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31 décembre 2012

Combat de Wavre-Sainte-Catherine

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La Belgique et la Grande Guerre

http://www.greatwardifferent.com/Great_War/Belgique_Recits/Recits_17.htm

de la revue ‘Revue de la Presse’, du No. 151, 6 septembre 1918
‘La Belgique Héroïque et Vaillante’
‘Combat de Wavre-Sainte-Catherine’
Recueillis par le Baron C. Buffin

http://www.greatwardifferent.com/Great_War/Belgique_Recits/Recits_17.htm

Combat de Wavre-Sainte-Catherine berlin10

soldat allemand dans les ruines du fort de Wavre Ste. Catherine

 

Combat de Wavre-Sainte-Catherine
28 septembre-10 octobre 1914

par le sous-lieutenant Heuroz
commandant la 1er compagnie du 1er bataillon du 2 régiment de carabiniers de forteresse

Sans cesse harcelés par l’armée belge et inquiets pour le flanc de leur ligne de communication, les Allemands résolurent de s’en prendre à la forteresse d’Anvers, refuge de notre armée après chacune de ses opérations offensives.

A la fin du mois de septembre, l’ennemi avait reçu du renfort en troupes de toutes armes, particulièrement en artillerie de siège et en pionniers, rendus disponibles par la chute de Maubeuge.

Le 27 septembre, à 7 heures du matin, je reçois l’ordre d’occuper les tranchées avec ma compagnie et de suspendre tous les travaux. Ma compagnie se trouve dans l’intervalle de Dorpveld et du front de Wavre-Sainte-Catherine. Elle est appuyée à droite par la compagnie du capitaine-commandant adjoint d’état-major Havenith, commandant de l’intervalle. Ce jour-là, les Allemands ont commencé à refouler le détachement de la lre division d’armée qui tient les abords de la ligne. Nous savons donc que les Allemands vont nous attaquer, mais nous sommes persuadés que nos positions sont inexpugnables, tant nous les ayons organisées et hérissées d’engins de toute espèce; aussi c’est avec la plus grande confiance que nous attendons le choc. Cette journée est très calme aux alentours du fort; un avion belge est abattu et tombe dans nos lignes, près de notre petit poste.

Lundi 28 septembre. – Une belle journée se dessine. Bien loin, au fond, s’élèvent deux ballons captifs boches; ils se balancent au gré des vents, l’air menaçant; des avions font entendre le ronronnement de leurs moteurs: prévisions certaines d’une attaque imminente. Vers 11 heures, un sifflement lointain retentit qui bientôt se transforme en un grondement de tonnerre, sans cesse grandissant, pour se perdre dans une explosion formidable! Par la visière de la tranchée, chacun voit, à 150 mètres en avant du fort, une colonne de fumée d’au moins 20 mètres de haut. C’est un 420 millimètres qui vient d’éclater. Exactement onze minutes après, un second obus, avec le même fracas, tombe à 50 mètres des glacis du fort. Tout le monde est sur pied, tous les yeux fixent le fort avec angoisse; le troisième obus ne se fait pas attendre: onze minutes après, il vient s’écraser en plein sur le fort…

« Pauvre Catherine! » disent les hommes. Malgré ses blessures, Catherine continue à cracher sa mitraille. Le feu des 420 se succède à intervalles de onze à douze minutes, durant toute la matinée; dans l’après-midi, il devient plus intense, les obus arrivent alors par salves de deux. Beaucoup manquent leur but, heureusement pour le fort. Cependant sa résistance est sérieusement compromise. Les bétonnements, les cuirassements n’ont du reste été calculés qu’en vue du bombardement par des pièces de 21 centimètres au maximum. Ainsi, voit-on souvent sortir, des souterrains de l’ouvrage, cinq ou six artilleurs, qui rapidement, entre deux rafales, grimpent sur le fort et en toute hâte comblent, au moyen de sacs de terre, les excavations produites par les projectiles, puis filent à toutes jambes à l’approche des bolides. Certains mêmes, bravant ces mastodontes de métal, continuent le travail; ces vaillants donnent aux soldats delà tranchée un bel exemple d’héroïsme; nous les regardons émerveillés, nous sentons notre courage grandir. Le bombardement cesse à 16 heures et demie exactement. La masse de béton du fort est fissurée, les couloirs bouchés par l’odeur écœurante des gaz de trotyle. Aucune victime de part ou d’autre. Le fort de Wavre- Sainte-Catherine a reçu te baptême du feu.

Mardi 29 septembre. – Les lre et 2e divisions se trouvent alors dans le 3e secteur, Waelhem-Lierre; les 3e et 6e dans le 4e; Waelhem-Escaut; la 4e division occupe Ter- monde; la 5e forme la réserve générale. Le bombardement recommence à la pointe du jour; bientôt, les grosses marmites tombent dru sur le fort. Parfois une de ces niasses, mal dirigée, éclate dans l’intervalle. C’est un véritable tremblement de terre, le sol oscille, on croirait que la terre va s’entr’ouvrir et nous engloutir. Bientôt le feu redouble d’intensité. A certains moments, le fort est canonné à la vitesse de 20 à 25 coups par minute avec obus de tous calibres. Le fracas, est assourdissant, on s’entend à peine parler.

Chacun craint pour le fort et chaque fois qu’un obus est « but », les hommes murmurent: « Pauvre Catherine ». Vers 10 heures, le tir à shrapnells contre les intervalles commence. Ordre m’est donné par le commandant Havenith d’occuper avec une section la tranchée de combat; le restant de ma trou e s’établit dans la tranchée- abri, située à 50 mètres derrière. Pendant ce changement, une volée de shrapnells s’ébat sur le boyau de communication: quatre blessés très légèrement, dont le sergent Claudot, volontaire de guerre, qu’il faut évacuer. Ensuite, c’est au tour du village de Wavre-Sainte-Catherine d’ « encaisser ». Plusieurs salves y font assez bien de victimes, dont plusieurs civils. C’est la panique; les gens affolés, terrifiés, se sauvent, emportant quelques objets hâtivement rassemblés; les femmes en pleurs entraînent leurs bambins qui, ne sachant quoi, poussent des cris déchirants. A la nuit tombante, plusieurs maisons sont en flammes. Nous assistons impuissants à ce lamentable tableau, furieux de ne pouvoir venger ces malheureux. De tous côtés, le canon gronde, l’air saiuré de fumée est acre, l’odeur de la poudre nous prend à la gorge. Enfin, peu à peu, tout rentre dans le calme, les sentinelles gagnent leur poste au delà du réseau des fils de fer barbelés. Jusqu’ici la cuisine s’est faite dans la tranchés, à côté d’an abri pour mitrailleuse; pendant le bombardement, un obus malencontreux plonge dans la douche, où cuit la soupe, projetant de toutes parts potage et viande; toutes communications avec l’arrière étant coupées, le ravitaillement est impossible. Je recommande aux soldats de ménager les vivres qu’ils ont encore et de conserver à tout prix leur ration de réserve. Les hommes, toujours calmes, oubliant déjà le danger qu’ils ont couru pendant la journée, ne protestent

point; ils se rendent bravement à leur poste d’observation, pendant que leurs camarades vont prendre un peu de repos. La nuit se passe sans incident.

Mercredi 30 septembre. – La compagnie occupe toujours la même position. A peine le soleil est-il levé, que le bombardement des forts, de l’intervalle et de la redoute reprend de plus belle. Je reçois un renfort, une compagnie du 6e de ligne qui vient occuper la tranchée-abri. Plus de 300 hommes grouillent dans ce trou. Je prévois un 42 sur cette tranchée! Quel carnage! Je tremble pour mes hommes en songeant au danger qu’ils courent. Mais eux n’y pensent pas; heureux du renfort inattendu, ils ne songent plus qu’à la victoire. Les obus de tous calibres pleuvent de toutes parts, les obus-mines éclatent avec un fracas épouvantable. Les coups se précisent et atteignent notre parapet. La tranchée oscille, va-t-elle s’écrouler? Les éclats d’obus tombent à nos pieds.

Tout à coup, un obus tape sur la tranchée. La fumée dissipée, on s’aperçoit avec consternation que plusieurs hommes sont ensevelis sous les décombres! On les entend crier. Au premier moment, personne ne bouge, nous sommes cloues au sol par la stupeur et l’effroi. Enfin, plusieurs volent au secours de leurs camarades, je m’approche et vois avec horreur le pauvre Vander Stappen, complètement décapité. La tête intacte, gît à ses pieds; trois autres, dont le sergent Dooms, sont grièvement blessés. Les obus arrivent par rafales, c’est épouvantable! Les hommes atterés se sont couchés, leur couverture sur la tète pour se protéger des éclats et pour ne rien. voir. A côté de moi, un soldat sort d’un calepin le portrait de sa femme et de ses enfants, ils sont trois groupés autour de leur » mère. Pendant cet infernal bombardement, ce pauvre homme, voyant la mort si proche, aime à revoir les siens; les Larmes aux yeux, il secoue tristement la tête. Je m’assieds à ses côtés, et, après quelques bonnes paroles, je parviens à lui faire reprendre courage. Soudain il se lève, et tendant son poing vers l’ennemi, leur crie: « Arrivez donc, sales Boches, nous allons voir si vous êtes aussi forts à la baïonnette qu’avec vos 42. » A peine a-t-il lancé les derniers mots de son apostrophe qu’une explosion plus formidable que les autres nous fait sursauter. La poudrière du fort vient de sauter. « Pauvre Catherine! » Notre artillerie placée dans les intervalles, bien que soumise, elle aussi, à un bombardement violent, riposte avec vaillance. Nos hommes en sont encouragés; ils se sentent soutenus. Il est exactement 11 h. 45. Une estafette tout essoufflée me tend d’une main tremblante un pli fermé; c’est un ordre du commandant de la position fortifiée d’Anvers. « Malgré le bombardement, et si terrible qu’il soit, il faut résister à outrance, jusqu’à la mort! » On résistera.

Je congédie l’estafette, un garçon de dix-huit ans, qui, sans se soucier des obus et des shrapnelles, s’encourt à son poste.

Les Allemands bombardent toujours avec acharnement la redoute de Dorpveld. Un 42 s’abat sur une maison située près du fort. Il n’en reste que des décombres; des briques retombent jusque dans notre tranchée. Enfin les heures passent, la journée s’écoule tout doucement. Dans la soirée, la canonnade diminue d’intensité, les soldats en profitent aussitôt pour se promener et se dégourdir les membres. Ils sont gais, contents de se revoir, heureux d’avoir échappé à la mort; et c’est toujours pleins d’espoir qu’ils attendent l’arrivée des Boches. Résultats de la journée: un tué, cinq blessés. Les petits postes placés, chacun veille, personne ne veut se reposer. On croit à une attaque de nuit et tout le monde désire être là, pour donner le premier coup de feu, pour recevoir dignement l’ennemi. Contre toute attente, la nuit se passe sans incident, à part quelques patrouilles aperçues aux environs du village.

Jeudi 1er octobre. – La compagnie occupe le même poste. Le bombardement, tant dans les intervalles que sur les positions arrières, recommence plus effroyable encore que les jours précédents; les Boches nous inondent de projectiles de tous calibres. Tout le monde reste inébranlable sous les averses de mitraille. Les batteries ripostent toujours. Seuls les forts se taisent, ils sont complètement détruits. Le bombardement se poursuit avec la dernière violence, comme si l’ennemi voulait nous écraser par les seuls eflets de son artillerie lourde, contre laquelle il nous sait impuissants. Le vacarme est indescriptible. En moins de vingt minutes, je compte trois tués et une dizline de blessés. Ma tranchée menace ruine; à tout prix, il faut la réparer; sur ma demande, quelques volontaires se présentent et malgré le bombardement travaillent avec ardeur. Les pertes sont grandes, mais nul ne songe à lâcher pied. L’ordre est venu de résister à outrance, de tenir malgré tout, nous obéirons, nous sommes résolus à mourir sur place. Les obus pleuvent toujours sans discontinuer.

A Wavre-Sainte-Catherine village, les ravages sont terribles, la localité entière tremble dans un bruit continu de tonnerre. C’est dans cet enfer pourtant que doivent demeurer les soldats chargés de la défense. Le sous-lieutenant Blanckaert et ses mitrailleuses tiennent toujours près de l’église; ils s’abritent comme ils peuvent et leur impassibilité dans ce bombardement infernal n’est pas un des spectacles les moins impressionnants. L’artillerie ennemie, toujours avec la même rage sacrilège, vise l’église, qui reste debout; le clocher est à peine touché; des maisons s’écroulent. De temps en temps une explosion plus puissante se fait entendre, quelqu’un déclare alors simplement: « Encore un 42 ». Il est visible que l’ennemi tente, par l’intensité de son bombardement, de rendre nos positions intenables, espérant nous démoraliser. De notre pauvre tranchée qui oscille, qui tangue à donner le mal de mer, le spectacle est effrayant.

Chaque fois qu’un obus de gros calibre l’atteint, des positions entières s’éboulent ensevelissant morts, blessés, vivants. Deux, trois, quatre grosses marmites s’y abattent par minute. Le capitaine du 6 de ligne tombe à mes côtés, l’épaule fracassée. Dans les tranchées, les hommes tiennent bon, malgé l’horrible crispation des nerfs, la soif, le spectale de leurs camarades déchiquetés, le gémissement plaintif des blessés. Le sergent-major Démarche est blessé également. Nos batteries tirent à toute volée. Pour- tant elles ont fort à souffrir, car elles sont repérés exactement par les maudits ballons captifs. Des schrapnells brisants, des obus-mines éclatent jusque sur nos pièces; elles sont démolies les unes après les autres et les braves artilleurs gisent à leurs pieds. Hor- rible! la situation devient de plus en plus critique. En l’absence du capitaine du 6e de ligne qui est évacué, je prends le commandement de la tranchée. Il est 14 heures et demie précises. Toui à coup, on aperçoit, à 200 mètres en avant du fort, deux hommes, dans le réseau cfe fils de fer. Pas de doute, ce sont des Boches. Que viennent-ils faire? Leurs obus ne tombent cependant pas loin d’eux. Soudain, trois salves partent des tranchées du capitaine-commandant A. E. M. Havenith; un boche tombe, se relève et tombe une seconde fois, l’autre s’enfuit. Un quart d’heure après, il revient accompagné de deux camarades portant un brancard et agitant un drapeau de la Croix-Rouge. Pas un coup de feu n’est tiré, le blessé est transporté vers les lignes allemandes. Le bombardement continue pour diminuer d’intensité vers la tombée de la nuit. Le commandant du ort, qui avait évacué son ouvrage, profite de cette accalmie pour le ré- occuper, mais celui-ci est à peu près anéanti. Le lourd cuirassement d’une coupole de 15 centimètres a complètement disparu, et l’incendie sévit dans les décombres. Je fais immédiatement ensevelir les morts et emporter les blessés. Vers 17 heures, je reçois l’ordre du commandant de l’intervalle d’occuper la tranchée de combat avec lés deux compagnies. On prévoit une attaque pour cette nuit. Mes sentinelles de surveillance à leur poste, nous attendons bravement l’arrivée des Allemands. Un instant de calme, nous en profitons pour casser une croûte. Les hommes en sont à leur dernière ration de vivres de réserve. Que mangerons-nous demain? Déjà la soif se fait sentir, la gorge brûle, et il n’y a pas d’eau. Des hommes en trouvent derrière la tranchée, elle est un peu trouble, mais qu’importe, cela rafraîchira bien. Devinant que je suis altéré, un brave me tend sa gourde. « Merci, mon vieux. Conserve cela pour demain, et puis je n’ai pas soif. – Mais, mon lieutenant, il y a du sucre avec!!! » Je vais visiter mes petits postes. J’ai à peine fait vingt pas que le caporal arrive en criant: « Mon lieutenant, les Boches sont ià, près des fils de fer ». Je tends l’oreille. Tout à coup les sonnettes accrochées aux fils de fer tintent; pas de doute, ce sont eux. Au commandement de: « Feu à volonté », les hommes ouvrent un tir nourri sur les réseaux. C’est un feu d’enfer. Les balles coupent les fils et font voler des milliers d’étincelles.

Alors, la redoute que tout le monde croit morte s’allume comme un brasier et envoie sur l’assaillant des rafales de mitraille. Les hommes crient déjà victoire, heureux de faire le coup de feu, mais furieux de ne pas apercevoir les Boches. Il fait un noir d’encre. Impossible de voir à deux mètres devant soi. Les Allemands, surpris dans leur attaque, rispotent ferme, mais leurs balles, passent au-dessus de nous. De temps en temps, quelques balles ennemies semblent venir s’écraser derrière nous, contre un mur qui n’existe pas. Tout le monde a la même pensée: des balles explosives! Plusieurs patrouilles sont envoyées fouiller les alentours. Je fais reposer les hommes par moitié. Manquant presque totalement de munitions, j’envoie le sergent-major Cnirephout prévenir le commanda ,t Havenith qu’il me faut des cartouches à tout prix. J’ai su après que le sergent-major n’était jamais arrivé. Que lui est-il arrivé? Tué ou disparu? La nuit se passe sans autre événement.

2 octobre. – Le jour venu, la grosse artillerie ennemie reprend son tir d’écrasement. Le pont de Duffel est battu par des pièces de 13 centimètres. La gare reçoit plus de 250 obus en moins de deux heures et demie. Le fort de Wavre-Sainte-Catherine et la redoute Dorpveld sont à nouveau couverts de projectiles. Ce sont les préliminaires d’une attaque d’infanterie. Vers 6 heures trois quarts plus de 200 hommes débouchent en ordre serré de la route de Malines et, à travers champs, se dirigent au pas de course sur la redoute. Je commande aussitôt le feu rapide; à 200 mètres, les hommes tirent juste, des rangs entiers sont balayés, remplacés par d’autres, qui à leur tour tombent sous les coups de nos Mausers. Soudain, toute la bande s’arrête, quelques hommes agitent des drapeaux belges et des drapeaux blancs. Nous distinguons mieux leurs uniformes, ce sont des lignards. « Cessez le feu, ce sont des nôtres », crient les hommes. Malgré tout, j’ordonne de continuer le tir. Violant une fois de plus les lois de la guerre, les Allemands ont revêtu leurs troupes d’uniformes volés dans nos dépôts. La fusillade recommence aussitôt plus violente que jamais. De toutes ces troupes une trentaine parviennent à la redoute et se cachent dans les fossés. L’un d’eux, porteur de pancartes, les place au sommet de la redoute, le côté intérieur dirigé vers l’ennemi; je ne puis distinguer ce genre de signaux. La fusillade cesse; dix minutes après, une des deux pancartes tombe et une vingtaine d’Allemands s’enfuient vers leurs lignes… Quelques instants plus tard, nous entendons le mac… mac de leurs mitrailleuses placées au-dessus de la redoute; bien pointées, leur balles traversent nos créneaux.

Le sergent Chaignot, volontaire de guerre, le fusil sur une des mitrailleuses, tombe raide mort, une balle au front. Le brave âgé de dix-sept ans à peine, est fils unique d’une veuve! Une brève accalmie me permet d’évacuer mes blessés.

L’ennemi ne bombarde plus que nos positions arrière. Au moment précis où l’artillerie allemande allonge son tir, l’infanterie ennemie, sortie on ne sait d’où, se précipite en hurlant « Hoch! » sur le fort de Wavre-Sainte-Ca-therine. J’ai ordre de tenir jusqu’au bout, mais tourné à ma droite et n’ayant plus guère de cartouches, je vais être entouré. A droite, le capitaine-commandant Havenith débordé se replie en bon ordre; n’ayant donc plus de sûreté de ce côté, je me vois forcé de battre en retraite vers la chapelle, à 500 mètres derrière notre ligne. Le caporal Deron et une dizaine d’hommes restent à faire le coup de feu jusqu’à ce que le dernier soldat ait quitté la tranchée. J’ai à déplorer la perte de beaucoup de victimes. Les maudites mitrailleuses de la redoute me fauchent une vingtaine de combattants. Beaucoup d’entre eux, blessés, ne peuvent être transportés et restent malheureusement aux. mains des Allemands. Arrivés au poste de la chapelle, notre seconde ligne, je donne ordre d’occuper- la nouvelle tranchée. Nous n’en avons pas le temps, une cinquantaine de Teutons, que je n’avais pas vus, nous canardent de flanc, plusieurs des nôtres tombent. Nous devons nous retirer, abandonnant nos blessés. Nous sommes poursuivis jusque Poupelaerstraat, où fatiguée, exténuée, ma compagnie s’arrête pour prendre un léger repos.

Nous étions tous heureux d’avoir échappé à l’ennemi: cinq minutes de plus dans la tranchée et nous étions prisonniers. Enfin je me dirige vers Elzenstraat pour joindre le lieu de concentration, le pont de Duffel. A l’entrée du village, je rencontre le capitaine- commandant Havenith; heureux de me revoir après ces terribles journées, il me félicite d’avoir tenu vaillamment avec mes hommes pendant cinq jours, sous un bombardement furieux, et de m’être retiré en bon ordre. Pendant le repos que je donne à mes hommes, je fais un appel général; 75 soldats manquent: tués, blessés et disparus. Deux gradés restent, le premier sergent Coppens et moi. Nous croyons avoir mérité quelques jours de repos à l’arrière, mais dès que nous sommes ravitaillés

en cartouches et en vivres, nous recevons l’ordre de reprendre position entre Wavre- Sainte-Catherine et Duffel. Nous y sommes acceuillis par un nouveau bombardement. Contournés à notre droite dans la direction de Waelhem, nous sommes contraints de nous retirer sur Duffel. La traversée de ce village, bombardé par du gros calibre, nous demande longtemps. Bientôt l’ordre nous parvient de nous replier à tout prix. Nous passons au pas accéléré, nous traversons le pont de Duffel, canonné avec frénésie, en trombe et sans avoir perdu un homme, et nous nous arrêtons hors du village. Ordre nous est donné ainsi qu’au commandant Havenith de nous replier sur Linth, où nous arrivons dans la soirée. Le restant du régiment s’y trouve. Là, je fus témoin des félicitations que le chef de corps adressa au sergent Delobbel pour sa belle conduite au feu et sa bravoure pendant le bombardement. Il avait, au péril de sa vie, sauvé son commandant (le commandant Van der Minnen) enseveli dans sa tranchée. Un autre fait est à signaler concernant ce sous-officier: sa compagnie se trouvait immédiatement entre le fort de Koningshoyck et la redoute de Borsbeek; les artilleurs d’une bat– terie de 75, qui appuyaient la tranchée à gauche, avaient abandonné leurs pièces. Et cependant, ces pièces étaient de la plus grande utilité pour contrebattre les pièces allemandes et l’infanterie boche installée à 800 mètres de la position.

Sans hésitation et emporté par son patriotisme, Delobbel, qui savait manier le canon, se présenta pour remettre la batterie en action. Avec trois nommes, dont un artilleur blessé, il gagne la batterie dont toutes les défenses sont bouleversées, et qui n’a plus d’épaule-ment. Sous les feux directs de l’infanterie et des grosses pièces, le sergent Delobbel voulut commencer le tir à 600 mètres avec boîte à balles, mais malheureusement les artilleurs avant de s’enfuir avaient déboulonné les culasses et les tire-feu. Avec les bretelles de leur besace, nos gaillards improvisèrent un nouveau tire- feu et bientôt les pièces ouvrirent un feu d’enfer. Malheureusement, exposés au tir de l’infanterie, deux des servants improvisés sont mis hors de combat; un éclat de schrapnell tue le dernier. Deux pièces sont hors d’usage, qu’importe, notre sous-officier continue seul et les obus tombent dru sur les Boches. Mais bientôt, exténué, canardé à outrance et sa dernière pièce venant d’être i démolie, il est obligé de se terrer et ce n’est que dans la soirée qu’il peut regagner la t tranchée. Inutile de dire s’il y fut bien reçu!

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La Belgique et la Grande Guerre

30 décembre 2012

Fort de Loncin

Classé sous — milguerres @ 23 h 42 min

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La Belgique et la Grande Guerre

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de la revue ‘Revue de la Presse’, du No. No. 145, 18 juillet 1918
‘La Belgique Héroïque et Vaillante’
‘Fort de Loncin’
Recueillis par le Baron C. Buffin

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Fort de Loncin liege_14

carte postale allemande de la prise du fort de Loncin


Fort de Loncin

D’après les récits des médecins militaires: Maloens, de la 3e batterie d’obusiers lourds; Courtin, du 1er chasseurs à pied; Rotkam, du 14e de ligne; Defalle, directeur de l’ambulance de la crèche municipale à Calais; du maréchal des logis de gendarmerie Krantz.

Dans la matinée du 6 août 1914, le lieutenant général Léman se présenta au fort de Loncin: « Je viens d’être l’objet d’un attentat, dit-il au capitaine Naessens, commandant du fort, et je me retire à l’abri de vos canons. » Et comme le capitaine lui demandait ses ordres: « Je n’en ai pas à vous donner, déclara-t-il, dans le fort, vous êtes chez vous. Moi, je m’occupe de la défense de la position fortifiée. »

Le commandant du fort rassembla aussitôt ses hommes et leur tint ce discours, en français et en flamand: « Mes amis, le général Léman nous a fait le grand honneur de se réfugier parmi nous. Livrerons-nous le général? » Cris de toutes parts: « Non, non. » – « Alors, si nous sommes décidés à ne pas livrer le général, nous devrons périr ici. Car, ou bien le fort sautera et je sauterai avec vous, ou bien les Allemands monteront à l’assaut et, quand ils franchiront les défenses accessoires au-dessus des cadavres de leurs compagnons, nous formerons un dernier carré; j’aurai sept balles dans mon browning, six pour mes ennemis, la dernière pour moi, et tous ensemble nous irons au paradis. »

Petit, trapu, avec une tête très énergique et des yeux bleu d’acier, au regard scrutateur, le commandant Naessens était adoré de ses soldats, aussi son discours souleva-t-il un enthousiasme indescriptible. – « Vous allez tous jurer que vous ne vous rendrez jamais », cria-t-il au milieu du tumulte. Et un par un, les hommes défilèrent devant le commandant et prêtèrent ce serment solennel.

A partir de ce moment, Naessens eut ses soldats complètement en main; ils lui étaient dévoués jusqu’à la mort et sa plus grande fierté fut de pouvoir répondre au général qui lui demandait: « Êtes-vous sûr de vos hommes? – Comme de moi-même, mon général. » C’était vrai. Ils étaient absolument emballés; si l’on demandait des volontaires pour une expédition dangereuse, il s’en présentait le double du nombre exigé et tous suppliaient le commandant de les prendre. S’il refusait, ceux qui étaient éliminés se retiraient fort dépités.

Trois ou quatre de ces braves avaient formé une équipe surnommée la « bande Bonnot ». Armés de fusils et de carabines, ces lascars partaient chaque jour en automobile et servaient soit à établir la liaison entre Loncin et les forts qui résistaient encore, soit à patrouiller et à renseigner le commandant sur la présence de l’ennemi. Ils étaient d’une audace extraordinaire. Ainsi, un jour, le cheval du commandant, qui pâturait dans un enclos voisin, ayant été tué, ils se promirent de lui en amener un autre. Et, en effet, quelques heures après, ils revinrent avec deux chevaux d’officiers allemands, chargés de casques et de lances.

Après les combats qui se livrèrent autour de Liège, des soldats des 1er et 4e chasseurs à pied, des 9e et 14e de ligne, des hommes perdus, étaient venus chercher un refuge dans le fort; mais, dès le lendemain, le commandant chargea un officier de les conduire à Waremme, ne conservant que sa garnison qui comprenait environ 500 hommes. C’était d’ailleurs suffisant et pendant les terribles journées du 6 au 15 août, ces soldats furent admirables de calme et d’insouciance; au cours d’un violent bombardement, le général Léman étant entré avec le commandant Naes-sens dans le massif central, vit un tableau qui l’émut jusqu’aux larmes: les hommes, disséminés par petits groupes, jouaient aux cartes ou devisaient tranquillement; dans un coin, indifférent au vacarme, un soldat jouait des « cramignons » liégeois sur une flûte et des camarades qui l’entouraient reprenaient les refrains en chœur.

Le maréchal des logis de gendarmerie Krantz, attaché à la personne du lieutenant général Léman, et qui, après l’explosion du fort de Loncin, fut transporté au collège Saint-Servais, à Liège, atteint de huit graves blessures, a bien voulu me communiquer son carnet de campagne, dans lequel, jour par jour, il a noté ses impressions:

7 août. – L’infanterie de forteresse, envoyée en reconnaissance, nous signale une patrouille de uhlans se dirigeant d’Ans vers Loncin; elle est aussitôt dispersée par un de nos sous-officiers, à la tête de sa section. Nous avons appris par des hommes dévoués que l’artillerie de campagne allemande a pris position près du champ d’aviation d’Ans.

8 août. – Dans la matinée, des patrouilles allemandes s’étant avancées à Awans sont repoussées par notre tir à shrapnells et par notre infanterie. Après-midi: diverses escarmouches. A 3 heures, le fort ouvre le feu avec ses pièces de 12 centimètres sur le champ d’aviation d’Ans, où nos reconnaissances ont indiqué des batteries ennemies et des mouvements de troupes.

9 août. – Je vais à Liège et j’apprends que les Allemands amènent de l’artillerie lourde pour attaquer les forts. Je rends compte du fait au général, qui me charge de surveiller les mouvements et le passage de cette artillerie; il me donne également pour mission d’examiner si le tunnel de Nasproué, près de Dolhain, est hors d’usage, et je constate que la voie, détruite par nous, a été réparée par les Allemands, ceux-ci n’ayant pas d’autre passage pour leurs pièces de 420.

L’après-midi, le fort canonne diverses batteries ennemies; nous constatons qu’un taube a atterri au champ d’aviation d’Ans; aussitôt nous dirigeons contre l’appareil un feu violent de shrapnells. Dans cette même après-midi, sur la route de Tongres, nous faisons prison-sonnière une patrouille de uhlans. Pendant la nuit, nous bombardons une masse de troupes, cantonnées dans la direction d’Awans.

10 août. – L’ennemi fait un bombardement d’une trentaine d’obus de petit calibre, sans causer d’autre dégât que d’écorner une cheminée. Le fort riposte à ces batteries établies près d’Ans. Je suis envoyé pour découvrir les mouvements de troupes et je rapporte des renseignements importants, entre autres l’installation par les Allemands d’un poste d’observation dans le clocher de l’église du plateau d’Ans; nous avons exécuté un tir sur ce clocher et nous sommes parvenus à en abattre la tour, ce qui le rend inutilisable.

11 août. – Calme. Des reconnaissances sont effectuées en auto dans toutes lès direc- tions.

12 août. – Matin, bombardement foudroyant et rapide par les Allemands. Nous ripostons coup pour coup avec grande énergie et avec un tir très précis; malheureuse- ment une de nos coupoles de 12 centimètres est bientôt détériorée; pendant un répit, nous parvenons à la réparer.

L’entrée du fort est également endommagée. Nous capturons encore 4 uhlans. Pendant la nuit, bombardement réciproque.

13 août. – Nous constatons l’entrée en action de l’artillerie lourde allemande; nous subissons un violent tir de pièces de 150 millimètres, qui nous mettent deux coupoles hors de service.

14 août. – A 3 heures du matin, nous sommes bombardés par des obusiers de 280 et de 305. Le fort tremble jusque dans ses fondements, un ouragan de fer s’abat par avalanches sur la surface extérieure et les rafales perdurent durant des heures, de deux en deux minutes. Après chaque ébranlement, des fragments de béton fissuré, pulvérisé, dégoulinent sur notre tête. Une poussière .grise, mêlée de mille éclats de vitres, craque sous le pied, chatouille et dessèche la gorge et les narines. Le fort s’effrite peu à peu. Un obus de 305 milimètres pénètre dans l’infirmerie, tue et blesse plusieurs soldats; à 11 heures, le magasin d’habillement subit le même sort et successivement divers locaux sont détruits: matériel électrique, ventilateurs, pont roulant à l’entrée du fort. Dans l’après-midi, vers 3 ou 4 heures, un parlementaire demande à entrer en communication avec le commandant du fort. – « Nous préférons mourir plutôt que de nous rendre », répond le capitaine Naessens; fière réponse qui exprime le sentiment général. Vers le soir, le tir se ralentit; tout le monde peut se reposer. Toutefois, pendant la nuit, un officier d’état-major se glisse au dehors, emportant les diverses valeurs de la position.

15 août. – Quelle journée terrible! Depuis 5 heures du matin, le bombardement est continuel et par rafales; on entend quatre coups se succédant, puis les sifflements, les chutes, les explosions dans le béton. Les obus pénètrent à une profondeur de 50 centimètres et creusent des trous de 4 mètres carrés. Vers 8 heures, les chambres des soldats sont enfoncées, les lits renversés; les fenêtres, fermées par des poutrelles de fer de 18 centimètres d’épaisseur, sont brisées; l’infirmerie, la salle d’opération, la cuisine, le réfectoire, la chambre du général sont balayés. Tout est détruit, plus un endroit ne peut servir d’abri; le fort est bouleversé de fond en comble; nous sommes dans une obscurité complète, respirant avec peine, à cause de l’invasion des gaz toxiques et délétères; plus un ventilateur ne fonctionne. Il reste encore deux coupoles plus ou moins en état de riposter à la terrible avalanche de l’ennemi. Mais on ne tire plus; on ne connaît pas l’emplacement des batteries ennemies, d’ailleurs hors de portée. Dans la matinée, pendant une accalmie, nous recevons encore la visite d’un parlementaire non escorté, porteur d’un drapeau blanc. La sentinelle lui ordonne de s’arrêter et de faire demi-tour afin qu’il ne puisse communiquer aucun renseignement sur le résultat du tir adverse. Sur le refus du Boche, elle lui intime une seconde fois l’ordre de s’arrêter et, comme il n’obéit pas, elle fait feu. L’Allemand, qui a eu le temps de faire un signal avec son drapeau blanc, tombe frappé à mort. Nous croyons, et c’est l’avis de nos officiers, que ce pseudo-parlementaire venait traîtreusement repérer le tir des pièces de 420 et qu’il s’était sacrifié pour donner le point exact à l’artillerie. Immédiatement nous subissons un bombardement précis et serré de l’ennemi.

C’est ce jour-là, 15 août, que les Allemands ont employé leurs fameux obusiers de 420. Parfois, on voyait le général ainsi que les officiers se promener à découvert sur les glacis du fort et observer l’ennemi, avec un sang-froid admirable et un mépris complet du danger, et, chose surnaturelle et incompréhensible, aucun ne fut atteint par les explosions qui jaillissaient de toutes parts.

A 17 h. 20, le général Léman, le capitaine commandant Naessens, le lieutenant Mottard, leurs deux sous-lieutenants, divers sous-officiers et moi, nous étions au bureau du tir et, quoique le fort fût pour ainsi dire détruit, nos braves et vaillants chefs continuaient à donner des ordres; les autres se trouvaient assis dans le couloir central, attendant les événements. On entend le sifflement allongé d’un gros projectile. « Encore un », dit-on dans le couloir. Une gerbe de flammes, une secousse formidable qui nous projette tous contre le mur; puis plus rien… le silence!

Ici s’arrête le journal du maréchal des logis Krantz, qui s’est évanoui et n’a repris connaissance qu’à l’hôpital.

Le docteur Courtin, qui a eu la chance de sortir indemne de l’explosion, a retrouvé presque immédiatement sa présence d’esprit: « J’étais couché à terre, m’a-t-il raconté, sortant d’un évanouissement, la respiration coupée. Heureusement, un peu d’air me parvient par une fenêtre brisée. Je réussis à.me lever. A côté de moi gît le docteur Maloens, dont la figure est ensanglantée, et à qui je fais prendre quelques gouttes de cognac. Presque instinctivement les hommes ont protégé leurs yeux. Tous se souviennent de leur serment et refusent de se rendre. Un étonnant exemple d’héroïsme est donné par un petit soldat, retiré au fond d’un couloir. Noir de poudre, les vêtements en lambeaux, ayant des trous saignants en guise de prunelles, il continue à tirer dans le noir jusqu’à sa dernière cartouche. Quand on s’approche de lui, on constate qu’il a un pied coincé entre deux blocs de pierre et on doit l’amputer pour le dégager.

« Pendant ce temps, quelques rescapés s’échappent par la fenêtre, après en avoir enlevé les barreaux. Connaissant le couloir, je m’avance doucement dans l’obscurité; toutes les fenêtres sont obstruées. Tout d’un coup j’aperçois un rayon de lumière qui filtre à travers des morceaux de béton écroulés. En élargissant cette ouverture, je parviens à sortir. Tout autour du fort, des malheureux courent, en flammes, à moitié fous de douleur; d’autres, à genoux, récitent des prières. C’est un spectacle épouvantable! »

Dans la soirée, un colonel allemand vint annoncer à l’hôpital militaire de Liège qu’une explosion terrible avait détruit le fort de Loncin. Deux ou trois médecins, parmi lesquels le docteur Defalle, partirent immédiatement. « Déjà, m’a dit ce dernier, quelques blessés descendaient la route de Thier d’Ans, et au fur et à mesure que nous avancions, nous rencontrions plus d’autos, plus de piétons. Dans les villages, presque tous les habitants se tenaient anxieusement sur leurs portes. A Ans-Plateau, dont le clocher était rasé, nous croisâmes le général Léman, couché dans une charrette traînée par deux chevaux. Il était accompagné du commandant adjoint d’état-major Collart et d’un officier allemand. Le général, qui venait d’être retiré des décombres par un trou de l’escarpe était encore suffocant, son visage était bleu; mais il n’avait aucune blessure apparente et jouissait de toute sa connaissance. A mon arrivée, le fort était entouré de nombreuses troupes ennemies, appartenant à diverses armes, surtout au génie, et quelques soldats agitaient un grand drapeau de la Croix-Rouge, dans le but d’arrêter le tir du fort de Hollogne.

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« L’explosion avait surtout atteint la partie sud-est, dont les fossés étaient comblés par des débris. Le massif central était bouleversé et encombré de gros blocs de béton; la coupole était renversée. Il y avait très peu de fumée; de temps à autre retentissaient encore des détonations, causées par des magasins à cartouches explosant par suite de la chaleur.

« De ces ruines sortent des gémissements, des cris inhumains. Ce sont des malheureux qui brûlent et qui supplient qu’on les sauve. Il faut soulever des blocs de pierre ou de béton, parfois scier un membre pour arriver à dégager ces braves, qui, aux trois quarts carbonisés, tout noirs, presque nus, sont transportés dans une prairie voisine, et de là dirigés vers la ville. Dans la contrescarpe, séparée par le fossé, se trouvent des coffres flanquants, dont les occupants n’ont pu rejoindre le massif central le souterrain étant obstrué. Après quelques heures de labeur, on parvient à enfoncer la grille d’aérage et à les retirer à moitié asphyxiés. »

Les habitants de Loncin contemplent, atterrés, ce spectacle épouvantable, craignant, le recrutement étant régional, de reconnaître un des leurs dans ces corps tuméfiés, méconnaissables, qui, les cheveux grillés, sont extraits des décombres. Ils aident les médecins à les panser, à pratiquer des piqûres de morphine pour atténuer l’ébranlement traumatique; ils leur donnent à boire et les installent dans leurs demeures: presque toutes les maisons contiennent des blessés, qui au fur et à mesure sont menés à Liège, à l’hôpital militaire, aux ambulances des Filles de la Croix, des Jésuites et de la rue des Rivageois.

Les Allemands semblent surpris de la grandeur de la catastrophe. Leurs officiers, sur- tout ceux du génie, s’efforcent de soulager les victimes. Quelques coups de fusil ayant été tirés du bois de Waroux, ils changent d’attitude, incriminent les Belges et parlent de représailles, mais nos médecins leur font remarquer que leur vie est également exposée et que cela ne les empêche pas de remplir leur devoir. Confus, les Boches se taisent. Vers 10 heures du soir, tous les blessés sont évacués.

« J’étais à l’hôpital Saint-Laurent, m’a confié le docteur Roskam, lorsque vers 9 heures du soir les blessés furent apportés: l’arrivée de ces misérables, aux cheveux crépus, aux mains et au visage noircis, aux vêtements roussis, fut épouvantable. Les Allemands les prenaient pour des Sénégalais! Dans la salle d’opération, se passèrent des scènes qui nous remplirent d’horreur: en enlevant les vêtements, nous arrachions des lambeaux de chair; les jambes, les bras se désagrégeaient. Des plaies horribles, des brûlures de tous les degrés apparaissaient. Dans l’atmosphère flottait une odeur affreuse de chairs et de graisses carbonisées. Et ce qui rendait ce spectacle plus poignant, c’était le courage, le stoïcisme de tous ces hommes, qui ne se plaignaient pas. A peine revenus de l’étour-dissement dans lequel ils étaient plongés et d’où les tirait la douleur causée par le lavage des plaies au savon vert, afin d’enlever la poussière, la fumée, les débris de toutes sortes, ils s’enquéraient de leur commandant et de leur lieutenant; beaucoup avaient les larmes aux yeux en apprenant que leurs chefs étaient sauvés, et ils exigeaient qu’on les transportât dans la salle où se trouvaient Naessens et Mottard, grièvement brûlés. C’est à peine si ceux-ci purent reconnaître leurs hommes sous la poudre, ia bouffissure des traits, les escarres, les bandages. Néanmoins, ils les encouragèrent et les félicitèrent. Et c’était justice. Pendant toute la période qu’ils passèrent à l’hôpital, ils furent admirables. Brûlés au dernier degré, parfois aveugles ou borgnes, souvent le tympan perforé et souffrant d’otite, ils enduraient leurs douleurs avec résignation, sans se plaindre, sans récriminer, sans protester contre le sort; c’étaient des héros. Au moment où les premiers guéris partirent pour l’Allemagne, Naessens et Mottard, qui s’étaient promis de ne jamais quitter leurs soldats et qui durent rester à Liège pour achever leur guerison, se firent porter dans la cour à dos d’infirmiers et ainsi ils purent, avant leur départ, étreindre une dernière fois ces braves qu’ils adoraient. »

http://www.greatwardifferent.com/Great_War/Belgique_Recits/Recits_07.htm

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La Belgique et la Grande Guerre

le Fort de Chaudfontaine

Classé sous — milguerres @ 23 h 36 min

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La Belgique et la Grande Guerre

http://www.greatwardifferent.com/Great_War/Belgique_Recits/Recits_06.htm
de la revue ‘Revue de la Presse’, du No. 142, 28 juin 1918
‘La Belgique Héroïque et Vaillante’
‘le Fort de Chaudfontaine Aout 1914′
Recueillis par le Baron C. Buffin

http://www.greatwardifferent.com/Great_War/Belgique_Recits/Recits_06.htm

le Fort de Chaudfontaine liege_13

le Fort de Chaudfontaine – Aout 1914

par le comte Gaston de Ribaucourt, sous-lieutenant au corps des obusiers lourds

Dès que la mobilisation fut décrétée, je courus au ministère de la guerre demander quels étaient les services que j’étais à même de re dre comme ingénieur électricien. 0n me co seilla de gagner aussi rapidement que possible la position fortifiée de Liège, dont la défense avait besoin de concours techniques.

Arrivé dans la soirée du 3 août, je fus désigné, dès le lendemai matin, pour le fort de Chaudfontaine. Restait à m’équiper. J’allai de suite à la citadelle, qui présentait l’aspect d’une grande ruche; tous les services fonctionnaient avec le plus grand ordre et la plus grande activité, et dix minutes plus tard, transformé es artilleur, me voilà en route, le sac à la main, les jumelles au dos, passant d’un train à l’autre, jusqu’au pied de la colline qui domine le fort.

Par une chaude et claire journée du mois d’août, je gravis la côte escarpée d’un pas rapide, sans même songer à admirer le paysage radieux qui se déroule autour de moi, et, au bout d’une heure, j’arrive à ce petit coin de défense que l’on nomme un fort, heureux de pouvoir mettre tout ce que j’ai d’énergie, d’intelligence et de connaissance au service de mon pays, symbolisé à mes yeux par le drapeau qui flotte au haut du mont.

Tout comme ce déjà à avoir un aspect belliqueux. De-ci, de-là, des arbres fauchés dans toute leur verdeur, des treillis de fil de fer barbelé tendu dans les passes les plus accessibles, des sentinelles jalonnées qui m’arrêtent, me questionnent et me lancent un amical bonjour, dès qu’elles appre nent le motif de ma venue. Me voici conduit aux officiers par le planton de garde, reçu, installé, accueilli avec enthousiasme, avec cette fièvre d’énergie et de gloire qui caractérisèrent les combattants de la résistance héroïque.

Et tout de suite, à la besogne. J’avais beaucoup à apprendre: l’observation du tir, le réglage des pièces, le mécanisme électrique intérieur des services accessoires, le repérage fougasses, des enchevêtrements de fil de fer, etc. Toutes ces études absorbèrent le reste de la matinée et ce ne fut que plus tard que je pus me rendre compte des fonctions qui m’étaient réservées.

Caché dans les collines qui dominent l’est de Liége, protégé en demi-cercle par un des méandres de la Vesdre, le fort de Chaud-fontaine, de forme triangulaire, était destiné à couvrir, avec les forts de Fléron et d’Évegnée, le plateau de Hervé. Par sa position, il semblait donc devoir attirer les premiers efforts de l’enemi. Derrière le fort, dans les escarpements brusques de la vallée, on voyait se profiler un coin de Liège, celui que l’exposition du 75e anniversaire avait rendu familier à tous les Belges. En avant-plan, un peu sur la droite, à distance de 2 à 3 kilomètres, se dressait l’abbaye de Chèvremont, puis, sur les pentes, s’accrochaient les villages de Romsée, Magnée, jetant une note gaie dans le tableau avec leurs toits rouges et leur vie intense de cités faubouriennes.

Un coup de téléphone vient brusquement rompre le calme, en signalant l’approche de l’ennemi: le village de Forêt, situé à l’est, devient l’objet de toute l’attention et bientôt, on aperçoit la sombre théorie des uniformes gris qui s’y infiltrent. Le commandant du fort réunit ses hommes sur les parapets, et, après quelques mots prononcés avec chaleur, il donne, devant sa petite garnison, l’ordre d’ouvrir le feu. Le premier coup de canon tiré, chacun regagne son poste en toute hâte. Désigné pour l’observation du tir, je me glisse dans la plaine et, à travers les bois environnants, j’atteins la place qui m’a été indiquée. Grâce au téléphone portatif dont je suis muni, je peux diriger ce premier tir. Déjà, au deuxième coup, les obus, et les shrapnells éclatent sur le village et, presque aussitôt, il devient évident que les feux accélérés du fort et des batteries produisent d’excellents effets. Avec mes jumelles, je vois distinctement l’ennemi s’arrêter, hésiter, puis finalement se retirer, impuissant à contrebattre un ennemi invisible.

Cette défense décidée préserva peut-être le fort des assauts terribles dont ses voisins furent l’objet pendant la nuit. Ce fut un des spectacles les plus impressionnants auxquels j’assistai durant la campagne, que cette attaque simultanée de tous les forts du secteur Vesdre-Meuse. Dès le soir, elle débute par un bombardement intense de l’artillerie légère allemande, auquel toute la défense de Liège réplique avec héroïsme. La canonnade incessante est dominée par la voix plus sourde des grosses pièces de forteresse. Par milliers brillent les éclairs blafards des coups de canon, et, jaillissant à travers l’obscurité, la lumière crue des projecteurs cherche les batteries ennemies. Puis, de temps en temps, quand se produit un moment d’accalmie, retentissent les cris et les gémissements des blessés allemands empêtrés dans les fils de fer et écrasés par les mitrailleuses. Tout cela donne au tableau un caractère à la fois grandiose et affreux.

Le lendemain, la matinée se déroulait plus calme, quand brusquement on signala qu’un régiment d’infanterie, se faufilant à travers bois, était venu occuper le château de Forêt. Posté sur le parapet, je règle le tir ouvert contre eux. La distance ayant été exactement repérée, c’est une proie facile, aussi le premier obus vient-il s’abattre sur le bâtiment. Comme d’une fourmilière qu’un passant aurait détruite d’un coup de pied, des myriades de Boches s’enfuient précipitamment et cherchent un refuge dans les bois du parc et dans un chemin creux voisin. Bien dirigés, les projectiles les suivent partout, les attrapent dans leurs cachettes et bientôt les pelouses sont jonchées de blessés ou de tués. De nouveau l’ennemi est contraint de disparaître, et l’on ne voit plus que des convois de voitures-ambulances qui s’avancent pour recueillir ceux que la mort n’a fait qu’effleurer.

La résistance devenait cependant plus difficile, des batteries étant parvenues à s’établir sur des points suffisamment rapprochés du fort pour l’atteindre sans se découvrir. ïl fallut alors chercher de nouveaux observatoires. Je fus désigné à cet effet et, accompagné d’un brigadier, je me mis en route et je m’avançai pendant près d’une heure en me terrant avant de découvrir les positions ennemies. Ce fut mon premier contact avec les shrapnells fouillant partout le sol pour empêcher l’observation. Les Allemands tiraient par salves de quatre coups et chaque fois qu’on entendait des projectiles arriver, il fallait se coucher et se redresser aussitôt après l’explosion pour chercher l’emplacement des batteries. Enfin, je les aperçus dans un jardin de Romsée, derrière une haie. Sitôt le fort prévenu, après quelques coups de repérage, les batteries allemandes furent arrosées d’un feu tel qu’en moins d’un quart d’heure la position, jugée intenable, était évacuée par eux. , Le cercle de fer se rétrécissait cependant. Après deux jours d’efforts héroïques, la 3e division avait dû se retirer, abandonnant les forts à leur sort; aussi, menacés de toutes parts, était-il indispensable pour nous d’établir un observatoire élevé qui suppléât aux renseignements faisant absolument défaut depuis le départ de l’infanterie de couverture.

A quelques kilomètres à gauche du fort, se profilait fièrement la flèche de l’église de Chèvremont. La vieille abbaye, vestige d’époque ancienne, allait aider aux puissants moyens de défense contemporains. Sur l’ordre du commandant du fort, je partis pendant la nuit afin d’établir aussi invisiblement que possible une ligne téléphonique reliant l’observatoire au fort. Tantôt insinuant le fil au travers des ronceraies abondantes à cet endroit, tantôt le traînant le long des routes, je fus assez heureux pour voir mes efforts couronnés de succès. Faire entrer le fil dans l’abbaye semblait difficile: heureusement je pus utiliser les poteaux servant à l’éclairage électrique. Remplacer le long d’un piquet le fil du paratonnerre par un fil téléphonique, puis en suivant les autres canalisations l’amener jusqu’à l’église, fut l’œuvre de la matinée et dès 10 heures du matin, après avoir combiné tout un système de cordes et d’échelles, me voilà établi au sommet de la flèche. Grâce à une ardoise enlevée, j’observe le pays à l’est et au nord- est, et par l’intermédiaire des lignes téléphoniques souterraines, je communique le moindre incident à Fléron et à Evegnée et rends ainsi de précieux services à la défense. Pendant quatre ou cinq jours, je vécus dans cette flèche, en compagnie d’un sous-officier. Deux fois seulement une patrouille belge vint nous visiter. Le reste du temps, c’étaient les Allemands qui rôdaient autour de nous. Nombreuses furent les alertes qui nous surprirent. Un jour, douze hommes d’infanterie allemande consacrèrent une demi- journée à inspecter l’abbaye pour voir si réellement aucun soldat belge ne s’y cachait. Un autre jour, au moment où nous regardions par la fenêtre, nous aperçûmes une patrouille ennemie qui nous observait. Ce fut un moment émotionnant. Que faire? Se retirer, c’était modifier d’une façon quelconque l’aspect de la fenêtre; rester, c’était se trahir et s’exposer à la mort. Ce supplice dura une demi-heure. Un instant même, je vis les six hommes de la patrouille mettre la fenêtre en joue; heureusement se ravisant, le sous-officier n’ordonna pas le feu. Notre immobilité nous avait sauvés! Deux hommes qui avaient inspecté la tour, ayant rapporté à leur chef qu’il n’y avait rien ae suspect, les sept Boches s’éloignèrent lentement, en chantant.

Le 11 août nous devint fatal. Le matin, vers les 6 heures, bien que j’eusse eu la pru- dence de me cacher dans une chapelle fermée,, je fus remarqué par un homme des environs. Deux heures après, comme je me trouvais à mo poste d’observation, je constatai que l’abbaye, et surtout l’église, était devenue l’objectif de l’ennemi. Après trois ou quatre coup de réglage, un premier obus vint atteindre le toit de l’église et bientôt les salves se succédèrent rapidement. J’étais à ce moment occupé à rechercher une batterie ennemie qui, de Beau-Tilly, bombardait Fleron. Et tandis que je donnais des indications sur ce point, je fus contraint de grimper dans le clocher qui seul encore échappait aux coups. Des batteries cachées derrière la gare de Chenée détruisaient l’abbaye. Quels instants terribles je passai ainsi! Seul, dans ce clocher, car mon compagnon était allé chercher son repas et ne pouvait plus me rejoindre, je restai aussi longtemps qu’il me fut possible de donner des indications utiles. Pendant deux longues heures, les projectiles pleuvent sur l’abbaye. Bientôt le clocher lui-même est atteint; un brisant éclate dans la charpente au-dessus de ma tête, m’enlève mon bonnet de police et brise le téléphone que j’ai devant moi. Presque enseveli sous des monceaux d’ardoises et de bois, je suis comme assommé par la violence du coup et je crois ma dernière heure arrivée. Seulement alors, je songe à ma position tragique et, me retournant, j’aperçois le toit du chœur en feu. Il est temps de me sauver. En descendant l’échelle je remarque que je suis légèrement blessé au genou, une large écorchure superficielle. Je rassemble ce qui me reste d’énergie; je dégringole rapidement et, fuyant au travers des débris qui tombent de toutes parts, je me dirige vers les caves que les Pères, les jours précédents, avaient transformées en abri.

Une scène impressionnante m’y attendait: au milieu d’un souterrain, deux Pères et mon compagnon d’armes étaient agenouillés autour du Saint Sacrement, apporté de l’église au début du bombardement, et priaient. Ce fut une joie pour eux de me revoir, car ils me croyaient mort depuis longtemps.

La journée du 12 août se passe tristement; plus d’observation possible. Les grosses pièces ont commencé leur tir et l’agonie approche. Lentes s’écoulent les heures où l’on tire sans aucune indication, avec les pièces restant en service, tant pour consommer les munitions que pour essayer dç nuire à l’ennemi: Chaudfontaine est du reste gravement atteint.

Vers 9 heures, tandis que je me trouvais dans la chambre de tir des officiers, une secousse accompagnée d’un bruit formidable ébranle toute la partie interne du fort. Un gros 38 est venu éclater dans la chambre aux poudres: le fort saute! Jeté contre le mur opposé, je me traîne vers la porte à travers les débris. Avec un autre officier, je traverse le vestibule, jadis transformé en caserne, et un affreux tableau s’offre à mes yeux. Au moment de l’explosion, cent quarante hommes de la garnison étaient là, étendus sur de la paille ou sur des matelas, et dans une tragique horreur, je vois toute jcette salle en feu. Paille, matelas, soldats, tout brûle! Dans ce brasier, des malheureux se débattent, les vêtements en flammes, véritables torches vivantes! A peine pouvons-nous en tirer un hors de la fournaise. Horrible mort, digne des martyrs de l’antiquité! Du milieu de l’incendie, dominant les gémissements, les plaintes, les hurlements de douleur, on entend retentir des cris suprêmes de: « Vive le Roi! Vive la Patrie! »

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La Belgique et la Grande Guerre

Combat de Sart-Tilman

Classé sous — milguerres @ 23 h 21 min

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La Belgique et la Grande Guerre

http://www.greatwardifferent.com/Great_War/Belgique_Recits/Recits_04.htm
de la revue ‘Revue de la Presse’, du No. 142, 28 juin 1918
‘La Belgique Héroïque et Vaillante’
‘Combat de Sart-Tilman’
Recueillis par le Baron C. Buffin

http://www.greatwardifferent.com/Great_War/Belgique_Recits/Recits_04.htm
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Combat de Sart-Tilman

d’après le récit du P. de Groote, aumônier du 1er régiment des chasseurs à pied

Le 4 août 1914, les habitants de Charleroi, entassés dans la rue, aux croisées, sur les balcons, acclament le 1er régiment des chasseurs à pied qui, musique en tête, part pour défendre la patrie: « Vive le Roi! Vive la Belgique! Vivent les chasseurs! » Chacun crie ce qui lui monte aux lèvres. Et les petits chasseurs, l’œil brillant, le sourire aux lèvres, défilent fièrement sous une pluie de fleurs et de rubans tricolores. Écartant les rangs de soldats, une femme tend à un volontaire une fillette de trois à quatre ans, et le père, les larmes aux yeux, embrasse une dernière fois son enfant, aux applaudissements du public.

A ce moment, la foule, envahissant la chaussée, entoure les soldats et emplit leurs poches de tabac, de chocolat, de mille friandises. Les officiers, moitié riants, moitié fâchés, s’efforcent de rétablir l’ordre. Quant à moi, j’ai fort à faire: des inconnus m’agrippent, me serrent les mains, me recommandent leurs fils, me glissent de l’argent: « Prenez, prenez, c’est pour les soldats. » Je parviens à sortir de la cohue et je cours chez moi. Quelle contrariété! Ma nomination d’aumônier n’est pas arrivée. Que faire? Les soldats me réclament; dans un pareil moment, puis-je les abandonner? Tant pis, je me précipite à la gare et m’installe dans un wagon avec huit officiers.

Au bout de deux heures de voyage, le train s’arrête: nous sommes à Huy. Après avoir organisé la tête de pont et protégé la destruction des ponts d’Engis et d’Hermalle, le régiment, dans l’après-midi du 5 août, est transporté par chemin de fer à Liège, gare de Longdoz. Ici aussi les chasseurs sont ovationnés et l’enthousiasme redouble quand on voit un prêtre dans les rangs.

On nous place sur la route de Jupille à Bellaire, en réserve derrière la IIe brigade qui livre un violent combat aux environs du fort de Barchon. Les soldats forment les faisceaux et se couchent au bord de la chaussée. Passe un régiment de ligne: du haut de mon cheval, ja fais à ces braves un discours patriotique, qui semble leur plaire. Tous s’agenouillent devant moi et me demandent ma bénédiction. Que Dieu leur donne la victoire!

Vers le soir, nous retraversons Liège, gagnons Fragnée et faisons halte dans une prairie. Il est 10 heures. Je m’allonge dans l’herbe, à côté du commandant Henseval. Depuis trois nuits, je n’ai pas fermé l’œil, je tombe de fatigue. Le commandant, qui prépare son stylo pour écrire à sa femme, remarque ma lassitude: « Dormez tranquillement, me dit-il, je vous réveillerai s’il arrive quelque chose. » Je ne me le fais pas dire deux fois. Dix minutes plus tard, retentit un vibrant appel: « Aux armes! aux armes! » Que se passe-t-il? Je bondis sur mes pieds et m’im-forme. L’état-major allemand, ayant échoué à l’est, emploie une de ses manœuvres favorites et développe son action par son aile gauche, vers un secteur plus vulnérable, celui d’Embourg- Boncelles. Effectivement, de notre position de rassemblement de Fragnée, nous apercevons vers Boncelles les lueurs des shrapnells lancés de part et d’autre.

Nous sommes envoyés avec le 4e chasseurs à Ougrée. Je m’avance en tête de la colonne, derrière le général Massart. Une pluie torrentielle nous inonde; l’eau ruisselle, se déverse à flots sur nos têtes. N’importe! Nous continuons notre marche, le long de la route qui s’étend blanchâtre entre deux rangées d’arbres.

Lancée à toute vitesse, une auto survient. C’est le commandant Marchand, attaché à l’état-major du lieutenant-général Léman. « Les lignards sent débordés à Sart-Tilman, dit-il au général, il faut que les chasseurs défendent à tout prix le hameau. – C’est le sacrifice que vous demandez? interroge Massart. – Oui, mon général. – Eh bien, soit. En avant! »

Le commandant du régiment, le colonel Jacquet, parcourt rapidement les rangs, stimulant l’ardeur des soldats, proclamant son bonheur et sa fierté de marcher à leur tête. Voulant joindre l’exemple à la parole, il se place à l’avant-garde et s’avance prudemment à travers un terrain inconnu et accidenté, dans lequel auraient pu s’infiltrer des patrouilles adverses.

Sart-Tilman est la clef d’un plateau boisé, dont le débouché est couronné d’une série de redoutes et de tranchées hâtiyement construites et dont le champ de tir est incomplète- ment dégagé. Nous traversons le hameau vers minuit. Dès la sortie, le major du 1er bataillon déploie trois compagnies dans les intervalles des redoutes, face aux bois de Saint-Jean et de Sclessin, et en garde une en réserve. De ce côté, le vacarme est assourdissant. Tout gronde, fusils, mitrailleuses, canons: dans la nuit sombre, l’éclatement des shrapnells illumine le ciel de lueurs sanglantes. A droite et à gauche, les forts de Boncelles et d’Embourg semblent enveloppés d’une ceinture de flammes. Par intervalle, on entend dans la nuit claire le son lugubre des fifres sonnant le ralliement et la marche en avant. C’est un spectacle grandiose et saisissant. C’est la guerre dans toute sa tragique beauté!

Le déploiement des chasseurs s’opère comme sur la plaine d’exercices. Par pelotons, ils escaladent les pentes; de-ci, de-là, gît un cadavre de soldat belge. – « Halte! » Maintenant, établis dans une position avantageuse, abrités autant que possible, ils tirent au jugé et pour cause. On n’aperçoit aucun des soldats ennemis; cachés dans des tranchées, c’est à peine si leurs têtes dépassent le parapet.

Mais voilà que des lignards, traînant des mitrailleuses, fuient à toutes jambes, en criant: « Les Allemands sont là! Sauve qui peut! » Impossible de les arrêter, c’est une véritable débandade. C’étaient, nous l’apprîmes depuis, des Allemands déguisés en soldats belges, qui cherchaient à provoquer une panique. Une légère hésitation se produit; les officiers se jettent au milieu des tirailleurs pour les porter en avant et les entraîner vers les positions à occuper. Un violent feu de mousqueterie les accueille, particulièrement dans le bois de Saint-Jean, dont une parcelle n’a pu être abattue. Éparpillés, les chasseurs avancent en s’abritant d’arbre en arbre, malgré la fusillade ininterrompue. Les balles crépitent et, avec un claquement sec, coupent les branches ou pénètrent dans les troncs. Je vois encore un petit caporal, touché d’une balle à la tête, d’une autre à la poitrine, se diriger, rouge de sang, vers le major Le Doseray. « Major, j’ai fait mon devoir, n’est-ce pas? Êtes-vous content de moi? » A peine le major lui a-t-il serré la main, que le malheureux s’affaisse. Je cours à lui, il est mort.

La bataille se développe avec violence. Les éclaireurs allemands qui précèdent les lignes de colonnes sont chassés; mais la compagnie de droite (capitaine commandant Rochette) subit des pertes cruelles et demande du renfort. Bientôt la réserve du 1er bataillon et deux compagnies du 2e bataillon se fondent dans la chaîne; le combat se déroule jusqu’à l’aube avec des alternatives de calme et de violence; les Allemands se faufilent habilement à travers les fourrés, obligeant des patrouilles de notre réserve régïmentaire à explorer les flancs et même les derrières de nos positions.

Les chasseurs se félicitaient déjà d’avoir accompli leur mission et croyaient tenir la victoire, lorsque à la pointe du jour, devant l’aile gauche, des Boches agitent des drapeaux blancs, et des sonneries retentissent: « 1er chasseurs, cessez le feu », ce qui surprend les officiers et suspend un instant le feu de nos tirailleurs; tout de suite on comprend que c’est une nouvelle ruse, que les Allemands imitent nos sonneries, et le combat recommence. Peu après, des groupes ennemis, qui se sont glissés à la faveur de l’obscurité dans les maisons encore intactes de Sart-Tilman, prennent à revers nos tranchées et nos explorateurs de terrain. Il y a un moment de désarroi; un chasseur de la réserve tombe aux pieds du colonel, face contre terre, se disant frappé dans le dos par des camarades.

Pour faire renaître le calme et la confiance, le commandant du 2e bataillon envoie un peloton en reconnaissance vers la ferme de la Cense-Rouge; celui-ci revient sans avoir rien aperçu, mais ayant perdu des hommes atteints par derrière; un autre peloton visite le champ d’avoine attenant à la ferme; notre adjudant-major parcourt les jardins; dans les maisons, on voit des militaires dont la tenue ressemble étonnamment à celle des chasseurs. Le colonel les invite à descendre et à faire le coup de feu sur la ligne: ils refusent. On enfonce les portes, mais le tir à bout portant de ces faux chasseurs oblige à reculer. Les capitaines Fleuracker et Rochette, les lieutenants Sohier, Pereaux, Dufrane sont tués. Il faut se résoudre à retirer la réserve et à commencer l’attaque des habitations pied à pied, sans être munis des moyens incendiaires ou asphyxiants dont les Allemands sont si largement pourvus. Puis, les événements se précipitent, des mitrailleurs allemands, postés à 400 mètres nord-est de Sart-Tilman, et protégés par une haie de fils de fer, lancent leurs rafales dans le hameau et sur ses abords; le capitaine Vergeynst, suivi de quelques hommes courageux, s’élance au pas gymnastique vers eux et parvient à abattre le commandant boche ainsi que ses mitrailleurs; malheureusement, dans nos rangs les ravages ont été considérables. La réserve régimentaire, un instant dispersée, se rallie autour des officiers pendant que la première ligne exécute une furieuse contre-attaque, qui dure encore lorsque, vers 5 heures, le 3e bataillon avec le drapeau, les mitrailleuses et l’artillerie de la 15e brigade mixte, débouchent du bois Saint-Laurent et commencent l’attaque des tranchées abandonnées; celles-ci sont reprises. A ce moment, le capitaine Henseval, commandant la 3e compagnie du 3e bataillon, aperçoit un drapeau blanc au milieu d’un groupe d’Allemands qui lèvent les bras en criant: « Kamarades! Kamarades! » On leur fait signe d’approcher, mais, comme ils ne bougent pas, Henseval, accompagné d’une dizaine d’hommes, s’avance pour les prendre. Il est sur le point de les atteindre, quand les Alle- mands se jettent à plat ventre, démasquant une mitrailleuse qui fauche le petit groupe belge, y compris le capitaine, qui reçoit plusieurs balles en pleine poitrine: de ces braves, un seul échappe à la mort.

A gauche, vers Boncelies, des masses grises piétinent les champs de betteraves. Ce sont les 73e et 74e régiments d’infanterie allemande qui, en rangs serrés, poussant des hourrahs, montent à l’assaut du fort. Les obus, les mitrailleuses creusent des trouées dans les colonnes des assaillants. A la voix des officiers, les bataillons serrent les rangs et poursuivent leur marche sans arrêt. Trois fois, les lignes sont rompues, trois fois elles se reforment; enfin, décimées elles viennent s’effondrer près des fossés. Seuls, une centaine d’hommes restent debout; démoralisés, privés d’officiers, ils agitent un drapeau blanc. Le capitaine Lefert, coirimandant du fort, et le lieutenant Montoisy, grimpent sur les banquettes et, à leur vue, les Allemands lèvent les bras. En même temps, deux coups de feu partent on ne sait d’où; le capitaine tomhe, une balle dans chaque cuisse. Cependant, les Allemands se rendent et, à la file indienne, ils disparaissent à l’intérieur du fort.

L’assaut a échoué. L’ennemi se retire vers 7 heures et ne tente plus que de rares contre-attaques; les chasseurs restent maîtres du terrain; leur drapeau flotte devant Sart-Tilman.

Hâtivement, je parcours le champ de bataille. Quel abominable tableau! Autour des tranchées, des cadavres belges et allemands sont amoncelés et forment des parapets de trois mètres de haut. Je descends dans une tranchée: une mare de sang, un amas de corps enchevêtrés. Hélas! que de petits chasseurs sont là, pauvres garçons que des mères anxieuses attendent au foyer. Enjambant les cadravres, je panse et j’encourage nos blessés. Résignés, ils souffrent sans se plaindre, mais avec quelle angoisse ils me regardent de leurs yeux aux prunelles déjà troubles! Avec quelle ferveur se joignent nerveusement leurs mains pour une dernière prière!

Quand j’adresse quelques mots dans leur langue aux blessés allemands, éclate un tapage assourdissant. Ils pleurent, gémissent, se lamentent, et, me prenant pour un des leurs, me chargent d’adieux pour leurs parents, pour leurs femmes, pour leurs enfants. Ils s’accrochent à moi, me baisent les mains, me supplient de ne pas les abandonner. Je m’enfuis de cet enfer et, de nouveau, je sillonne le champ de bataille, à la recherche de blessés

à panser, de mourants à administrer. Là, devant moi, gisent plus de 5 000 soldats des corps de Brandebourg, de Hanovre et de Poméranie. Le sol est couvert d’un manteau gris, parsemé çà et là de taches sombres d’uniformes de chasseurs. De ce champ de douleur, des plaintes, des sanglots, des râles s’élèvent. C’est épouvantable! Couché sur le dos, les intestins s’échappant d’une affreuse plaie, un volontaire de dix-sept ans appelle lamentablement: « Ma mère, ma mère! Je voudrais te voir. » Je m’agenouille près de lui et le pauvre enfant me tend une pièce de cinquante centimes: « C’est tout ce que j’ai, c’est pour l’église où j’ai été baptisé. »

Je repars. Un commandant me défend d’avancer. « Aussi longtemps qu’il reste des blessés, protestai-je, j’ai une mission à remplir. » II cède et me donne deux soldats pour ma défense. La précaution n’est pas inutile. Un instant après, un officier allemand, qui semblait mort, me tire deux coups de revolver, sans m’atteindre heureusement. Je n’ap- proche plus les officiers ennemis qu’avec une prudence extrême. Quelle que soit la gravité de leurs blessures, tous, hautains, silencieux, ont la main crispée sur leur sabre, afin d’éviter l’humiliation du désarmement. « Je voudrais être enterré avec mon sabre et mes décorations », me déclare un hauptmann mourant; je le lui promets et il meurt satisfait. Avec un dévouement admirable, les infirmières transportent les blessés et bientôt, sur la route d’Angleur, chemine un long convoi d’ambulances d’où partent, à chaque cahot, des cris et des gémissements.

Vers le soir, je reste seul sur le champ de bataille. Un crépuscule sinistre enveloppe la plaine des morts. Des puanteurs animales se mêlent aux senteurs des bois; pas un murmure, pas un bruissement: partout la paix, le silence. Sur le sol raviné, creusé, tourmenté, se dressent des amoncellements de choses sombres, horribles, terrifiantes…

 

 

http://www.greatwardifferent.com/Great_War/Belgique_Recits/Recits_04.htm

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La Belgique et la Grande Guerre

Carnets, journaux, récits de guerre

Classé sous — milguerres @ 11 h 18 min

 

 

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Lettres, carnets, journaux, récits de guerre

Carnets, journaux, récits de guerre

Champs de bataille où les Australiens combattirent. fleche-boule8

« Les carnets de guerre de louis Barthas , tonnelier,1914-1918″


Ce jour, 5 juin, fut un des plus sanglants de cette stérile bataille d’Artois.
Le communiqué français du lendemain affirmait que notre artillerie avait lancé cinq cent mille projectiles et, j’en appelle à ceux qui se trouvaient dans cet enfer, l’artillerie allemande nous en envoya bien autant.
Un million de coups de canon dans vingt-quatre heures! et sur une surface de quelques kilomètres carrés seulement.
Sur ce chiffre fantastique d’obus lancés de tout calibre, cinquante, cent mille peut-être tombèrent dans le bois où nous nous trouvions.
Sans arrêt des éclats sifflaient dans les airs avec des miaulements bizarre, aigus, plaintifs, bourdonnant, s’abattant parfois en pluie de fer. Nous restâmes toute cette journée étouffante de juin blottis les uns contre les autres, hébétés, l’esprit engourdi, le cerveau serré par une extrême tension nerveuse ; de temps en temps, d’un abri à l’autre nous nous appelions, nous demandant réciproquement si personne n’était blessé. C’est vraiment un miracle qu’au milieu de cette avalanche de ferraille aucun de nous n’ait eu une égratignure.
Si sceptique que l’on soit, on est obligé de se demander si en certaines circonstances on n’est pas protégé par des forces mystérieuses, surnaturelles, qui veillent sur nous.

Edition La découverte

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Champs de bataille où les Australiens combattirent. fleche-boule8

Extrait d’un journal de guerre d’un soldat en 1914

 « A 7 heures, la relève arrive ! Mais en sortant des tranchées, nous sommes fusillés comme des lapins. Notre camarade Fersit est tué raide. Revenons en arrière. Toute la journée, ça tire et à la tombée de la nuit surtout où l’ennemi nous reprend sa tranchée. Canons, mitrailleuses, charges à la baïonnette, rien ne manque et nous perdons environ une compagnie. Cinq des copains ont été faits prisonniers. A la nuit, tout cesse et on entend au loin les plaintes des blessés impossibles à secourir […]. »

Journal de guerre, 4 décembre 1914, front des Vosges.


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Champs de bataille où les Australiens combattirent. fleche-boule8

Le baptême du feu

 « Soudain les sifflements stridents nous précipitent face contre terre, épouvantés. La rafale vient d’éclater au-dessus de nous. Les hommes à genoux, recroquevillés, le sac sur la tête, se soudent les uns contre les autres.

La tête sous le sac, je jette un coup d’œil sur mes voisins : haletants, secoués de tremblements nerveux, la bouche contractée par un affreux rictus, tous claquent des dents. Cette attente de la mort est terrible. Le caporal, qui a perdu son képi me dit :

« Ah ! ben, vieux, si j’avais pensé que c’était ça la guerre, si ça doit être tous les jours comme ça, j’aime mieux être tué tout de suite… »

Notre premier contact avec la guerre a été une surprise rude. Dans leur riante insouciance, la plupart de mes camarades n’avaient jamais réfléchi aux horreurs de la guerre. »

Galtier-Boissière, cité par Marc Ferro, « La Grande Guerre », NRF.

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Champs de bataille où les Australiens combattirent. fleche-boule8

Carnets, journaux, récits de guerre lmimginvPaul Meunier. Verdun
Sur les nouvelles, relevées dans la presse. Est-ce ce que l’on peut mentir à ce point là ? Ici le soldat était tellement trompé, qu’il lit les journaux avec la conviction que ce qu’on lui raconte est faux. Situation stabilisée, l’attaque boche a échouée piteusement, leurs colonnes sont bourrées d’enthousiasme, de récits de combat, de ces ineptes bons mots de poilus inventés par des spécialistes.
Ils lisent au grand cœur les exploits de nos héros, la joie de mourir, l’ivresse exquise du corps à corps.
Les innombrables bienfaits de la guerre régénératrice, leur bourrage de crâne apparaît insensé à ceux qui savent.
Leurs lecteurs sont-ils des nouveaux-nés légèrement arrièrés où des vieillards débiles ?
La guerre n’est point telle qu’on la voie sur les couvertures des revues et les affiches de cinéma.
J’ai vu brûler Verdun, J’ai vu les batailles sanglantes, horribles, les blessés qui râlaient, des morts sur lesquels on marchait. J’ai vu des souffrances sans nom , des hommes jour et nuit sous le soleil et sous la pluie, J’ai vu partout la désolation, la ruine, la boue, le sang des copains souffrir de tout, fatigue, faim, soif, blessure.
Vous trouvez ça beau vous ?
Verdun c’est l’enfer.
Çà ne se raconte pas. Ca se vit.
On aura tout vu, c’est l’antre béant où le rat mort, ces visages livides, et ces corps gelés. Sur les cadavres, la vermine, une odeur épouvantable que nous ne connaissions pas.
Toutes ces horreurs sans nom qui nous environnent ne sont rien à côté de celles qui se préparent.
Quelle atmosphère d’affolement, d’inouï et de jamais vu.
Où sommes nous?
Paul Meunier. Verdun
http://tnhistoiredocuments.tableau-noir.net/pages/paul_meunier.html
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L’enfer de Verdun (1916)

Voici ce que raconte le capitaine d’infanterie Charles Delvert qui défendit Verdun en juin 1916:

1er juin. L’aspect de la tranchée est atroce. Partout les pierres sont ponctuées de gouttelettes rouges. Par places, des mares de sang. Dans le boyau, des cadavres raidis couverts d’une toile de tente. Une plaie s’ouvre dans la cuisse de l’un deux. La chair, déjà en putréfaction sous le grand soleil, s’est boursouflée hors de l’étoffe et un essaim de grosses mouches bleues s’y presse.

A droite, à gauche, le sol est jonché de débris sans nom. Boîtes à conserve vides, sacs éventrés, casques troués, fusils brisés, éclaboussés de sang. Une odeur insupportable empeste l’air. Pour comble, les Boches nous envoient quelques obus lacrymogènes qui achèvent de rendre l’air irrespirable. Et les lourds coups de marteau des obus ne cessent de frapper autour de nous.

Samedi 3 juin. Il y a près de soixante-douze heures que je n’ai pas dormi. Les Boches attaquent de nouveau au petit jour (2 h 30). Nouvelle distribution de grenades. Hier, on m’en a vidé vingt caisses, il faudra être plus modéré.

Du calme, les enfants ! Laissez-les bien sortir ! On a besoin d’économiser la marchandise. A vingt-cinq pas ! Tapez-leur dans la g… ! A mon commandement. Feu!

Et allez donc !

Un craquement d’explosions. Bien ensemble, bravo ! Une fumée noire s’élève. On voit les groupes boches tournoyer, s’abattre. Un, deux se lèvent sur les genoux et s’esquivent en rampant. Un autre se laisse rouler dans la tranchée, tant il est pressé.

Quelques-uns progressent cependant vers nous, pendant que leurs camarades restés      dans la tranchée et leurs mitrailleurs nous criblent de balles. En rampant, un Boche arrive même jusqu’à mon réseau. On lui envoie une grenade en pleine tête.

A 3 h 30 ils en ont assez et rentrent dans leur trou.

Cité par A. Ducasse, J. Meyer et G. Perreux, Vie et mort des Français, 1914-1918, Hachette.        
http://tnhistoirexx.tableau-noir.net/pages12/enferverdun.html
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Un survivant de Verdun témoigne

 « Mardi 29 février 1916.

L’attaque allemande de Verdun a continué, formidable. C’est la grande offensive tant annoncée (…). Le carnage est immense. La débauche des projectiles d’artillerie est incroyable : 80 000 obus en quelques heures, sur un espace de 1 000 mètres de long et 3 à 400 mètres de profondeur. Trois millions d’obus en quelques jours. On se demande comment des êtres vivants arrivent à se maintenir et à combattre dans pareil enfer (…).

Vendredi 21 août.

Près d’un million d’hommes sont tombés là, sur ce front minime. Des centaines de milliers de tonnes d’acier et d’explosifs ont été déversées sur ce sol. Le résultat est nul (…). »

Le journal de guerre du docteur Marcel Poisot.

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La peur avant l’attaque
 « Il est 10 heures : à l’heure H… (11 heures moins dix), le commandant vient d’envoyer aux officiers sa montre et l’ordre écrit. La compagnie attaquera l’élément de tranchée dit tranchée des Hongrois compris entre les points A et C sur le plan directeur. Et voilà, c’est fini, l’ordre d’attaque est arrivé ; les hommes taillent des gradins dans le parapet pour sauter tout à l’heure. Je sais bien que nous sommes venus ici pour prendre Douaumont[1] ; ce n’est un mystère pour personne qu’il va falloir une fois de plus exposer sa chair ; on le sait, les hommes le savent tous. Et pourtant, pourtant jusqu’à maintenant, jusqu’au passage de cette montre, de ce pli que j’ai eu dans les mains, que j’ai donné à l’agent de liaison pour qu’il le porte au lieutenant, ma pauvre tête a douté, a espéré… Quoi ? je n’en sais rien moi-même : un contrordre, une relève, l’opération remise, que sais-je, un tas de folies que ma volonté rejette à mesure qu’elles se présentent, que je ne veux pas croire, auxquelles je ne veux pas penser, tout entier à ce sentiment qu’il faut avoir : se tenir correctement devant la mort ! Ce n’est pas bien difficile de dire cette petite phrase ; mais quel effrayant effort il faut faire, mon Dieu ! »

Sous-lieutenant Guy Hallé, Là-bas avec ceux qui souffrent, Paris, Garnier, 1917.

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                   Karl Gorzel la Somme 1-10-1916.

L’attaque anglaise a commencé [le 12 septembre]… A l’aube, j’ai jeté un coup d’œil à la ronde . Quel spectacle effarant ! Plus trace de tranchée ; rien que des trous d’obus, aussi loin que porte le regard – des trous comblés à leur tour par de nouvelles explosions, réexplosés puis recomblés… Les blessés allongés gémissent, impuissants. La réserve d’eau s’épuise… Le feu augmente pour atteindre une intensité tellement ahurissante qu’on ne distingue plus une détonation de la suivante. Nos bouches et nos oreilles sont emplies de terre. Trois fois enterrés et trois fois déterrés, nous attendons. Nous attendons la nuit, ou l’ennemi ! Et la danse macabre des obus qui explosent devient encore plus folle – on ne voit rien, sauf de la fumée, du feu, des jaillissements de terre…
Soudain, le barrage se lève… et là, juste devant, nous distinguons la première vague de l’ennemi , …. Enfin la délivrance! Tous ceux qui ne sont pas blessés, qui sont encore capables de lever un bras, se lèvent et nos bombes, comme une averse de grêlons, pleuvent sur l’ennemi qui nous attaque. La première vague gît face contre terre devant nos trous, mais déjà la deuxième est sur nous. Derrière, d’autres Anglais arrivent en rangs serrés. Tous ceux qui parviennent jusqu’à nos lignes sont éliminés au terme d’un combat singulier à la baïonnette. Mais nos bombes volent avec une puissance redoublée vers les rangs ennemis. Elles y accomplissent leur œuvre terrible et les colonnes anglaises qui nous attaquent tombent comme les épis de maïs mûrs sous la faux. Quelques-uns, rares, s’échappent et fuient à toutes jambes par les boyaux. Nous tombons, hébétés, sur la terre torturée et soignons les blessés du mieux que nous le pouvons, en attendant la seconde attaque, ou la nuit… J’allume une cigarette et m’efforce de penser – de penser à nos morts et à nos blessés, aux souffrances de l’humanité ;de projeter mes pensées vers chez moi. Mais foin de ces pensées ! Le présent revendique ses droits – il exige un homme, non un rêveur… Les renforts arrivent, tout est nettoyé, les morts sont enterrés et une nouvelle journée commence, plus horrible encore que la précédente. Telle est la bataille de la Somme – combat sanglant de l’Allemagne pour la victoire. Cette semaine, nous avons atteint les limites ultimes de l’ endurance humaine – ce fut l’enfer !

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Les mutineries de 1917

 « Ce n’est plus une guerre, c’est un massacre complet.

Je te dirai qu’en ce moment tous les combattants en ont marre de l’existence.

Il y en a beaucoup qui désertent. »

Cité par Guy Pedroncini, Les mutineries de l’armée française, 1968.

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La fin de la guerre

 « L’armistice est signé. Les canons et les cloches l’ont annoncé hier matin à toute la France. Le carnage finit par l’éclatante victoire de nos armes et par la défaite de ceux qui l’avaient prémédité, organisé, voulu. Les morts vengés par la victoire, voilà ce qui est digne d’être appelé la justice. Les morts sont vengés, les crimes seront châtiés durement ! Quant à l’Allemagne vaincue, les rapports que le monde civilisé entretiendra désormais avec elle dépendront de la façon dont elle saura accepter la défaite et le châtiment, régler ses comptes, expier. »

D’après Alfred Capus, Le Figaro, 12 novembre 1918.

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29 décembre 2012

Le lieutenant Dupuy

Classé sous — milguerres @ 21 h 01 min

 

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Ils étaient bien là, ces hommes !

VOIR : La défense du Fort de Souville par le Lieutenant Dupuy

Le lieutenant Dupuy

(http://www.lesfrancaisaverdun-1916.fr/theme-grands-hommes.htm#Dupuy0) Le lieutenant Dupuy dupuy1

Kléber Dupuy est né le 28 juin 1882 à La Teste de Buch (Gironde) d’une famille d’ostréiculteurs.
Il débute sa scolarité à l’école de la Mairie et gagne le prix cantonal au certificat d’étude en 1904. Il suit ensuite le Cours Complémentaire qui s’est créé la même année et réussi son brevet en 1908. Il entre ensuite à l’Ecole Normale d’Instituteurs de la Gironde qu’il obtient en 1912. Il trouve alors une place d’instituteur à Le Teich, un village non loin de La Teste de Buch. Il joue ailier droit dans l’équipe de rugby de l’Union Sportive Testerine ou il est champion de la Cête d’ Argent en 1913.

Le 1er octobre 1913, il est appelé pour faire son service militaire et il intègre le 9e R.I.
Il devient caporal le 5 juillet 1914.
Dés le début de la guerre, il participe aux combats, notamment à la bataille de la Marne ou il est blessé le 7 septembre 1914,  » violente commotion par explosion d’obus de gros calibre « .
Le 24 décembre 1914, il devient aspirant. Le 19 février 1915, il est muté au 7e R.I. et devient sous-lieutenant à titre temporaire le 30 avril 1915.

Le 3 juin 1916, le 7e R.I. est mis sous les ordres du général Mangin et rejoint Verdun. Devenu lieutenant, Kléber Dupuy commande la 3e compagnie. Il monte en ligne le 11 juillet et défend victorieusement le fort de Souville, coupant définitivement la progression allemande sur Verdun.
Le 24 mai 1917, il est fait Chevalier de la Légion d’Honneur.
Le 31 mai 1918, après avoir été grièvement blessé et amputé d’une jambe, il est promu Officier de la Légion d’Honneur.
Le 25 septembre 1918, il devient capitaine.
Démobilisé le 30 décembre 1919, il est titulaire de la Croix de Guerre 14/18 avec 5 citations dont 4 à l’ordre de l’Armée.

De retour à la vie civile, il reprend son métier d’instituteur à Bordeaux, mais n’ayant plus qu’une seul jambe, la station debout lui est très pénible. Il passe finalement le concours de Chef de Service Administratif du Comité Départemental d’Assistance aux Mutilés et Veuves de Guerre de la Gironde ou il est reçu ,classé N° 1, le 1er septembre 1923.
Il dirige cet Office des Anciens Combattants jusqu’à sa retraite en 1957.
Le 20 avril 1946, il est fait grand officier de la Légion d’Honneur au titre de la résistance.
Il décède à Talence le 16 octobre 1966 et inhumé dans le caveau familiale à La Teste de Buch.
Une rue de La Teste de Bush ainsi qu’une rue de Bordeaux portent son nom.

Le 13 juillet 1969, une stèle est inaugurée sur le champ de bataille de Verdun, à Souville, en présence du Docteur Louis Conte, de l’Adjudant Guisnier et du Sergent Major Gaston Comte qui était avec lui les 11 et 12 juillet 1916 lors de la défendre victorieusement du Fort de Souville. On peut y lire, en particulier, gravé dans le marbre :  » GLOIRE AU LIEUTENANT KLEBER DUPUY ET A SES SOLDATS DE LA 3e CIE DU 7e R.I. « .
Le drapeau de la 3° Cie a été remis au Mémorial de Verdun par son épouse Renée Kléber Dupuy. Le manuscrit original du tableau d’honneur de la 3e Cie, pendant la guerre de 14/18 (302 citations ) a été remis au Mémorial de Verdun par son neveu Jean-Louis Dupuy. Lui même a remis les médailles de Kléber Dupuy à la ville de La Teste de Buch le 11 novembre 1992.

Enfin, la dernière apparition publique de Kléber Dupuy a été décrite par l’historien Louis Cadars :  » Ce fut le 19 avril 1964, une minute intense d’émotion lorsque les douze cent assistants virent s’avancer sur sa chaise roulante de grand invalide, un homme resté droit et stoïque à l’inoubliable regard de flamme : le capitaine Kléber DUPUY, grand Officier de la Légion d’Honneur. D’un seul mouvement toute la salle qui comprenait de grands chefs de 14/18 , de très nombreux officiers supérieurs… fut debout pour honorer le héros qui s’avançait vers nous. Et ce fut un impressionnant garde à vous pendant que résonnait la sonnerie militaire et que se confrontaient ainsi en une pathétique minute, la gloire des grands chefs et le symbole vivant de l’héroïsme le plus pur et du sacrifice incarnés dans la présence vivante du Capitaine Kléber DUPUY « 

informations remises par Jean-Louis Dupuy, neveu de capitaine Kléber Dupuy  (http://www.lesfrancaisaverdun-1916.fr/theme-grands-hommes.htm#Dupuy0)

 

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Ils étaient bien là, ces hommes !

La défense du Fort de Souville par le Lieutenant Dupuy

la défense du fort de Souville par le Lieutenant Dupuy

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 Récit du  Commandant Piffre de Vaubon

sur la défense du fort de Souville par le Lieutenant Dupuy

http://www.cheminsdememoire.gouv.fr/fr/defense-du-fort-de-souville

Le Commandant Piffre de Vaubon, du 7e régiment d’infanterie relate comment le Lieutenant Dupuy a organisé la défense du fort de Souville avec une soixantaine d’hommes :

 » Le lieutenant Dupuy fit d’abord ouvrir et dégager les issues des gaines souterraines, y plaça ses hommes, munis de grenades et prêts à sortir à la moindre alerte. L’issue nord-est de la gaine centrale, notamment, avait été barricadée et complètement obstruée par des sacs à terre et des barbelés.

Pendant que des groupes de sentinelles surveillaient les environs du fort, il assigna aux mitrailleurs territoriaux valides des postes de combat. Il fit ensuite évacuer le plus grand nombre possible de malades et de blessés.

Vers 9 heures, le capitaine Decap, adjoint au colonel Borius, commandant le 7e R.I., parvint à gagner le fort de Souville. Sur l’ordre du colonel Goubeau, commandant la 262e brigade, il devait en assumer le commandement. Le lieutenant Dupuy, qu’il trouva à l’entrée des souterrains où se tenait la garnison, lui rendit compte des mesures qu’il avait prises. Le capitaine Decap les compléta.

Peu après, la surveillance et la résistance furent ainsi assurées :

Toute la fraction utilisable de la 3e compagnie : 35 hommes environ et trois mitrailleuses servies par quelques territoriaux encore valides, s’installa à l’issue des souterrains, sur la face nord-ouest de l’ouvrage. Le lieutenant Dupuy dirigeait cette poignée d’hommes. Sur la superstructure même, furent placés des groupes de sentinelles.

A l’entrée sud du fort, on mit quelques territoriaux avec le sous-lieutenant d’Orgemont, de la 3e compagnie.

A l’intérieur, le lieutenant Barreau – revenu à lui – bien que souffrant de son intoxication, fut chargé, avec quelques hommes valides de son peloton, de maintenir l’ordre et d’assurer les communications entre le fort et le P.C. Tourelle. Le capitaine Decap se tenait avec le lieutenant Dupuy et ses poilus.  »

Source : Mindef/SGA/DMPA

Le lieutenant Dupuy :la défense du fort de Souville par le Lieutenant Dupuy dupuy1

Kléber Dupuy est né le 28 juin 1882 à La Teste de Buch (Gironde) d’une famille d’ostréiculteurs.
Il débute sa scolarité à l’école de la Mairie et gagne le prix cantonal au certificat d’étude en 1904. Il suit ensuite le Cours Complémentaire qui s’est créé la même année et réussi son brevet en 1908. Il entre ensuite à l’Ecole Normale d’Instituteurs de la Gironde qu’il obtient en 1912. Il trouve alors une place d’instituteur à Le Teich, un village non loin de La Teste de Buch. Il joue ailier droit dans l’équipe de rugby de l’Union Sportive Testerine ou il est champion de la Cête d’ Argent en 1913.

Le 1er octobre 1913, il est appelé pour faire son service militaire et il intègre le 9e R.I.
Il devient caporal le 5 juillet 1914.
Dés le début de la guerre, il participe aux combats, notamment à la bataille de la Marne ou il est blessé le 7 septembre 1914,  » violente commotion par explosion d’obus de gros calibre « .
Le 24 décembre 1914, il devient aspirant. Le 19 février 1915, il est muté au 7e R.I. et devient sous-lieutenant à titre temporaire le 30 avril 1915.

Le 3 juin 1916, le 7e R.I. est mis sous les ordres du général Mangin et rejoint Verdun. Devenu lieutenant, Kléber Dupuy commande la 3e compagnie. Il monte en ligne le 11 juillet et défend victorieusement le fort de Souville, coupant définitivement la progression allemande sur Verdun.
Le 24 mai 1917, il est fait Chevalier de la Légion d’Honneur.
Le 31 mai 1918, après avoir été grièvement blessé et amputé d’une jambe, il est promu Officier de la Légion d’Honneur.
Le 25 septembre 1918, il devient capitaine.
Démobilisé le 30 décembre 1919, il est titulaire de la Croix de Guerre 14/18 avec 5 citations dont 4 à l’ordre de l’Armée.

De retour à la vie civile, il reprend son métier d’instituteur à Bordeaux, mais n’ayant plus qu’une seul jambe, la station debout lui est très pénible. Il passe finalement le concours de Chef de Service Administratif du Comité Départemental d’Assistance aux Mutilés et Veuves de Guerre de la Gironde ou il est reçu ,classé N° 1, le 1er septembre 1923.
Il dirige cet Office des Anciens Combattants jusqu’à sa retraite en 1957.
Le 20 avril 1946, il est fait grand officier de la Légion d’Honneur au titre de la résistance.
Il décède à Talence le 16 octobre 1966 et inhumé dans le caveau familiale à La Teste de Buch.
Une rue de La Teste de Bush ainsi qu’une rue de Bordeaux portent son nom.

Le 13 juillet 1969, une stèle est inaugurée sur le champ de bataille de Verdun, à Souville, en présence du Docteur Louis Conte, de l’Adjudant Guisnier et du Sergent Major Gaston Comte qui était avec lui les 11 et 12 juillet 1916 lors de la défendre victorieusement du Fort de Souville. On peut y lire, en particulier, gravé dans le marbre :  » GLOIRE AU LIEUTENANT KLEBER DUPUY ET A SES SOLDATS DE LA 3e CIE DU 7e R.I. « .
Le drapeau de la 3° Cie a été remis au Mémorial de Verdun par son épouse Renée Kléber Dupuy. Le manuscrit original du tableau d’honneur de la 3e Cie, pendant la guerre de 14/18 (302 citations ) a été remis au Mémorial de Verdun par son neveu Jean-Louis Dupuy. Lui même a remis les médailles de Kléber Dupuy à la ville de La Teste de Buch le 11 novembre 1992.

Enfin, la dernière apparition publique de Kléber Dupuy a été décrite par l’historien Louis Cadars :  » Ce fut le 19 avril 1964, une minute intense d’émotion lorsque les douze cent assistants virent s’avancer sur sa chaise roulante de grand invalide, un homme resté droit et stoïque à l’inoubliable regard de flamme : le capitaine Kléber DUPUY, grand Officier de la Légion d’Honneur. D’un seul mouvement toute la salle qui comprenait de grands chefs de 14/18 , de très nombreux officiers supérieurs… fut debout pour honorer le héros qui s’avançait vers nous. Et ce fut un impressionnant garde à vous pendant que résonnait la sonnerie militaire et que se confrontaient ainsi en une pathétique minute, la gloire des grands chefs et le symbole vivant de l’héroïsme le plus pur et du sacrifice incarnés dans la présence vivante du Capitaine Kléber DUPUY « 

informations remises par Jean-Louis Dupuy, neveu de capitaine Kléber Dupuy  (http://www.lesfrancaisaverdun-1916.fr/theme-grands-hommes.htm#Dupuy0)

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Lettres et carnets : témoignages des « poilus »

Classé sous — milguerres @ 18 h 05 min

 

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 Lettres, carnets, journaux, récits de guerre

 

Lettres et carnets : témoignages des « poilus »

Restés plusieurs mois dans les tranchées, les soldats ont, dans des carnets personnels ou dans des lettres,

largement décrit la réalité de la guerre.

http://tnhistoirexx.tableau-noir.net/pages12/premiereguerretemoignage.html

L’héroïsme

Champs de bataille où les Australiens combattirent. fleche-boule8À deux heures et demie, un aéroplane allemand survole nos positions. Nous étions repérés et vingt minutes après, le premier obus éclatait à six pas de moi. J’ai été soulevé, projeté à cinq mètres, tout le corps anéanti, couvert de sang. Je me suis levé, abruti, incapable d’articuler un son et j’ai marché. Des hommes étaient couchés sur la route, morts. J’ai couru. Quelle grêle d’obus ! J’en entends un au-dessus de moi, je me lance dans la tranchée, il éclate à un mètre, je me relève, je pars de nouveau. Je me disais : jamais je n’arriverai à l’ambulance. Ah ! Mon ami, que c’est laid la guerre moderne.

Lettre de Jean de Pierrefeu à un ami, 1914, Anovi, www.grande-guerre.org

Champs de bataille où les Australiens combattirent. fleche-boule8Tu ne saurais croire l’héroïsme de nos soldats. Hier devait avoir lieu l’attaque d’une tranchée allemande. Au signal, les lieutenants s’élancent en criant : « En avant ! », « A l’assaut ! », « Pour la France » ; et l’un d’eux entonne La Marseillaise. Derrière eux, toute la section. Quel élan, quel enthousiasme pour ces hommes qui savent pourtant qu’ils n’ont aucune chance. Les lieutenants meurent, frappés à la tête. Les soldats tombent à leur tour impossible d’avancer. Les vivants se couchent et tentent d’amonceler de la terre devant leur tête pour se protéger des balles. Le commandant leur fait dire de se replier. Hélas, on ne peut ni avancer, ni reculer. Il faut attendre la nuit. Au soir, un blessé me dit : « Ce qu’il faut souffrir pour la France.»

Lettre du Dr Martin-Laval à sa sœur,  Paroles de poilus.

Champs de bataille où les Australiens combattirent. fleche-boule8Mon général, je me permets de demander à passer dans l’infanterie. Je considère que ma place est là où les risques sont les plus nombreux. Je fais partie d’une famille israélite naturalisée française. Je veux après la guerre, si je reste en vie, avoir la satisfaction d’avoir fait le maximum de mon devoir. Je veux que personne ne puisse me contester le titre de Français, de vrai et de bon Français. Je veux, si je meurs, que ma famille puise être fière de moi, et que personne ne puisse lui reprocher ses origines étrangères. De toute mon âme et de tout mon cœur, je suis décidé à servir la France le plus vaillamment possible.

Lettre du soldat Henry Lange, 1917, Paroles de poilus.

 

La dure réalité des tranchées

Champs de bataille où les Australiens combattirent. fleche-boule8Notre tranchée a une longueur de 100 mètres. Elle est profonde d’un mètre et la terre a été jetée devant, si bien que l’on peut passer debout sans être vu. Elle est très étroite et par endroits, on a creusé plus largement pour pouvoir se croiser quand on se rencontre. Dans le fond, on creuse de petites caves où un homme peut se coucher pour se protéger des obus.

Lettre d’Adolphe Wegel, 1915, Paroles de poilus.

Champs de bataille où les Australiens combattirent. fleche-boule8Je viens de déjeuner, mais qu’est-ce qu’une demi-boule de pain pour une journée ! J’en ai mangé la moitié et j’ai encore plus faim. Rien que le matin, il me faudrait la boule entière ! Le froid aiguise terriblement l’appétit et, ne pouvant le satisfaire, on est obligé de se recoucher.

Lettre d’Etienne Tanty, 1914, Anovi, www.grande-guerre.org

Champs de bataille où les Australiens combattirent. fleche-boule8Voilà près d’un mois que je ne me suis ni déshabillé, ni déchaussé ; je me suis lavé deux fois : dans une fontaine et dans. Un ruisseau près d’un cheval mort ; je n’ai jamais approché un matelas ; j’ai passé toutes mes nuits sur la terre. On dort un quart d’heure de temps en temps. On dort debout, à genoux, assis, accroupis et même couché. On dort le jour ou la nuit, à midi ou le soir. On dort sur les chemins, dans les taillis, dans les tranchées, dans les arbres, dans la boue. On dort même sous la fusillade. Le silence seul réveille.

Lettre d’André Fribourg au journal l’Opinion, 1915, Anovi, www.grande-guerre.org

 

Champs de bataille où les Australiens combattirent. fleche-boule8La pluie approche. Une goutte tombe sur mon képi. Après une heure, la pluie redouble : c’est l’averse. Accroupis dans la tranchée, nous attendons. L’uniforme s’imprègne brin à brin. Après trois heures, je sens comme un doigt froid sur ma chair. C’est l’eau qui pénètre. Manteau, veste, chandails, chemise ont été traversés. Après quinze heures, il pleut. La nuit froide glace l’eau dont nous sommes revêtus. Après vingt-quatre heures, il pleut. La canonnade redouble. Je me baisse, je me couche au fond de la tranchée, dans l’eau. Après deux jours, il pleut.

Lettre d’André Fribourg au journal l’Opinion, 1915, Anovi, www.grande-guerre.org

Champs de bataille où les Australiens combattirent. fleche-boule8Voici comment se passent nos nuits. À 8 heures 1/2, la canonnade s’arrête peu à peu. Le silence règne enfin. On entend les pas des soldats, les roulements des caissons de ravitaillement. Défense d’allumer des feux. On mange froid et l’on se couche, à même le sol. On dort tout équipé. Pas de couverture. Des loques humaines couchées en désordre. Une heure du matin. Bing ! Un coup de feu. Bing ! Un autre coup. Une fusillade éclate. L’ennemi attaque comme toutes les nuits, pour nous fatiguer. Quel réveil de cauchemar.

Lettre de Jean de Pierre feu à un ami, 1914, Anovi, www.grande-guerre.org

Le désespoir

Champs de bataille où les Australiens combattirent. fleche-boule8J’ai le cafard. Voilà six mois que ça dure, six mois, une demi-année qu’on traîne entre la vie et la mort, cette misérable existence qui n’a plus rien d’humain ; six mois sans espoir. Pourquoi tout ce massacre ? Est-ce la peine de faire attendre la mort si longtemps à tant de milliers de malheureux, après les avoir privés de vie pendant des mois. Nous devenons des brutes. Je le sens chez les autres, je le sens chez moi. Je deviens indifférent, sans goût, j’erre, je ne sais quoi faire.

Lettre d’Etienne Tanty, 1915, Anovi, www.grande-guerre.org

Champs de bataille où les Australiens combattirent. fleche-boule8On nous ordonne : « Allez là ! » Et nous y allons. On nous ordonne : « Attaquez ! » Et nous attaquons. Puis les mouvements recommencent, des marches errantes, avance, recul, des haltes, des manœuvres qu’on ne comprend pas. Une seule fois, le capitaine nous a exposé ce que nous allions faire. Il ne nous a pas révélé quelle bataille décisive allait s’engager. Pourtant, ce fut assez : une lumière était en nous. On nous disait : « Nous comptons sur vous. »

Carnet de M. Genevoix, 1914, Anovi, www.grande-guerre.org

 

 

Etudes de lettres de poilus

Champs de bataille où les Australiens combattirent. fleche-boule8Les Frères Bouchet

http://crdp.ac-amiens.fr/cddpoise/oise14_18/lettres_de_poilus.html

http://crdp.ac-amiens.fr/cddpoise/oise14_18/AD60_52J_5_309_001.jpghttp://crdp.ac-amiens.fr/cddpoise/oise14_18/AD60_52J_5_310_001.jpg

http://crdp.ac-amiens.fr/cddpoise/oise14_18/AD60_52J_5_310_002.jpghttp://crdp.ac-amiens.fr/cddpoise/oise14_18/AD60_52J_6_169_001.jpg

http://crdp.ac-amiens.fr/cddpoise/oise14_18/AD60_52J_6_169_002.jpg

Les frères Bouchet

Originaires de Creil, les six frères Bouchet, Paul, Jean, André, Pierre, Marc et Henri, ont durant la guerre adressé à leurs parents et à leur sour 1100 lettres. L’ensemble de cette collection a été acquise par les Archives départementales de l’Oise (sous-série 52J) en 2003 à Bruxelles.

Son intérêt réside dans son exceptionnel volume, dans la qualité d’expression de ces jeunes hommes et la diversité des sujets qu’ils traitent.

A la veille de la commémoration de l’armistice, voici  cinq lettres de Marc, Henri et Jean  Bouchet datant de novembre 1918. A cette date, Marc est incorporé au 41éme bataillon de chasseurs, il est envoyé à partir du 7 novembre en Belgique. Il décrit donc Bruxelles dans sa lettre du 22 novembre. Henri, âgé de 20 ans en 1918, cadet de la famille, est depuis août à l’école d’artillerie de Fontainebleau. La seule lettre de Jean parlant de la victoire, et donc de sa libération, date du 25 décembre. Jean avait été fait prisonnier en avril 1915 dans la Meuse.

Seuls Marc, Henri et Jean ont pu témoigner à travers leur correspondance de l’armistice.
Paul a été porté disparu des le 29 août 1914, son corps n’a jamais été retrouvé. André, blessé dès son deuxieme jour de combat, a été fait prisonnier en septembre 1914 puis rapatrié en France pour invalidité. Pierre engagé en décembre 1914 et a été tué lors d’un combat aérien le 14 août 1918.

sources :

textes :

http://tnhistoirexx.tableau-noir.net/pages12/premiereguerretemoignage.html

http://crdp.ac-amiens.fr/cddpoise/oise14_18/lettres_de_poilus.html

images :

http://crdp.ac-amiens.fr/cddpoise/oise14_18/lettres_de_poilus.html

 

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Lettres, carnets, journaux, récits de guerre

27 décembre 2012

Les Anges de Mons

Classé sous — milguerres @ 16 h 09 min

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 L’Empire britannique et la Grande Guerre

Les Etats du Dominion et la Grande Guerre

Ordre de bataille de la Force expéditionnaire britannique

Opérations Britanniques

Armée des Indes britanniques

Les Anges de Mons fleche-boule8

Les Anges de Mons

Source wikipedia

La légende des Anges de Mons est une légende urbaine selon laquelle un groupe d’anges seraient apparus aux soldats de l’armée britannique, au début de la Première Guerre mondiale, lors de la bataille de Mons en Belgique. Elle fut particulièrement connue à l’époque, surtout dans le monde anglo-saxon, et elle continue à faire parler d’elle aujourd’hui encore grâce à Internet et au New Age.

Cette légende trouve sa source dans un récit fictionnel, intitulé The Bowmen (Les archers), de l’écrivain fantastique Arthur Machen. La publication de cette histoire dans le quotidien London Evening News, le 29 septembre 1914, donna le coup d’envoi de la rumeur.

Les faits

Les 22 et 23 août 1914, le premier engagement sérieux du corps expéditionnaire britannique s’est produit lors de la bataille de Mons. Des forces allemandes se portant en avant furent rejetées en arrière par les troupes britanniques fortement dépassées en nombre. Ces dernières, subissant aussi des pertes et étant débordées, furent obligées d’effectuer une retraite rapide le jour suivant.

Le 24 avril 1915, un compte-rendu fut publié dans le magazine britannique Spiritualist, relatant des visions d’une force surnaturelle miraculeusement intervenue pour aider les Anglais au moment décisif de la bataille. Cet article provoqua rapidement avalanche de témoignages similaires et la diffusion de rumeurs sauvages. Les descriptions de cette force ont varié : soit des archers médiévaux au côté de saint George, soit un étrange nuage lumineux et, par la suite, la version la plus populaire fut celle des anges guerriers.

Explications

Des témoignages similaires concernant de telles visions sur les champs de bataille ont été répertoriés au cours de guerres médiévales et antiques. Toutefois, il y a de fortes similitudes entre plusieurs de ces relations et une nouvelle d’Arthur Machen, The Bowmen (« Les Archers »), publiée pour la première fois six mois plus tôt, le 29 septembre 1914, dans le journal londonien Evening News. Machen y était journaliste et bien qu’il ait été un auteur bien connu d’histoires surnaturelles, il n’y avait aucune indication que son histoire était une fiction lors de sa publication originelle. Vu qu’elle était écrite comme si c’était un témoignage direct, c’était un genre de document-fiction, un genre que Machen connaissait bien. L’histoire décrit des archers de la bataille d’Azincourt, appelés par un soldat invitant saint George, anéantissant une armée allemande. Conséquence inattendue, Machen reçut un certain nombre de demandes de fournir la preuve de ses sources très peu de temps après la publication, demandes auxquelles il a répondu que l’histoire était complètement imaginaire, car il n’avait aucun désir de créer un canular.

Ce n’est qu’en mai de 1915 qu’une immense controverse éclata quand les anges furent utilisés dans des sermons à travers la Grande-Bretagne afin de prouver l’action de la providence divine au côté des Alliés. Machen, stupéfié par tout ceci, essaya de couper court aux rumeurs en republiant l’histoire en août sous la forme de livre avec une longue préface affirmant que les rumeurs étaient fausses et tiraient leur origine de sa nouvelle. Le livre fut un best-seller et eut uniquement pour conséquence la publication d’une vaste série d’ouvrages prétendant fournir la preuve de l’existence des anges. Ces publications comprenaient des chansons populaires et des rendus artistiques des anges. L’étude de Kevin McClure décrit deux types d’histoires circulant, certaines nettement plus inspirées de Machen et d’autres avec des détails différents. Cependant, tous ces rapports confirmant des observations d’activités surnaturelles étaient au mieux de seconde main et certains d’entre eux citaient même des soldats qui n’étaient pas à Mons. Une enquête circonspecte menée par la Society for Psychical Research (SPR) en 1915 indiqua à propos des témoignage de première main : « nous n’en avons recueilli aucun, et parmi ceux de seconde main, aucun ne justifierait que nous affirmions la réalité d’un quelconque phénomène surnaturel. » La SPR poursuivit en indiquant que les rapports relatant des « visions » sur le champ de bataille circulant pendant le printemps et l’été de 1915 « s’avèrent après enquête être fondés sur la seule rumeur, et ne peuvent être rattachés à aucune source sérieuse. »

La diffusion soudaine des rumeurs au printemps de 1915, six mois après que les événements se sont produits, est également énigmatique. Les récits publiés à cette époque attribuent souvent leurs sources à de mystérieux dirigeants britanniques anonymes. La dernière et la plus détaillée des enquêtes sur l’histoire des anges de Mons, menée par David Clarke, suggère que ces hommes auraient pu être impliqué dans une tentative secrète par les services secrets militaires de diffusion de propagande psychologique.

La seule preuve réelle des visions apparue au cours des débats vint de soldats véritablement en service qui ont déclaré qu’ils avaient eu des visions de cavaliers fantômes, pas d’anges ou d’archers, et ceci s’était produit durant la retraite plutôt qu’au cours de la bataille elle-même. Puisque pendant la retraite beaucoup de soldats étaient épuisés et n’avaient pas dormi correctement depuis des jours, il se peut que ces visions furent des hallucinations.

Il semble donc que la nouvelle de Machen a engendré la majorité des récits d’apparition angélique à cette époque. Ces récits ont certainement relevé le moral de l’arrière alors que l’enthousiasme populaire chutait en 1915.

Le tableau de Marcel Gillis, Les anges de Mons

Marcel Gillis, Les Anges de Mons, 1934.

http://adamantin.eurower.net/culture/angesmons-legende.php

Occult Review, mai 1915

Le magazine Occult Review où est publié l’article de Phyllis Campbell.

http://adamantin.eurower.net/culture/angesmons-dev.php

Les Ailes de l’ Espoir

couverture livre bonne

sketch

http://britannia.skynetblogs.be/archive/2008/09/07/les-ailes-de-l-espoir.html

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Opérations Britanniques

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21 décembre 2012

Ypres (1915) canada

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 Entrée en guerre du Canada

 De Ypres à Givenchy

Formation du Corps canadien

Prélude à la bataille de la Somme

Derrière les lignes : Les Dumbells

La cote 70 et la bataille de Lens

La troisième bataille d’Ypres et de Passchendaele

324 Chars à la Bataille de Cambrai

L’offensive allemande (1918)

Les cent jours du Canada

La guerre dans les airs

La guerre sur la mer

D’autres campagnes

Après l’Armistice

Sur le front ouest

Ypres (1915)

source : http://www.veterans.gc.ca/fra/histoire/premiereguerre/canada/chapitre4

Dans la première semaine d’avril 1915, les troupes canadiennes abandonnent leur paisible secteur pour aller occuper, en avant d’Ypres, une portion de front faisant saillie dans les lignes alliées. Il s’agit du fameux – ou notoire – saillant d’Ypres, où les Britanniques et leurs alliés se sont avancés vers la ligne allemande en formation concave. Les Allemands occupent une position plus élevée et sont capables de mitrailler les tranchées alliées depuis le nord, le sud et l’est. Les troupes canadiennes sont flanquées, à droite, de deux divisions britanniques et, à gauche, d’une division française, le 45e Algérien.

C’est là que le 22 avril, les Allemands tentent de détruire le saillant en recourant à une nouvelle arme: le gaz toxique. Après un tir intense d’artillerie, à la faveur d’un vent léger du nord-est, l’ennemi déverse 160 tonnes de chlore depuis des cylindres enfouis dans le bord costal de leurs tranchées. Le gaz vient se déposer en un épais nuage olivâtre au-dessus des tranchées françaises et met les soldats en déroute; stupéfiés par cette arme terrible, ils prennent la fuite, laissant une brèche de quatre milles dans les lignes alliées. Profitant de leur avantage, les Allemands vont de l’avant et menacent de prendre les Canadiens à revers et d’enserrer 50 000 soldats canadiens et britanniques dans un mortel étau. Heureusement, l’ennemi n’a prévu qu’une offensive limitée et, comme ses troupes sont insuffisantes, est incapable d’exploiter la situation. De toute façon, les Allemands n’ont pas l’équipement adéquat pour se protéger contre le gaz et craignent l’arme nouvelle. Après une avance de deux milles seulement, ils s’arrêtent et se retranchent.

Les Canadiens se battirent toute la nuit pour colmater la brèche. Ils organisèrent même une contre-attaque pour déloger l’ennemi du Bois des Cuisiniers, chênaie située près de Saint-Julien. Le matin, ils prirent l’ennemi d’assaut à deux nouvelles reprises et ce fut à chaque fois un désastre. Ils ne gagnèrent que peu de terrain, cela au prix de pertes extrêmement lourdes. Ces attaques leur donnèrent néanmoins un peu de répit pour colmater la brèche.

La bataille de Saint-Julien allait être plus âpre encore. Le 24 avril, les Allemands déclenchent une offensive afin d’anéantir une bonne fois pour toutes le Saillant. Un autre violent bombardement est suivi d’une nouvelle attaque au gaz, dirigée cette fois contre les Canadiens. Une furieuse bataille s’engage alors au milieu des éclats d’obus et des balles de mitrailleuses; handicapés par leurs fusils Ross qui s’enrayent constamment, pris de violentes nausées et essayant tant bien que mal de se protéger du gaz avec des chiffons boueux et imbibés d’eau, les Canadiens ne tiennent pas moins bon jusqu’à l’arrivée de renforts.

C’est ainsi que dès leur premier engagement important sur un champ de bataille européen, les Canadiens se font une réputation de redoutables soldats. Le Premier ministre reçoit des messages de félicitations. Cependant, la bataille avait coûté cher. En quarante-huit heures, 6 035 Canadiens, un homme sur trois, sont blessés et plus de 2 000 d’entre eux meurent. Ce sont de lourdes pertes pour le petit contingent de civils canadiens enrôlés depuis quelques mois à peine et qui n’avaient jamais imaginé aller au front et se battre – c’était un sinistre présage de ce qui les attendait.

 

Un tableau

Portrait d’un commandant de bataillon :

Le lieutenant-colonel george stuart tuxford

à la deuxième bataille d’ypres, en avril 1915

par Andrew B. Godefroy, Ph. D.

http://www.journal.forces.gc.ca/vo5/no2/history-histoire-fra.asp

Bien que les biographies des officiers supérieurs soient capitales pour l’histoire militaire, elles font malheureusement défaut au Canada. Ce n’est pas le fruit du hasard. La traditionnelle modestie des chefs militaires canadiens, qui ont rarement écrit leurs mémoires ou le récit de leurs exploits, y est pour quelque chose. Par ailleurs, les universitaires et les militaires sont apparemment peu enclins à écrire des biographies militaires, méconnaissant l’importance du facteur humain dans le commandement sur le champ de bataille. Cette lacune est la plus criante dans le cas des officiers supérieurs de la Première Guerre mondiale. Sur les 126 généraux du Corps expéditionnaire canadien, seul le commandant en chef, Sir Arthur Currie, a fait l’objet de plus d’une étude universitaire. Sur les 125 autres, moins de 6 ont fait l’objet de solides études. On peut douter de l’exhaustivité des évaluations portées sur l’efficacité opérationnelle et tactique des forces canadiennes sur le front occidental, puisqu’on en sait si peu sur les hommes qui ont façonné le Corps canadien et ses éléments.

Les échelons inférieurs du commandement sont encore plus négligés. Le bataillon d’infanterie, une force d’environ 1 000 hommes sous les ordres d’un lieutenant-colonel, a été la principale unité déployée sur le champ de bataille en France et dans les Flandres1. Or, près d’un siècle après le recrutement de 260 bataillons pour la Grande Guerre, pas une seule biographie de l’un des commandants des 48 bataillons qui ont combattu n’a encore vu le jour2. De toute évidence, nos connaissances du leadership et du commandement de l’armée canadienne pendant la Première Guerre mondiale, notamment de la mise à l’épreuve et de la démonstration des compétences des commandants sur le champ de bataille, sont très insuffisantes. Faute de connaissances de l’institution qu’est le corps d’officiers du Corps expéditionnaire canadien ou de la façon de commander sur le terrain, nous tenons souvent pour des faits historiques un très grand nombre d’idées reçues. Or nous ne pourrons déterminer s’il s’agit de mythes ou non tant que nous ne nous intéresserons pas davantage aux études bibliographiques.

 

George stuart tuxford

Un tableau
Archives nationales du Canada

Le brigadier général George Stuart Tuxford.

Le présent article se propose de jeter un peu de lumière sur l’un de ces nombreux inconnus, le lieutenant-colonel (puis brigadier général) George Stuart Tuxford, CB, CMG, DSO. Nommé commandant du 5e bataillon ( Western Cavalry ) en 1914, il est ensuite devenu l’officier général commandant la e brigade d’infanterie canadienne de la 1ère division canadienne. Tuxford était un officier de milice chevronné qui pratiquait le leadership par l’exemple. Sa carrière distinguée sur le champ de bataille est révélatrice de celle d’un groupe d’officiers supérieurs dont l’intelligence, le savoir-faire, le courage et les compétences tactiques et opérationnelles ont permis au Corps canadien de remporter victoire après victoire sur le front occidental3.

La carrière de George Stuart Tuxford offre aux étudiants en histoire militaire canadienne l’une des meilleures études de cas du leadership canadien pendant la Première Guerre mondiale. Lorsque Tuxford a pris son service dans le Corps canadien, il était l’un des 12 commandants de bataillons mobilisés au front et il a été mis à rude épreuve dès les premiers jours. Il a tiré des leçons amères des âpres combats de la deuxième bataille d’Ypres et de ceux de Festubert et de Givenchy au printemps et à l’été 1915. En mars 1916, sa promotion au rang de brigadier général et sa nomination au poste de commandant de la 3e brigade d’infanterie canadienne ont récompensé ses compétences tactiques4. Il commandera la brigade pendant plus de trois ans, devenant ainsi le commandant de brigade ayant les plus longs états de service de tout le Corps canadien5. Le présent article ne prétend pas faire une analyse exhaustive de sa carrière de combattant; il porte sur la première expérience de leadership et de commandement de Tuxford sur le champ de bataille en 1915, laquelle a certainement joué par la suite un rôle déterminant dans son comportement lors des opérations.

Né au pays de Galles en février 18706, George Tuxford a immigré au Canada avec sa jeune épouse durant les années 1890. Le couple s’est établi dans une ferme près de Moose Jaw, en Saskatchewan, et a fini par posséder un important troupeau de bétail. À l’été 1898, au plus fort de la ruée vers l’or du Klondike, Tuxford a franchi les Rocheuses avec un de ses troupeaux pour apporter « de la viande sur pied à cette ville en plein essor7 » qu’était Dawson City, au Yukon. C’était à l’époque la plus longue transhumance de l’histoire canadienne.

Tuxford a commencé son service militaire avant le début des hostilités. De juillet 1905 à avril 1910, il a été officier du 16e bataillon des Mounted Rifles, le premier régiment de milice de la Saskatchewan. Lorsque le quartier général de la milice a autorisé la création d’un escadron indépendant à Moose Jaw à l’été 1910, le ministre de la Milice et de la Défense de l’époque, Sam Hughes, a personnellement nommé le major Tuxford au poste de commandant. La nouvelle unité, d’abord appelée « Escadron D » du 16e bataillon des Mounted Rifles, n’a pas tardé à atteindre la taille d’un régiment qui a été rebaptisée le 27e Light Horse. Tuxford a été promu lieutenant-colonel. Il écrit dans ses mémoires : « Je reçus l’autorisation de constituer un nouveau régiment de troupes à cheval se composant au départ de trois escadrons qui devaient être cantonnés à Moose Jaw, Swift Current et Maple Creek8. » D’autres troupes de cavalerie de Tuxford étaient basées à Moose Jaw, Keeler, Pense et Morse.

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En 1914, à 44 ans, le lieutenant-colonel Tuxford avait cessé d’élever du bétail, mais il demeurait actif dans la milice et a naturellement offert ses services au Corps expéditionnaire canadien dès le début de la guerre, en août. Son offre a été poliment rejetée. Le colonel Sam Steele, chargé de former l’aile de cavalerie du premier contingent canadien, a informé Tuxford qu’il avait choisi un autre régiment. Cela n’a pas empêché Tuxford de se mettre au service du Canada. Il note plus tard : « J’ai donc convaincu le colonel Steele de télégraphier à Ottawa pour demander la permission de convertir les unités de cavalerie qui le souhaitaient en troupes régulières et de les envoyer de l’Ouest à Valcartier [...]. J’ai obtenu l’autorisation de former deux bataillons9. »

Après avoir reçu de la part du ministre Hughes cet appel aux armes inhabituel, Tuxford a basé son unité improvisée au camp de Valcartier, où elle a fusionné avec des éléments d’autres unités de cavalerie de la milice pour constituer le 5e bataillon ( Western Cavalry ) de la 2e brigade d’infanterie canadienne. Le lieutenant-colonel Tuxford, qui jouissait de la protection du ministre, a été officiellement nommé premier commandant du 5e bataillon. Il s’est d’abord rendu en Angleterre avec son unité, puis sur le champ de bataille des Flandres.

Le matin du 22 avril 1915, le premier jour de la bataille qui serait appelée la seconde bataille d’Ypres, le 5e bataillon se trouvait en première ligne du front de la 1ère division canadienne, au nord-est d’Ypres. Il se composait alors d’une trentaine d’officiers et de 996 hommes10. Les jours suivants, il s’est désespérément battu pour résister aux assauts répétés, aux bombardements d’artillerie et à la dernière-née des armes de guerre, la chloropicrine. Le 10 mai, 11 officiers et 278 hommes de ce bataillon avaient été tués ou blessés. Bien que ces pertes soient assez légères comparativement à celles qu’ont essuyées d’autres bataillons d’infanterie canadiens lors de cette bataille, le 5e bataillon de Tuxford sera l’unité la plus rudement touchée lors des durs combats de la bataille de Festubert, à la fin mai. Au début juillet, malgré les renforts qu’il avait reçus, le 5e bataillon ne comptait plus que 698 hommes, soit 300 de moins que son effectif réglementaire.

3e brigade d’infanterie canadienne
Photo officielle de l’armée canadienneLe brigadier général Tuxford en compagnie
des comman dants et du personnel du quartier général de la 3e brigade d’infanterie canadienne, en 1918.

Moins d’un an après la seconde bataille d’Ypres, Tuxford, devenu brigadier général de la 3e brigade, a rédigé un « compte rendu après action », qui comporte des observations personnelles parfois très franches sur cette bataille et une critique de son comportement. C’est un document de référence inestimable indiquant où il se trouvait et ce dont il a été témoin à divers moments. Qui plus est, Tuxford relate en détail ce qu’il savait et à quel moment il était mis au courant et rapporte les décisions qu’il a prises en fonction de ces données et du renseignement. Ce compte rendu des mesures que son unité et lui ont prises lors de la seconde bataille d’Ypres constitue un document capital pour évaluer le leadership et le commandement canadien pendant cette bataille. Or de telles évaluations font généralement défaut dans les ouvrages contemporains consacrés au Corps canadien sur le front occidental11.

Daté du 10 mars 1916, le compte rendu après action du lieutenant-colonel Tuxford est reproduit intégralement cidessous. Les lecteurs désireux d’obtenir une vue d’ensemble et de plus amples détails sur la bataille d’Ypres peuvent consulter l’une des deux histoires officielles canadiennes de la Première Guerre mondiale, la première publiée en 1938 par le colonel A. F. Duguid et la seconde, en 1962 par le colonel G. W. L. Nicholson.

Compte rendu après action de g. s. tuxford12

«Le 5e bataillon quitta Steenhorde le matin du 14 avril, fit la première moitié du chemin en omnibus, resta à l’abri avec le Welsh Regiment jusqu’à 17 h, puis traversa Ypres pour se rendre aux tranchées situées au sommet du saillant. Les 7e, 8e et 10e bataillons allèrent aux tranchées de première ligne et le 5e resta en réserve de brigade.

Les tranchées de première ligne, où ils remplacent les Français, étaient en très mauvais état. C’étaient tout simplement des barricades isolées, qui n’étaient pas reliées les unes aux autres et n’offraient aucune protection contre les tirs ennemis.

Les jours suivants, nous fîmes tout pour améliorer ces tranchées. La nuit du 19, le 5e bataillon releva le 10e dans les tranchées de première ligne. Le 8e bataillon se déplaça vers la gauche; le 7e était en réserve de brigade et le 10e, en réserve de division. Le 5e tenait l’extrême droite de la division canadienne et avait à sa droite les Royal Fusiliers.

La deuxième bataille d’Ypres
Direction – Histoire et Patrimoine

Au cours des deux ou trois jours suivants, les Allemands menèrent plusieurs assauts sur la ligne, qui furent tous repoussés. Le 22, en revanche, ils lancèrent du gaz sur les Algériens et les Turcos, puis ils firent une percée à la gauche de la division canadienne et avancèrent vers Saint-Julien. Pendant tout ce temps, nos transports devaient essuyer le feu pour nous apporter nos rations. Ils furent les premiers à aviser les premières tranchées du repli des Algériens et des Turcos.

La bataille de St-Julien
Direction – Histoire et Patrimoine

Après le 22, l’acheminement des rations devint impossible. Le 23, les Allemands lancèrent du gaz et firent apparemment une percée dans la 3e brigade. Le 24, le major Hilliam, mon adjudant, me fit sortir vers 4 h pour voir un immense mur de fumée jaune verdâtre qui s’élevait le long de la colline. Nous ne savions pas ce que c’était, mais pensions que cette fumée avait sûrement à voir avec les attaques au gaz dont nous avions entendu parler la veille. Nous comprîmes rapidement. Je téléphonai aussitôt au colonel Lipsett, qui était à notre gauche, pour me renseigner. Il répondit lui-même, suffoquant et haletant à un point tel que je crus qu’il ne survivrait pas.

Le gaz s’abattit sur le front du 8e bataillon, sur une partie du front du 5e et sur les deux quartiers généraux, puis les Allemands attaquèrent massivement, surtout sur le front du 8e bataillon.

Le 23, la compagnie qui était en réserve au carrefour bombardé avait été intégrée à la brigade à des fins tactiques.

Le matin du 24, le colonel Lipsett m’adressa un SOS. Apprenant que la situation était grave, je lui envoyai trois pelotons de ma compagnie de réserve et en gardai un pour tenir la colline. Le même jour, je reçus un deuxième SOS et envoyai le dernier peloton, ce qui ne me laissait que deux compagnies pour tenir un front étalé sur 1 100 verges de tranchées. Au cours de la journée, de 100 à 200 Allemands armés de mitrailleuses firent une percée sur la gauche du 8e bataillon et prirent position dans des chaumières, à environ 400 verges, à mi-chemin entre les quartiers généraux des 5e et 8e bataillons, puis ils se retranchèrent.

Au cours de la nuit du 24, le colonel Lipsett et moi fîmes l’aller-retour au quartier général du Royal Fusiliers, à notre droite, lui demandant de convaincre son quartier général de brigade d’envoyer assez de troupes, si possible, pour relever les 5e et 8e bataillons, qui étaient épuisés après avoir combattu [pendant trois jours] sans rations ni eau et avoir été exposés aux gaz.

Le saillant d’Ypres
Direction – Histoire et Patrimoine

Le major Johnson, commandant des Fusiliers, était d’accord, mais il était impossible de fournir les troupes. Nous réussîmes toutefois à rassembler des équipes composées des Cheshires, du 8e Durham Light Infantry, des Northumberland Fusiliers et d’une ou deux autres unités, soit environ 1 000 hommes, que nous envoyâmes tant bien que mal vers la gauche, dans les ténèbres, relevant ainsi deux ou trois compagnies du 8e bataillon.

La dernière fois que je retournai au quartier général de Lipsett, j’appris que deux divisions britanniques attendaient qu’on vienne les chercher sur la route de Zonnebeck. Il était minuit, la nuit était noire à l’exception de l’éclat des fusées, et personne ne connaissait le chemin. Notre position était extrêmement critique. Il y avait partout des morts et des blessés. Comme j’ai acquis dans les Prairies un bon sens de l’orientation, je descendis tout seul jusqu’à un quart de mille de Zonnebeck, mais il n’y avait pas une seule âme. À mon retour, je débattis avec Lipsett de la possibilité de tenir 24 heures de plus dans l’espoir de recevoir des renforts. Nous conclûmes que, si nous devions nous replier, ce serait de nuit, car c’était impossible en plein jour.

Après que nous eûmes fait tout ce que nous pouvions, je convainquis Lipsett de me donner quelques hommes pour tenir ma ligne. Il m’en proposa 150, j’en acceptai 50. Nous allâmes chercher ces hommes sous la haie où ils se reposaient et, à la pluie battante, nous les postâmes dans les premières tranchées, à droite de ma ligne. Le jeune officier qui les commandait fut abattu avant la nuit.

En cours de route, je rencontrai le major Dyer, mon commandant adjoint, qui m’annonça que les Britanniques attaqueraient massivement à l’aube, à notre gauche. Comme nous avions décidé de tenir, cette nouvelle nous réjouit fort. Toutefois, cette attaque n’aurait pas lieu.

Juste avant l’aube, le commandant de la brigade, le brigadier général Currie, arriva. Pleins d’espoir, nous préparâmes un bon déjeuner. Le général Currie n’arrivait pas à croire que les Allemands étaient juste derrière nous, mais une démonstration de leurs mitrailleuses ne tarda pas à le convaincre. Vers 13 h, ne pouvant plus endurer le feu d’artillerie nourri et incessant depuis des jours, un certain nombre de membres du Durham Light fraîchement arrivés jetèrent leurs fusils et passèrent au pas de course devant mon quartier général. On leur ordonna d’occuper les tranchées du haut de la crête, et le capitaine Ash, mon officier de signalisation, reçut l’ordre d’abattre le premier homme qui tenterait de fuir de nouveau.

Vers 14 h, le général Currie rédigea l’ordre, émanant du sommet de la hiérarchie, de nous replier et de nous retrancher à mi-chemin du carrefour bombardé, situé à un demimille à l’arrière, sur la contre-pente. Je lui demandai : “Quand?” Il me répondit : “Tout de suite.” Je fis remarquer que c’était impossible de jour, mais je dus obtempérer. Le major Hilliam, mon adjudant, rédigea les ordres à l’intention des deux compagnies qui tenaient le front, et je les signai.

Nos lignes téléphoniques, sans cesse abattues et réparées, ayant été mises hors de service par un obus, il fallut transmettre les ordres par messager. Hilliam les prit et s’apprêtait à partir lorsque Dyer les lui arracha des mains, déclarant que son ancienneté lui conférait le droit de les porter.

Pour trancher la question, je donnai à Dyer les ordres à l’intention de la compagnie de droite et les autres à Hilliam. Ils partirent aussitôt, franchirent la zone de l’artillerie, où le feu était extrêmement nourri, mais ils furent tous deux touchés un peu plus loin, Hilliam au poumon et Dyer à un centimètre du coeur. Dyer réussit néanmoins à se traîner jusqu’à dix verges des tranchées, où les hommes le tirèrent, et le message fut transmis.

Je convainquis alors le général Currie, qui s’était entretenu avec le colonel Lipsett, de se retirer, ce qu’il fit sous le feu des mitrailleuses allemandes installées dans les chaumières derrière nous. Le colonel Lipsett et moi avions convenu que, si nous devions nous replier, nous le ferions successivement à partir de la gauche. Toutefois, les hommes qui restaient dans les premières tranchées sortirent presque tous ensemble, laissant mes compagnies A et B tenir la ligne. Je dépêchai alors mon état-major avec l’ordre de s’arrêter à un endroit précis sur la route de Zonnebeck et d’éviter le feu des mitrailleuses ennemies. Mes hommes partirent un à la fois, essuyant le feu d’artillerie nourri qui balayait les contre-pentes de la crête de Gravenstafel.

Je restai seul pendant une vingtaine de minutes, les bâtiments s’effondrant autour de moi comme des châteaux de cartes. Je vis environ 300 hommes des 7e, 8e et 10e bataillons qui descendaient la pente de la rivière et qui, au lieu de s’arrêter à mi-chemin du carrefour pour se retrancher, continuaient plutôt vers celui-ci. Mes deux compagnies qui n’avaient pas encore commencé à se replier, la compagnie A commandée par le major Tenaille et la compagnie B commandée par le major Edgar, ne pouvaient donc compter sur aucune aide.

Je descendis en courant au carrefour et trouvai de fait 40 hommes qui, maintenant plus à l’abri de l’autre côté de la route, se dirigeaient vers Ypres. Je leur fis retraverser la route et leur dis que nous allions tous remonter la colline pour aider les deux compagnies du 5e bataillon à se replier.

Ces deux compagnies furent vraiment les dernières de la division canadienne à quitter leurs tranchées. Je rencontrai le lieutenant McLeod du 8e bataillon, qui me prêta main-forte. Le rechargement des mitrailleuses allemandes qui déclenchaient un tir d’enfilade nourri depuis les chaumières à 400 verges semblait prendre une minute. Les hommes se couchaient donc pendant qu’elles tiraient et reprenaient leur route dès qu’elles s’arrêtaient.

À mi-chemin du sommet de la colline, les tirs cessèrent. Jetant un regard aux alentours, je vis que la chaumière dans laquelle se trouvait la mitrailleuse avait explosé. C’était l’un de ces heureux concours de circonstances qui surviennent parfois pendant la guerre. Le sergent-major du régiment que j’avais dépêché avec le personnel du quartier général était un artilleur expérimenté. Il s’était dirigé vers deux batteries britanniques qui se trouvaient derrière nous, à droite. Comme il ne voyait pas les chaumières, il avait dirigé leurs tirs en se servant d’une carte.

Un obus allemand frappa l’un des canons de cette batterie, tuant les hommes. Le commandant qui gisait blessé sur le sol, son téléphone hors de portée, cria des ordres à l’autre canon avec le résultat que l’on sait.

À mi-chemin, je rencontrai le colonel Lipsett et le major Moore, mon commandant adjoint, et nous nous dirigeâmes vers le sommet de la colline sous un feu d’artillerie des plus nourris. Toutefois, je m’en souviens clairement, au cours des 100 dernières verges, alors que le bruit était si fort qu’il fallait crier pour se faire entendre et que le feu de l’artillerie était ininterrompu, je vis sur ma droite mon cuisinier, le soldat Purvis, qui marchait prestement, la visière de sa casquette rabattue sur un oeil, et m’adressait un grand sourire. Mon interprète, qui ne me quittait pas, s’en tira avec une balle au centre de son chapeau.

Je vis le colonel Lipsett couché sur le sol et lui criai de se rapprocher de la crête, sachant qu’il se trouvait juste à la portée des Allemands.

Je tiens maintenant à souligner le courage remarquable de ces hommes des 5e, 7e, 8e et 10e bataillons. Ils s’étaient repliés à un endroit où ils étaient assez à l’abri, mais, lorsqu’ils en reçurent l’ordre, ils gravirent immédiatement la pente d’un demi-mille sous les tirs incessants des mitrailleuses, un feu très nourri d’artillerie, de shrapnel et d’explosifs brisants. Dès que je les eus envoyés dans les tranchées du haut de la colline et que j’eus dit personnellement aux sous-officiers que nous tiendrions la crête jusqu’à ce que nos deux compagnies se soient repliées et nous aient rejoints et que nous nous replierions alors tous ensemble, ces hommes enclenchèrent immédiatement leurs baïonnettes en disant joyeusement : “Dites-nous ce qu’il faut faire, mon commandant, et nous le ferons.”

Je me mis ensuite à la recherche du colonel Lipsett et repassai trois fois à l’endroit où je l’avais vu la dernière fois sous les tirs d’artillerie, convaincu qu’il avait été blessé. Je ne trouvai aucune trace de lui. Son ordonnance qui le suivait avait été blessé là où je les avais vus couchés tous les deux, et le colonel Lipsett l’avait aidé à se rendre au poste de secours situé à l’arrière.

Les compagnies A et B commencèrent à arriver, A à droite et B à gauche, conformément aux ordres. Je tiens à dire ici qu’au cours de cette retraite je n’ai pas vu un seul homme presser le pas, alors que les Allemands battaient du tambour derrière eux et leur criaient : “Vous êtes perdus maintenant, les Canadiens.” Je courus du côté droit et commandai à la compagnie de Tenaille de former une ligne prolongeant notre droite, un homme par verge. La compagnie B fit de même à gauche. Je postai le sergent Bowie et six hommes sur le flanc gauche pour surveiller un remblai derrière lequel je soupçonnais les Allemands de se cacher. Ce remblai était à quelque 80 verges. Soudain, 150 Allemands en surgirent. Ne pouvant voir si c’étaient des Allemands, des Britanniques ou des Français, Bowie leur fit sur-le-champ une sommation. Ils répondirent aussitôt : “Ne tirez pas, nous sont français.” Bowie cria : “Feu!”, en abattit 14 lui-même et ralentit l’assaut.

Les Allemands avançaient maintenant en criant. M’attendant à une charge, je donnai un ordre de tir rapide, qui repoussa complètement l’assaut. Il allait bientôt faire nuit, et j’estimais que nous maîtrisions la situation. Toutefois, rester là aurait été de la folie, un simple débordement suffisant à nous isoler.

Je tiens à préciser ici que les Royal Fusiliers qui se trouvaient à notre droite a grandement contribué au bon déroulement du repli des compagnies A et B poursuivies par les hordes allemandes; ils continuèrent à défendre leurs tranchées, affirmant qu’ils n’avaient pas reçu l’ordre de se replier et refusant de le faire.

Je convins alors avec le major Munroe du 8e bataillon de nous replier par détachements jusque vers 2 h, couverts par les hommes qui restaient sur la crête. Le repli commencé, je descendis voir le général Currie pour lui expliquer la situation. Ne le trouvant pas, je continuai jusqu’à ce que je rencontre deux batteries britanniques à notre arrière gauche. Je les mis au courant de la situation, dont ils ignoraient tout. Poursuivant ma route, je trouvai le quartier général de la brigade à laquelle appartenait le Royal Fusiliers et mis l’état-major au courant.

Ils ne savaient pas ce qui se passait. Accompagné de mon sergent-major, je parvins enfin au quartier général de notre brigade, à Saint-Jean. Environ 400 hommes, ce qui restait de la brigade, arrivèrent avant l’aube, exténués, intoxiqués par les gaz, affamés et assoiffés.

À 7 h, quatre heures plus tard, la brigade prit la direction de Fontuin pour rétablir la ligne. Nous restâmes pour soutenir la ligne britannique ce jour-là et la nuit qui suivit, puis le lendemain encore, sous un feu d’obus très nourri et essuyant beaucoup de pertes. La nuit du 27, nous nous repliâmes par Potijze et Ypres jusqu’à environ deux milles à l’arrière du canal, où nous nous installâmes dans des huttes. Le lendemain matin, le réveil fut sonné par le shrapnel qui perçait le toit des huttes.

Je fis immédiatement sortir les hommes dans les champs, où nous demeurâmes couchés jusqu’à la nuit du 29. Cette nuit-là, la brigade avança de nouveau jusqu’au canal, les 5e et 10e bataillons occupant des secteurs du canal, les 7e et 8e tenus en réserve. Je devais garder quelque 500 verges du canal rejoignant Ypres par le nord et j’étais chargé de faire sauter deux ponts, les numéros 1 et 2.

Il n’y avait pratiquement aucune protection à l’arrière du canal, et nous restâmes couchés pendant six jours et six nuits sous un bombardement d’artillerie absolument incessant, essuyant de lourdes pertes chaque jour. Nous fûmes relevés dans la nuit du 5 par les Essex.

Nous parcourûmes alors 17 milles pour aller nous loger à Outersteen, de l’autre côté de Bailleul, où nous arrivâmes vers 11 h dans un état d’épuisement total. Là, nous reçûmes la visite du général Smith-Dorrien. »

Conclusion

Le lieutenant-colonel Tuxford fut l’un des 12 commandants d’infanterie à participer à la seconde bataille d’Ypres, mais des douzaines d’autres officiers ont commandé des forces pendant cette bataille. Il est donc surprenant que, près d’un siècle plus tard, il n’y ait encore aucune analyse sérieuse du leadership et du commandement canadien au cours de cette bataille. Le compte rendu de Tuxford n’est qu’un témoignage parmi tous ceux qui pourraient étayer une telle analyse. Or aucune étude exhaustive n’a encore été entreprise par les chercheurs en histoire militaire canadienne. Nous espérons que cet article et d’autres susciteront un nouveau départ.

 

Andrew B. Godefroy, Ph. D., enseigne au Collège militaire royal du Canada et y travaille aussi au développement des cours.

Notes

  1. Les bataillons du Corps expéditionnaire canadien avaient un effectif d’un peu plus de 1 000 hommes, mais les unités combattant sur le front occidental n’étaient jamais pleinement constituées à cause des pertes constantes au combat et hors combat.
  2. Les nécrologies publiées dans le Canadian Defence Quarterly au cours des années 1920 et 1930 et les portraits biographiques de certains officiers généraux qui firent leurs premières armes à titre de commandants de bataillon constituent des exceptions notables. Voir par exemple M. Foran, « W. A. “Billy” Griesbach and World War One » dans Alberta History, volume 32, numéro 3, été 1984, p. 1-8. Il faut aussi rappeler que la plupart des bataillons d’infanterie recrutés pour le Corps canadien ont été démembrés en Angleterre pour servir de renforts aux unités servant avec les 48 bataillons des divisions canadiennes en France et dans les Flandres. Leurs commandants étaient souvent affectés à l’état-major en Angleterre, d’où le vaste surplus d’officiers supérieurs canadiens désoeuvrés au Royaume-Uni.
  3. L’étude du leadership et du commandement dans le Corps expéditionnaire canadien est en grande partie un domaine inexploré, la plupart des études remontant à plusieurs décennies. Les meilleures études détaillées portant sur le rôle des officiers du Corps expéditionnaire demeurent celle de K. C. Eyre, « Staff and Command in the Canadian Corps: The Canadian Militia 1896-1914 as a Source of Senior Officers », thèse de maîtrise non publiée, Duke University, 1967, et celle de A. M. J. Hyatt, « Canadian Generals of the First World War and the Popular View of Military Leadership », Social History, volume 24, numéro 12, novembre 1979, p. 418-430.
  4. Sur les 12 commandants de bataillon d’infanterie ayant participé à la seconde bataille d’Ypres, 3 ont été tués.
  5. Le commandant de brigade ayant eu les plus longs états de service est le brigadier général Victor W. Odlum, CB, CMG, DSO, qui a dirigé la 11e brigade d’infanterie canadienne (4e division canadienne) de juillet 1916 à juin 1919. Il a commandé le 7e bataillon (Colombie-Britannique) au cours de la 2e moitié de la seconde bataille d’Ypres, après la mort du premier commandant, et a assuré le commandement du bataillon jusqu’à sa promotion au commandement de la 11e brigade, en juillet 1916.
  6. Archives nationales du Canada, Fonds d’archives 24, « CEF Personnel Record for Brigadier General George Stuart Tuxford, 5th Battalion and 3rd Brigade, 1st Canadian Division ».
  7. Daniel G. Dancocks, Welcome to Flanders Fields: The First Canadian Battle of the Great War – Ypres, 1915, McClelland and Stewart, Toronto, 1988, p. 23.
  8. Citation provenant du site Internet « History of the Saskatchewan Dragoons », à l’adresse http://www.saskd.ca/27Light.htm [TCO].
  9. Ibid. [TCO] Le premier bataillon formé par Tuxford se composait d’hommes des 12e, 16e, 27e , 29e, 30e, 31e et 35e bataillons du Light Horse et du Corps of Guides. Il pensait pouvoir ensuite former un deuxième bataillon constitué uniquement de troupes de cavalerie, mais le cours des événements a changé et l’occasion ne s’en est jamais présentée.
  10. Colonel A. F. Duguid, Official History of the Canadian Forces in the Great War 1914-1919, King’s Printer, Ottawa, 1938, Annexe 226. Force du bataillon le 10 février 1915.
  11. Les critiques pourraient avancer que Tuxford a pu vouloir se présenter sous son meilleur jour pour la postérité; cependant, comme le montre son compte rendu, il n’avait pas peur de se critiquer ni de critiquer son organisation pendant les combats. Ainsi, il admet que des erreurs ont été commises et que l’ennemi a pu pénétrer derrière sa position, aveu que des dirigeants moins sûrs d’eux auraient pu juger embarrassant.
  12. Archives nationales du Canada, Fonds d’archives 24, volume 1825, dossier GAQ 5-61, « Narrative of Brigadier General Tuxford, CMG », rédigé le 10 mars 1916.

 

 

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