SSeconde guerre froide ou « guerre fraîche » (1975 – 1985)
Seconde guerre froide ou « guerre fraîche » (1975 – 1985)
Expansionnisme de l’Union soviétique
Profitant du déclin des États-Unis sur la scène internationale du fait de l’humiliation subie au Viêt Nam et de la politique relativement pacifiste du président Carter, l’Union soviétique s’engage davantage, notamment en Asie, en Afrique et en Amérique du Sud, mais aussi en Europe provoquant la crise des euromissiles.
L’Union soviétique se met à déployer de plus en plus d’armes de nouvelle génération menaçant l’avance technologique de l’Ouest. Carter signe cependant le traité SALT II avec Brejnev en juin 1979, négocié depuis 1973 en raison de l’apparition de nouvelles armes qui ne sont par répertoriées dans les catégories définies par SALT I, telles les armes chimiques, les bombes à neutron et les missiles sol-sol47. Ces accords prévoient un gel des lanceurs à ogives multiples (MIRV) et un contrôle réciproque des armes nucléaires. Ils ne furent pas ratifiés par le Sénat américain en raison de l’invasion de l’Afghanistan par l’Union soviétique, les deux parties déclarant toutefois qu’elles en respecteraient les clauses.
Quelques jours après l’invasion de l’Afghanistan par les troupes Soviétiques en décembre 1979, Carter rétorque en exposant la doctrine Carter lors de son discours sur l’état de l’Union de janvier 1980 : la Maison-Blanche déclare alors qu’elle n’hésitera pas à intervenir militairement dans le golfe Persique pour défendre ses intérêts nationaux. Il déclare en outre le boycott des Jeux olympiques de 1980, à Moscou, tandis que les accords SALT II ne sont pas ratifiés. La crise iranienne des otages l’affecte néanmoins durement, et Ronald Reagan gagne les élections, les otages étant libérés immédiatement après.
America is back (1981)
Aux États-Unis, discrédité par sa politique internationale jugée désastreuse, Carter est battu aux élections par Ronald Reagan. Sous les présidences de Reagan (1981-1989), puis de George Herbert Walker Bush (1989-1993), les valeurs conservatrices sont remises à l’honneur, comme la morale puritaine. En économie, Reagan suit un programme néolibéral inspiré en particulier par l’École de Chicago (monétarisme de Milton Friedman), tempéré par un creusement considérable des déficits publics.
Les interventions extérieures se développent : à l’extérieur, ils abandonnent la détente, dénoncent l’Union soviétique comme « l’empire du mal » (lors d’une convention nationale d’évangélistes) et donnent aux États-Unis les moyens militaires de « défendre la liberté et la démocratie ». Les interventions directes et indirectes augmentent dans le monde : reprise en main de l’opération Charly menée dans toute l’Amérique latine par la junte argentine, aide aux Contras contre le Nicaragua en 1981-1986 (débouchant sur l’Irangate) et invasion de la Grenade en 1983.
Course aux armements, équilibre de la terreur et rupture
Dans un but militaire, plusieurs pays s’équipent de matériel en quantités considérables. À la fin des années 1970, la guerre froide reprend de la vigueur dans le sillage, notamment, de l’invasion de l’Afghanistan par les troupes soviétiques et d’une nouvelle affaire de missiles. Après que l’Union soviétique a stationné des missiles nucléaires moyenne portée SS-20 en Europe de l’Est, l’OTAN répond par sa « double décision ». Celle-ci prévoit l’installation progressive de Pershings et de missiles de croisière américains sur le territoire de cinq pays membres de l’OTAN. Les missiles sont déployés malgré l’opposition de l’opinion publique. À l’usure, cette course aux armements, les progrès techniques étant continus, ce fut le poids trop important pris par le budget militaire sur l’économie de l’URSS qui mit fin à cette course.

Pendant cette course, ces deux pays ont créé un climat de terreur chez leurs ennemis. Chemin faisant, ils ont démontré qu’ils possédaient un arsenal nucléaire suffisant pour détruire quiconque s’opposerait de façon notable à leurs plans. Étant assuré de leur destruction mutuelle, ils ont maintenu ce qui est appelé l’équilibre de la terreur, c’est-à-dire une situation où personne ne peut gagner suite à un conflit nucléaire49.
Le 23 mars 1983, Ronald Reagan annonce le projet Initiative de défense stratégique (IDS) ou « guerre des Étoiles » : les États-Unis seraient protégés des armes nucléaires par un « bouclier spatial » très coûteux qui les dévierait. L’Union soviétique ne peut pas suivre, abandonne la course aux armements et consent à négocier. Clinton renoncera à l’IDS en 1993 et c’est George W. Bush qui le réalisera (décembre 2001).
Voici les forces nucléaires stratégiques des deux supergrands en 1990, les armes tactiques n’étant pas comptabilisées50. Les Troupes des missiles stratégiques détenant la majorité de l’arsenal de l’armée soviétique, tandis que Strategic Air Command américain contrôle les escadres de bombardiers et les ICBM basés au sol tandis que des dizaines de sous-marins nucléaires lanceurs d’engins étaient en service de part et d’autre.
Guerres en Afrique
En Afrique, des guerilleros communistes prennent le pouvoir après 1975 dans les pays nouvellement indépendants de l’ancien empire colonial portugais (Angola, Mozambique…) et entament des actions militaires en direction de l’Afrique du Sud avec l’appui de l’armée cubaine, ce qui entraîne de véritables batailles rangées notamment en Namibie. En Éthiopie, l’armée soviétique et les forces cubaines interviennent contre les mouvements luttant contre la dictature de Mengistu Haile Mariam à partir de 1976. Des actions de déstabilisations sont parfois contrecarrées, comme le sauvetage de Kolwezi par l’armée française.
Crise des Euromissiles
Cette période est marquée par l’expansion de l’URSS et de son influence dans de nouveaux territoires, notamment en Europe, avec le renforcement du pacte de Varsovie. Cette expansion entraîne la crise des euromissiles de 1979 à 1985 : l’OTAN installe des missiles de croisière et des Pershing II pour faire contrepoids aux missiles SS-20 soviétiques.
Cela entraîna de grandes manifestations pacifiques, soutenues par les partis communistes dans les pays concernés dont un slogan « Plutôt rouge que mort » ((de) Lieber rot als tot) entraîna, en autres, cette phrase du président français François Mitterrand au Bundestag : « Le pacifisme est à l’Ouest, les missiles sont à l’Est. »
Malgré les pressions, ces missiles seront finalement installés à partir de novembre 1983 et devant le fait accompli, l’URSS entama des négociations qui donneront lieu à l’accord américano-soviétique du 27 mai 1988 sur l’élimination des missiles nucléaires de portée intermédiaire des arsenaux des deux États.
Problème de la Pologne
La Pologne joue un grand rôle dans l’affaiblissement de l’Union soviétique et la chute du bloc de l’Est :
Le 16 octobre 1978, Karol Wojtyła est élu 262e pape sous le nom de Jean-Paul II. Polonais, il est le premier pape non italien depuis Adrien VI († 1523). S’impliquant sur la scène internationale, il va lutter activement contre le communisme ;
Le 31 août 1980, l’ouvrier de chantier naval Lech Wałęsa, co-crée le syndicat Solidarność, soutenu par les Occidentaux qui désapprouvent la mise en place du régime très dur du général Wojciech Jaruzelski, soutenu par l’Union soviétique, à Varsovie (13 décembre 1981).
Première guerre d’Afghanistan (1979-1989)
En 1978, les communistes s’emparent du pouvoir en Afghanistan à la suite de l’assassinat du président Daoud Khan, qui avait lui-même déposé le roi Zaher Shah en 1973. Les islamistes afghans entrent en conflit avec le pouvoir en place. Le 3 juillet 1979, Carter signe l’autorisation mettant en place le programme afghan d’aide militaire et financière aux moudjahidins afghans, escomptant ainsi, sur les conseils de Brzezinski, provoquer l’URSS à envahir l’Afghanistan51,52. Le 27 décembre 1979, Moscou envoie son armée, inaugurant la première guerre d’Afghanistan. Les États-Unis s’impliquent dans ce conflit en alimentant sur place la résistance antisoviétique avec l’aide de la République populaire de Chine, de l’Égypte, de l’Arabie saoudite et les services de renseignement de plusieurs pays ouest-européens, en finançant et en proposant une formation militaire à des groupes de moudjahiddin, « guerriers saints » islamistes résistant à l’occupant soviétique. Les armées de l’URSS se retirent de l’Afghanistan en février 1989.
notes
↑ Les accords SALT. [archive]
↑ Manuel d’histoire franco-allemand, terminales L/ES/L, Nathan, 2006
↑ Pour la première fois dans l’histoire, l’humanité avait le potentiel de se détruire. La peur régnait à travers le monde, autant dans les pays producteurs que les pays spectateurs Armement nucléaire – Destruction de l’environnement au profit de la défense [archive]
↑ (en) START au 1er septembre 1990 [archive], fas.org
↑ « Oui, la CIA est entrée en Afghanistan avant les Russes… » [archive], entretien avec Brzezinski dans Le Nouvel Observateur, n°1732, 15 janvier 1998
↑ Chalmers Johnson, The Largest Covert Operation in CIA History [archive], History News Network, 6 septembre 2003
source wikipedia