remplissent un rôle très important à partir de 1953 37. Toutefois, les décisions qui aboutissent à la constitution du génie des armées nationales ont d’importantes répercussions sur les compagnies du génie du corps expéditionnaire : elles appauvrissent ces dernières en ponctionnant une partie de leurs cadres, mutés au sein des missions militaires auprès des États associés ; cet affaiblissement paraît cependant compensé par l’accroissement numérique total des unités du génie de l’Union française et par les missions que celles-ci prennent à leur compte.

La politique des transferts : une diminution du potentiel des unités françaises

La mise sur pied du génie vietnamien (et laotien 38) semble avoir comme conséquence une baisse de qualité dans les compagnies du génie FTEO, obligées de céder une partie de leurs cadres aux armées nationales. Au problème quantitatif s’ajoute, par ailleurs, un problème qualitatif : pour des raisons politiques comme opérationnelles, les personnels détachés auprès des armées nationales sont choisis parmi les meilleurs. Instructeurs et spécialistes ayant à remplir une importante mission de formation, il ne saurait être question d’envoyer du personnel médiocre. Ainsi au début de 1954, à l’occasion de la mise sur pied du 4e bataillon du génie vietnamien dont le 72e BG (stationné au Centre Viêt-nam) doit fournir une partie des cadres, les commandants d’unités ont ordre de ne désigner que des « éléments valables » comme le mentionne la note de service 39. Ce rappel n’est pas anodin car, dans pareil cas, grande est la tentation du chef de vouloir se « libérer » des individus les moins bons ou les plus difficiles à commander. De plus, afin de préserver un certain équilibre entre les compagnies, l’opération de transfert concerne l’ensemble du bataillon, un prélèvement égal en officiers et sous-officiers de valeur (français ou autochtones) est donc opéré à l’intérieur de chacune des unités. La physionomie du bataillon, qui se voit ainsi privé de ses bons éléments, n’est évidemment plus la même qu’avant le transfert.

En principe, tous les sapeurs mutés sont amenés à être remplacés nombre pour nombre. Dans la pratique, l’application de cette mesure se heurte à deux réalités. Premièrement les renforts en provenance de métropole ne sont pas suffisants pour compenser les départs. De plus, les nouveaux arrivés constituent un personnel qui manque d’expérience, qu’il faut former et est souvent de faible valeur. Adjoint au commandant du génie des FTSV en avril 1954, le capitaine Chevalier émet d’ailleurs un jugement particulièrement sévère sur l’homme de troupe européen qui se révèle selon lui « dans 90 % des cas totalement inemployable : sans instruction solide (…) et dans une grosse proportion incapable d’en recevoir une, soit parce que leur niveau intellectuel [est] très bas (…), soit parce que d’un niveau moral peu élevé il [est] impossible de leur accorder la moindre confiance » 40 !

Si cette assertion semble excessivement dure, il n’en reste pas moins que, tout au long de la guerre, le niveau d’instruction de la troupe qui sert en Indochine semble en deçà de ce que souhaiterait le commandement. Deuxièmement, certains départs sont comblés par le jeu des mutations internes au génie d’Extrême-Orient, ce qui ne fait que déplacer le problème : telle unité FTEO qui se voit prélever des personnels au profit d’une autre, s’appauvrit à son tour. En effet, pour combler le manque, elle est obligée d’envoyer en stages ses sapeurs afin de former de nouveaux gradés et spécialistes, ce qui impose des charges très lourdes aux formations. Alors que le sous-effectif s’accentue, même s’il n’est que temporaire, le rythme des opérations, lui, ne faiblit pas. Mais si pour un commandant d’unité, il est frustrant de voir les capacités opérationnelles de sa compagnie baisser, la création des armées nationales permet toutefois au commandant du génie d’Extrême-Orient de disposer d’un nombre plus élevé d’unités pour répondre à l’accroissement des missions, d’autant que les compagnies du génie vietnamien se révèlent toutes aussi aptes que leurs homologues du CEFEO.

Valeur des unités du génie vietnamien

D’après Michel Bodin, « les anciens du corps expéditionnaire ne gardent pas une bonne impression des troupes nationales » 41. Robert Guillain, correspondant du Monde, se montre plus dur encore. Comme il l’écrit trois semaines après la chute de Diên Biên Phu : « Nous avons raté l’armée vietnamienne (…). Dans le gâchis général, il y a, c’est vrai, des exceptions, [mais], à régime pourri, pas d’armée valable. » 42 Les reproches adressés aux forces armées des États associés, et principalement à l’armée vietnamienne, sont en effet très nombreux. Nous n’avons pas trouvé, dans les archives consultées, d’appréciations spécifiques relatives aux soldats autochtones du génie servant au sein des armées nationales. Les rapports consultés, destinés au plus haut niveau de l’État français, présidence du Conseil ou ministère de la Défense nationale et des Forces armées, ne livrent que des renseignements très généraux ou des synthèses qui ne présentent pas d’études précises et détaillées. En fait, les remarques émises par les officiers français sur le combattant vietnamien intéressent essentiellement l’infanterie. Pour cause, au premier trimestre 1954, « sur 190 bataillons, groupes ou régiments blindés, 90 %, soit 171, appartiennent à l’infanterie » 43, le génie ne représentant à la même date que trois bataillons. Tout en louant les qualités individuelles du soldat vietnamien : courage, robustesse, résistance à la fatigue, sens de l’utilisation du terrain, adresse et discipline, les critiques dénoncent les lacunes des unités. Ainsi, la faible combativité des troupes, la médiocrité de l’encadrement vietnamien ou encore le peu de foi ou de « mystique » apportées dans le combat contre le Viêt-minh sont pointés du doigt.

Certes, les cadres vietnamiens sont en nombre insuffisants et la plupart sont d’origine bourgeoise et citadine connaissant « mal le peuple de la rizière sous leurs ordres (…). À l’inverse, l’homme du rang – surtout s’il a été précédemment sous les ordres de cadres français – n’accorde souvent à son jeune officier vietnamien qu’une confiance limitée » 44.
Cependant l’armée vietnamienne est une armée jeune qui manque d’expérience. La valeur de l’armée Viêt-minh le montre, le vietnamien s’il manque a priori de traditions militaires, peut faire un excellent combattant. En fait, le niveau des FAVN dépend largement du moral et de l’implication de la nation vietnamienne dans la guerre. Or, dans ce domaine, force est de reconnaître le manque d’enthousiasme de la population et l’attentisme des élites : un problème politique, donc. Au premier trimestre 1954, une étude sur l’armée vietnamienne montre que sur les 171 bataillons d’infanterie, 29 sont en formation, et que sur les 142 restants, 21 (14 %) sont jugés très bons, 64 (45 %) bons, 43 (31 %) assez bons et 14 (10 %) passables, la quantité de cadres français n’affectant pas le résultat puisque équivalent approximativement au tiers de l’encadrement dans chacune des unités45.

Afin de pouvoir apprécier la valeur des compagnies du génie FAVN et des sapeurs vietnamiens, nous avons consulté un certain nombre de rapports d’opérations relatifs à la conduite des unités engagées et aux enseignements à tirer du point de vue du génie. Destinés au commandement dans le but d’améliorer les procédés de combat ou l’emploi des armes, ces rapports n’hésitent pas, lorsqu’il le faut, à pointer sans démagogie les erreurs et fautes commises. Or, aucun des documents consultés ne mentionne de critiques négatives à l’endroit des unités vietnamiennes, même lorsque la composition des groupements génie permettrait une comparaison aisée entre formations FTEO et FAVN. Si l’on retient l’exemple de l’opération « Hautes-Alpes » 46, celle-ci met en jeu un « groupement du génie nord » composé du 3e BGVN et un « groupement génie sud » formé de compagnies du génie FTEO (issues des 31e BMG et 73e BG). Les missions de ces deux groupements sont analogues : franchissement de coupures, construction de ponts et portières, rétablissement ou mise en classe 30 de portions d’itinéraires, etc. Les obstacles rencontrés sont, eux aussi, de même nature (variations du niveau des eaux, obstacles minés, mauvais temps) 47. L’opération est pour le génie une réussite, chaque groupement ayant parfaitement exécuté les missions qui lui ont été confiées, aucune critique n’est relevée à l’encontre des sapeurs vietnamiens.

La valeur de l’encadrement français et celle d’une partie des hommes de troupe vietnamiens qui, par l’activité qu’ils ont jadis exercés dans le civil, font de bons sapeurs sont deux éléments qui peuvent expliquer pourquoi les unités du génie FAVN semblent d’un bon niveau. Bien commandées, ces compagnies donnent satisfaction ; au final, elles ne diffèrent pas tellement des formations « jaunies » des FTEO où, là aussi, seuls quelques éléments français encadrent et forment des autochtones. Les sapeurs vietnamiens, comme leurs homologues européens, sont par ailleurs des soldats capables de s’illustrer au combat, comme en témoigne l’affaire de l’élément de division légère no 3 (EDL 3) 48. Replié et mis au repos le 27 novembre 1953 sur Thai Binh après avoir pris part à l’opération « Mouette », le PC de l’EDL 3 se garde insuffisamment d’un coup de main Viêt-minh et se fait surprendre par une attaque brusquée dans la nuit du 3 au 4 décembre 1953. Un commando ennemi s’introduit dans le périmètre français, assassine 25 soldats, en blesse autant, puis en enlève une trentaine d’autres avant de prendre la fuite. Au milieu de l’apathie générale dénoncée quelques jours après dans le rapport du général commandant la 3e division de marche territoriale (3e DMT), et face à la mollesse de l’action l’escadron d’automitrailleuses vietnamien 49, les sapeurs de la 3e compagnie du 3e BGVN (3/3 BGVN) sont les seuls à réagir avec vigueur. À la demande du colonel Piroth, qui assure le commandement de l’EDL 3 en l’absence du colonel de Castries, le lieutenant Combarre, chef du 3e BGVN, met sur pied à la hâte deux sections de sapeurs vietnamiens, cette intervention – décisive – rétablit la situation 50, les assaillants sont repoussés. « L’affaire du PC de Thai Binh » comme on l’appelle à l’époque, certes anecdotique en comparaison des grandes opérations, prouve qu’efficacement commandés, les groupes de combat du génie vietnamien se battent aussi bien que ceux de leurs homologues du corps expéditionnaire.

S’il apparaît clairement que, pour les bataillons du génie métropolitain engagés en Extrême-Orient, la mise en place des armées nationales, et particulièrement celle du Viêt-nam, représente une contrainte supplémentaire en termes d’effectifs et qu’elle complique la gestion des commandants d’unité dans l’emploi de leurs compagnies, elle est indéniablement un atout au niveau du théâtre d’opérations. En effet, le renforcement et le développement du corps de bataille Viêt-minh, la multiplication des missions liées aux opérations comme à l’équipement du théâtre indochinois rendent nécessaires l’accroissement numérique des unités à disposition du commandant en chef. Son subordonné, le colonel commandant le génie d’Extrême-Orient, bénéficie ainsi d’un plus grand nombre de formations pour répondre à la nouvelle guerre qui se joue en Indochine à partir de 1951. C’est aux côtés de leurs camarades européens, nord-africains et légionnaires que les sapeurs vietnamiens vont désormais combattre dans les grandes opérations interarmées, mettre en défense le delta du Tonkin par la fortification ou encore participer à la construction des grandes bases opérationnelles de Saigon-Than Son Nhut, de Tourane et de Haiphong. Après les accords de Genève, ceux qui n’auront pas déserté ou rejoint les rangs du Viêt-minh formeront l’embryon du génie du nouvel État du Sud Viêt-nam.

Notes
1 Voir sur la question des effectifs du CEFEO les travaux de Michel Bodin, La France et ses soldats, Indochine, 1945-1954, Paris, L’Harmattan, coll. « Recherches asiatiques », 1996 ; Soldats d’Indochine. 1945-1954, Paris, L’Harmattan, coll. « Recherches asiatiques », 1997 ; Les Combattants français face à la guerre d’Indochine. 1945-1954, Paris, L’Harmattan, coll. « Recherches asiatiques », 1998.
2 « Selon l’article 60 de la Constitution de la IVe République,  » l’Union française est formée, d’une part de la République française qui comprend la France métropolitaine, les départements et territoires d’outre-mer, d’autre part par des territoires et États associés » », DALLOZ (Jacques), Dictionnaire de la guerre d’Indochine 1945-1954, Paris, Armand Colin, 2006, p. 89. En Indochine, il faut attendre 1949 pour que les trois États de l’Union indochinoise, créée en 1887, deviennent, par une série d’accords politiques, trois « États associés » à la France. Dans ce cadre, une plus grande autonomie est accordée aux anciennes possessions de la France.
3 En fait, celle-ci est encore à l’époque largement limitée et n’est réellement effective qu’en 1953, à la suite d’importants transferts de souveraineté.
4 Né en 1904 et décédé en 1995, le colonel (puis général) Gazin est véritablement « l’homme » du génie du CEFEO. Il en est le commandant entre 1945 et 1947, puis entre 1950 et 1952 ; il occupe par ailleurs la fonction de chef d’état-major du CEFEO au cours de l’année 1948.
5 Plus que toutes autres armes au cours de la guerre d’Indochine, le génie est victime de la crise des effectifs. Alors que sur un tel théâtre d’opérations, il est admis que le génie doive représenter environ 12 % des forces engagées, celui du CEFEO ne dépasse jamais 5 à 6 %. Voir sur cette question : CADEAU (Ivan), L’action du génie pendant la guerre d’Indochine (1945-1956). Une action entravée par le manque de moyens et une méconnaissance de l’arme, thèse de doctorat, université Paris-IV Sorbonne, Paris, 2010, 837 pages.
6 Le génie militaire a la spécificité d’être à la fois une arme combattante et un service constructeur. Ainsi, il dispose d’unités aptes au combat interarmes (ouverture de route, déminage, fortification de campagne, destruction, etc.) et de formations dont les missions peuvent se rapprocher de celles du génie civil (construction d’ouvrages d’art, d’infrastructure, de bases, etc.).
7 L’EMIFT est un organisme mis en place en 1951 à l’initiative du général de Lattre de Tassigny, haut-commissaire et commandant en chef en Indochine. Placé sous le commandement du général adjoint au commandant en chef, l’EMIFT traite des questions relatives à l’organisation, à la logistique et à la conduite des opérations du corps expéditionnaire.
8 Au cours de la guerre d’Indochine, et comme elle l’a souvent fait dans son histoire, l’armée française enrôle des supplétifs. Moins bien soldés que les combattants des formations régulières, les supplétifs, contrairement aux partisans qui remplissent davantage des missions statiques (dans des postes, notamment), accompagnent souvent les unités en opérations.
9 Le nombre et la composition des divisions vietnamiennes évoluant, le général de Lattre de Tassigny procède ultérieurement à plusieurs modifications de ce programme de Dalat.
10 La priorité donnée au développement des bataillons d’infanterie s’explique par la volonté du commandement français de disposer d’un maximum de fantassins à opposer au corps de bataille viêt-minh, alors en plein essor.
11 SHD/GR, 10 H 981, « L’armée vietnamienne de 1949 à janvier 1954 ». Rapport du lieutenant-colonel Viala, ex-chef de la section « organisation des armées des États associés ». Sans date, vraisemblablement fin de l’année 1954.
12 Le maréchal de Lattre de Tassigny (1889-1952) est nommé haut-commissaire de France et commandant en chef en Indochine le 6 décembre 1950. C’est véritablement lui qui donne une impulsion au développement des armées nationales.
13 SHD/GR, 10 H 981, « L’armée vietnamienne de 1949 à janvier 1954 », doc. cit.
14 Action symbolisée par son appel à la jeunesse du Viêt-nam dans son long discours prononcé au lycée Chasseloup-Laubat de Saigon, le 11 juillet 1951 : « Soyez des hommes, c’est-à-dire : si vous êtes communistes, rejoignez le Viêt-Minh, il y a là-bas des individus qui se battent bien pour une cause mauvaise. Mais si vous êtes des patriotes, combattez pour votre patrie, car cette guerre est la vôtre (…) Jeunes hommes de l’élite vietnamienne (…)le moment est venu pour vous de défendre votre pays », cité dans Jean Ferrandi, Les officiers français face au Viêt-Minh 1945-1954, Fayard, 1966, p.265-276.
15 À cette date, le concept de division est abandonné de fait. Les grandes unités tactiques ne représentent plus que des entités administratives et logistiques pratiques pour traiter des problèmes d’équipement et de matériel avec les États-Unis. La 1redivision est implantée au Sud Viêt-nam, la 2eau Centre Viêt-nam, la 3eau Nord Viêt-nam, et la 4edivision est celle des Pays montagnards du Sud (PMS). Le concept divisionnaire est par ailleurs remplacé par celui du groupe mobile, plus adapté à la forme de combat en Indochine.
16 Leur nom complet étant Tieu Doan Kinh Quan (TDKQ) ou « bataillons légers ».
17 Organisées selon les principes de l’ancienne garde indochinoise, il existe sur l’ensemble de l’Indochine, des gardes, généralement groupées autour d’une ethnie, chargées de maintenir la souveraineté française sur les territoires qu’elles contrôlent. Ces unités supplétives remplissent en outre des missions précises : protection des points sensibles, garde des voies ferrées, etc.
18 SHD/GR, 10 H 483, MMF/GVN/EM, organisation no 11375. Notice d’information sur l’organisation et l’implantation de l’armée vietnamienne, 3 décembre 1951.
19 Les CID, au nombre de trois (Sud, Centre et Nord Viêt-nam), apparaissent le 1er juillet 1951. Ce sont des unités administratives qui ont pour fonction d’instruire dans une spécialité les recrues appelées à servir dans les formations des 1re, 2e et 3e divisions (SHD/GR, 10 H 483, MMF/GVN/EM, organisation n° 1137, doc. cit.).
20 SHD/GR, 10 H 216, CCFTANI/EMIFT, 1er bureau, no 1055. Création de la 1re compagnie du génie vietnamien, 24 mai 1952.
21 SHD/GR, 10 H 2598, CCEO/FT/CG/No 828, calendrier de développement de l’armée vietnamienne pour 1952. Lettre du 30 mars 1952.
22 Par tradition, la compagnie de commandement porte le numéro 21. Outre les services, la compagnie de commandement dispose des principaux matériels « lourds », comme les bulldozers, qui sont détachés de manière conjoncturelle auprès des compagnies de combat.
23 Deuxième compagnie du 73e bataillon du génie (73e BG). Le 73e BG est une unité de génie-combat.
24 Deuxième compagnie du 74e bataillon du génie (74e BG). Le 74e BG est une unité de travaux d’infrastructure.
25 Kien An et Sontay se situent au Nord Viêt-nam. Pour différentes raisons, le centre d’instruction du génie (CIG) de Thu Dau Mot, créée le 1er novembre 1946, est dissout le 1er avril 1950.
26 SHD/GR, 10 H 2598, HCFICCEO/EMIFT/1er bureau/n°2031, création d’unités nouvelles à la 3e division vietnamienne (Nord Viêt-nam), 27 août 1951.
27 SHD/GR, 10 H 981, « L’armée vietnamienne de 1949 à janvier 1954 », doc. cit.
28 SHD/GR, 10 H 1781, État du Viêt-nam/Ministre de la Défense nationale/État-major général/direction centrale du génie/no 222. Fiche relative au commandement des unités du génie.
29 Les régions militaires portent les mêmes numéros que les grandes unités qu’elles administrent.
30 SHD/GR, 10 H 2598, CCFTAN/CGEN/no 2340, encadrement de la 7e compagnie du génie, août 1953.
31 SHD/GR, 10 H 2598, CCFTNAI/CG/no 6094. Encadrement des unités des armées des États associés en personnel français, 28 mai 1953.
32 Par opposition aux « effectifs théoriques », les « effectifs réalisés » représentent les personnels effectivement présents dans l’unité. Ils diffèrent ainsi souvent du TED qui fixe la composition théorique d’une formation. En Indochine, les effectifs réalisés sont généralement inférieurs aux effectifs théoriques (on parle alors de sous-effectifs).
33 SHD/GR, 10 H 216, État du Viêt-nam/Ministre de la Défense nationale/Etat-major général/no 15213. Passage sous commandement vietnamien du 1er bataillon du génie, 2 novembre 1954.
34 SHD/GR, 10 H 216, CCFTNAI/EMIFT/1er bureau. Création du service du génie vietnamien, 31 décembre 1952.
35 La 33e CEEGV est créée le 1er octobre 1953, la 31e CEEGV, le 17. Leur encadrement français comprend deux officiers et d’une dizaine de sous-officiers.
36 BODIN (Michel), « L’armée nationale du Viêt-nam à la fin du conflit (1953-1954) », La bataille de Diên Biên Phu entre histoire et mémoire 1954-2004, actes du colloque organisé par l’université ParisI Panthéon-Sorbonne, les21 et 22novembre2003, Société d’histoire d’outre-mer, 2004, p.92.
37 L’armée nationale lao (ANL) ne se développe réellement qu’à partir de 1953 et met sur pied plusieurs unités du génie. Elle atteint un peu plus de 20 000 hommes lorsque les accords de Genève sont signés. SHD/GR, 10 H 524, armée nationale laotienne. Rapport annuel d’activité. Année 1953. 20 janvier 1954.
38 L’armée royale khmère (ARK), forte d’environ 20 000 hommes au mois de juin 1954, atteint 36 172 soldats au 31 décembre 1954 (SHD/GR, 10 H 524, CCI/EMIFT/1er Bureau. Effectifs de l’armée khmère au 31 décembre 1954). Avec un effectif total de 269 sapeurs, 229 pour la 1re compagnie du génie et 40 pour la chefferie de Phnom Penh, le génie cambodgien ne représente que 0,75 % de l’ensemble des forces de l’ARK.
39 SHD/GR, 7 U 1522, FTCVN/72e BG/683. Note de service, 30 janvier 1954.
40 SHD/GR, 10 H 983, CCI/CFTSV/CGEN. Rapport du capitaine Chevalier, doc. cit.
41 BODIN (Michel), « L’armée nationale du Viêt-nam à la fin du conflit », art. cit., p. 99.
42 GUILLAIN (Robert), « L’échec de l’armée vietnamienne » dans Diên Biên Phu, la fin des illusions. Février-juillet 1954, Arléa, 2004, p.170-177.
43 SHD/GR, 10 H 241, MMF/GVN/Le colonel. Étude sur l’armée vietnamienne, 29 mars 1954.
44 SHD/GR, 10 H 241, note sur l’armée vietnamienne, 10octobre1953.
45 SHD/GR, 10 H 241, MMF/GVN/Le colonel. Étude sur l’armée vietnamienne, doc. cit.
46 L’opération « Hautes-Alpes » qui se déroule entre mars et mai 1953 a pour but, d’une part d’assainir la zone sud du delta du fleuve Rouge (zone des évêchés) et d’autre part de fixer les divisions 304 et 320 afin que ces dernières ne puissent participer à l’offensive sur le Laos en lançant une attaque en direction de la plaine des Jarres.
47 ESAG. Opérations « Hautes-Alpes », doc.cit.
48 À la fin de l’année 1953, pour faire face à la puissance croissante du Viêt-minh, un retour à la formule divisionnaire est amorcé par réunion de plusieurs groupes mobiles. Un EDL permet une articulation souple du commandement en réunissant sous un même chef plusieurs groupes mobiles. Chaque EDL comprend un état-major et une compagnie de commandement, une artillerie divisionnaire, une compagnie de transmissions et un groupe de canons de 105mm HM 2.
49 SHD/GR, 10 H 2829. FTNV/Zone Sud-3e DMT/EM-3ebureau/n° 12798. Lettre au général commandant les FTNV, 6 décembre 1953.
50 SHD/GR, 10 H 2829, 3e BGVN/n° 2810. Compte rendu concernant les événements de la nuit du 3 au 4 décembre 1953. Voir aussi le rapport du colonel Piroth en SHD/GR, 10 H 2829, FTNV/Zone Sud/Commandement de l’artillerie/n° 997. Attaque du PC de l’EDL 3 dans la nuit du 3 au 4 décembre 1953.

Pour citer cet article
Référence électronique
Ivan Cadeau , « Les unités du génie de l’armée nationale vietnamienne (1951-1954) : renfort appréciable ou affaiblissement du génie du corps expéditionnaire ? », Revue historique des armées, 265 | 2011, [En ligne], mis en ligne le 16 novembre 2011. URL : http://rha.revues.org/index7348.html. Consulté le 28 janvier 2013.

Auteur
Ivan Cadeau
Chercheur à la Division études et enseignement du Service historique de la Défense, il a soutenu en2010 sa thèse de doctorat sur l’action du génie pendant la guerre d’Indochine. Il est notamment l’auteur d’un ouvrage sur le bataillon français de l’ONU (Le bataillon français de l’ONU en Corée 1950-1953 : le combat méconnu des volontaires français, SOTECA/SHD) et prépare actuellement un ouvrage sur la bataille de Diên Biên Phu (Tallandier) et un sur l’histoire de la guerre de Corée (Perrin).
Articles du même auteur
• John Prados, La guerre du Viêt-nam [Texte intégral]
Perrin, 2011, 833 pages
Paru dans Revue historique des armées, 269 | 2012
• Christopher E. Goscha, Historical dictionary of the Indochina War (1945-1954). An International and interdisciplinary Approach [Texte intégral]
Nias Press, Copenhague (Danemark), 2011, 600 pages
Paru dans Revue historique des armées, 269 | 2012
• Jean-Charles Jauffret, Afghanistan 2001-2010, Chronique d’une non-victoire annoncée [Texte intégral]
Autrement, 2010, 275 pages
Paru dans Revue historique des armées, 264 | 2011
• Jean-Pierre Rioux (préface), Diên Biên Phu vu d’en face. Paroles de bô dôi [Texte intégral]
Nouveau monde éditions, 2010, 271 pages
Paru dans Revue historique des armées, 263 | 2011
• Dominique de La Motte, De l’autre côté de l’eau. Indochine 1950-1952 [Texte intégral]
Tallandier, coll. « Archives contemporaines », 2009, 168 pages
Paru dans Revue historique des armées, 260 | 2010
• David Galula, Contre-insurrection. Théorie et pratique [Texte intégral]
Économica, 2008, 215 pages
Paru dans Revue historique des armées, 259 | 2010

Droits d’auteur
© Revue historique des armées
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La bataille d’Abbeville

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 Chronologie de la Seconde Guerre mondiale

La bataille d’Abbeville
du 28 mai au 4 juin 1940

En même temps que l’évacuation de Dunkerque et profitant que les forces blindées allemandes sont stoppées, le général Weygand (qui a remplacé Gamelin), tente à tout prix de creuser une route d’évasion à Abbeville.

La bataille d’Abbeville est une bataille qui se déroula du 28 mai au 4 juin 1940.

Côté alliés

Weygand a passé plusieurs ordres du jour offensifs :
• le premier est de couvrir les ports encore libres de Dieppe, Le Havre, Rouen alors que Calais, Boulogne et Dunkerque sont encerclés et tous sur le point de tomber;
• le deuxième est de repousser les Allemands de la tête de pont pour enfin ancrer une ligne défensive sur la Somme et mettre en place la « ligne Weygand ». On peut rapprocher cette idée du « miracle de la Marne » en 1914 arrêter les Allemands sur un fleuve et les contenir (Weygand tente ainsi de reproduire la manœuvre de Joffre). Encore une fois, on cherche à colmater et a établir un « front continu » et non pas à déstabiliser franchement l’adversaire. Pour les Français, l’opération est d’importance.

Côté allemand
• Pour les Allemands, il s’agit avant tout de protéger les flancs de leurs unités blindées qui combattent et contribuent, plus au nord notamment, à la prise des ports. Ils pouvaient très bien le faire de l’autre côté de la Somme et laisser les Français franchir le fleuve. Mais des décisions ont pesé sur l’OKH allemand pour que la tête de pont soit conservée. Lors du plan rouge (fall rot), les ponts d’Abbeville ne seront pourtant pas des passages privilégiés pour les Allemands, l’effort se fera plus à l’est. On peut donc dire qu’Abbeville revêt moins d’importance pour les Allemands que pour les Français.

Forces en présence
Côté Alliés

Weygand dispose, en récupérant ce qu’il reste des unités, de 400 chars, répartis entre la 1st Armoured Division restée en Normandie, de la 4e DCR du colonel de Gaulle et la 2e DCR du colonel Perré. Après l’échec de Montcornet, et de l’attaque dans le secteur de Crécy-sur-Serre, la 4e DCR est à nouveau complétée.
Il reçoit aussi la 5e DI britannique du général Fortune, venant de Lorraine.

Côté allemand

En face, sur le mont Caubert, se trouvent des éléments de la 57e division d’infanterie bavaroise « étirée en pelure d’oignon sur plusieurs dizaines de kilomètres1 », équipée de canons de 37 mm, des 88 mm de la Flak, de batteries de 105 et de 150 mm.

La bataille
Bataille de chars

En même temps que l’évacuation de Dunkerque, et profitant que les forces blindées allemandes sont stoppées, le général Weygand (qui a remplacé Gamelin) tente à tout prix de creuser une route d’évasion à Abbeville. Mais Weygand, au lieu de lancer toutes ses forces de blindés, envoie trois attaques successives. C’est la principale attaque blindée de l’ouest depuis le début de la guerre.
La 57e division tient le choc, bien installée sur ses positions défensives. Les Anglais perdent 66 chars et se replient le 27 mai. De Gaulle tente de prendre à son tour le mont Caubert et attaque pendant trois jours de suite avec 190 chars, le 22e régiment d’infanterie coloniale et 1 200 dragons portés.
L’attaque échoue à cause des 88 de la flak et par manque de soutien d’infanterie. De Gaulle est ensuite relevé par la 51e division écossaise et par la 2e DCR.
Le bilan de ces journées de combat se solde par une perte de 260 blindés et 200 tués du côté allié, et du côté allemand, 1 200 tués. Cette attaque montre que même une attaque de chars peut-être neutralisée par de l’infanterie lorsque celle-ci est bien installée et munie de canons anti-char, tels que les 88 de la Flak. Les Allemands rééditeront cette défense 4 ans plus tard, le 18 juillet 1944 lors de l’attaque de Montgomery à l’est de Caen.

Déroulement de la bataille

27 mai, 11 h : du château coliné de Oisemont, le colonel de Gaulle donne ses ordres aux chefs d’unité françaises et britanniques, en vue de déloger les Allemands installés sur le Mont Caubert et dans le triangle formé par les trois communes : Cahon-Gouy, Erondelle et Huppy.

28 mai : l’attaque française commence à 17 h. Le premier objectif à atteindre est le village d’Huppy. Des tirs précis et intenses d’antichars allemands harcèlent les blindés français. De Gaulle est présent sur tous les points chauds, circulant à bord de sa berline noire au milieu des chars et des éclatements d’obus pour animer l’offensive. À la tombée de la nuit, les blindés français sont parvenus à atteindre Les Croisette sur la commune de Béhen. De Gaulle se rend alors au château de Mérélessart et y rédige l’ordre référencé suivant : « PC 28 mai, 23 h, 4e DCR; E-M, 3e Bureau, n° 187/3P » pour les directives du lendemain. Cet ordre se termine au point IX par un éloge à ses troupes en ces termes : « Quoique avec un peu de lenteur dans le démarrage et d’hésitation dans la droite, la 4e DCR, a brillamment mené son attaque du 28 mai ».

29 mai : vers 4 h du matin, les 60 pièces d’artillerie allemande entreprennent un pilonnage de la région d’Huppy. À 8 h, de Gaulle revient aux Croisettes et ordonne au chef de bataillon Petit d’attaquer avec ses chars les monts Cauberts. Des canons antichars allemands, bien camouflés sur la pente de ces monts, arrêtent l’avancée des blindés français qui subissent des pertes importantes. En fin de matinée, ils ont quand même atteint les villages de Béhen, Bienfay, Moyenneville et Mareuil. À Béhen, ils sont étonnés de voir le village désert et constate alors que les habitants sont enfermés dans l’église, alors qu’à Boencourt, hameau de la dite commune de Béhen, ils sont prisonniers dans la salle de classe. Après les avoir délivrés, ils apprennent que les Allemands avaient enfermé les 250 personnes présentes dans le village durant les deux nuits précédentes, pour cause de sabotage des fils téléphonique de la commune coupés.
L’infanterie du 22e RIC a réussi à occuper les vergers au nord de Villers-sous-Mareuil. Le lieutenant Du Chatelet pénètre dans Mareuil avec cinq chars après avoir détruit une barricade. Dans le courant de l’après-midi, les Allemands contrattaquent dans les bois de Villers-sous-Mareuil contre le 4e bataillon de chasseurs à pied.

La journée s’achève par un duel d’artillerie. Le colonel de Gaulle commandant la 4e DCR installe alors son PC au château d’Huppy où il prend quelques moment de repos.

30 mai : le colonel de Gaulle décide d’effectuer dès l’aube une percée vers Moyenneville et Cambron. Les canons antichars allemands, toujours bien camouflés sur le mont Caubert, arrêtent l’avancée des chars français qui subissent des pertes importantes. Le 1er bataillon du 22e RIC qui tient les hauteurs dominant Mareuil ainsi qu’une bonne partie de ce village, se fait à nouveau pilonner dans l’après-midi, par les canons de 105 mm de l’artillerie allemande.
Les Allemands lancent cinq contre-attaques qui sont toutes repoussées, tandis que l’aviation française bombarde les pentes de Mareuil et les ponts d’Abbeville.

En fin d’après-midi, des hauteurs de Villers-sous-Mareuil, le colonel de Gaulle, vêtu de sa veste de cuir, observe à la jumelle les différentes phases de la bataille, puis décide l’arrêt des combats. Il se rend alors au PC du colonel Le Tacon, commandant le 22e RIC installé au château d’Huchenneville, pour le féliciter et l’informer de ses nouvelles décisions.
Le bilan de ces combats est très lourd. La 4e DCR du colonel de Gaulle, a subi des pertes de 800 hommes. En matériel, 113 blindés sont inutilisables, il n’en reste que 54. Mais, elle a en revanche, détruit avec son artillerie de nombreuses armes antichars et aussi décimé la 57e ID bavaroise. Elle a également capturé près de 400 prisonniers allemands et pris à l’ennemi un matériel important.
31 mai : la 4e DCR est relevée par la 2e DCR, et le 22e RIC par la division écossaise du général Fortune.
Après avoir reçu un rapport du colonel de Gaulle, le général Altmayer réunit à Saint-Maxent les généraux commandant la 51e DI anglaise, la 4e DCR, les 2e et 5e DLC. Ils lui exposèrent leur situation et l’état de leur troupes après l’opération des trois journées précédentes dans la région d’Abbeville.

1er juin – 3 juin : reprise de l’attaque des têtes de ponts à Saint-Valery par les Écossais et à Abbeville par la 2e DCR. Le général Fortune installe son PC avancé à Martainneville.

4 juin : l’attaque partit à l’heure dite, les débuts à Yonval permirent de présumer un succès, mais une violente contre-attaque ennemie en direction de Bienfay renversa la situation. La 51e DI écossaise revint sur la base de départ. Le général Fortune décide à ce jour de ne plus lancer une nouvelle attaque et fait replier les chars restants de la 2e DCR sur la Bresle pour s’y reformer et panser ses blessures.

22e régiment d’infanterie coloniale
Le fait que le 22e RIC lui soit alloué force le colonel de Gaulle à modifier le plan élaboré par son chef d’état-major, le commandant Chomel.
• L’attaque sur Abbeville sera donc faite par trois mouvements parallèles.
o L’infanterie divisionnaire, le 4e BCP et les chars lourd B1 bis à gauche.
o Le II/22e RIC et les chars légers R35 au milieu.
o Le I/22e RIC et les chars de cavalerie Somua et H39 à droite.
o Le III/22e RIC en réserve.

L’attaque du 28 mai est la seule grande offensive lancée par les Alliés. Précédés par un matraquage d’artillerie, les Français bousculent le dispositif allemand. Le régiment occupe Mareuil-Caubert, face à la 57e division du generalleutnant Oskar Blümm.
Au nord, les I et II/22e RIC ont pris le village de Villiers, puis le bois face au mont Caubert, mais celui-ci résiste toujours. Les pertes à Abbeville sont de 500 morts. Le 30 mai, la 4e DCR est relevée et le 22e est remplacé par les Écossais.
La bataille d’Abbeville qui vit attaquer plus de 500 chars et 4 divisions d’infanterie constitue la plus grande offensive que les Allemands aient subi avant la bataille de Koursk.

Le 22e RIC combat toujours les 5,6 et 7 juin sur la ligne Weygand (dans la région d’Airaines). Obligé de se retirer, il est acculé à la mer près de Saint-Valery-en-Caux. Mal nourris, sans ravitaillement en vivres et en munitions, épuisés, combattant toujours, ce qui reste du régiment (environ 400 hommes) se réfugie dans une ferme qui servira d’ultime défense. Le régiment refuse de se rendre et décide de faire « Bazeilles ». Les Panzer sont appelés en renfort et crachent de tous leurs tubes sur la ferme, mais l’infanterie allemande ne progresse pas. Le combat dure 3 heures et faute de munitions, le colonel Le Tacon décide de se rendre.

Le 22e RIC compte alors 2 200 tués ou blessés.
Pour un article plus général, voir : 22e régiment d’infanterie coloniale .

Conséquence et conclusion

On présente généralement la bataille d’Abbeville comme un succès réel mais d’ampleur limitée, qui à lui seul était bien incapable de renverser le cours de la campagne, et qui s’est avéré inutile en raison de la déroute finale. La bataille d’Abbeville finissait à peine que Dunkerque tombait déjà (4 juin), sonnant quasiment l’espoir d’une victoire de l’armée française.
Henri de Wailly, dans De Gaulle sous le casque, est encore plus sévère puisqu’il compare l’entêtement de de Gaulle à attaquer de front le mont Caubert à l’entêtement des chevaliers français à Crécy.

Remarques
Le colonel de Gaulle fut nommé général de brigade, le 24 mai 1940, à titre temporaire avec effet au 1er juin.
À la suite de cette bataille d’Abbeville, le général de Gaulle est cité à l’ordre de l’Armée en ces termes : « Le 7 mai 1940, à peine formée, la 4e DCR, sur les ordre du colonel de Gaulle a été jeté dans la bataille.
Isolée de toute unité combattante au nord de l’Aisne au cours d’actions sur Montcornet, Crécy-en-Serre et dans les massif de Laon, a pris l’ascendant sur l’ennemi. Quelques jours plus tard, par une série de fougueuses attaques, a arrêté l’ennemi débouchant d’Abbeville …. La 4e DCR a bien mérité de la Patrie ».

Notes et références
1. ↑ Henri de Wailly

 

 

De Gaulle sous le casque : Abbeville 1940 (Henri de Wailly)
http://fboizard.blogspot.com/2007/01/de-gaulle-sous-le-casque-abbeville-1940.html
Publié par fboizard
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La bataille d'Abbeville  gaulle10

Ouvrage assez peu flatteur pour Charles De Gaulle. On sent par ailleurs au ton que l’auteur n’est pas un gaulliste forcené.
Avec la 4ème DCR, les 28,29,30 mai 1940, le général De Gaulle s’est créé l’occasion de reprendre Abbeville et l’a laissé passée. Très handicapé par l’absence de liaisons radio, il n’a pas su sentir le moment où les Allemands flanchaient et leur a donné le temps de se reprendre. Bref, il n’a pas eu d’inspiration napoléonienne ; pas de Montmirail pour la campagne de France de 1940.
De plus, il a attaqué de front, négligeant les conseils, qu’on peut estimer meilleurs a posteriori, de manoeuvrer. Il a été arrêté principalement par 3 canons de 88 mm judicieusement placés : les chars privés d’infanterie à cause de mauvaises liaisons ont été tirés comme des lapins.

Henri de Wailly n’hésite pas à faire le parallèle avec Crécy : les Français, supérieurs en nombre, attaquent follement, de front et à répétition, un ennemi bien retranché et doté d’armes nouvelles à longue portée (longbows dans un cas, 88 mm dans l’autre), préférant le courage et la charge à la réflexion et à la manoeuvre.
Enfin, De Gaulle a été cassant et injuste, voire odieux, avec ses subordonnées (ce qui explique je pense qu’aucun de ses officiers n’ait rejoint la France Libre, certains ont fait partie des armées de la Libération.)
Tout cela ne devrait pas étonner outre mesure : De gaulle était plus un théoricien, un stratège et un politicien qu’un tacticien et un meneur d’hommes. Son expérience du combat était d’ailleurs assez limitée (il a été blessé très vite en 1916).
A la lumière de ce qu’on a appris depuis de l’engagement de blindés, en connaissant ce que d’autres ont fait, on ne peut toutefois s’empêcher de penser que cet homme là pouvait mieux faire. Une des qualités de De Gaulle est sa capacité à apprendre, peut-être, si il avait poursuivi une carrière militaire, se serait-il amélioré.
Il s’est tout de même montré énergique et résolu, cependant, on aurait pu espérer mieux sur le terrain d’un prophète de l’arme blindée.
Ainsi, le destin de De Gaulle a basculé : lui qui hésitait encore entre destin militaire et destin politique avant Abbeville, a choisi la politique.
Enfin, tout cela s’incrit dans un tableau plus général. Sur le front de la Somme, à la fin mai, les Alliés avaient la supériorité numérique en chars, les blindés allemands étant concentrés autour de Dunkerque. Pourtant, aucun engagement ne fut victorieux.
De Gaulle, et on retrouve le stratège, aurait préféré éviter ces couteuses escarmouches et retirer les blindés en deux corps, au nord et au sud de Paris, de manière à menacer l’attaque allemande à prévoir en juin. Et, effectivement, les quelques 500 chars perdus vainement fin mai ont cruellement manqué une semaine plus tard.
On peut se demander si cette bataille de la Somme ne s’inscrit pas déjà dans la stratégie de Weygand de tout mettre en avant, de ne garder aucune réserve, afin qu’en cas de défaite, prévisible, l’armistice soit inévitable.
On a accusé Pétain de trahison, mais Weygand ne fut, hélas, pas un mauvais précurseur, car n’est-ce pas traitrise de la part d’un chef que de se battre en anticipant de se rendre ?
Au fond de la défaite de 1940, il reste un mystère. Certes, Hitler avait bien préparé le terrain politique, mais un tel effondrement moral, notamment des chefs, comment fut-ce possible ?
Puisqu’on parle de campagne de France, on peut faire la comparaison avec celle de Napoléon, il a été vaincu par la trahison de Marmont et par son infériorité numérique, mais tous s’accordent à considérer qu’il y a montré du génie.
A contrario, lors de la campagne de 1940, on a vu d’admirables actes d’héroïsme mais les chefs sont tous plus ou moins passés pour des minables et ceux qui ne l’étaient pas avaient le défaut d’être à des postes assez subalternes, ce que l’on peut, en des circonstances aussi dramatiques, leur reprocher. De Gaulle avait compris que, dans les situations de périls, les routines du temps de paix, le respect du protocole, la voie hiérarchique, pouvaient très bien accélérer le désastre. Or, à ma connaissance, à part De Gaulle, il ne s’est trouvé personne pour rompre avec les habitudes. Le mieux placé était évidemment P. Reynaud, il n’a pas été Clémenceau ; G. Mandel non plus.
Aujourd’hui, ne sommes nous pas dans la même situation ? La politique à suivre en 2007 est bien plus claire qu’en 1940, c’est celle qui a déjà été suivie avec profit par tant de pays : réduire drastiquement et rapidement la dépense publique, en mettant les fonctionnaires en mesure de choisir et de prendre leurs responsabilités. Pourtant, on ne trouve personne pour porter cette politique limpide.
J’espérais, naïvement je le reconnais, que la campagne présidentielle nous permettrait de jauger la capacité de N. Sarkozy. Malheureusement, son adversaire socialiste est si nulle qu’il n’y a pas de débat.
Il est vrai qu’une défaite militaire est un fait visible pour tous et donc suscite des réactions. Une défaite économique comme celle que nous vivons (si nous avions eu la même croissance que la Suède ces 15 dernières années, le salaire moyen annuel serait plus élevé de 6000 € (à vérifier, mais c’est l’ordre de grandeur)) peut être niéé, maquillée, contournée, dissimulée ; d’où les discours sur la « mondialisation ultra-libérale » qui serait une catastrophe (« naturelle » ou affreux complot, au choix) venant de l’extérieur. Il est tout de même bizarre que ça soit une catastrophe seulement pour l’Europe continentale, et encore, essentiellement dans sa partie ouest (un affreux complot anti-européen, quoi !!!).
Publié par fboizard

 

 

Monument Bataille d’Abbeville

monume13

http://www.panoramio.com/photo/46292806

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