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29 avril 2013

Tant qu’il y aura des Amazighs – Rachid RIDOUANE ZIRI

milguerres @ 23 h 02 min

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Culture et patrimoine

 

Tant qu’il y aura des Amazighs

 

 

Fichier: COLLECTIE Tropenmuseum Berbervrouw dans feestkledij uit Zuid-Tafraoute Marokko TMnr 60033850.jpg

Jeune femme chleuh de l’Anti Atlas avec des tatouages et des bijouxtraditionnels. Début du xxe siècle

Être ou ne pas être, telle est la solution. La solution pour une crise identitaire dont tous les Nord-Africains souffrent. Être ce que nous sommes, quoi de plus logique ? Et pourtant, dans notre pays, notre grand pays le Maghreb, être ne peut être qu’arabe ou disparaître. Dans notre grand pays, le Tamazgha, être amazigh est équivalent à ne pas être : Je suis amazigh donc je ne suis pas. Aujourd’hui, tout le monde ou presque ignore que la population de Tamazgha est presque exclusivement formée d’Imazighen. Ceux qu’on qualifie, à tort d’Arabes, sont en réalité (historique, culturelle et linguistique) des Imazighen plus ou moins arabisés. Gabriel Camps, une des figures scientifiques spécialisées sur notre région, affirme qu’« il n’y a pas, pas plus dans le Tell que dans le Sahara, des Arabes et des Berbères, mais des Berbères berbérophones et des Berbères arabophones et arabisés ».

Je n’existe pas officiellement, je n’existe qu’officieusement. Je n’existe qu’entre moi et moi-même. Je suis Log1 par la volonté de mes dirigeants : mon existence ne figure dans aucun texte fondamental de mon pays. Je ne suis pas à cause d’un mythe créé par des panarabistes qui veulent que tout le monde soit arabe, alors que tout le monde n’est pas et ne peut pas être arabe. Ce n’est qu’après avoir pris conscience de cette réalité, de ma dignité et de mon existence que je trouve la force de dire NON à une idéologie panarabiste ou occidentale, peu importe, qui veut me déraciner. Je ne suis pas arabe. Je ne suis pas français, non plus. Je suis ce que je suis : amazigh. Amazigh par la goutte du sperme, par le destin. Amazigh par la terre de mes ancêtres, cinq fois millénaire. Amazigh par la langue que j’ai soigneusement tétée de ma mère, elle aussi tamazight par la décision de l’histoire. Et, c’est tout naturellement qu’un panarabiste nommé Abid El Jabiri ordonna « l’assassinat » pur et simple de cette langue : « Il faut extirper ces dialectes berbères… » disait-il. Et que M. Abdelhamid Hadjar alerte que « tout Algérien qui refuse de s’arabiser se sentira seul dans son propre pays ».

 

Plus drôle encore, M. Ottoman Saadi, de l’ex-parti panarabiste algérien. Pour lui, tamazight est un dialecte arabe, le lexique amazigh n’est qu’une variation métamorphosique de cette langue sacrée, la langue de Dieu ! Pour résoudre cette énigme, M. Ottoman se métamorphose en linguiste. D’un coup de baguette magique, il nous fait comprendre que Yan (un en Tamazight) n’est qu’une variation, phonétique ou phonologique ? on n’en sait rien, de Wahid (un en arabe). Lisons son analyse : Le w est devenu y/Le h est devenu n/Le i est tombé/Le d est tombé, aussi ! Sorry Chomsky ! Pour ces gens, il fallait éduquer ces Berbères/barbares et leur apprendre la poésie, l’histoire et l’art, tels qu’ils devraient être appris, chacun devant savoir que ses ancêtres buvaient du lait avec des dattes, enterraient les filles… Aujourd’hui, techniques et moyens de communication de masse ont accéléré avantageusement les procédés de déculturation de notre peuple. Aujourd’hui, c’est l’école qui déracine les Imazighen, une école qui incite l’enfant, inconscient et innocent, à jeter, à marginaliser et surtout à mépriser sa langue maternelle. Ce n’est pas étonnant, puisqu’il se rend compte que « tafounast » ne sert plus à rien et que « baqaratun » est le seul terme correct pour désigner une « vache ». C’est aussi les médias. Tout ce qui bouge et informe officiellement « savate » l’identité amazighe.

« La langue en tant qu’outil, en dehors de tout jugement, reste ce que la communauté décide d’en faire ». Aujourd’hui la communauté Amazigh doit décider. Mais cette communauté, malheureusement, est loin d’être consciente du danger que court son existence même. Un Amazigh qui répète, conscient (!?) à son frère Amazigh : Nkni Aarabn ! (Nous les Arabes, en berbère) qu’attendre de ces gens qui ne savent même pas qu’ils existent ? Comment ne pas nier « les Berbères qui auront pour du fric ou des espoirs inutiles trahi la fonction de ce monde » ? Comment ne pas « …faire le procès de mon propre sang car il n’arrive pas à se dépêtrer de lui-même et à se transformer » ? Mais, surtout, comment expliquer une telle auto-négation ? Quel a été ce processus machiavélique qui a fait de nous ce que nous ne sommes pas, ce que nous n’avons jamais été ? Les pouvoirs politiques, l’idéologie panarabiste, les médias, la naïveté, la religion… ? La religion, est-elle vraiment ce qui a fait de nous des Arabes ? Être musulman, est-il synonyme d’être arabe ? NON. Prenant l’exemple des Perses, ces exportateurs de la « révolution islamique », les Perses ne peuvent entendre le mot arabe sans que la rage les envahisse. Pour eux, le Golf est perse et non pas arabe.

Les Turques, les Pakistanais, les Kurdes, les Talibans, les Tchétchènes…sont tous des musulmans  ils ne sont pas arabes.

Pour ces peuples, il leur paraît fondamental pour le maintien de leur identité culturelle qu’ils puissent, en toute liberté, développer leurs modes d’expression sans subir d’entraves.

Pour imazighen, ils ne seront eux-mêmes que lorsqu’ils disposeront des moyens d’exprimer totalement et sans contrainte leur identité culturelle et assurer la maîtrise de la diffusion de cette culture. Pourquoi devrons-nous défendre l’usage de Tamazight ? La raison est simple : Parce que « les mots sont aussi des idées » (J. Polhan) et parce que toute langue est à la fois moyen de communication et symbole d’identité. Pour Jacques Berque, la langue ne sert pas à communiquer mais à être. Être amazigh, c’est écrire et parler tamazight. C’est aussi et à la fois préserver et enrichir la culture nord-africaine. Tamazight est le pivot de cette identité culturelle, et en tant que telle, elle doit bénéficier des aides des états concernés, des gouvernements et des institutions. Imazighen, on ne le répétera jamais assez, payent des impôts. L’argent de ces contribuables, Tamazight en a tellement besoin. Comment montrer à ces pouvoirs politiques que nous adorons notre langue, notre identité, que nous ne sommes pas prêts à laisser tomber une partie de nous ? Comment attirer l’attention du voleur et du volé, du crocodile et de la victime, des nouveaux sorciers de l’Afrique et des hypnotisés ? Ce Berbère hypnotisé, volé, trahi, comment le faire bouger ? Comment casser ce complexe d’infériorité ? Comment faire de ce Berbère un Amazigh ? Il nous semble cependant qu’il n’y a pas lieu de se désespérer. Les conditions favorables pour le développement de Tamazight sont entre nos mains. Il n’est pas question de les lâcher. C’est donc en tant qu’Imazighen que nous devons agir et réagir : créer des associations, publier des revues, organiser des conférences, crier notre existence… pour le bien-être de Tamazgha. Le chemin est long, mais comme disait H. Id Belkacem : Imazighen avancent tandis que les autres reculent. On avance, c’est évident. La preuve : la question tamazight n’a pratiquement jamais été posée d’une telle façon, aussi forte et aussi revendicative. À nous de continuer dans ce chemin, fiers, égoïstes et acharnés. Le jour viendra sûrement où Tamazight regagnera la place qui est la sienne, tant qu’il y aura des AMAZIGHS !

 

Rachid RIDOUANE ZIRI

Références

  • Gabriel CAMPS, Les Berbères, mémoire et identité. Éditions Errance, Paris 1984.
  • Abid EL JABIRI, Lumières sur les problèmes de l’enseignement au Maroc. 1974.
  • Ottoman SAADI, Arabité de l’Algérie à travers l’histoire.
  • Mohammed KHAÏR EDDINE, Une vie, un rêve, un peuple toujours errants. 1978 p. 81.
  • Mohammed KHAÏR EDDINE, Interview. Algérie actualité. Mai 1968
source : http://www.mondeberbere.com/PARImazigh/tant_quil.htm

image : wikipedia

 à litre également sur : http://fr.calameo.com/read/002152756e2bdaa1fdd43 

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